oh hello again, my dear! (Emily&Jared)

She's a killer queen, gunpowder and gelatine, dynamite with a laser beam, guaranteed to blow your mind... Anytime! | JARED & EMILY

Cela faisait un moment maintenant qu'Emily n'avait pas pu enfiler son costume de voleuse. Après avoir failli se faire prendre, elle avait décidé de rester calme pendant un moment, histoire de se faire oublier. C'était ainsi qu'elle avait toujours procédé et jusqu'à présent, ça avait très souvent parfaitement fonctionné. Et puis il fallait avouer également que ces derniers jours, elle avait eu autre chose à penser : sa relation naissante avec Jared avait tendance à occuper toutes ses pensées. Entre deux traitements de photos et la rédaction d'un post pour son blog suite à leur promenade ensemble dans Prince Streets Garden, ils échangeaient quelques messages. Jared avait également tenu sa promesse de la rappeler. Ils ne s'étaient pas encore fixé de nouveau rendez-vous, laissant l'absence faire son effet : créer l'envie de se revoir était important, surtout au début d'une relation. De plus, chacun avait eu une semaine de travail chargée et n'avaient pas vraiment pu trouver un créneau pour se libérer. Comme ils n'avaient aucune envie de se voir vite-fait entre deux rendez-vous professionnels, ils patientaient, sans pour autant perdre le contact. C'était un courrier électronique, reçu en début de matinée, qui avait sorti l'Emily voleuse de son silence.



Agacée par le ton de son interlocuteur, elle lui avait répondu immédiatement. S'il y avait bien une chose dont elle avait horreur, c'était qu'on la presse ! Elle n'aimait pas beaucoup travailler avec des Français pour cette raison : tout devait aller vite, surtout quand ça n'était pas à eux de livrer la marchandise. Ça faisait un certain temps qu'elle connaissait ce J-L maintenant, il connaissait donc bien son fonctionnement. Il savait qu'on gros coup comme celui qu'ils préparaient ne se faisait pas en claquant des doigts. Ce fut donc sans hésitation qu'elle le remit à sa place. Elle n'hésitait jamais à imposer ses propres horaires, de toutes façons. Emily savait parfaitement ce qu'elle faisait et elle faisait partie des femmes à qui l'on devait le respect, car elle n'échouait jamais.



Sara G. Valdoni. Le pseudonyme parfait pour officier sous couverture car, bien entendu, Emily n'avait jamais révélé sa véritable identité, pas même qu'elle n'avait une seule fois révélé son apparence physique. Elle déposait les œuvres d'art anonymement, dans des endroits isolés, restant bien cachée en hauteur pour surveiller que ces dernières soient bien récupérées. C'était parce qu'elle était prudente qu'elle officiait depuis dix ans. Personne n'avait jamais fait le rapport entre Sara et elle-même, puisque rien ne pouvait directement les relier. Créé à partir du nom de son personnage de roman favori lorsqu'elle était adolescente, le nom de Sara lui permettait d'agir sous couvert d'anonymat. Elle était également systématiquement déguisée lorsqu'elle était en mission. En ce début de nuit, ce fut donc vers une de ses armoires qu'elle se dirigea. Elle se plaça devant cette dernière et enfonça son bras en totalité à l'intérieur, afin d'aller enclencher un système ingénieux de double fond. Elle fit alors disparaître ses vêtements quotidiens à l'intérieur, révélant un tout autre type de contenu : une tenue sombre et discrète. La même depuis dix ans. Oh bien sûr, elle avait dû renouveler ses vêtements et ses chaussures, mais elle ne changeait jamais de style : débardeur près du corps, jeans, veste à capuche, gants et baskets montantes. Tout était noir, y compris le loup qu'elle posait sur ses yeux afin de masquer en partie son visage. Soigneusement accrochée à côté du costume se trouvait une perruque dont les cheveux châtain foncé et raides lui permettaient de cacher sa véritable chevelure blonde. Sur une étagère en dessous de la perruque se trouvait une petite boîte où Emily rangeait des lentilles de contact de couleur verte. Tout était prévu pour que personne ne puisse la reconnaître et cela fonctionnait à merveille. D'autant que pour perfectionner son costume, elle possédait également un micro discret qui lui permettait de modifier sa voix, la rendant plus grave et plus suave qu'en temps normal. Observant son attirail, un sourire s'afficha sur le visage de la petite blonde.

