I wanna be close to you (Emily&Jared)

You're so you're so precious when you smile.Hit it from the back and drive you wild Girl, I lose myself up in those eyes I just had to let you know you're mine  | EMILY & JARED

Enfin une journée de repos. Jared était tellement épuisé que son capitaine lui avait accordé une journée de congé. Deux jours plus tôt, il avait été seul chargé de l’arrestation d’une voleuse qui lui avait échappée...en lui envoyant un pot de peinture bleue sur la tête. Le lendemain, le jeune homme avait rédigé le rapport détaillée de l’intervention, replonger dans cette soirée et réaliser de nouveau à quel point il avait été proche du but n’avait pas été très agréable pour lui. Alors, pour se donner des perspectives plus agréables, il avait envoyé un texto à Emily.

Jared a écrit:

Tu es libre demain ? J’ai très envie de te voir. North Berwick, rien que toi et moi… et Eliott, il ne va pas manquer cette occasion de se dégourdir les pattes. Je passe te prendre si tu es d’accord ?

Le jeune homme avait besoin d’une présence bienveillante à ses côté. Ça faisait une semaine qu’il n’avait pas vu Emily, tous deux pris par leur travail mais lorsqu’il avait appris que son capitaine lui offrait un jour de congé en récupération du temps de travail, il n’avait pas eu d’autre envie que celle de la passer avec sa nouvelle copine. Sortir de la ville allait lui faire le plus grand bien, il avait besoin de couper un peu et une journée dans cette petite ville balnéaire sur la côté allait lui faire du bien. Et puis Emily était nouvelle en Ecosse, ça lui permettrait de découvrir un endroit charmant du pays. Les heures avant de la retrouver allaient s’écouler lentement, il allait les compter mais il allait aussi les savourer, conscient que c’était aussi ce qui faisait le plaisir de se retrouver : l’anticipation.

Le lendemain, l’excitation de la sortie était palpable à la fois chez Eliott et chez son maître. L’ absence de rendez-vous entre Emily et lui durant la semaine avait créé le manque, il avait terriblement envie de la revoir. Il avala rapidement son petit déjeuner arrosé d’un grand café, prit une douche et enfila sa tenue du jour : jean noir et pull gris près du corps...bon d’accord ça n’était pas tout à fait anodin, ça faisait ressortir ses muscles mais Emily ne s’en plaindrait pas, si ? Il regarda une dernière fois dans le miroir de la salle de bain, vérifia qu’il avait prit tout ce qu’il avait besoin et appela Eliott qui sortit rapidement, tout heureux de la perspective d’une balade. Il fit monter le berger allemand à l’arrière de la voiture, sur la couverture qui protégeait les sièges puis ils se mirent en route en direction du domicile d’Emily. Arrivé chez elle, il fit sonner son téléphone pour qu’il sache qu’il était là et fit descendre Eliott pour qu’il puisse bouger un peu avant les trois quart d’heure de trajet qui les attendaient. Lorsqu’il la vit arriver face à lui, le policier afficha un sourire ; Elle était rayonnante, belle à se damner et dégageait toujours le même charme solaire. Et dire que cette fille était sa copine. Deux jours plus tôt, la voleuse lui avait demandé si sa copine était consciente du fait qu’elle avait de la chance, mais il suffisait de poser les yeux sur Emily pour comprendre que c’était lui qui en avait beaucoup. Il s’avança vers elle, enlaça sa taille et vint tendrement poser ses lèvres sur les siennes. « Bonjour. Tu m’as manqué », lui confia t-il. C’était vrai. Jamais il n’avait eu autant hâte de revoir une femme. Jamais. Eliott vint gambader près d’eux, et s’approcha de la jambe d’Emily pour la sentir. « Eliott tu reconnais Emily ? Elle va nous accompagner pour la journée. » Eliott aboya, sa queue fouettant l’air, il était heureux de revoir Emily et avait bien envie de se dresser sur ses pattes pour lui dire bonjour. Ne sachant pas si c’était du goût de la jeune femme, Jared préféra calmer le jeu. « Doucement Eliott. Excuse-le, il est tout excité de sortir prendre l’air. »

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Depuis qu'elle avait échoué à son dernier vol, Emily n'avait pas arrêté de ressasser ce qui s'était passé. Ca n'était pas tant le fait d'avoir échoué: des occasions, elle en aurait d'autres et on ne pouvait pas réussir à chaque fois. Ca n'était pas vraiment non plus la peur qu'elle avait eu de se faire arrêter, même si, bien évidemment, s'imaginer en prison était loin d'être une pensée agréable. Non, ce qui l'avait profondément bousculée, c'était qu'elle avait dû se défendre contre Jared. Oh, bien sûr, lui n'en savait rien. Mais être mise ainsi face à la réalité avait fait douter la jeune femme: est-ce que ça valait la peine de continuer? Et non seulement, penser ça l'avait perturbée, mais ça l'avait d'autant plus surprise qu'elle ne se posait pas la question par rapport à sa relation avec Jared. Ce qu'elle remettait en question, c'était sa double vie. En dix ans, jamais elle ne s'était demandée si elle avait fait le bon choix: elle en avait été persuadée. Mais hier soir qu'elle avait failli se faire prendre la main dans le sac par son nouveau compagnon, elle en avait douté. Et si, finalement, son arrivée en Ecosse et le fait qu'elle se sente si bien ici, puis cette rencontre avec Jared, était un moyen pour la vie de lui dire il serait temps que tu t'arrêtes, maintenant ? Elle tenta bien de s'enlever cette pensée de la tête, non, ça n'était pas possible, elle ne pouvait pas s'arrêter, pas comme ça, pas... pour ça! Mais lorsqu'elle reçut un message de la part du policier lui demandant si elle était libre pour le voir et qu'elle ne se demanda même pas si elle devait accepter ou non... Elle se rendit un peu plus compte que si, elle allait mettre en péril ce qu'elle avait mis dix ans à construire. Pour un homme. Oui, pas pour n'importe quel homme. C'était Jared. Il était différent. Elle n'aurait pas vraiment pu dire en quoi... Il était différent, voilà tout. Elle se sentait si bien avec lui, complète, heureuse. Elle ne voulait pas que ça s'arrête. Il lui fallut moins d'une minute pour envoyer sa réponse.

Emily a écrit:

Une journée seule avec toi? Oui, évidemment! J'ai hâte de te voir.

Elle n'avait pas eu la moindre hésitation. Elle s'était plongée dans le traitement de ses photos afin de ne pas rester fixée sur les heures qui semblaient ralentir alors qu'elle n'attendait qu'une chose: être le lendemain. Elle avait même eu du mal à dormir, trop excitée à l'idée de revoir Jared. Quand le lendemain arriva enfin, elle prit le temps de se préparer. Emily était quelqu'un de simple. Si elle comprenait les femmes qui ne pouvaient pas sortir sans maquillage, elle n'en faisait pas partie. Bien dans sa peau, elle était consciente qu'elle n'avait pas besoin de grand chose au quotidien pour être jolie. Elle faisait attention à elle, cependant et elle aimait à accentuer régulièrement son regard d'un trait d'eye-liner, ajoutant parfois un peu de brillant sur ses lèvres, parfois non. Ce matin, elle se contenta de dessiner un trait autour de ses yeux, souriant à l'idée qu'aucun gloss ou rouge à lèvre ne pourrait survivre longtemps. Puis elle ramena une partie de ses cheveux en arrière à l'aide d'une tresse, dégageant ainsi son visage. Côté vêtements, elle sélectionna un débardeur rose, qui lui dégageait à la fois le dos et le devant du corps, pas assez pour qu'on y voie quoique ce soit, mais suffisamment pour être bien mise en valeur; ainsi qu'un jeans délavé clair, comme elle en portait souvent. Puis elle enfila un gilet large, dans les mêmes tons que son jeans, ses baskets et, tandis qu'elle s'observait dans le miroir, elle sentit une pointe de stress se mêler à l'excitation: est-ce qu'il allait être aussi heureux de la revoir que ce qu'elle l'était elle-même? Elle n'eut pas le temps de se poser plus de questions, car son téléphone sonna, lui indiquant qu'il était en bas. Elle réfléchit un instant à laisser le petit appareil électronique ici, n'ayant pas envie d'être dérangée, puis le prit finalement avec elle. Elle embarqua simplement son smartphone et ses papiers d'identité, avant de rejoindre le jeune homme. Quand elle vit son sourire alors qu'elle ouvrait la porte, tous ses doutes s'envolèrent: bien sûr qu'il était heureux de la revoir. Il le lui prouva en s'avançant pour la saisir par la taille et l'embrasser.

Emily s'accrocha avec douceur au pull de Jared tout en se collant contre lui, tandis qu'elle répondait au baiser qu'il lui donnait avec la même tendresse. Lorsque leurs lèvres se décollèrent, elle sourit, touchée par la manière dont il la salua. « Bonjour... Toi aussi, tu m'as manqué. » Le regard qu'elle lui lança vint confirmer ses dires et elle se blottit un instant contre lui, savourant les retrouvailles, avant de sentir un mouvement contre sa jambe. Emily s'écarta alors pour voir un Eliott visiblement tout aussi heureux que son maître de la retrouver. « Eh, salut, mon grand! » répondit-elle aux aboiements joyeux du Berger Allemand. L'animal trépigna, tandis que Jared le maintenait en place et s'excusait pour son comportement. Elle lui fit un sourire, avant d'ouvrir un de ses bras, tapotant doucement contre sa poitrine pour inviter l'animal à venir poser ses pattes contre elle. « Viens! » Elle se pencha pour être un peu plus à la hauteur du chien quand il posa ses pattes sur elle et elle lui gratta affectueusement le cou et le dos. Elle était heureuse de le retrouver, lui aussi. Jared n'avait pas de souci à se faire quant au fait qu'elle allait accepter son chien: c'était déjà le cas. Quand elle eut flatté l'animal un moment, elle recula avant de lancer joyeusement : « On y va? Je meurs d'envie de prendre l'air, moi aussi ! »

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Emily agissait sur lui comme une pilule de bonne humeur. Lorsqu’il la vit sortir de son immeuble, un sourire heureux s’afficha instantanément sur le visage du policier. Elle lui rendit son sourire, visiblement le plaisir était partagé. Il ne résista pas à venir la saluer en posant un tendre baiser sur ses lèvres, auquel elle répondit en s’accrochant à son pull, avant de venir doucement se blottir contre lui, ils avaient besoin de se reconnecter physiquement. Il fût touché lorsqu’elle lui confia à son tour qu’il lui avait manqué, ils en étaient visiblement au même stade sur la perception de leur relation. Elle se détacha de lui pour saluer Eliott, tout excité à la perspective d’une sortie. Jared tenta de le calmer, ne connaissant pas d’avance la réaction de la jeune femme aux démonstrations d’affection d’un gros chien mais la jeune femme posa les mains sur sa poitrine pour autoriser Eliott à prendre appui sur elle, le berger allemand ne se fit pas prier acceptant volontiers  qu’elle lui gratte le cou et  caresse son dos. Jared assista à la scène, attendrit, c’était important pour lui qu’ils s’acceptent et aucun des deux ne semblait avoir de problème à le faire. Lorsqu’elle eut finit, elle proposa à Jared d’y aller, elle aussi avait hâte de prendre l’air et de sortir un peu de la ville. Le policier fit monter son chien à l’arrière de la voiture avant de rejoindre Emily à l’avant.

Le trajet se déroula sans encombre. Ils parlèrent de sujets légers ou banals, de la pluie et du beau temps, des coins à visiter à North Berwick. Jared alluma la radio et tandis qu’Emily chantonnait par-dessus, il replongea dans ses réflexions. Son échec deux jours plus tôt pour arrêter la voleuse lui était resté en travers de la gorge. Le pire était sans doute l’humiliation qu’elle lui avait infligée en lui balançant un pot de peinture bleue sur la tête. Qu’elle lui échappe était déjà suffisamment humiliant en soi et elle aurait pu s’épargner d’en rajouter une couche. En plus de son costume qu’elle avait bousillé, c’était sa réputation professionnelle qu’elle avait entachée, une réputation qu’il avait mis des années à construire, lui qui nourrissait l’ambition de devenir un jour capitaine. En un claquement de doigts- ou plutôt en un coup de pied- elle avait mis en danger tout ce qu’il avait mis des années à construire. Elle allait le lui payer très cher. Il demeura silencieux une partie du trajet, ressassant son expérience. Une fois arrivés à North Berwick, il gara la voiture sur un parking et tous deux sortirent de la voiture. Il libéra Eliott et l’attacha en laisse, pour le passage dans la ville au moins, il comptait bien le libérer pour qu’il puisse courir librement une fois qu’ils seraient un peu éloignés. Il se tourna alors vers Emily, l’air plus détendu, la jeune femme n’avait pas à pâtir de l’humour de son compagnon à cause des agissements d’une autre. Il jeta un coup d’œil à sa montre, ils avaient encore le temps pour une petite ballade avant de déjeuner. Bien que sportif, le jeune homme ne se sentait pas ni la force ni l’humeur à une longue randonnée. « On va se balader un peu du côté de Tantallon Castle ? Je crois qu’on peut le visiter si ça t’intéresse. C’est à quatre ou cinq kilomètres à pied. On reviendra ensuite pour déjeuner, non ? »

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Emily était sincèrement heureuse de retrouver Jared. Il lui avait vraiment manqué. C'était la première fois qu'elle ressentait ce genre de choses. Il n'était pas le premier homme dans sa vie, mais il était le premier dont la présence lui était suffisamment importante pour que le manque ne se fasse ressentir lorsqu'il n'était pas là. Habituellement, Emily ne s'embarrassait pas vraiment de faire durer la séduction. Elle n'avait jamais eu pour but de faire rentrer quelqu'un dans sa vie pour de bon. Elle n'avait d'ailleurs jamais invité qui que ce soit chez elle: c'était trop risqué. C'était pour ça qu'aucune de ses relations n'avaient fonctionné: ses compagnons ou compagnes avaient eu le sentiment qu'elle ne leur faisait pas confiance et ils avaient eu raison. Avec Jared, c'était différent. Elle avait réellement envie de lui faire confiance. Lors du trajet en voiture, après qu'ils aient discuté de choses et d'autres, Emily remarqua que le policier gardait le silence. Il semblait pensif. Une petite voix lui disait qu'elle savait parfaitement de quoi il en retournait, cependant, elle ne pouvait pas se permettre de lancer elle-même le sujet. Aussi, elle se contenta de chantonner par dessus les morceaux qui passaient à la radio et qu'elle connaissait, observant le paysage autour d'elle. De toutes façons, la voiture n'était pas un lieu propice aux confidences.

