August Böhm | Lukas Alexander von Horbatschewsky

1. Le père d'August est athé, mais sa mère est musulmane et les a élevés, lui et son grand-frère, dans la religion. August n'avait jamais remis sa foi en question jusqu'au moment où il a enfin compris pourquoi il se sentait différent. A partir de là, il lui semblait que sa foi entrait en conflit avec son identité, et il était trop terrifié pour en parler à qui que ce soit. Pendant plusieurs années, il a oscillé entre le rejet de son identité et celui de sa religion, avant de rencontrer d'autres personnes queers croyantes qui ont su l'apaiser. C'est une fois réconcilié avec l'islam qu'il a réellement réussi à s'accepter et à faire la paix avec lui-même. Il est toujours croyant et pratiquant, et la religion a une place extrêmement importante dans sa vie personnelle, la prière lui confère la paix intérieure dont il a besoin. Cependant, il vit sa foi de façon individuelle et personnelle : c'est son jardin secret, il en parle peu, et il évite un maximum toute l'institution religieuse. 2. Il a choisi son prénom non pas parce qu'il aimait le mois d'Août, mais parce qu'il est passionné par l'antiquité romaine. Le titre d'augustus était donné à tous les empereurs de Rome. Il y avait une certaine prestance dans le fait de s'appeler à partir du titre des hommes les plus puissants de l'Antiquité, et ce boost de confiance faisait du bien à August au tout début de sa transition, donc il a tranché pour ce prénom sans trop de difficulté. 3. August ne s'est jamais très bien entendu avec son grand-frère, et sa transidentité a été le point de rupture définitif. Il a été très violent dans ses propos à l'encontre de son petit-frère, et August n'est pas sûr de pouvoir lui pardonner un jour. Quant à ses parents, il voit bien qu'ils ne l'acceptent pas vraiment. Son père est sans doute celui qui fait le plus d'effort, mais il se range beaucoup trop facilement derrière l'avis de sa femme, qui s'inquiète plus de ce que pense la communauté turque au milieu de laquelle la famille Böhm vit au quotidien que du bien-être de son fils. 4. L'école a été un vrai cauchemar pour August, même avant qu'il comprenne qu'il était transgenre. Il ne se sentait jamais à sa place dans les groupes de filles qui semblaient se réunir entre elles comme par instinct. Mais il ne se sentait pas plus à sa place dans les groupes de garçons, avec lesquels il ressentait également une sorte de décalage. Sa volonté d'être appelé par les bons nom et pronoms, de ne plus jouer un rôle dans le milieu scolaire, a évidemment empiré la situation, qui est vite devenue invivable. La fin de ses études a été comme une bouffée d'air frais, une grande inspiration faisant suite à une apnée beaucoup trop longue. Pour rien au monde il ne ferait plus d'années d'étude, même si l'université serait probablement une bien meilleure expérience que le secondaire. 5. August parle l'allemand et le turc couramment. Il a également appris l'anglais et le français à l'école, qu'il maîtrise plutôt bien. 6. Bien qu'il parle turc, August ressent une réelle déconnexion d'avec le pays d'origine de sa mère, qui est surtout due au rejet complet de sa personne par la communauté dans laquelle il a grandi. Après son coming out, plus personne dans la rue ne lui adressait la parole et ce, du jour au lendemain. Il n'a de plus jamais vu ses grands-parents maternels, qui vivent en Turquie, et depuis le début de sa transition, il sait qu'il ne les verra probablement jamais. 7. August n'est pas vraiment dysphorique quand il est seul avec lui-même. Sa poitrine le gène, il n'aime pas vraiment la regarder, et il trouve ses hanches trop larges, mais ça s'arrête là. En revanche, dès qu'il est en public, sa dysphorie revient le percuter de plein fouet. Il a l'impression que tout le monde le regarde bizarrement, le juge, cherche à le percer à jour. C'est pourquoi il s'habille toujours avec des vêtements trois fois trop grands, et vérifie toutes les dix minutes que son tee-shirt est bien mis, de peur qu'il ne laisse appercevoir son binder. 8. Malgré son désir ardent d'être tatoueur, August est pour le moment vierge de tout tatouage, mais il compte bien y remédier. S'il n'est pas encore tatoué, c'est parce que cela aurait été la goutte qui fait déborder le vase pour ses parents, la rebellion de trop. Jusqu'à présent, il avait peur de se retrouver à la rue, mais maintenant qu'il a quitté la prison familiale, il lui tarde d'entreprendre tout ce qu'il veut. 9. Depuis quelques temps, August est angoissé de ne pas trouver l'amour. Il n'est encore jamais tombé amoureux, et il a l'impression que ses possibilités sont fortement réduites : d'abord, il ne se sent pas à l'aise avec les femmes cis hétéro, il a l'impression que sortir avec l'une d'elles le couperait de sa communauté, et ensuite, il sait très bien que la communauté queer a son lot de transphobes, de racistes ou d'islamophobes, sans parler de ceux qui pensent que pansexualité, bisexualité, adultère et indécision sont synonymes... Bref, il a l'impression que quoi qu'il arrive, il y aura une partie de lui qui ne conviendra pas à l'autre. 10. Quand il a fait son coming out, ses parents ont absolument tenu à ce qu'il voit un psy. Heureusement, il est tombé sur une femme qui l'a soutenu et qui a tenté, en vain, de raisonner ses parents. C'est grâce à elle qu'il a pu obtenir une prescription de son médecin pour la testostérone. C'est également elle qui lui a fait comprendre que la marijuana lui faisait plus de mal que de bien.