« Hello, old friend. »

Un frisson d'excitation parcourut le corps de la jeune femme. Incarner Sara était un des grands plaisirs de sa vie. Tout ce qu'elle ne pouvait pas se permettre de faire dans la vie réelle, par respect minimum pour les conventions sociales, Sara le lui permettait. Sara, c'était celle qui l'avait libérée de tous ses doutes, lui prouvant que si elle était capable de faire ça, alors elle était capable de faire n'importe quoi. Et puis c'était aussi celle qui lui avait permis de se sentir désirée de tous. Après avoir été tellement rejetée dans son enfance et au début de son adolescence, Emily avait développé un besoin profond de reconnaissance et d'être voulue par les gens. C'était en voyant le succès de ses petits vols de gamine qu'elle s'était laissée attirée par beaucoup plus dangereux. Elle avait parfaitement réussi à s'intégrer et s'était rapidement imposée en tant qu'une des criminelles les plus désirées de son milieu. Elle n'avait jamais voulu s'arrêter, parce que rien ne l'avait poussée à en avoir envie. Sara, c'était sa dose d'adrénaline. Elle en avait besoin pour avancer. Alors, même si elle s'était engagée dans une histoire sentimentale avec un policier et qu'elle savait que c'était du délire, elle ne pouvait malgré tout pas se résoudre à tout laisser tomber. Pas comme ça. Sara, c'était une partie d'elle-même trop importante pour qu'elle ne la renie. Ce fut donc avec délice et en oubliant Jared que la petite blonde retira ses vêtements du quotidien pour enfiler le costume de Valdoni.

Lorsqu'elle referma son armoire, elle était méconnaissable. Il aurait vraiment fallu s'approcher de très près, puis faire tomber capuche et masque pour la reconnaître. Or elle n'approchait jamais personne lorsqu'elle était Sara. Elle était aussi furtive que ces félins qui lui faisaient si peur. Elle ponctua son costume avec un rouge prononcé pour ses lèvres, puis alla ouvrir sa seconde armoire, qui possédait le même système que la précédente. A l'intérieur de celle-ci, plusieurs armes à feu (elle était en règle pour toutes, prévoyant une éventuelle saisie - on n'était jamais trop prudente) ainsi que des armes blanches. Elle choisit le plus petit de ses silencieux, dont elle accrocha l'étui à sa ceinture afin de l'y déposer, avant de rabattre sa veste par-dessus pour ne pas qu'il se voie. Puis, par précautions, elle prit également avec elle son canif fétiche, qu'elle glissa sur un côté renforcé d'une de ses chaussures, étudié pour le recevoir. La jeune femme avait tout d'une professionnelle et elle en était fière. Elle maîtrisait Sara à la perfection. Ce fut donc sans crainte aucune qu'elle sortit de chez elle, faisant attention à ne pas se faire repérer. Elle évita les grands axes d'Edimbourg, pour se diriger vers un des musées qui intéressaient un de ses clients américains : le National Museums Scotland.

Y pénétrer fut presque trop facile : un échafaudage lui permit de se hisser sans problème jusqu'à une fenêtre en cours de réparation. Cette dernière était protégée par une plaque de fer qu'Emily n'eut aucun mal à dévisser avec un peu d'astuce. Elle n'allait pas se plaindre du manque de prudence des Ecossais, mais une partie d'elle-même aurait aimé un peu plus de challenge pour pénétrer à l'intérieur. La fenêtre lui permit d’atterrir au troisième étage du bâtiment. Elle avait déjà repéré les lieux en tant que visiteuse, aussi ne fut-elle pas surprise de ses escaliers un peu particuliers. C'était le sixième étage, qui renfermait certains trésors propres à l'évolution de l'Ecosse après la première guerre mondiale, qui intéressait la jeune femme : son client était un passionné par l'impact de la Grande Guerre sur les différentes populations. Ce fut donc vers ce dernier qu'Emily se dirigea.