Lorsqu'ils arrivèrent à destination, Emily prit une grande bouffée d'air en sortant du véhicule. L'air de la nature lui ferait vraiment du bien et l'idée de pouvoir partager une journée avec Jared la réjouissait. Ce dernier se tourna vers elle après avoir fait descendre Eliott et l'avoir attaché. Il paraissait plus détendu. Peut-être s'était-elle trompée? Peut-être était-il simplement concentré sur la route? Le jeune homme lui proposa une promenade jusqu'au château, signalant qu'il était possible de le visiter. Emily hocha la tête avec un sourire. « Oui, c'est parfait! » Elle s'approcha alors de lui en le regardant. « Est-ce que... » Elle fut interrompue par la sonnerie de téléphone. Elle sortit l'appareil en bougonnant. « Ah, non! Fichez-moi la paix, je ne suis là pour personne! » Elle raccrocha et ouvrit les réglages de son smartphone pour en activer le mode avion, s'assurant ainsi qu'elle était injoignable. Puis elle le remit au fond de sa poche. Elle fit de nouveau quelques pas en avant afin de se retrouver en face de Jared. Elle vint doucement poser une main de chaque côté des hanches du jeune homme et le regarda avec tendresse. « Tu avais l'air un peu ailleurs, dans la voiture... Tout va bien? » Son ton n'avait rien d'un reproche. Elle se trompait peut-être, Jared était d'un naturel silencieux après tout, mais mieux valait poser la question au cas où quelque chose le tracassait vraiment. Ça aurait été dommage qu'il ne profite pas réellement de la promenade parce qu'il avait quelque chose sur le coeur. « Si tu as besoin de parler de quelque chose, je suis là... Si tu préfères marcher, c'est bien aussi. Je ne suis jamais venue par ici, je vais avoir besoin d'un guide... Encore. Ça s'est plutôt bien passé, la première fois. » enchaîna-t-elle avec un sourire malicieux. Ainsi, elle donnait à Jared la possibilité de rester secret s'il le désirait, tout en lui signalant qu'elle était là pour l'écouter si nécessaire.

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Se retrouver avec Emily était déjà en soit une vraie bouffée d’air frais pour le policier. Il n’avait pas l’habitude de ces phases prolongées de séduction. Pourtant, avec la jolie blonde, il appréciait ces moments. Ils prenaient leur temps, se découvraient, s’apprivoisaient et plus le jeune homme passait de temps avec elle, plus il était persuadé qu’il y avait quelque chose de spécial entre eux. Il s’était toujours gentiment moqué des jeunes couples d’amoureux qui, avec leurs regards énamourés, avaient l’air plutôt ridicules. Pourtant avec elle il se sentait l’envie de se promener sur la plage en lui tenant la main, de plongé dans ses magnifiques yeux bleus avant de l’embrasser tendrement. Emily était la seule femme qui lui donnait envie d’être romantique, li qui était pourtant du genre cynique. Dès qu’il posait les yeux sur elle, il avait envie de la serre dans ses bras, c’était plus fort que lui. Etait-ce son sourire lumineux, son regard bienveillant ? Cette espèce d’aura qui entourait la jeune femme et lui donnait un charme fou ? Le policier pourtant rationnel et doué pour expliquer les choses n’avait pas un seul indice pour l’aider à comprendre ce qu’il ressentait en la voyant, et il n’en cherchait pas. Lui qui était habituellement effrayé par ce qu’il ne maitrisait pas ou frustré parce qu’il ne comprenait pas se laissait porter sans se poser de questions… et ça faisait un bien fou ! Il n’avait pas peur avec elle, il se sentait bien. Les choses étaient naturelles entre eux, et depuis leur rencontre elle exerçait une certaine attraction sur lui sans qu’il n’ait jamais cherché à reprendre les commandes ou a y trouver une explication. C’était très bien comme ça. D’habitude, il expliquait son attirance par une envie de coucher avec une femme, ou d’apprendre à la connaître mais ça finissait immanquablement par se heurter au mur de leurs différences. Jared était un taciturne et ça en avait rebuté plus d’une. Il n’avait jamais été suffisamment à l’aise ni en confiance avec une femme pour s’ouvrir réellement à elle, il se comportait différemment avec Emily parce qu’elle était différente et qu’il ressentait chez elle ce besoin de voir derrière sa carapace.

En arrivant à North Berwick, Jared fit sortir Eliott et l’attacha en laisse. Il entendit Emily pester contre son téléphone et dire qu’elle n’était disponible pour personne, ce qui ne manqua pas d’arracher un sourire à la fois satisfait et attendrit au policier. Elle avait décidé de lui consacrer pleinement sa journée lui et à lui seul, ça en disait beaucoup sur l’envie de la jeune femme de faire fonctionner leur relation. Jared n’accordait pas forcément beaucoup d’importance aux mots, pour lui c’était avec le genre de réaction qu’avait eu Emily qu’on prouvait réellement qu’on tenait à quelqu’un. Il en fut donc d’autant plus touché. Puis elle reporta son attention sur lui, sembla hésiter un instant avant de venir doucement poser ses mains sur les hanches du policier. Elle avait dans le regard une lueur d’inquiétude qui donna au jeune homme l’envie de le la serrer contre lui. Il se retint, attentif à ce qu’elle voulait lui demander. Loin d’être bête, la jeune femme avait parfaitement compris que quelque chose le tracassait, elle voulait lui signifier qu’elle était là sans pour autant paraitre trop intrusive. Sa référence à leur première sortie où il avait joué le guide pour elle eu le mérite de lui arracher un sourire. Cette première sortie resterait en eux de manière indélébile, ils avaient vécu les montagnes russes en matière d’émotions : tendresse, frustration, peur, excitation, joie. Ca terminé par ces baisers échangés, cette joie d’être ensemble alors on pouvait affirmer que ça c’était bien passé. Il ouvrit la bouche, hésita sur les mots, puis soupira, agacé par son incapacité à trouver comment exprimer ses sentiments. Alors il prit doucement sa main dans la sienne et l’entraina sur le chemin, marcher l’aidait à s’éclaircir l’esprit. « Viens, je vais t’expliquer », semblait-il vouloir dire. Il entrelaça ses doigts dans ceux de sa copine pour se donner du courage alors qu’ils avançaient tranquillement sur le chemin balisé, Eliott marchant en laisse à côté d’eux. « J’ai eu une semaine difficile », commença-t-il. Comme si ça n’était pas assez compliqué comme ça il devait lui expliquer ce qu’il s’était passé sans trop en dire. En tant que fonctionnaire de police, il était astreint à un devoir de réserve et par précaution il n’avait pas le droit de parler des enquêtes en cours à qui que ce soit. « J’ai dû mener une intervention de nuit. Ça s’est soldé par un échec. Rien de grave, aucun blessé mais disons que j’ai toujours du mal à accepter les échecs et que j’ai eu droit à une humiliation dont je me serais bien passé ». Son regard s’assombrit, laissant place au Jared flic qui avait toujours son échec et sa cuisante humiliation en travers de la gorge.

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La petite blonde n'était pas du genre à avoir peur des gens, au contraire: elle avait toujours été très sociable. Emily était une extravertie, qui aimait à courir le monde, partager sa joie de vivre, danser... elle puisait son énergie en fréquentant les autres, curieuse de tout. Pourtant, c'était également quelqu'un de très secret. Elle ne cachait pas aux autres ce qu'elle pensait d'eux, mais elle ne disait rien sur elle, ou alors, rien de très personnel. Si vous pouviez trouver en elle une oreille attentive et une amie fidèle, il était en revanche difficile de lui faire dire ce qu'elle ressentait vraiment quand ça la concernait directement. Elle évitait le sujet, ou bien elle contournait la question. C'était ce qui avait toujours posé problème au sein de ses relations amoureuses. La confiance n'était pas réciproque. Elle ne parvenait pas à s'ouvrir suffisamment pour donner l'impression à l'autre qu'elle voulait partager quelque chose pour de bon. Et pour cause: elle n'en avait jamais eu envie. Emily avait farouchement besoin d'indépendance et le moindre signe d'attachement amoureux était pour elle une catastrophe. Elle ne voulait pas devoir agir en fonction d'un(e) autre. C'était une chose sur laquelle elle allait devoir travailler, elle le savait, si elle voulait que sa relation avec Jared aille plus loin. C'était aussi pour ça que se retrouver face à lui dans la peau de Sara avait été si compliqué. Allait-elle être capable de gérer une double vie? Sans doute pas. C'était trop risqué, pour elle comme pour lui. Allait-elle être capable d'abandonner Sara? Elle n'en était pas persuadée non plus. Pourtant, viendrait le temps où elle allait devoir faire un choix. Être ainsi mise face à des responsabilités qu'elle avait évité durant dix ans avait été une claque en pleine figure. Aussi, quand elle avait vu que Jared semblait perturbé, elle était allée vers lui, espérant qu'il ne repensait pas autant qu'elle à ce qui s'était passé.

Le policier hésita un instant, comme s'il cherchait ses mots. Patiente, Emily ne dit rien et lui sourit tendrement lorsqu'il soupira. Ce n'est rien, on a le temps. Quand il lui prit la main, elle appuya leur étreinte et se laissa entraîner sur le chemin. Peu de temps après, Jared lui confia qu'il avait eu une semaine difficile. Le coeur de la jeune femme se serra lorsqu'il lui avoua qu'il ne parvenait pas à accepter l'échec et l'humiliation qu'elle lui avait faits elle-même subir. Je suis désolée, je ne voulais pas te blesser et c'est la seule solution que j'ai trouvé pour être sûre que tu ne me suives pas... mourrait-elle d'envie de lui répondre. Mais, bien entendu, elle ne pouvait pas. Leur relation était beaucoup trop récente pour qu'elle puisse se permettre de lui parler de ça. Il y avait trop de risques à dire la vérité, pour le moment. Resserrant doucement ses doigts autour de ceux du policier, elle lui caressa la main à l'aide de son pouce. « Tu as eu une semaine chargée, non? » demanda-t-elle en référence au fait qu'ils n'avaient pas pu se voir, car tous les deux avaient trop de travail. « Tu étais peut-être plus fatigué que d'habitude? » Elle le regarda un instant, avant de tourner de nouveau la tête devant elle. « Qu'est-ce qui s'est passé, pour que tu te sentes humilié? Enfin... Si tu veux en parler... Ou si tu peux, je sais pas trop comment ça se passe vis à vis des enquêtes en cours. » Bien sûr qu'elle savait, depuis le temps qu'elle devait jongler avec les policiers en tous genres: il n'avait pas le droit de donner de détails aux civils. Mais jouer l'innocence permettait d'écarter tout éventuel soupçon à son sujet, même si elle se doutait bien qu'il n'en avait aucun pour le moment. Il ne serait pas là, sinon. Pour le reste, elle s'inquiétait réellement pour lui. Elle l'avait visiblement plus blessé que ce qu'elle ne l'avait voulu. Elle devait bien admettre qu'elle n'avait pas pensé à l’ego masculin de Jared lorsqu'elle l'avait couvert de peinture. Elle avait surtout pensé qu'elle était incapable de lui tirer dessus, mais qu'elle devait quand même faire en sorte qu'il soit suffisamment ralenti pour qu'elle puisse s'échapper. Elle ne regrettait pas son geste pour autant. Elle n'aurait pas supporté d'être responsable d'une blessure par balle le concernant.

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Jared n’était pas du genre à se plaindre. Il aimait son boulot, il avait besoin de se sentir utile et il ne s’était jamais projeté dans un autre métier que celui de policier. Il s’investissait énormément dans son boulot, si bien qu’il s’était bâti une solide réputation dans le milieu : on faisait aussi bien appel à lui pour des tentatives de vol dans un musée, des cambriolages pour des personnes qui avaient chez eux des œuvres d’une certaine valeur mais il était également mobilisé dans des enquêtes de luttes contre le trafic de drogues, lorsque les choses étaient un peu plus calmes côté intrusions pour vol. Cette semaine, il avait coulé sous le boulot. D’habitude, ça ne le gênait pas, il aimait être stimulé et de toute façon il n’avait pas grand-chose d’autre dans sa vie que le boulot, son chien, le sport, certaines sorties culturelles et ses parents chez qui il allait passer le dimanche une fois par mois. En dehors de ça, il sortait peu avec des amis et le plus souvent c’était avec ses collègues de travail avec lesquels il n’avait aucune envie de partager des beuveries, et on ne peut pas dire qu’il rencontrait beaucoup de femmes non plus. Il avait donc du temps à consacrer à son boulot. Maintenant qu’il avait Emily, les choses avaient quelque peu changé et il avait été frustré de ne pas pouvoir la voir cette semaine à cause de sa charge de travail. Elle aussi avait eu beaucoup de travail, ils allaient devoir se débrouiller pour s’aménager du temps pour eux en dehors d’une journée par semaine s’ils voulaient que leur relation aille plus loin.

Lorsqu’il prit sa main dans la sienne pour inciter la jeune femme à se mettre en route tout en se donnant du courage, il sentit les doigts d’Emily se resserrer doucement autour des siens, son pouce caressant doucement le dos de sa main pour l’apaiser. Ça fonctionnait ; Le jeune homme, restant sobre dans ses propos s’ouvrit à elle et lui confia sa peur de l’échec et sa colère d’avoir été humilié. Lorsqu’elle émis l’hypothèse que son échec venait de sa fatigue liée à l’accumulation de la charge de travail pendant la semaine, le policier grimaça. « Sans doute oui mais on m’a fait confiance pour cette intervention et je n’ai pas réussi à accomplir ma mission. Lorsque tu es sur le terrain, peu importe la fatigue, il faut se mobiliser et répondre présent. » Jared avait toujours été extrêmement exigeant envers lui-même. Il était rigoureux, réfléchit, perfectionniste. S’il savait parfaitement réagir et improviser dans le feu de l’action il était plutôt du genre à planifier et contrôler. Savoir qu’il n’avait pas été à la hauteur de la voleuse le rendait prompt à une remise en question, et il détestait douter. En plus de cela, il ambitionnait d’obtenir un jour le grade de capitaine, et il avait la sensation désagréable que chacun de ses (rares) échecs, l’en éloignait. Emily l’interrogea ensuite sur la nature de son humiliation. Jared n’était pas trop du genre à en parler mais il avait besoin d’une soupape de décompression pour évacuer la frustration qu’il accumulait depuis deux jours, et il avait suffisamment confiance en Emily pour être sa soupape. « Tu as raison, je n’ai pas le droit de parler d’une enquête en cours, ou du moins pas de l’avancée de l’enquête ni des informations confidentielles…mais cette partie-là n’a rien à voir avec l’enquête », répondit-il avant de de reprendre après un court silence. « On m’a balancé un seau de peinture bleue sur la tête, ce qui en plus de me ruiner mon costume, m’a valu d’être subtilement surnommé "le Schtroumpf" devant un bon nombre de collègue par ce crétin d’Andrew…j’ai vraiment cru que j’allais l’étrangler. » Ses doigts resserrèrent d’avantage leur emprise sur Emily, sans pour autant lui faire mal. Au souvenir de ce moment désagréable, il avait contracté la mâchoire tandis que ses yeux restaient noirs de colère. « Je t’assure que quand j’attraperai le ou les responsables, il va passer un sale quart d’heure en salle d’interrogatoire. » Pour lui c’était un « quand », pas un « si », il avait bien l’intention de faire payer à la jolie voleuse son humiliation…ça et ses crimes bien évidemment.