The shadows are calling us out. We are heroes. Heroes in the darkest times, when there is no light.| EMILY & JARED

Jared était de mauvaise humeur, une mission de surveillance d’un musée était bien en deçà de ses compétences de spécialiste du patrimoine culturel. Seulement voilà, le National Museum of Scotland était actuellement en rénovation. Les visiteurs pouvaient toujours y accéder en journée mais le site supportait des échafaudages, ce qui rendait son accès plus facile pour les éventuels voleurs. Les équipes de sécurité du musée disposant d’effectifs trop faibles par rapport à la surveillance qu’il fallait assurer sur le site de jour comme de nuit, la police Édimbourg mettait des effectifs à disposition du musée. De par ses compétences en matière d’art, Jared  avait été désigné pour assurer une mission de surveillance la nuit et permettre aux agents de sécurité du musée d’être relevés de leur garde. Le jeune homme bouillonnait intérieurement, ils auraient pu envoyer une si simple patrouille d’officiers de police, une mission de surveillance ne nécessitait pas qu’un lieutenant soit sur place, d’autant qu’il doutait fortement que ses connaissances en matière d’art soit d’une quelconque utilité en cas d’intervention. Il fallait arrêter le voleur, quel que soit l’objet volé de toute façon. Il était d’autant plus agacé qu’il avait déjà eu une semaine de travail chargée, ça n’était pas comme s’il n’avait rien à faire de ses journées et que du coup on lui avait collé une mission de surveillance pour l’occuper. Il était fatigué, alors ce n’était vraiment pas le moment de le mettre sur le dos une mission qui l’obligeait à rester debout  une bonne partie de la nuit. La seule chose qui lui mettait du baume au cœur dans cette semaine difficile, c’était les textos d’Emily qui le faisait sourire immanquablement. Il l’avait également appelé une fois, comme il le lui avait promis, c’était une façon pour lui d’entretenir leur lien, même à distance. Entendre le son de la voix de la jeune femme lui rappelait cette merveilleuse journée qu’ils avaient passée ensemble et faisait monter l’envie de la revoir. Il avait eu du mal à trouver le sommeil après cette journée, son cerveau s’en refaisait le film, ré analysant les choses tout en s’enthousiasmant pour cette relation naissante.