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Jared confia à la petite blonde à quel point il était important, en tous cas pour lui, de toujours donner le meilleur de soi-même dans une enquête. De ce qu'elle en avait vu, c'était clairement ce qu'il avait fait. Si la patrouille ne leur avait pas envoyé la lumière en plein dans les yeux, elle serait derrière les barreaux aujourd'hui. Elle avait simplement eu un coup de chance, qui lui avait permis de s'échapper. Elle n'était pas censé le savoir, aussi réfléchit elle à une autre manière de rassurer le policier. « Tu as bien répondu présent et je doute que tu sois du genre à laisser filer qui que ce soit volontairement. Ca arrive aux meilleurs des policiers, je pense que tes collègues le savent... De ce que je peux en comprendre, tu as l'air d'être quelqu'un d'investi et même sans être policier, on sait tous que quand on s'investit dans quelque chose, c'est désagréable d'échouer. Je déteste quand le temps tourne au vinaigre quand je suis en pleine séance photos. Parfois, j'ai beau faire autant de réglages que je veux... ça rend juste... dégueulasse? » fit la jeune femme. « Mais je ne peux pas maîtriser la météo. Ca n'enlève rien à ma qualité de photographe... Bon, dans ton cas, c'est différent parce qu'il peut y avoir d'autres conséquences bien plus pénibles. Mais les humains que tu as en face de toi lors des interventions sont incontrôlables. Ca n'est pas parce qu'ils parviennent à tirer avantage d'une situation que ça veut dire que tu es moins bon. » C'était un peu banal, mais c'était difficile de rassurer quelqu'un sans pour autant minimiser l'impact qu'un échec pouvait avoir.

Elle comprit d'autant plus à quel point cet échec avait été cuisant lorsque le jeune homme lui expliqua ce qui s'était passé après qu'elle lui ait envoyé le pot de peinture dessus. Emily savait que son geste aurait de l'impact. Être ainsi couvert de peinture était forcément désagréable. Mais elle devait bien avouer qu'elle n'avait pas nécessairement pensé qu'il allait devoir se montrer à ses collègues ainsi. Bon, peu importait: désormais, c'était fait. La jeune femme grimaça. « Je vois... Effectivement, la situation est pénible jusqu'au bout. » Le regard de la petite blonde se durcit lorsqu'il évoqua Andrew. Alors toi, mon gars, si je parviens à savoir qui tu es... C'est pas un seau de peinture que tu vas prendre sur la figure, crois-moi! Elle tourna la tête vers Jared. « Andrew... Je n'ai vu qu'un seul de tes collègues, quand on était à la salle de sport... Si c'est lui, c'est un abruti. Ca se lit sur sa tête. » La voix d'Emily était froide. Elle n'appréciait pas du tout qu'on se moque de Jared. Elle n'avait pas besoin de feindre cette colère-là. Sentant les doigts du policier se resserrer autour des siens, Emily se rapprocha légèrement. « En attendant, les Schtroumpfs sont des bonhommes sacrément courageux. Ils arrivent toujours à vaincre leurs ennemis et à sauver leur petit village. Et le Grand Schtroumpf est un sacré savant! Ce qui n'a pas l'air d'être le cas de cet Andrew. Se moquer d'un collègue devant tout le monde, c'est lâche. » Elle secoua la tête, excédée elle aussi par la moquerie et regarda de nouveau devant elle. Le policier lui affirma alors qu'il finirait par attraper le ou les responsables et qu'il allait les cuisiner en salle d'interrogation. Oui, ben moi, j'espère pas trop... « Au moins, la prochaine fois, tu sauras que ces gens sont prêts à tout utiliser autour d'eux, y compris ce à quoi on ne s'attend pas forcément. Quelque part, ils se sont un peu grillés. Ca te donne un point d'avance. » Bah oui, donne-lui des astuces pour t'attraper, aussi, non? Crétine!

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Jared écouta attentivement les paroles d’Emily tandis qu’ils se promenaient sur le sentier qui les menaient vers Tantallon Castle. Elle avait parfaitement saisit qui il était : quelqu’un d’investi et d’exigeant envers lui-même. Elle fit un parallèle éclairant entre son activité de photographe et ce qu’il avait vécu cette nuit là. Pour elle, certaines choses étaient incontrôlables : la météo pour le photographes, les suspects pour les policiers et ça ne faisait pas d’eux de moins bons professionnels. Il devait reconnaître qu’il n’avait jamais vu les choses ainsi, il était bien trop concentré sur son obsession du contrôle. Les paroles d’Emily étaient pleines de sens, il savait qu’elle avait raison. Il y avait certaines choses qu’on ne pouvait pas contrôler et le fait qu’une criminelle avait profité d’une situation favorable ne faisait pas de lui un mauvais flic. Il n’était pas objectif lorsqu’il s’agissait de lui-même et entendre les paroles de la jeune femme était non seulement apaisant mais leur contenu était d’une implacable logique. L’entendre lui fit beaucoup de bien, elle le déculpabilisait et lui enlevait une bonne partie de l’énorme pression qu’il se mettait à lui-même. Elle ne minimisait pas l’impact que son échec pouvait avoir sur lui, elle l’aidait simplement à relativiser et à voir que tout n’était pas de son fait. « Tu as raison...j’ai tendance à vouloir toujours tout contrôler mais je ne le peux pas. Merci de me rappeler que ça ne fait pas de moi un mauvais flic. »

Il lui raconta ensuite l’épisode du pot de peinture qui avait été pour lui source d’humiliation. Elle sembla accuser le coup pour lui, et Jared fût touchée de la voir aussi peinée. Puis elle se rembrunit lorsqu’il mentionna son collègue Andrew. Sa voix était froide et dure, c’était peu habituelle pour elle, elle avait un côté très protecteur,et ça n’était pas pour déplaire à son policier. Lorsqu’elle mentionna les qualités des Schtroumpf, Jared afficha pour la première fois un sourire, il n’y avait qu’elle pour répondre à cet argument. L’entendre dire qu’Andrew était lâche lui fit du bien également, Emily était de son côté et le soutenait. Ils étaient ensemble depuis si peu de temps, et pourtant elle agissait déjà avec lui comme s’ils étaient ensemble depuis des mois. « Tu l’as dit toi même, Andrew est un abruti. Je crois que l’autre jour à la salle de sport, il a flashé sur toi. » Son obstination à mettre la voleuse derrière les barreau était cependant intacte et il fit comprendre à Emily qu’il finirait pas arrêter les responsables, restant ainsi assez vague pour respecter son devoir de réserve. La jeune femme précisa alors qu’en poussant les responsables à utiliser leur environnement pour s’enfuir, il pourrait désormais anticiper leur réaction et les devancer la fois d’après. Jared Stoppa sa matche et se plaça face à elle, un tendre sourire au visage. « Où est-ce que je t’ai trouvé toi... », demanda t-il en caressant doucement le visage de la jeune femme de ses doigts. Question rhétorique. Il savait parfaitement où il l’avait trouvé, ce qui l’étonnait réellement, c’était la chance qu’il avait eut que la vie la mette sur son chemin. S’il était passé ne serait-ce qu’une minute plus tard, elle aurait commencé son shooting, il aurait comprit qu’elle faisait des photos et n’aurait pas cru qu’elle voulait se suicider et il ne serait peut être jamais intervenu. Le soutien et les encouragements d’Emily lui allaient droit au coeur, et en plus, elle avait parfaitement raison. Jared avait juste besoin que quelqu’un calme son complexe du héros et qu’on lui rappelle qu’il n’était pas responsable de tout. Il se pencha en avant et l’embrassa d’une façon tendre et prolongée, sans tenter d’y mettre la moindre passion. L’envie ne l’en manquait pas, mais c’était un baiser pour la remercier. Sa main se glissa dans son dos et lorsque leurs lèvres se quittèrent, il va doucement la serre contre lui. Plus il passait de temps avec elle, et plus il se sentait tomber amoureux d’elle. « Merci Emily », dit-il simplement. Il n’était pas très loquace, mes ses gestes avaient parlé pour lui. A côté d’eux, Eliott se mit à gémir, obligeant le policier à se détacher de la jolie blonde. « D’accord, d’accord, j’ai compris je te libère, mais tu restes pas loin. » Ils étaient désormais suffisamment éloignés de la ville pour que le berger allemand puisse se dégourdir les pattes et en tant qu’ancien chien policier, Eliott avait un excellent rappel. Il lui enleva sa laisse et tandis que le chien courrait autour d’eux, il passa un bras autour des épaules d’Emily. Le château n’était plus très loin maintenant.

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Plus Emily parlait à Jared, plus elle se rendait compte à quel point elle pensait ce qu'elle lui disait. Non seulement, elle l'avait vu sur le terrain: il avait été efficace, vif, intelligent et aussi réactif qu'elle-même l'avait été. Il n'avait vraiment pas à s'en faire concernant son niveau professionnel. Mais ça, Jared ne le savait pas. ce qu'elle pouvait lui dire, en revanche, tout en le pensant profondément, c'était qu'il n'était pas entièrement responsable de sa propre fuite. Il ne pouvait pas savoir qu'elle savait grimper à ce point et qu'elle n'allait pas hésiter à utiliser tout ce qui se trouvait dans son environnement pour se faire la malle. Emily, lorsqu'elle enfilait le costume de Sara, avait une manière d'agir particulière: elle n'affrontait que rarement qui que ce soit directement. C'était un vrai chat sauvage, qui escaladait et trouvait des échappatoires auxquelles les policiers ne pensaient pas, ou bien se débrouillait pour jouer la carte de la surprise: si le pot de peinture avait été une première, elle avait déjà renversé des poubelles sur le sol avant de grimper aux balcons, calculé à quel moment se déclenchaient les arrosages automatiques pour filer à travers les parcs et surprendre les policiers, elle avait même parfois utilisé des conduits d’égouts en travaux, disparaissant soudainement de la vue de ses poursuivants sans qu'ils ne comprennent pourquoi - ou qu'ils le comprennent alors qu'elle était déjà trop loin pour être rattrapée. Maligne, elle savait tirer avantage de chaque situation. C'était pour ça qu'elle était toujours en liberté, dix ans après son premier gros vol. Alors elle était parfaitement sincère lorsqu'elle disait à Jared qu'une partie de son intervention était incontrôlable. Elle était sans doute différente des adversaires auxquels il avait eu affaire jusqu'à présent. Le jeune homme sembla apprécier son discours, puisqu'il lui donna raison. Elle en fut à la fois heureuse et soulagée: il se sentait mieux et il ne se doutait vraiment de rien. A l'annonce d'Andrew, elle ne put s'empêcher d'être assez salée. Quand Jared lui confirma que c'était bien celui à qui elle pensait, elle eut un sourire en coin alors qu'il lui dit qu'il avait flashé sur elle. « Si Jared n’est pas de taille pour vous, je suis sûr que je peux vous apprendre deux ou trois petites choses! » fit-elle d'une voix nasillarde et ouvertement moqueuse. « Crétin. » cracha-t-elle. Pour ne pas rester sur une note négative, elle fit remarquer à son ami qu'il avait désormais une longueur d'avance et ce dernier, pour toute réponse, cessa soudainement d'avancer pour se mettre face à elle. Emily le regarda, curieuse.

La petite blonde ne répondit pas à sa question, qui n'en était pas vraiment une. C'était plutôt un compliment. Il lui signalait qu'elle l'avait parfaitement compris. Quand il posa ses doigts sur sa joue, elle lui fit un sourire tendre, posant son regard sur ses lèvres alors qu'il se penchait vers elle. Au baiser tendre qu'il lui donna, elle répondit de la même façon. Emily aurait pu se noyer dans cette tendresse. Elle lui faisait un bien fou. C'était comme s'il l'enfermait avec elle dans une bulle où elle se sentait protégée, à l'abri du reste du monde et, même si elle était de nature indépendante et courageuse, elle avait également terriblement besoin de quelqu'un capable de la faire se sentir en sécurité. C'était précisément ainsi qu'elle se sentait, avec Jared: en sécurité. Et ça n'avait rien à voir avec le fait qu'il soit policier. Quand il l'attira vers lui alors que leurs lèvres se détachaient, elle se laissa aller et posa sa tête contre lui, silencieuse. Elle ferma les yeux un instant, s'imprégnant de son odeur, avant de se mettre à rire doucement en entendant Eliott gémir d'impatience. Elle laissa le jeune homme détacher l'animal, avant de passer un bras dans le dos de Jared alors qu'il posait le sien autour de ses épaules. Le château apparaissait à l'horizon. Ils ne tarderaient plus à le rejoindre. Observant le Berger Allemand qui s'ébattait autour d'eux, une question lui vint alors. « Dis... D'où est-ce qu'il vient, Eliott? Si la question n'est pas trop personnelle... » Elle avait bien vu l'attachement qui les liait et elle était curieuse de savoir comment est-ce que ce dernier s'était créé.

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Lorsque Emily imita Andrew d’une voix nasillarde, Jared pouffa de rire. Elle était absolument craquante avec cet air boudeur et le fait qu’elle veuille le protéger était extrêmement touchant. Certains hommes n’aiment pas avoir une femme protectrice à leurs côté, ils voient ça comme une atteinte à la virilité. Au sein de la police ou le machisme était particulièrement prégnant, de nombreux collègues avaient encore l’image de la femme au foyer comme idéal de compagne. Jared n’était pas de ceux là. Au contraire, il aimait l’idée d’avoir une copine libre et indépendante, qui avait sa vie en dehors de lui et une personnalité affirmée. Il prenait davantage l’envie de la jeune femme de le protéger comme un signe d’affection que comme une pseudo-atteinte à sa virilité. Emily savait qu’il était capable de se débrouiller seul comme il savait qu’elle était suffisamment débrouillarde pour se sortir d’une situation délicate, ce n’était pas pour autant qu’il n’aurait pas lui non plus l’envie irrépressible de la protéger. Tant qu’ils ne se privaient pas de liberté, c’était tout à fait normal pour lui. Andrew faisait partie de ces policiers qui avaient une image très machiste de la femme, il faisait régulièrement des blagues grasses et douteuses à ce sujet. Jared n’approuvait pas, bien au contraire, mais d’accord ou non, il devait faire son boulot et Andrew était un des rouages de la mécanique avec lesquels il devait travailler et il avait le même grade de lieutenant que lui, il n’avait donc pas la légitimité pour le recadrer. Si un jour il devenait capitaine par contre, il ne se gênerait pas.

Attendrit par la force de conviction de la jeune femme qui se conjuguait avec une infinie douceur, il caressa doucement son visage avant de se pencher pour déposer un tendre et long baiser sur ses lèvres. Ce baiser voulait plus en dire que tous les « merci » du monde pour lui, Emily devait commencer à comprendre comment il fonctionnait maintenant. Elle avait comprit tout ce qu’il avait sur le coeur et elle avait apaisé ses angoisses en trouvant les mots, c’était un pouvoir que peu de gens avaient sur lui car peu arrivaient à l’atteindre de cette manière. Seule sa mère adoptive avait cet effet là sur lui. Il la serra contre lui tandis qu’elle venait poser sa tête contre lui, puis il libéra Eliott qui gémissait, mourant d’envie d’enfin pouvoir se dépenser. Ils se remirent en route accrochés tendrement l’un à l’autre, Eliott trottant gaiement non loin d’eux. « Eliott m’a été confié quand je suis entré dans la police à la brigade des stups. Ca a été ma première affectation et lui était encore un tout jeune chien policier. Un jour on a eu une intervention musclée pour démanteler un cartel et je me suis retrouvé dans la ligne de mire d’un des suspects. Eliott n’a pas hésité, il s’est jeté sur son bras pour lui faire lâcher son arme mais l’homme l’a frappé à plusieurs reprises. Il a eu deux côtes cassées et l’omoplate abîmée. Il s’est  remis presque complètement de ses blessures mais il a été longtemps loin du terrain et on ne mise pas la vie d’un homme sur un « presque ». Il a été jugé inapte à reprendre le travail et a été mis à la retraite. Comme je changeais d’affectation et que je n’avais plus besoin d’un chien sur mon nouveau poste, j’ai demandé à garder Eliott et ils me l’ont accordé. Il m’a sauvé la vie, je lui devait au moins ça et puis, je m’étais attaché à lui. Je n’ai pas eu la force de le laisser partir dans un autre foyer, même si c’est peut être ce que j’aurais du faire. » Reniflant autour de lui, pas conscient du fait qu’on parlait de lui, le berger allemand prit un morceau de bois dans sa gueule pour l’apporter à son maître : il avait envie de jouer. Jared s’empara du morceau de bois, se détacha d’Emily et le lança au loin tandis qu’Eliott partait en courant. « Eliott, donne à Emily », ordonna t-il au chien qui revenait vers lui. Obéissant à son maître, Eliott apporta le bout de bois à Emily qui le félicita. Les faire jouer ensemble allait renforcer leur liens, c’était important. C’est à ce moment là qu’il eu une idée. Tandis que le berger allemand repartait chercher le bâton que lui avait lancé Emily, Jared se tourna vers elle. « Donne-moi ton gilet et va te cacher, tu vas voir comme il est bon dans le pistage. N’hésite pas à aller loin, crois-moi il te retrouvera avant que tu commences à avoir froid. »

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Prendre l'air faisait du bien à Emily, qui, hormis pour sa petite sortie nocturne peu légale, n'avait pas quitté son appartement de la semaine, trop prise par son travail. Extravertie et énergique, elle avait du mal à rester en place longtemps et une semaine était souvent son maximum. Aussi, pouvoir sortir se dégourdir les jambes en compagnie de Jared était une idée plus que bienvenue, qu'elle avait accueillie sans hésitation. Alors qu'ils marchaient blottis l'un contre l'autre, son corps et son esprit lui confirmaient que c'était une bonne idée. Elle était plus détendue, profitant de la tendresse du policier et de la bonne humeur d'Eliott. En observant celui-ci courir au loin, Emily se demandant comment il avait croisé le chemin de son ami. Elle lui posa naturellement la question, toujours plus curieuse de le connaître mieux. Ecoutant attentivement la réponse de Jared, elle imagina la scène sans trop de problèmes. Elle n'avait eu affaire que peu de fois aux chiens policiers, n'étant pas réellement dangereuse. Mais pour les fois où elle avait dû leur échapper, elle avait eu bien plus peur de se faire prendre que lorsque les humains étaient seuls. Ils étaient redoutablement intelligents et courageux, ne possédant comme instinct que celui de satisfaire les demandes de leurs propriétaires, quitte à mettre leur vie en danger. L'histoire que lui raconta Jared ne fit que lui confirmer ce qu'elle savait déjà. « Eh ben... Sacré collègue de travail... » souffla-t-elle, admirative. « Vu la façon dont il te regarde, je n'ai aucun doute sur le fait que tu aies bien fait de le garder avec toi. Il est heureux, ça se voit et il ne te quitte jamais vraiment des yeux. Tu restes son partenaire, qu'il soit toujours chien policier ou non. Et puis, tu le comprends mieux qu'un autre. » Emily ne connaissait pas la complicité qui pouvait lier un chien à son maître, en tous cas, elle ne l'avait pas encore vécue. Mais elle n'était pas à plaindre: si elle n'avait jamais pu réaliser son rêve que d'avoir un compagnon canin, elle avait, en revanche, sa propre jument, aux Etats-Unis. Elle lui manquait beaucoup, d'ailleurs, depuis un an qu'elle était en Ecosse. Elle n'avait pas pu retourner la voir. Elle connaissait donc la complicité qui pouvait lier un animal et un être humain et elle ne doutait pas qu'Eliott était parfaitement satisfait de la vie qu'il menait actuellement.

Tandis qu'ils discutaient, le Berger Allemand ramena un bâton à son maître, lequel se détacha d'Emily pour lancer le jouet de fortune. A son retour, sur demande de Jared, l'animal vint lui déposer le bâton dans les mains. Heureuse de pouvoir jouer avec lui, la petite blonde le lui lança le plus loin possible. Alors que son chien revenait joyeusement, le policier demanda à Emily de lui confier son gilet: il voulait mettre son chien à l'épreuve. La petite blonde se prêta au jeu avec joie. Elle retira son vêtement, mais, avant de le remettre à son ami, elle vint lui réclamer un baiser doux et rapide. Puis elle récupéra le morceau de bois qu'Eliott avait déposé à ses pieds, attendant sagement qu'elle le lui lance à nouveau. Elle jeta ce dernier aussi fort qu'elle le put et confia sa veste à Jared. « Donne-moi cinq minutes. » lui dit-elle avant de partir au pas de course vers le château qui n'était désormais plus qu'à quelques mètres d'eux. Elle disparut derrière les ruines et observa l'endroit durant quelques secondes. Repérant que l'accès au chemin de ronde était facile, elle y monta et vint se caler dans l'encadrement de ce qui avait autrefois été une fenêtre. Elle se trouvait du côté de la mer, ce qui la rendait invisible tant qu'on ne se trouvait pas en face d'elle. Un couple, qui visitait lui aussi le château, était accompagné d'une enfant, laquelle regarda la petite blonde avec curiosité. Emily posa un doigt sur ses lèvres avant de dire à voix basse « Chut... Je joue à cache cache avec le chien de mon amoureux! », réflexion qui fit rire la petite fille. Le couple s'éloigna alors de quelques mètres afin de ne pas trahir la présence d'Emily et le père prit sa fille dans ses bras, tandis que cette dernière attendait que le fameux chien arrive. Emily sourit en voyant cette image, puis s'enfonça pour de bon dans l'encadrement en ruines, disparaissant de leur vue. Il n'y avait plus qu'à attendre qu'Eliott ne la retrouve.

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Jared avait toujours mit un point d’honneur à stimuler physiquement et intellectuellement son berger allemand. Eliott avait besoin de ça, les bergers allemands ont déjà besoin de beaucoup de stimuli et d’attention mais en plus en tant que chien policier, il avait toujours été souvent stimulé. C’est pour ça qu’il avait hésité à le prendre. Il l’emmenait de temps en temps au commissariat mais il ne pouvait pas beaucoup sortir pour autant, la journée il travaillait, Eliott restait souvent seul. Il le sortait matin et soir mais le reste du temps il était dans un appartement. Parfois il se demandait s’il n’aurait pas mieux valu le laisser dans une famille où il aurait vu plus de monde pendant la journée, mais il y avait tant de gens qui prenaient des chiens sans se rendre compte du temps qu’il fallait lui consacrer et donc sans s’en occuper correctement ensuite qu’il avait eu peur qu’Eliott ne tombe pas sur le propriétaire qu’il méritait. Au moins il savait qu’avec lui  il serait choyé, et puis se séparer d’Eliott lui aurait brisé le coeur. Le chien ne semblait pas malheureux et les paroles d’Emily à ce sujet vinrent confirmer son impression, elle était convaincue qu’Eliott était heureux avec lui. Il n’avait peut être pas de grand jardin mais il sortait tous les jours et ne manquait pas d’affection. Un partenaire, c’était exactement ce qu’il était pour lui, il avaient travaillé ensemble et encore aujourd’hui ils évoluaient aux côtés l’un de l’autre. « Je ne crois pas qu’il soit malheureux non. Et toi ? Tu as déjà eu des animaux ? Plus de chat je suppose... », l’interrogea t-il.

L’avantage quant on a un chien actif, c’est qu’on a pas besoin de se trimballer de jouer pour qu’il s’amuse, en général il trouve son jouet tout seule dans la nature, un bout de bois par exemple. Comprenant le message, Jared lança le bâton pour que le berger allemand aille le chercher et il lui indiqua de venir le donner à Emily. Eliott s’exécuta sans broncher et la jolie blonde lui lança à son tour le bâton. Toujours à la recherche d’un moyen de stimuler intellectuellement son chien, Eliott demanda à son amie de lui confier son gilet et d’aller se cacher. Jouant le jeu, la jolie blonde lui tendit son gilet, restant en simple débardeur rose. Elle le gratifia d’un tendre et rapide baiser avant de lancer une nouvelle fois le bâton à Eliott et de filer en courant. Jared l’observa quelques secondes s’éloigner, marquant un temps un peu plus long sur ses jolies fesses avant de se reconcentrer. Eliott revenu, il joua un peu avec lui, luttant gentiment avec le chien qui attrapait son bras dans sa gueule en prenant bien garde de ne pas le mordre. Il contrôla qu’Emily avait bien disparu de leur champ de vision et stimula son chien : « Elle est où Emily, hein Eliott, elle est passée où ? » Le berger allemand sembla la chercher du regard puis aboya, semblant ainsi lui dire « bah j’en sais rien moi » Jared lui remit la laisse  avant de lui faire sentir le gilet d’Emily. « Aller mon chien, cherche Emily. » Tout heureux d’avoir quelque chose à chercher, Eliott se mit à renifler le sol et attira son maître sur la piste de la jolie blonde. Il remonta vers le château, le contourna, et monta le long du chemin de ronde, la truffe au sol. Puis se mit à tirer davantage sur la laisse : il sentait qu’il était tout proche.  Ils croisèrent une famille avec une petite fille qui montra Eliott à son père. « Il cherche, il est concentré, promis après tu pourras le voir ». Eliott tira une dernière fois sur sa laisse pour le mener vers un renfoncement et se mit à aboyer en agitant à la queue lorsqu’il retrouva Emily, visiblement heureux de l’avoir retrouvée. La jeune femme le gratifia comme il se devait puis se fût au tour de Jared de caresser le chien sur le buste et sur la tête, enjambant l’animal pour mieux le flatter. « C’est bien mon chien. Bravo mon Eliott. » Puis il s’écarta du chien et replaça tendrement le gilet sur les épaules de sa copine, la gratifiant au passage d’un rapide baiser. « Jolie cachette », commenta-t-il. Il  calma doucement l’enthousiasme de son chien avant d’inviter la petite fille à venir le voir. « Il est gentil, ne vous en faites pas, elle ne risque rien », lança t-il à l’adresse des parents de la petite pour les rassurer. C’était un gros chien, mais un berger allemand doux et attentif.

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Tandis qu'Emily attendait, installée dans sa cachette, elle réfléchissait à sa situation actuelle. Qu'est-ce qu'elle était en train de faire? Pourquoi était-elle là, attendant avec impatience de savoir si Eliott parviendrait réellement à la retrouver? Pourquoi avait-elle le sentiment de n'avoir jamais été autant à sa place qu'ici, avec Jared, alors qu'elle le connaissait à peine? Pourquoi aimait-elle tant parler de lui à ses parents, alors qu'elle ne leur avait jamais parlé de ses précédentes relations? Et puis... Pourquoi avait-elle dit à la petite fille qu'Eliott était le chien de son amoureux ? La réponse était simple: elle était en train de tomber amoureuse. Pour de bon. Elle était en train de s'attacher réellement au policier qui avait failli la coincer deux jours auparavant. Elle aurait dû fuir, lui dire qu'elle et lui, ça n'était qu'une histoire passagère, comme elle l'avait déjà fait avec tous les autres... Mais elle en était incapable. Elle n'y parvenait pas, parce que ça n'était pas ce qu'elle pensait. En fait, elle pensait même tout le contraire: elle avait terriblement envie de continuer, de voir où ça allait les mener et elle espérait que ça les mènerait à construire quelque chose ensemble. Elle voulait continuer de connaître Jared, qu'il l'intègre à son univers et elle avait envie de l'inclure au sien. En voyant la petite fille, une minute auparavant, l'idée lui avait même traversé l'esprit d'avoir des enfants, un jour. C'était n'importe quoi. Ils se connaissaient tout juste et pourtant, elle avait l'impression qu'il était tout ce dont elle avait toujours eu besoin, sans le savoir elle-même. La voix de Jared la tira de ses pensées et un sourire s'afficha sur son visage. Quelques secondes plus tard, le Berger Allemand du policier se trouvait devant elle, triomphant. « Bravo Eliott! C'est bien, mon garçon! » Aussi enthousiaste que lui, elle le félicita chaudement avant de se relever, tandis que Jared félicitait l'animal à son tour.

Jared déposa la veste sur les épaules de la petite blonde et elle y passa les bras, avant de répondre au baiser qu'il lui donna. Puis elle fit un sourire à la petite fille qui s'approcha d'eux lorsque le policier lui en donna l'autorisation. « Il est trop bien, le chien de ton amoureux! » dit-elle en riant, alors qu'elle tendait la main vers Eliott pour venir le caresser sous le cou. De toute évidence, elle avait été habituée à aborder les animaux. « Plus tard, j'en veux un pareil! » Emily se mit à rire à son tour. « De chien, ou d'amoureux? » La petite fille ne l'écoutait déjà plus, trop occupée à caresser Eliott. Emily se blottit contre Jared, passant un de ses bras autour de sa taille et posant son autre bras contre le ventre du jeune homme. Elle le regarda avec un sourire tendre. « Elle est venue me voir tout à l'heure, alors je lui ai dis que je jouais à cache-cache avec le chien de mon amoureux... » Puis son regard se posa sur la fillette. « J'adore les enfants. La plupart sont encore innocents, loin de la tristesse du monde... » Un brin de nostalgie dans la voix, Emily resserra son étreinte, inconsciemment. Puis les parents de la fillette rappelèrent cette dernière, remerciant Jared pour sa gentillesse. Elle s'en alla en trottinant. Emily regarda alors Jared. « Ca fait du bien d'être avec toi. » La main qu'elle avait posée sur son ventre vint se poser contre la joue du policier. « Ca fait du bien de t'avoir dans ma vie. » Elle se perdit un instant à l'observer, reprenant le silence. Oui, Emily était en train de tomber amoureuse... pour la première fois de sa vie.