Vêtu d’un costume noir et d’une chemise grise sombre, sa plaque de police et son arme de service dans son étui accrochées à la ceinture, Jared franchit les portes du musée. Il salua les agents de sécurité, fit vérifier son identité avant de prendre officiellement sa garde. Il fit un premier tour pour s’habituer au lieu, en tant qu’amateur d’art, le jeune homme avait régulièrement fréquenté les yeux, notamment pour les expositions temporaires, mais jamais de nuit et jamais avec pour mission d’assurer la sécurité du lieu. Il repéra toutes les ouvertures : portes, fenêtres, bouches d’aération qui pouvait conduire vers l’extérieur, mémorisant chacun de leurs emplacements. Heureusement pour lui, le policier avait une excellente mémoire. Arrivé au troisième étage, il reproduisit ce schéma et se figea lorsqu’il constata qu’une des plaques qui protégeait une fenêtre avait été dévissée. Quelqu’un était entré. Il retira son arme de son étui et avança discrètement dans la pièce, son arme devant lui. Le silence l’enveloppait, il fit le tour rapidement, personne. Il retourna vers les escaliers et saisit son talkie-walkie « Ici le lieutenant Maxwell, la plaque en acier d’une des fenêtres du troisième étage est dévissée. Lancez une patrouille, il y a eu une intrusion, je n’ai pas encore repéré l’individu. Personne au troisième étage, je regarde plus haut.» Toujours dans la plus grande discrétion, il gravit les escaliers, s’arrêta à chaque étage pour tendre l’oreille et pencher la tête pour entrevoir la pièce. Il n’avait pas le temps pour visiter chacun des étages de l’immense bâtiment, il devrait se fier à son oui et sa vue. Arrivé au sixième étage, il entendit un bruit, c’était discret mais suffisant pour être suspect dans un musée vide. Il avait le choix entre alerter la patrouille et risquer de se faire repérer par le grésillement du talkie et le son de sa voix ou y aller seul au risque de se mettre en difficulté. Il ne tergiversa pas et se glissa dans l’ombre pour approcher du bruit. Il avait prévenu la patrouille qui allait commencer ses recherches, tout ce qu’il avait à faire c’était de gagner du temps d’ici à ce que les renforts arrivent. Il se glissa furtivement d’ombres en ombres, derrière les objets exposés jusqu’à repérer l’individu. Une femme, sans nul doute au jugé de sa taille et de ses formes. Il se glissa derrière elle mais resta à distance afin de ne pas prendre le risque d’être désarmé. « Police ! Ne bougez plus. A genoux, mettez les mains sur la tête. Doucement », ordonna-t-il d’une voix autoritaire en la tenant en joue, alors qu’une de ses mains glissait vers sa ceinture pour attraper ses menottes. Il n’avait pas l’intention de tirer au risque d’abîmer un patrimoine vieux de plusieurs siècles, il devait la mettre hors d’état de nuire en l’immobilisant si possible, sinon au moins gagner du temps en attendant les renforts, mais ça, elle ne le savait pas.

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Emily avait toujours profondément aimé les musées et pas seulement en tant que voleuse. Elle aimait les parcourir durant des heures, ne se lassant pas de voir et revoir les mêmes expositions. Il y avait toujours quelque chose de nouveau à apprendre ou à retenir. Elle passait parfois une heure dans la même pièce, à scruter le moindre détail des objets restaurés, à prendre des notes et à faire des photos. Sa passion pour l’art était ce qui l’avait menée à devenir ce qu’elle était, tant durant le jour que durant la nuit. C’était paradoxal, mais c’était vrai. Les voleurs étaient souvent des gens passionnés, à leur manière… Aussi, elle n’était pas spécialement pressée d’arriver au sixième étage. Elle avait toujours plus ou moins prit son temps durant ses vols, passant d’abord par certaines stalles qui l’intéressaient elle-même. La jeune femme aimait jouer avec le feu. Au début, bien sûr, elle ne s’était pas engagée sur quoi que ce soit de trop dangereux. Mais très vite, elle avait visé plus haut, vu plus grand. Le danger d’une mission était très souvent ce qui faisait qu’elle la choisissait. Pourquoi avait-elle choisi celle-ci ? Parce que la configuration du bâtiment était parfaite. Il y avait sept étages, de nombreuses galeries à parcourir et tout autant d’escaliers qui rendaient la tâche difficile en cas de fuite nécessaire. De plus, le musée était composé de deux bâtiments reliés entre eux et s’enfuir par les toits était quelque chose qui lui plaisait particulièrement, parce que ça rendait les services de police fous : Emily avait le parkour dans la peau depuis qu’elle était gamine. Il n’y avait quasiment rien qui l’arrêtait. Elle avait déjà échappé aux flics entre deux rues, sautant d’un mur à un autre, pour s’agripper à un balcon et filer en pleine nuit. Il n’était pas rare qu’ils n’osent pas vraiment tirer, de peur d’atteindre une fenêtre de particulier et de blesser quelqu’un. C’était aussi ce qui faisait que la petite blonde était douée : elle était intelligente. Rusée, elle avait vite compris que si elle se servait de l’innocence des civils, elle pouvait faire à peu près ce qu’elle voulait. Pourquoi agir différemment ce soir ? Elle avait toujours fonctionné comme ça. Aussi, elle vaqua un peu entre chaque étage, avant d’arriver à celui qui l’intéressait. Belle erreur.