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Jared n’avait qu’une envie : retrouver Emily pour pouvoir à nouveau la serrer dans ses bras. Ils se connaissaient à peine, et pourtant le jeune homme avait déjà développé une addiction à la jolie blonde. Elle lui avait redonné le sourire, et c’était énorme. Il était en train de tomber amoureux d’elle, il aurait du avoir peur de ce sentiment nouveau qu’il ne contrôlait pas mais il se sentait léger pour la première fois depuis des années. Eliott retrouva rapidement Emily. Tour à tour, ils félicitèrent Eliott, tout heureux d’avoir réussi. Le policier assura aux parents que leur fille ne risquait rien à s’approcher d’Eliott et avec l’autorisation de ses parents, elle vint doucement caresser Eliott sur le cou. Ses gestes étaient doux et précautionneux, elle avait visiblement l’habitude des animaux et Eliott était visiblement heureux de pouvoir avoir encore droit à un câlin, c’était un chien extrêmement affectueux. Jared en profita pour venir doucement reposer le gilet sur les épaules d’Emily et déposer sur ses lèvres un tendre baiser.. Tandis qu’ils observaient la scène, il eu cette curieuse impression d’être à sa place : lui et elle, l’un près de l’autre, regardant un enfant caresser un chien. Cette vision le surprit lui même, il n’était pas du genre à se projeter. Lorsque la petite fille prononça les mots « ton amoureux » Jared sourit, attendrit, décidément les enfants. Il se mit à rire doucement lorsqu’Emily lui demanda si elle voulait un chien comme Eliott ou un amoureux comme le sien. Le policier lui jeta un coup d’œil surprit. Tiens, Emily reprenait ce fameux mot. La jeune femme vint se blottir contre lui, passant une main autour de sa taille, et l’autre tendrement sur son ventre. Jared répondit à son contact en entourant ses épaules de sa main libre, celle qui ne tenait pas la laisse d’Eliott. Elle lui raconta la scène qui avait eu lieu un peu plus tôt avec la petite fille, alors qu’elle était en train de se cacher.  Cachant difficilement le sourire qui était en train de naître au coin de ses lèvres, le jeune homme écarquilla les yeux de surprise. « Alors c’est de toi que ça vient le mot "amoureux" ? » demanda t-il. Il l’écouta attentivement parler des enfants qu’elle semblait sincèrement aimer, et en même temps il y avait quelque chose de triste dans ses paroles. Emily avait connu le système, il était mieux placé que quiconque pour comprendre qu’elle aussi avait souffert dans son enfance. L’étreinte qu’elle resserra doucement autour de lui, probablement de façon inconsciente pour se sentir protégée, acheva de le convaincre. Il déposa un doux baiser sur le tempe de la jeune femme. « Oui, c’est pour ça qu’il faut les protéger », murmura t-il pour qu’elle seule puisse l’entendre.

Lorsque la petite fille et ses parents furent partis, Emily lui confia qu’elle était heureuse  de l’avoir dans sa vie, posant doucement sa main sur sa joue. Jared ferma les yeux quelques secondes, comme pour mieux savourer ce contact. Puis il relâcha son étreinte autour des épaules de la jolie blonde pour venir se placer en face d’elle. « Quand je t’ai vue sur ce pont, j’ai simplement pensé à te mettre en sécurité...je crois qu’en fait c’est toi qui m’as mis en sécurité. Je me sens à ma place avec toi. » Laissant libre cours à son impulsion, il posa sa main sur le vendre de la jeune femme pour la repousser doucement contre le mur derrière elle. Il jeta un coup d’oeil de chaque côté pour s’assurer qu’ils étaient seuls, puis afficha un sourire complice avant de fondre sur les lèvres de la jeune femme pour lui offrir un baiser doux, puis de plus en plus sensuel, laissant sa langue franchir le seuil de ses lèvres pour venir à la rencontre de celle de sa partenaire. Il laissa une de ses mains glisser jusqu’au creux des reins de la jeunes femme et lâcha la laisse d’Eliott pour venir prendre appui sur le mur. Il prolongea le baiser aussi longtemps qu’il pu, lorsqu’il se détacha d’elle, le souffle court, il posa son front contre le sien. « Je fais pas ça normalement, pas dans un lieu public. Tu me rends dingue. »

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Emily n'était pas du genre à cacher à quelqu'un si elle l'appréciait ou non. En fait, c'était même le genre de femmes à qui vous pouviez vous fier, de ce côté-là: vous saviez où vous en étiez avec elle, que cela soit pour vous plaire ou non. Elle n'avait pas de temps à perdre avec les faux semblants. En revanche, elle n'avait jamais été non plus du genre à être très expressive en public. Les démonstrations d'affection, elle les réservait à la sphère privée, considérant que cela ne regardait personne d'autre qu'elle et la personne avec qui elle était en couple. Se tenir la main, échanger rapidement quelques bisous, oui, mais ça s'arrêtait-là. Elle n'avait jamais aimé afficher ouvertement qu'elle était en couple avec quelqu'un. Pour elle, ça signifiait perdre une partie de sa liberté et c'était quelque chose qu'elle refusait catégoriquement. Pourtant, avec Jared, c'était différent. Si elle ne changeait pas d'avis quant aux grandes embrassades et autres gestes qui n'avaient rien à faire en public selon elle, elle avait envie de dire au monde entier que Jared et elle étaient ensemble. Elle n'avait donc pas hésité à dire la vérité à cette petite fille qui grattouillait actuellement le cou d'Eliott, sachant pertinemment que les enfants répétaient facilement tout à haute voix. Ca ne loupa pas: elle s'était extasiée sur le fait que le chien de l'amoureux d'Emily était génial. Jared la regarda alors, étonné mais visiblement heureux qu'elle ait elle-même employé ce mot-là pour le désigner. Elle lui fit un sourire timide en venant cacher un instant son visage contre lui. « Mmoui... C'est venu naturellement. » C'était bien la première fois qu'elle se montrait timide avec quelqu'un. Elle avait tellement peur de faire une erreur et de tout gâcher... Reprenant sa position initiale, toujours blottie contre le policier, elle fit une remarque concernant l'innocence des enfants. Elle n'avait pas eu la chance de profiter de la sienne. Pour la rassurer, Jared vint déposer un baiser sur sa tempe en lui murmurant qu'il était important de protéger les plus jeunes. Elle ne dit rien, approuvant sa réponse en se serrant un peu plus contre lui.

Finalement, ils se retrouvèrent de nouveau tous les deux et Emily éprouva le besoin de lui confier qu'elle était heureuse de lui faire une place dans sa vie. La réponse qu'il lui donna la toucha beaucoup plus que ce qu'elle ne l'aurait pensé. Il se sentait en sécurité avec elle. Personne ne lui avait jamais dit une chose pareille. Elle avait, au contraire, surtout entendu qu'elle était trop sur la défensive et qu'il était impossible de franchir les barrières qu'elle avait érigé pour se protéger des relations amoureuses. Elle voulut répondre, mais elle se sentit un peu perdue. Lorsque Jared posa une main sur son ventre, un sourire amusé fendit son visage et elle obéit, reculant pour se caler contre le mur derrière elle. Quand le jeune homme se fut assuré qu'ils étaient bien seuls, il vint l'embrasser. D'abord doucement, puis plus passionnément. Emily frissonna lorsqu'il posa une main contre ses reins et elle fit remonter les siennes jusqu'au cou du policier, avide d'un contact à même la peau. Une de ses mains alla se perdre dans les cheveux de Jared et, quand ils se détachèrent pour reprendre leur souffle, Emily eut tout le mal du monde à ne pas le réclamer encore. Ce fut parce qu'il prit la parole qu'elle ne le fit pas. Gardant son front contre celui de Jared, elle lui sourit, perdue quelque part à la limite du désir ardant et de la tendresse. « J'ai pas l'habitude de faire ce genre de choses, moi non plus... » Ses lèvres vinrent se poser de nouveau contre celles de Jared, l'espace de quelques secondes, avant qu'elle ne reprenne la parole. Elle plongea ses yeux bleus dans ceux du policier. « Je suis pas timide, mais j'ai jamais... » Elle hésita un instant, cherchant ses mots. Ses mains, qui n'avaient pas quitté la peau du jeune homme, se firent caressantes, alors qu'elle faisait passer l'une d'entre elle sur son visage, épousant avec douceurs les traits de ce dernier. « J'ai jamais vraiment eu envie de faire confiance à quelqu'un. Je crois qu'à force de passer de famille en famille, j'ai fini par me dire que tout s'arrêtait forcément un jour et que ça valait pas la peine de s'attacher...  J'ai pas envie qu'il se passe la même chose avec toi. Je sais pas trop où on va, tous les deux, mais... » De nouveau, les lèvres d'Emily vinrent chercher celles du policier. C'était une manière pour elle de se donner du courage. « J'ai pas envie que ça s'arrête. Je sais qu'on vient à peine de se rencontrer... Mais moi aussi, je me sens à ma place, avec toi. » Une fois de plus, la petite blonde réclama Jared, en un baiser qui fut doux au départ. C'était une manière pour elle de se rassurer après une telle confidence. Puis, très vite, elle vint se recoller contre lui, autant qu'elle le put, invitant avec ardeur le policier à approfondir leur étreinte, cherchant sa langue avec la sienne, tandis qu'elle sentait petit à petit son contrôle lui échapper. Quand elle eut atteint ses limites, tant de souffle que de retenue, elle se détacha de lui pour remettre son dos contre le mur. Des voix se firent entendre au loin: dans quelques minutes, ils ne seraient plus seuls.

Emily soupira, un sourire complice sur le visage. « Je crois que je paierais cher pour pouvoir me retrouver seule avec toi là, tout de suite... » Etait-ce une manière pas vraiment détournée de lui dire qu'elle avait terriblement envie de lui? Absolument. Je vous l'avais dit: elle n'était pas du genre à cacher qui elle appréciait un non.

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« Son amoureux », ces mots sortaient de la bouche d’Emily. Ils n’étaient pas prononcés au hasard, si elle l’avait dit à une petite fille en prenant le risque que ça soit répété, c’est qu’elle le pensait réellement. Le policier ne pouvait qu’en être ravi, lui aussi il pouvait la considérer comme son amoureuse. Pourquoi ? Parce qu’il était en train de tomber amoureux d’elle, et si ce mot signifiait la même pour elle, alors elle était en train de tomber amoureuse de lui. Prise d’une soudaine timidité, la jolie blonde vint enfouir son visage contre sa poitrine. C’était inhabituel chez elle, mais il trouvait ça extrêmement touchant, comment pouvait-elle simuler quelque chose après une telle réaction? Puis se redressa, restant toutefois blottie contre lui. A sa remarque sur les enfants, et leur innocence, Jared prononça quelques mots, pour elle comme pour lui ça évoquait des souvenirs d’enfance difficile qu’il était toujours difficile d’évoquer.

Pour la suite, Jared n’était pas non plus du genre à embrasser à pleine bouche une femme dans un lieu public. Il estimait quec’était de l’ordre de l’intime, du privé, quelque chose de précieux qui ne concernait qu’eux et n’avait pas à être exhibé ni imposé à d’autres regards. En plus, ça mettait tout le monde mal à l’aise. Pourtant avec Emily cette pulsion venait sans qu’il puisse la contrôler. Ils ne s’étaient pas vu depuis un semaine et il ne s’était encore rien passé de sexuel entre eux, sans doute parce que cette relation était spéciale à leurs yeux et qu’ils ne voulaient pas tout gâcher en brûlant les étapes. Il avait envie de la sentir plus proche de lui, de partager quelque chose de plus intime qu’un baiser chaste sur les lèvres et ils ne s’étaient jusqu’à présent vus que dans des lieux publics. A chaque fois qu’il l’embrassait langoureusement, un puissant désir montait en lui. Il avait envie d’elle, c’était clair, son attitude ne pouvait pas tromper, à chaque fois, il revenait quémander ce baiser, mais elle, ressentait-elle le même désir pour lui. Jusqu’à présent c’était lui qui avait été à l’initiative de ce genre de baiser et il espérait ne pas la brusquer. Pourtant même  si elle n’y était pas  plus habituée que lui, à chaque fois elle y répondait avec la même ardeur et cette fois-ci n’y coupa pas. Lorsqu’il s’écarta d’elle pour reprendre son souffle, elle lui confirma qu’elle n’avait pas l’habitude de ce genre de chose, déposant une nouvelle fois ses lèvres sur les siennes. Il l’écouta attentivement parler de la difficulté qu’elle éprouvait à faire confiance à quelqu’un, tandis que ses mains caressaient doucement son visage. La tendresse de son geste ému le policier qui s’efforça de rester à l’écoute. Passer de familles en familles avait rendu difficile la construction de l’enfant qu’elle était alors et elle avait appris que rien n’était éternel et que tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain. Qui mieux que lui pouvait comprendre ? Son problème de confiance à lui résultait directement des coups de son père et de l’indifférence de sa mère, mais lui aussi avait connu le système, les familles d’accueil et l’instabilité permanente. Il ne pouvait pas lui en vouloir d’avoir des doutes, ni d’avoir peur que tout s’arrête d’un coup. Pourtant les craintes d ela jeunes femmes ne l’empêchèrent pas de lui avouer qu’elle ne voulait pas leur relation s’arrête et qu’elle se sentait elle aussi à sa place avec lui. Le coeur de policier loupa un battement, elle lui confirmait en une phrase sa volonté de faire que les choses aillent plus loin entre eux et lui qui était en train de tomber amoureux d’elle était bien entendu plus que partant. Il n’eut pas le temps de lui répondre que ce fût à son tour de venir réclamer un baiser qui se voulu doux d’abord, puis qu’elle approfondit en venant coller son bassin contre le sien, les mains toujours dans son coup et dans ses cheveux. Agréablement surpris, Jared la laissa mener l’échange, répondant avec ardeur et passion à ce délicieux baiser qu’elle lui offrait. Ses mains vinrent délicatement se poser sur ses hanches sous son gilet mais sur son débardeur, tandis qu’il oubliait tout le reste, si ce n’est leur ardeur, leur passion et leurs langue qui jouaient l’une avec l’autre. Pour la première fois, c’était elle qui avait prit l’initiative de leur baiser langoureux, lui prouvant par la même occasion qu’elle le désirait au moins autant que lui la désirait. Ce fît un soulagement pour lui, la plus belle réponse qu’elle pouvait apporter à ses craintes.

En se détachant de lui, elle lui avoua son désir de se retrouver seule avec lui. Le regard du policier s’assombrit sous l’effet du désir, mais le sourire qui s’afficha sur ses lèvres témoignait de son enthousiasme à cette perspective. « T’es pas la seule. Crois moi, là je me retiens », répondit-il encore essoufflé et la tête embrumée mais en souriant pour la faire rire et détendre l’atmosphère électrique de désir qu’il y avait entre eux. On entendait des cris au loin, très vite ils ne seraient plus seuls, aussi frustrant que ça puisse être, ils allaient devoir écourter leur échange passionné. Il se pencha pour récupérer la laisse d’Eliott, puis il lui tendit la main. « Je crois qu’on a besoin tout les deux d’une petite marche. On finit la visite et on retourne en ville pour déjeuner ? »

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J'ai pas envie que ça s'arrête. Voilà, c'était dit: Emily voulait que Jared reste dans sa vie. Elle voulait qu'ils continuent de se voir, qu'ils s'engagent dans quelque chose de plus sérieux. Elle voulait le garder près d'elle et elle venait de le lui avouer. Avec lui, elle se sentait plus timide qu'elle ne l'était en temps normal. Elle avait tant envie que ça fonctionne entre eux qu'elle faisait plus attention à ses gestes et à ses paroles, craignant d'effrayer le jeune homme en étant trop en demande. Oh, bien sûr, il lui avait prouvé qu'il la voulait physiquement et elle ne s'était pas faite prier pour lui répondre. Et elle savait qu'il l'appréciait réellement, il le lui avait déjà dit. Mais c'était tout ce qu'elle savait et au fond, elle avait eu besoin de savoir, avant d'accepter elle-même qu'elle voulait construire quelque chose de vrai avec lui, qu'il voulait lui aussi autre chose qu'une histoire de quelques semaines. Alors, lorsqu'il lui dit qu'il se sentait à sa place avec elle, elle lui avait répondu que le sentiment était réciproque, lui confiant par la même occasion sa difficulté à s'attacher aux gens, parce qu'elle avait toujours peur qu'ils ne s'en aillent, comme ils l'avaient toujours fait. Elle s'était construite en voyant les gens l'abandonner. Jared était le premier à qui elle s'ouvrait réellement. Craignant d'en avoir trop dit, elle ne laissa pas le temps au policier de lui répondre et elle colla ses lèvres contre les siennes.

Si le baiser s'était voulu doux au départ, elle s'était très vite laissée aller. Le désir qu'elle ressentait à l'égard du jeune homme la consumait. Des images interdites à un public mineur lui traversèrent l'esprit alors qu'elle se collait contre lui et elle eut tout le monde du monde à ne pas céder à ses pulsions lorsqu'elle sentit les mains de Jared passer sous son gilet. Le tissus fin du débardeur lui permit de ressentir un nouveau contact, faisant décoller l'envie terrible qu'elle ressentait à son égard et se détacher de lui fut une torture. A ce train là, elle n'était pas sûre de pouvoir résister encore très longtemps. Alors qu'elle parvenait à s'appuyer à nouveau contre le mur, elle lui avoua à quel point elle aurait aimé pouvoir être dans un endroit plus intime, seule avec lui. Elle put voir les yeux du policier s'assombrir de désir lorsqu'il répondit qu'il partageait son envie. Emily se mordit la lèvre inférieure en riant doucement lorsqu'il dit qu'il se retenait. Si seulement ils avaient pu ne pas se retenir du tout... Hélas, des voix au loin leur confirmèrent que l'endroit était mal choisi pour ça et Jared recula pour récupérer la laisse d'Eliott, avant de tendre la main vers la jeune femme. Elle la saisit avec enthousiasme. « Marcher me remettra un peu les idées en place! » répondit-elle alors qu'elle enlaçait ses doigts avec ceux de Jared. Elle le regarda un instant, un sourire sur les lèvres. « Ce que j'ai en tête n'est pas désagréable, mais ça ne s'expose pas vraiment en public... » Sa timidité s'était envolée pour faire de nouveau place à la petite blonde taquine et joyeuse qu'elle était.

Alors qu'ils redescendait le chemin de ronde, Emily reprit la parole. « Je n'ai pas répondu à une de tes questions, tout à l'heure. » En effet, elle avait complètement omis sa question quant à son expérience avec les animaux, trop excitée à l'idée de mettre le flair d'Eliott à l'épreuve. « J'ai une jument, chez mes parents. Enfin, à New York. Une quarter horse noire de quatorze ans, Mona Lisa. Mes parents me l'ont offerte pour mes vingt ans. C'est moi qui l'ai choisie. Elle vient d'une association qui récupère les chevaux maltraités. Elle était dans un état catastrophique et elle était terrorisée par l'humain. J'ai eu de belles frayeurs au début, avec elle... Elle me mordait à la moindre occasion, elle m'a chargée plusieurs fois au point que je doive me jeter par dessus la barrière pour pouvoir lui échapper... Quand je suis enfin parvenue à l'approcher et à la brosser sans qu'elle ne veuille se débarrasser de moi, puis que je suis arrivée à me mettre en selle... La moindre erreur de ma part et elle m'éjectait immédiatement. Mes parents m'ont demandé plusieurs fois de la rendre à l'association, mais je ne voulais pas en entendre parler. Il m'a fallu presque un an pour parvenir à vraiment gagner sa confiance. Au fil des années, elle s'est ouverte au reste du monde et maintenant, elle est méconnaissable. Je ne la confierais pas à des débutants, par sécurité, mais elle part régulièrement en randonnée avec des cavaliers expérimentés. Je crois qu'hormis mes parents, c'est le premier être vivant à qui j'ai eu envie de faire confiance, malgré le travail que ça a été. Quand je l'ai vue le premier jour, j'ai su que c'était elle que je voulais et pas une autre. Je ne l'ai jamais regretté. Elle me manque beaucoup. Passer du temps avec elle est la seule chose qui me manque réellement de New York. Enfin, mes parents aussi me manquent, mais ils pourront venir me rendre visite. Mona Lisa, non... » Tandis qu'Emily parlait, ils avaient eu le temps de quitter le château et ils s'engageaient de nouveau sur le chemin de promenade qui allait les ramener en ville. La jeune femme regarda au loin, observant le paysage un instant. « C'est vraiment magnifique, comme pays, l'Ecosse. Quand je suis arrivée ici, je n'avais pas forcément l'intention de me poser. J'ai toujours adoré voyager. J'ai vu pas mal de coins de l'Amérique, l'Italie, la France... Mais je ne suis jamais parvenue à me sentir suffisamment chez moi quelque part pour avoir envie d'y rester. Je pensais que ce serait similaire, en venant ici. Que ce serait de passage... » Elle regarda Jared, un sourire doux sur le visage. « Mais je m'y sens vraiment bien. J'aime le climat, les paysages, les gens... Même mon appartement, c'est la première fois que je me préoccupe vraiment de décorer un endroit. Et puis s'il me fallait une dernière raison de vouloir poser mes bagages ici... » Emily s'arrêta un instant, invitant Jared à faire de même. Puis elle s'approcha de lui et vint se positionner de manière à ce que leurs visages soient si proches qu'elle pouvait sentir le souffle du policier. Puis elle termina sa phrase. « ... j'en ai une nouvelle qui m'invite à adopter l'Ecosse comme maison. »

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Passer du temps avec Emily en cette belle journée était extrêmement ressourçant pour Jared. Pour une journée, il s’éloignait des tracas et  de la frustration du boulot et il oubliait tout. Quant on y pensait bien c’était assez fou cet effet qu’elle avait sur lui. Il avait toujours été obsédé par le travail, jusqu’à en faire des insomnies parfois, tournant et retournant les indices et témoignages dans sa tête. Lorsqu’il était en compagnie de la jolie blonde, son métier s’évanouissait un instant pour laisser place non plus au policier, mais à l’homme qu’il était indépendamment de son insigne. Il profitait alors simplement du moment sans se laisser polluer par des considérations professionnelles. Lui qui auparavant ne se sentait bien qu’en tant que flic, qui se savait bon dans son boulot, il commençait à sentir bien en tant qu’homme à ses côtés. Lorsqu’elle lui avoua qu’elle se sentait à sa place avec lui, elle ne lui laissa pas le temps de répondre, venant doucement prendre ses lèvres avant de transformer leur baiser en un échange plus langoureux et plus lascif. Les mains du jeune homme vinrent alors se poser sur ses hanches, soulevant son gilet mais laissant sagement en place son débardeur, à la recherche de la chaleur de sa peau tout en respectant les convenances requises pour un tel échange dans un lieu public. Elle se recula contre le mur avant de venir prendre la main qu’il lui tendit pour se remettre en route. Ils ne seraient bientôt plus seuls et ils avaient besoin de marcher pour calmer le désir qui les animaient. « Garde cette idée pas trop loin dans ta tête. On sait jamais ça pourrait servir un jour », répondit-il à la jeune homme en souriant d’un air complice tandis qu’ils redescendaient le chemin de ronde, Eliott en laisse à côté d’eux.

La jeune femme enchaîna alors sur la réponse à la question qu’elle n’avait pas pu lui apporter un peu plus tôt. Elle lui confia qu’elle avait une jument, Mona Lisa, qui vivait encore pas loin de New-York. Elle lui expliqua comment elle avait choisi elle même cet animal blessé, devenu agressif et craintif après avoir subi de mauvais traitement. Elle s’était faite mordre, avait été désarçonnée à plusieurs reprises, manquant de se faire piétiner, mais jamais Emily n’avait abandonné. Elle avait vu cette jument et elle avait voulu la sauver en la domestiquant. Au fond, tous les deux n’étaient peut être pas si différents, les mauvais traitement lui avaient conduits à vouloir sauver d’autres êtres vivants : lui était devenu flic, elle avait sauvé un animal maltraité comme elle l’avait elle-même été.  Seulement comme la plupart du temps avec les animaux, le cheval lui avait rendu tout ce qu’Emily lui avait donné en lui permettant, tout comme ses parents adoptifs, de retrouver confiance. Il l’écouta lui confier à quel point sa jument lui manquait et il pu sentir à sa voix fébrile que mentionner sa jument l’avait émue. Il détacha alors Eliott pour qu’il puisse gambader à côté d’eux sans être retenu en laisse « Ce qui est bien avec les animaux, c’est qu’ils ne calculent pas, ils nous rendent tout ce qu’on leur donne, sans se poser de questions. Tu as sans doute sauvé Mona Lisa, une jument agressive n’a malheureusement pas d’avenir, tu peux être fière de ce que tu as fait », répondit-il d’une voix douce pour apaiser un peu la douleur qu’il percevait chez elle. « Tu ne peux pas rendre visite à tes parents et à ta jument à New-York ? », l’interrogea t-il lorsqu’il sentit que la jeune femme semblait avoir reprit le dessus. Après tout, elle avait toujours la possibilité de prendre un avion pour retourner les voir aux États-Unis, non ? Elle n’avait quand même pas tiré un trait sur sa vie là bas ? Ils avaient repris le chemin qui les conduisait vers la ville, lorsqu’elle lui annonça qu’elle avait beaucoup voyagé.Le cœur du policier se serra, ne pas avoir voyagé faisait partie de ses grands regrets, il aurait adoré faire comme elle et partir en Amérique ou en Europe. L’Italie le faisait rêver, et la France avait toujours été une destination qui l’attirait. Il avait longtemps vécu dans un quartier extrêmement modeste de cité où la pauvreté régnait en maître, alors voyager il en était hors de question. Puis il avait grandit, avait finit par fuir les coup de son père et avait été placé à l’adolescence dans la famille d’accueil qu’il n’avait pas quitté. Il était alors un enfant craintif et ses parents n’avaient pas osé voyager de peur qu’il ne s’adapte pas. En grandissant il avait fait de son boulot sa vie et voyager seul ne l’avait jamais vraiment attiré, il n’avait pas eu le temps. Peut être qu’il aurait du, à vrai dire, il en avait honte, lui qui se disait ouvert d’esprit et passionné de culture n’avait jamais quitté l’Écosse…Elle poursuivit en indiquant qu’elle aimait beaucoup l’Écosse, pour les paysages, les gens ou encore le climat. Puis Elle s’arrêta, l’incitant à en faire de même et vint se placer en face de lui, tout proche, comme pour donner plus de poids à ses paroles et lui avoua qu’elle avait une nouvelle raison de rester en Écosse. Jared resta muet quelques secondes, surpris par cet aveux plein de sincérité. La surprise qui s’affichait sur son visage laissa alors place à un tendre sourire, il était sincèrement touché qu’elle puisse le considérer comme une raison de rester. La main du policier main lâcha la sienne la sienne pour venir caresser tendrement son visage. « Tu sais, je sais pas non plus ce que ça va donner nous deux mais j’ai très envie que ça marche. » commença t-il pour lui confirmer son envie à lui aussi d’aller vers quelque chose de sérieux. « Ni toi ni moi ne pouvons rien garantir pour l’avenir, mais tu me plaît beaucoup et je me suis jamais senti aussi bien avec une femme. Alors crois-moi, ce n’est pas un jeu pour moi. Je veux qu’on construire quelque chose ensemble et j’ai pas l’intention de te laisser filer. »

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C'était décidément la journée des confidences. Petit à petit, Jared et Emily en apprenaient un peu plus l'un sur l'autre. Et plus elle en savait sur lui, plus la jeune femme appréciait le policier. Plus elle en tombait amoureuse. Aussi, ce fut naturellement qu'elle lui raconta ses péripéties avec sa jument. Jared avait raison: elle lui avait probablement sauvé la vie. Il avait raison aussi sur le fait que les animaux ne jugeaient pas. C'était aussi pour ça qu'Emily les aimait tant: ils ne vous mentaient pas, peu importait la situation. Le policier lui demanda alors pourquoi est-ce qu'elle ne retournait pas à New York. Elle n'avait pas pensé à ça: si elle avait quitté les Etats-Unis, c'était en priorité parce que le FBI s'était montré un peu trop curieux à son sujet. Ils n'avaient pas fait le rapprochement entre Sara et elle, mais elle n'avait pas voulu prendre le risque. Alors, pour pouvoir continuer à incarner sa voleuse, elle avait déménagé. Cependant, en restant ici plus que prévu, elle s'était rendue compte que ça n'était pas seulement le FBI qu'elle avait fui. Ce fut donc sans grande hésitation qu'elle répondit à Jared. « Je pourrais, sans doute... Ce n'est pas l'argent qui manque, ni un pied à terre là-bas... Mais j'ai vécu tellement de choses à New York, j'y ai laissé tellement de souvenirs et très clairement pas que des bons... Egoïstement, je crois qu'en venant ici, j'ai un peu fui mon passé. Je ne me sens pas capable d'y retourner. Pas encore, du moins... Je sais que Mona Lisa est bien traitée. Mes parents m'envoient régulièrement de ses nouvelles et ma maman la monte quasiment tous les week-end. Elle s'est bien adaptée à mon absence. Ca fait dix ans qu'elle est dans cette écurie, elle a toutes ses marques là-bas, elle connaît tellement les chemins qu'on a même plus besoin de la guider pour balader. » La jeune femme eut un sourire un peu triste: au delà de sa propre jument, les chevaux, tout simplement, lui manquaient vraiment. « Enfin... Voilà. New York est une grande ville, mais j'y ai passé tellement de temps qu'à force, j'ai fini par la connaître. De jour comme de nuit, j'ai escaladé tout ce que j'ai pu, j'ai traîné dans des rues plus ou moins fréquentables, j'ai connu des gens plus ou moins sympathiques et remettre les pieds là-bas, c'est faire face à toute une vie qui ne me convient plus. C'est pour ça que j'ai voyagé, aussi. Pour fuir tout ça... » La jeune femme enchaîna alors sur son passage en Ecosse et émis l'idée qu'elle avait envie de s'y installer. Puis elle s'arrêta pour s'approcher de Jared et lui dire qu'il lui donnait une raison de plus de rester. En fait, s'il voulait bien d'elle, il était même celui qui allait la convaincre de ne plus s'en aller. Il resta silencieux un instant, surpris par la confidence, avant de poser sa main tout contre sa joue. Là, il lui dit tout ce qu'Emily avait envie d'entendre. Il était bien avec elle, il voulait que ça fonctionne entre eux et il n'avait pas l'intention de la laisser filer.

Un sourire tendre s'afficha sur le visage de la jeune femme et elle appuya un instant le contact, avant de relever la tête pour poser ses lèvres contre celles du policier. Elle posa ses mains sur la taille de Jared tout en approfondissant le baiser, laissant sa langue franchir la barrière de ses lèvres et, sentant la tension monter rapidement, calma doucement le contact, pour venir poser un instant sa tête contre le cou du policier. « Je ne m'en laisserai jamais. » Avant de se décaler, elle déposa un baiser contre la peau du jeune homme, puis revint se placer à ses côtés pour saisir de nouveau sa main et reprendre leur marche. « Tu as déjà voyagé? Mes parents ont une maison de vacances dans le Sud de la France... On pourra peut-être s'y rendre un jour, si ça te dit. Eliott pourra venir avec nous, il y a plein d'endroits où randonner avec lui. » C'était peut-être un peu précipité comme demande, mais en toute honnêteté, Emily se sentait si bien avec lui qu'elle n'avait pas vraiment peur de lui faire une telle proposition. Et puis, dans tous les cas, c'était toujours agréable de voyager avec quelqu'un qu'on appréciait. L'estomac de la jeune femme se mit soudain à gronder. Elle fit une grimace. « J'aurais pas dû faire l'impasse sur le petit déjeuner, je meurs de faim, maintenant. » En effet, elle était partie sans rien avaler, trop excitée à l'idée de rejoindre Jared après une semaine à s'être contentée de nouvelles par téléphone. C'était tout juste si elle avait avalé un mug de café. Après cette promenade et aidé par le grand air, le corps de la jeune femme réclamait donc son dû.

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Chaque moment passé avec Emily permettait à Jared de mieux la connaître. Il aimait l’écouter de son ancienne vie à New-York, il voulait en savoir plus sur elle. Il était de tomber amoureux d’elle, quoi de plus normal ? Il voulait connaître ce qui lui plaisait pour pouvoir lui faire plaisir, ce qu’elle craignait aussi, pour pouvoir la protéger. Il voulait être aussi proche d’elle que possible. Elle avait visiblement vécu des choses difficiles à New-York, et venir s’installer en Écosse lui avait permis de fuir un certain nombre de choses de son ancienne vie. Bien entendu, elle avait dû payer le prix de cette fuite : s’éloigner de ses parents et de sa jument. Pourtant, la jeune femme ne semblait pas regretter son choix. Elle n’y retournait plus pour éviter de se confronter à ses vieux fantômes, mais elle savait sa famille et sa jument en sécurité et c’était tout ce qui importait pour elle. Elle évoqua l’Ecosse, s’attardant sur le fait que pour la première fois elle avait envie de s’installer quelque part et ajoutant au passage qu’il était désormais une des raison qui la retenait ici. Surpris et touché, Jared posa doucement la main sur la joue. Il avait besoin qu’elle sache qu’il ne jouait pas avec elle, que s’il l’embrassait de cette façon, c’était qu’il la désirait physiquement mais que ça n’en rendait pas moins vrais les sentiments naissants qu’il éprouvait à son égard. Elle appuya doucement sa joue sur la main du policier, puis se redressa et vint l’embrasser d’un baiser sensuel, répondant instinctivement et sans qu’il ait besoin de lui le dire, de la meilleure des façons possible : elle le désirait aussi mais ses sentiments dépassaient le désir purement physique. Il répondit à son baiser sans se faire prier et tandis qu’elle posait les mains sur sa taille, il glissa la main de la joue de la jeune femme pour caresser ses cheveux jusqu’à atteindre sa nuque, sentant sa peau chaude contre la sienne. La température monta d’un cran, le désir se fit de nouveau sentir dans le bas ventre du jeune homme et il fût presque soulagé lorsqu’elle quitta ses lèvres. Se retenir de lui sauter dessus était de plus en plus difficile alors qu’il avait terriblement envie d’elle. Elle se cala dans son cou et il vint tendrement enlacer ses épaules tandis qu’elle lui confiait qu’elle ne se lasserait jamais de leurs baisers. Il sourit, flatté, savoir qu’une belle femme aimait vous embrasser était extrêmement plaisant « Ça tombe bien, j’ai moi-même atteint le stade où je ne peux plus m’en passer », répondit-il en souriant. Elle vint doucement déposer un tendre baiser sur sa peau et il desserra son étreinte autour de ses épaules avant qu’elle vienne doucement lui reprendre la main. Leurs gestes étaient touchants, de loin c’était semblable à un ballet ou à chaque fois qu’il mettait fin à un contact, ils en créaient un autre, comme s’ils ne pouvaient plus s’empêcher de se toucher. Ils se remirent en route et elle lui demanda s’il avait déjà voyagé. Jared baissa les yeux, un peu honteux avant d elui répondre.  « Non, je n’ai jamais quitté l’Écosse, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de voyager. Je suis issu d’un milieu modeste et, disons que voyager n’était pas vraiment dans nos moyens, aussi bien financiers que culturels. Plus tard, j’ai priorisé le travail. » Il en disait juste assez sur lui sans avoir à lui parler plus précisément de son enfance, étant entendu qu’il était hors de question pour lui de lui mentir. Il sourit, sincèrement ému lorsqu’elle lui proposa de partir avec lui dans le sud de la France, avec Eliott. Elle se projetait avec lui et ça lui plaisait beaucoup. « Je rêve d’aller en France un jour, c’est une proposition à laquelle je ne peux pas dire non. Et puis bon, partir avec toi ça ne gâche rien », répondit-il en retrouvant son sourire pour qu’elle ne se sente pas mal à l’aise. « Et toi, Eliott, ça te dirait d’aller te promener en France un de ces quatre ? » lança t-il à l’adresse du berger allemand qui gambadait non loin deux. Sentant au ton de sa voix que son maître voulait qu’il s’exprime, Eliott aboya. « Il est d’accord », confirma Jared en souriant.

Ils arrivaient proche de la ville lorsqu’Emily se plaignit de ne pas avoir petit déjeuner et de mourir de faim. « L’avantage c’est qu’on doit pouvoir faire quelque chose pour calmer ça. Il y a un petit restaurant qui sert un très bon homard à un prix abordable un petit peu plus loin, ça te tente ? » Non, Jared n’avait pas voyagé, mais il connaissait l’Écosse comme sa poche et il comptait bien faire profiter sa copine des bons plans locaux. En arrivant en ville, Jared attacha de nouveau Eliott. Arrivé sur place, Jared attacha Eliott à l’entrée, lui tendant la main afin que l’animal puisse y apposer sa truffe, leur signe que tout allait bien, pour Jared ça signifiait qu’Eliott serait sage, pour Eliott c’était une confirmation que son maître n’allait pas loin. Ils s’installèrent tranquillement en terrasse et passèrent commande, Jared commanda un homard grillé et ils arrosèrent leur repas d’un vin blanc de pays. Ils en profitèrent pour parler de choses un peu plus légères. Une fois le repas achevé et peu après avoir réglé l’addition, Jared se leva de sa chaise « On va faire un tour sur la plage ? », proposa t-il.

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Blottie dans les bras de Jared tandis qu'il la serrait contre lui, Emily laissa la chaleur qui avait envahit son corps redescendre. A chaque baiser, c'était plus difficile de se détacher du jeune homme. Elle aurait voulu ne jamais le quitter. Il répondit à ses paroles qu'il ne pouvait déjà plus se passer d'elle et elle sourit, avant de l'embrasser tendrement dans le cou, pour finalement se redresser et lui reprendre la main. C'était plus fort qu'elle: il fallait qu'elle soit en contact physique avec lui. C'était comme un besoin, quelque chose qui lui permettait de mieux respirer, une connexion nécessaire à faire pour se sentir complète. En reprenant leur marche, Emily demanda au policier s'il avait déjà voyagé. Elle-même avait eu la chance de pouvoir le faire, ses parents ne manquant pas d'argent et étant eux-mêmes des passionnés de voyage, dans leurs années plus jeunes, en tous cas. La réaction du jeune homme n'échappa pas à la petite blonde: ce dernier baissa la tête, comme si c'était difficile de lui répondre. Il lui expliqua alors qu'il venait d'un milieu modeste et qu'il avait préféré se concentrer sur sa carrière. Elle resserra doucement ses doigts autour de ceux de Jared, comme pour le remercier silencieusement de lui avoir répondu. « J'ai passé quelques années en sécurité à l'orphelinat, après avoir enchaîné les placements compliqués et avant d'être adoptée par mes parents... Et j'ai eu beaucoup de chance qu'ils s'accrochent comme ils l'ont fait. J'ai connu plus de stabilité que certains autres enfants... » dit-elle doucement. Elle ne savait rien de ce qu'avait vécu Jared, mais de toute évidence, il avait accumulé tellement de souffrance qu'il ne parvenait pas à en parler. Emily, elle, même si elle restait assez vague, n'avait pas de grandes difficultés à dire d'où elle venait. Le fait qu'elle soit extravertie l'aidait aussi: malgré les galères connues, elle n'avait jamais eu peur des gens. Afin de changer de sujet, elle expliqua au jeune homme que ses parents avaient une maison en France et lui proposa de venir y passer quelques jours avec elle. Cette proposition redonna le sourire au policier, qui demanda à Eliott s'il était d'accord pour venir avec eux. Enthousiaste en entendant son maître lui parler joyeusement, l'animal aboya en réponse. Bien entendu, il n'avait pas saisi le sens de la question, mais il était content de participer à sa manière. « J'en toucherai deux mots à mes parents. Ca donnera une raison de plus à ma mère de s'extasier au téléphone... » dit-elle en riant doucement.

La bonne humeur étant revenue rapidement, Emily hocha la tête en souriant lorsque son ami lui proposa de l'emmener déjeuner dans un restaurant au bord de mer. « Je te suis! J'adore tout ce qui est produits de la mer. » Arrivés sur place, la jeune femme n'eut qu'à se laisser guider: Jared savait parfaitement ce qu'il faisait. Même si elle n'était pas timide, elle ne pouvait qu'admettre qu'avoir seulement à mettre les pieds sous la table était plus qu'agréable. Elle pouvait ainsi profiter complètement de la journée, sans avoir à se soucier du programme, puisque Jared s'en chargeait. Elle gratifia Eliott d'une caresse avant de le laisser pour suivre son maître, qui l'invita à s'asseoir en terrasse. Le repas fut partagé dans une ambiance plus légère, tous les deux en profitèrent pour discuter de tout et de rien, savourant leurs homards en dégustant un vin blanc qu'Emily trouva excellent. La jeune femme remercia Jared lorsqu'il régla l'addition et se leva à son tour, tandis qu'il lui proposait d'aller faire un tour sur la plage. « Avec plaisir! J'ai toujours adoré l'air marin. » Tandis qu'ils sortaient du restaurant et que Jared récupérait Eliott, la jeune femme resta un instant perdue dans ses pensées.

Finalement, elle reprit la parole tandis qu'elle reprenait également la main du policier dans la sienne. « J'aime vraiment le bord de mer. Qu'est-ce que j'ai pu faire, comme kilomètres en course à pieds, quand je vivais à New York! J'ai toujours eu une préférence pour City Island. Bon, il faut faire attention vu qu'on doit traverser le Bronx, mais l'île est tellement jolie, entre ses plages et son architecture que j'y ai passé des milliers d'heures. Certains restaurateurs avaient tellement prit l'habitude de me voir régulièrement qu'ils s'inquiétaient lorsque je ne venais pas pendant quelques temps. J'ai mangé tellement de poissons à l'époque que je me demande comment j'ai fait pour ne pas me transformer en orque! » acheva-t-elle en riant. Elle avait partagé ce souvenir naturellement, le sourire aux lèvres. City Island faisait partie des endroits où elle aimait se réfugier quand elle avait besoin de prendre l'air. Évoquer l'île ne lui rappelait que des choses positives et elle avait eu envie de partager cette positivité, parce que son passé n'était pas tout sombre. Elle avait eu de très beaux moments dans sa vie et c'était grâce à ces derniers qu'elle s'en était sortie. Aussi, ça lui semblait important d'en parler également.

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Jared enviait la facilité que semblait avoir Emily à évoquer son passé. Elle était passée par un orphelinat et pour y avoir transité également, il savait que la vie n’était pas facile pour les gosses là bas. Pourtant, il l’imaginait comme l’exacte opposée à ce qu’il était à l’époque : ouverte aux autres, rebelle, testant les limites. Telle qu’il l’imaginait, elle était mieux armée que lui ne l’avait été pour résister au système. Il l’écouta avec attention évoquer l’orphelinat et parler de ses placements difficiles, elle aussi avait du passer par un certain nombre de familles davantage intéressées par la pension versée pour s’occuper d’un gosse que par le gosse lui-même. Jared lui avoua ensuite n’avoir jamais voyagé car issu d’un milieu modeste, et de toutes façon ses parents n’étaient pas armés culturellement pour faire preuve de curiosité et s’intéresser à autre chose que ce qu’il se passait dans la cité. Une fois placé dans la famille qui lui convenait, ses parents avaient préféré attendre qu’il s’adapte et lui même s’était ensuite concentré sur sa carrière, avec la soif de ceux qui ont connu la misère de se mettre définitivement à l’abri, préférant gravir les échelons et économiser plutôt que de dépenser leur argent en voyages. Il avait toujours eu en tête la possibilité d'un coup dur. Il sentit les doigts d’Emily se resserrer doucement autour des siens, façon de lui signifier silencieusement qu’elle était là pour lui. Pour changer de sujet , elle lui proposa de venir avec elle dans la maison de ses parents dans le sud de la France. Jared fût reconnaissant qu'elle change de sujet, et il fût touché par ses mots : il était encore trop tôt pour qu’ils puissent savoir où leur relation allait les mener mais ils avaient tous les deux envie de quelque chose de plus sérieux que ce qu’ils avaient connu jusqu’à présent. Lorsqu’elle lui répondit que ça donnerait une raison supplémentaire à sa mère de s’extasier au téléphone, Jared lui jeta un coup d’œil surpris. « Et pourquoi donc ta mère s’extasie au téléphone ? » l’interrogea t-il, curieux.

Ils s’installèrent ensuite en terrasse au bord de mer pour déguster un succulent homard issu de la pêche du jour accompagné d’un vin blanc local. La conversation se fit plus légère, plus futile mais tout aussi agréable tandis qu’ils profitaient de ce moment pour ce rassasier. Gentleman, Jared régla l’addition et proposa une promenade sur la plage à sa copine. Il récupéra Eliott au passage, le gratifiant d’une caresse affectueuse derrière l’oreille pour sa patience, et il écouta la jeune femme parler de son passé à New-York tandis qu’elle glissait les doigts dans les siens. Elle avait beaucoup traîné du côté de City Island quand elle était jeune, mangeant du poisson dans les restaurant du coin. Emily était fascinante, la façon dont elle racontait les choses était vivante et dynamique, il avait l’impression d’y être rien qu’à l’entendre en parler. Il n’avait jamais entendu parler de City Island et il n’y était jamais allé mais lorsqu’elle parlait de son passé de cette façon, s’arrêtant sur les détails, il avait l’impression d’y être avec elle. « Tu avais quel âge à cette époque où tu passais par les bas quartiers du Bronx pour aller à City Island ? » Emily dégageait une telle aisance, elle semblait n’avoir peur de rien, c’était ce qui l’attirait chez elle, mais aussi ce qui lui faisait peur. Emily était une casse cou qui aimait prendre des risques et grimper partout, c’est comme ça qu’il l’avait rencontré. Bien sûr il n’avait aucun droit sur elle mais si leur relation prenait le tournant sérieux qu’il souhaitait, il allait devoir avoir une discussion avec elle à ce sujet. Chassant son de son esprit cette perspective qui arrivait trop tôt, Jared se concentra sur l’instant présent.

Arrivés à la plage, ils retirèrent leurs chaussures pour pouvoir marcher sur le sable et Jared libéra Eliott pour qu’il puisse courir un peu plus librement, lui ordonnant quand même de ne pas trop s’éloigner. Puis il concentra de nouveau son attention sur Emily. « Laisse-moi deviner, quand tu étais gosse toi tu devais être le genre de fille à problèmes, je me trompe ? Toujours à traîner dehors, à tester l’autorité, à grimper un peu partout, à te mettre des défis… Si c’est ça ça n’a pas dû être facile tous les jours pour tes parents. » Il y avait dans la voix amusée du jeune homme une certaine tendresse, il ne la jugeait pas. Il n’avait jamais été comme ça jeune et quelque part il l’enviait d’avoir connu cette inconscience, lui avait grandit bien trop vite, par nécessité. Il avait été obligé de prendre des responsabilités beaucoup trop jeune pour les sauver lui et sa sœur, mais il aurait aimé pouvoir être un peu moins dans le contrôle et un peu plus libre, comme elle. Si la femme qu’il connaissait était téméraire, il imaginait à peine l’adolescente qu’elle avait été.

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Sur le chemin menant à la ville, Jared et Emily discutaient. Dans la conversation, la jeune femme signala, le plus naturellement du monde, que sa mère allait être un peu trop excitée en apprenant qu'elle avait proposé à Jared de se rendre dans leur maison de vacances en France. Surpris, le jeune homme lui demanda alors pourquoi cette dernière saisirait cette occasion pour s'extasier un peu plus. Emily eut un sourire en coin en pensant à la raison. « Parce qu'elle adore quand je lui parle de toi. Je n'avais jamais parlé d'aucune de mes relations, avant, alors elle est heureuse comme une adolescente à chaque fois qu'on aborde le sujet. Autant dire... à chaque fois qu'on se téléphone. Et on se téléphone pas mal. » Effectivement, les deux femmes aimaient se raconter leur vie durant des heures. Le père d'Emily était moins friand de ça, même s'il ne manquait jamais l'occasion d'embrasser sa fille à distance. Finalement, de confidence en confidence, il arrivèrent bon train jusqu'au restaurant, où ils passèrent un bon moment tout en simplicité. Puis Jared proposa à la jeune femme de faire un tour à la plage, chose qu'elle accepta avec plaisir, profitant de l'occasion pour lui raconter un souvenir qui lui vint à l'esprit.

Le policier lui demanda quel âge elle avait lors de ses escapades à City Island. Le Bronx était connu pour être un quartier pas toujours tendre et sans doute pas l'endroit rêvé pour une adolescente. Emily réfléchit un instant. « Hum... Je devais avoir douze ou treize ans, la première fois que j'y ai mis les pieds... J'avais pas le droit d'y aller, évidemment, mais ça m'a pas empêchée d'y aller quand même. J'y suis retournée une ou deux fois ensuite, mais quand le directeur a compris qu'une fenêtre au deuxième étage ne m'empêchait pas de sortir, j'ai été prise sur le fait et j'ai eu droit à un sacré savon devant tous les autres. Ca m'a coupé l'envie de réessayer. J'y suis retournée quelques fois en douce après avoir été adoptée et puis j'ai attendu d'être adulte, parce que ça terrorisait mes parents. » La jeune femme soupira. Elle en avait vraiment fait baver à ses pauvres parents lors de leur première année ensemble. Avec le recul, elle se rendait compte de la patience dont ils avaient fait preuve avec elle. Pas une seule fois, ils n'avaient menacé de laisser tomber. Ils la voulaient auprès d'eux et ils s'étaient battus pour que ce soit possible.

Rejoignant la plage, les deux jeunes gens retirèrent leurs chaussures. Emily apprécia un instant le paysage, respirant à plein poumons l'air de la mer. L'Ecosse avait vraiment tout pour lui plaire. Il y avait tant de paysages différents! Il y en avait pour tous les goûts. Elle tourna la tête vers Jared lorsque ce dernier reprit la parole et elle se mit à rire lorsqu'il fit une description de ce qu'il imaginait d'elle quand elle était plus jeune. « Oh, tu crois pas si bien dire! L'autorité, c'était vraiment pas mon truc. J'ai toujours été une acrobate, dans tous les sens du terme. Je contournais toutes les règles que je pouvais. Quand j'étais gosse, c'était une manière de m'échapper des familles pas très sympas et puis... Et puis c'est devenu un moyen de faire du tri parmi les gens qui voulaient vraiment de moi ou pas. Quand j'ai compris que mes parents souhaitaient vraiment que je reste, j'ai fais tout ce que j'ai pu pour leur donner envie de laisser tomber. » Le regard de la jeune femme se voila légèrement et elle baissa les yeux. Elle n'était pas fière du comportement qu'elle avait eu avec eux. « J'ai vraiment pas été sympa. C'est allé tellement loin qu'un jour... » Elle avala sa salive. Le souvenir n'était pas agréable à raconter, mais elle continua. « Un jour, enfin un soir plutôt, ils sont entrés tous les deux dans ma chambre et ils m'ont dit qu'ils avaient besoin de me parler. Quand on te dit un truc comme ça, ça annonce rarement quelque chose de bon. » La voix de la petite blonde tremblait un peu, mais elle enchaîna. « Ils m'ont expliqué que les services sociaux étaient revenus vers eux et qu'ils leur avaient dit, en gros, que s'ils n'étaient pas capables de me gérer, ils devraient renoncer à ma garde. Je crois sincèrement que j'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. Ils étaient désespérés. Ma mère s'est mise à pleurer et elle m'a presque suppliée de ne plus me mettre en danger, qu'ils n'étaient pas là pour m'empêcher de faire ce que j'aimais, ni d'aller à peu près où je voulais, mais qu'il fallait que j'arrête de chercher les ennuis, ou bien nous serions séparés... » Elle releva vers Jared un regard embué par les larmes. « C'est ce soir-là que j'ai compris que j'avais enfin trouvé une famille. Qu'il existait des gens qui voulaient bien de moi telle que j'étais. Je ne pourrai jamais assez les remercier pour ça. Je pense honnêtement qu'ils m'ont évité de vraiment mal tourner. » Finalement, la confidence avait été plus difficile que prévue. Emily fit un sourire à Jared. « Bon, je suis restée quelqu'un qu'il vaut mieux ne pas m'ennuyer, mais mes parents m'ont appris que l'autorité peut aussi être utile. Tu peux les remercier, parce que si on m'avait dit quand j'étais adolescente que j'allais m'intéresser à un policier plus tard, j'aurais éclaté de rires! » Elle passa sa langue sur ses lèvres, un peu nerveuse. « J'en avais jamais parlé, auparavant. » Il fallait donc qu'elle ait vraiment envie de faire confiance au policier pour lui révéler cet épisode de sa vie.

You're so you're so precious when you smile. Hit it from the back and drive you wild Girl, I lose myself up in those eyes I just had to let you know you're mine  | EMILY & JARED

Ainsi Emily parlait de lui à sa mère ? Si Jared conserva le silence, c’était surtout parce qu’il se sentait flatté et heureux. On ne parlait pas à ses parents d’une relation éphémère et Emily venait de l’avouer elle-même, il était le premier homme dont elle parlait à sa mère. Nul doute qu’elle aussi mettait plein d’espoir dans cette relation et qu’elle voulait construire quelque chose de sérieux. Il n’était pas dans les habitudes du policier de parler de ses relations à ses parents non plus, les hommes étaient en général plus pudiques là dessus que les femmes. Pourtant Emily était la première femme qu’il envisageait de présenter à ses parents, et le jour où ça arriverait, nul doute qu’il l’accueilleraient chaleureusement. Une fois arrivés en ville, ils s’octroyèrent une pause déjeuner en terrasse. Ils avaient eu une longue semaine tous les deux et ils étaient heureux de pouvoir se poser un peu et partager des plaisirs simples. Le repas terminé et l’addition réglée, ils se dirigèrent en compagnie d’Eliott vers la plage. En chemin, Emily lui raconta qu’elle avait douze ou treize ans à l’époque où elle passait seule par le quartier du Bronx pour se rendre à City Island et qu’elle fuguait à l’époque par la fenêtre du deuxième étage de l’orphelina. Elle avait dû arrêter pour épargner à ses parents un certain nombre de moments d’angoisse. Jared sourit à l’idée d’imaginer la petite fugueuse qu’elle était, elle ne savait pas à l’époque qu’elle deviendrait cette photographe et blogueuse si talentueuse. Ils arrivèrent sur la plage et retirèrent leurs chaussure pour les porter à la main et le policier libéra Eliott pour le laisser courir en le surveillant de loin. Il tenta alors de deviner quel type d’adolescente avait été sa copine au vu de ce qu’elle lui avait raconté un peu plus tôt et elle lui confirma en riant qu’il n’était pas tombé loin. Main dans la main, ils avançaient le long de la plage tandis qu’Emily lui parlait un peu de son enfance. Elle ne tolérait à l’époque aucune forme d’autorité et elle n’en faisait qu’à sa tête, ce qui fit sourire Jared. Toute jeune, Emily était déjà dotée d’une forte personnalité. Le voile de tristesse qui s’afficha un instant dans les yeux de la jeune femme ne lui échappa pas et il se contenta de l’écouter en silence, pressentant que ce qu’elle allait lui dire serait difficile à dire pour elle. Effectivement sa voix était tremblante, pleine de remord d’avoir fait souffrir ses parents alors qu’elle était jeune, qu’elle se cherchait et qu’elle testait les gens autour d’elle pour savoir à qui se fier ou non. La jeune femme ne s’était visiblement pas pardonnée un tel comportement, elle l’avait enfouit en elle mais au moment de l’évoquer, ses yeux s’étaient emplis de larmes. Jared resserra doucement ses doigts autour des siens mais il ne tenta pas d’intervenir pour la rassurer ou pour la serrer contre lui. Emily avait besoin de verbaliser cette souffrance et elle devait aller au bout, il ne voulait surtout pas l’interrompre de quelque manière que ce soit. Il s’en voulait de l’avoir interrogée là dessus et de l’avoir obligée à replonger dans des souvenirs difficiles. Une fois qu’elle eut terminé, elle tenta de détourner l’émotion en plaisantant sur le fait que si ses parents ne lui avaient pas appris à respecter l’autorité, elle ne se serait jamais intéressée à un policier. Jared afficha un sourire qui ne remonta pas jusqu’à ses yeux, il n’allait pas la laisser s’en tirer avec une pirouette, d’autant qu’elle lui avoua elle-même qu’elle n’en avait jamais parlé à personne auparavant.

Touché qu’elle se soit ouverte à lui de cette manière et désireux de lui apporter sa version des choses, il l’attira doucement par la main. « Viens par là », lui dit-il d’une voix douce en s’asseyant sur le sol et en tapotant devant lui pour qu’elle vienne s’asseoir entre ses jambes, le dos contre sa poitrine. Il posa ses chaussures un peu plus loin et vint entourer la jeune femme de ses bras, la serrant doucement contre sa poitrine tout en lui offrant un cocon protecteur. Il la sentit se détendre entre ses bras, et elle reposa sa tête contre lui, il resta silencieux quelques secondes, le temps qu’elle se sente un peu mieux, puis il prit la parole. « Je suis désolé, je voulais pas te blesser, tu as le droit de refuser de me répondre si tu ne te sens pas prête, je ne me vexerai pas... » Il vint tendrement caresser ses cheveux du bout des doigts avant de  reposer ses bras autour d’elle pour reprendre. « Tu sais, quand j’étais gosse j’étais du genre renfermé… pas vraiment une surprise pas vrai ? Quand mes parents m’ont adopté, ils ne pouvaient pas s’approcher de moi, j’étais trop craintif. Il m’a fallu un an pour pouvoir m’approcher de mon père, qui pourtant a toujours été très doux avec moi. Ça leur a fait beaucoup de mal. Quand j’étais adolescent, je pouvais pas m’empêcher de me battre dès que je trouvais quelque chose d’injuste, même si j’étais pas de taille, et ma mère m’a laissé partir à l’école pendant des années en ayant la peur au ventre...Mais tu vois c’était pas de ma faute, j’ai pas voulu être comme ça. Il nous est arrivé à toi et à moi des choses qui nous ont obligés à nous protéger. Oui tu leur as fait peur comme j’ai fais peur à mes parents mais s’ils ne nous ont jamais laissé tomber c’est qu’ils ont cru en nous, ils ont su que notre comportement était le fruit de ce qu’on avait vécu avant et que ce n’était pas forcément contre eux. Tu leur as prouvé en devenant cette photographe talentueuse qu’ils ont eu raison et tu t’en es sortie. Certes tu as toujours cette manie de grimper partout mais tu es devenue une jeune femme intelligente, sensible et généreuse et ils ont de quoi être fiers ». Il vint doucement embrasser sa joue tandis qu’Eliott, sentant que quelque chose se passait avec Emily, venait s’allonger à côté d’eux pour tenir compagnie à la jeune femme. « En tous cas Eliott et moi on est très heureux de t’avoir dans nos vies. »