Car, tandis qu’elle vadrouillait, un policier avait pénétré dans le bâtiment. Ça avait été un peu naïf de la part d’Emily que de penser qu’elle allait être tranquille si facilement. Mais la nonchalance dont elle faisait preuve était aussi due à son caractère : elle n’avait pas peur de grand-chose, surtout lorsqu’elle était sur un terrain qu’elle maîtrisait. Et les vols dans les musées, c’était son domaine depuis dix ans. Elle arriva d’un pas tranquille dans la sixième galerie. Son regard parcourut les différents objets, avant qu’elle ne se dirige vers la vitrine qui l’intéressait. Elle observa les différents trésors de l’époque avec attention. Elle cherchait, pour cette fois, des éléments attrayant à la médecine. Alors son regard se posait sur la bonne rangée de pièce, une voix s’éleva tout à coup derrière elle. Réellement surprise, Emily eut un vif sursaut lorsqu’elle entendit police ! et sa première pensée fut quoi, déjà ? sans que cela ne l’inquiète plus que ça. Cependant, quand le policier continua de parler, la voix de ce dernier lui glaça le sang. Non. Non, qui vous voulez… Mais pas lui ! Eh si. Cette voix, elle l’aurait reconnue entre mille : Jared. L’espace de quelques secondes, une profonde angoisse prit la jeune femme à l’estomac. Elle allait devoir échapper à… son nouveau compagnon. Pouvait-on faire pire que ça ? Probablement pas. Car lui ne savait pas à qui il était en train de s’adresser. Et il ne pourrait pas non plus le savoir une fois qu’elle se serait retournée.

Passée ces quelques secondes de surprise, Emily fut forcée de s’oublier derrière son personnage. Jared et elle venaient de se rencontrer. Qu’il l’apprécie ou pas, s’il la coinçait, elle finirait très probablement derrière les barreaux. Elle n’allait quand même pas se laisser prendre si bêtement ! Aussi, quand elle se retourna – car elle se retourna, ce fut avec une assurance provocante et un sourire amusé sur le visage. Cachée derrière Sara, la jeune femme était méconnaissable. « Bordel, mais tu m’as fichu une de ces trouilles ! Si j’avais eu quoi que ce soit dans les mains, j’aurais tout fait tomber. » Pas impressionnée le moins du monde par l’arme que le policier brandissait devant elle, elle regarda ce dernier et pointa son pistolet. « Dis, t’es au courant que si tu tires et que tu me rates, tu risques de foutre en l’air quelque chose de précieux ? Pas sûre que ça plaise beaucoup à tes supérieurs. » Effrontée, elle employait le tutoiement pour déstabiliser Jared. L’assurance dont elle faisait preuve montrait qu’elle n’était pas une débutante. Son copain en face d’elle ou pas, il fallait qu’elle assure. Elle agit donc comme elle aurait agi avec n’importe quel autre membre des forces de l’ordre.

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Être policier avait toujours été  une vocation pour Jared. Il y était entré par envie : celle d’assurer la sécurité des citoyens et d’assurer une forme de justice là où il avait lui-même été victime du système étant enfant. Il avait toujours eu soif de rétablir les choses, de mettre fin à ce sentiment d’impuissance qui lui tordait le ventre et de pouvoir contribuer à son niveau à rendre la ville plus sûre. Dans son cas, ça incluait également de protéger les œuvres du patrimoine culturel Ecossais qui appartenaient au peuple, de gens mal intentionnés qui voudraient se les approprier pour les vendre au plus offrant. On disait souvent que les voleurs étaient des amateurs d’arts, mais alors pourquoi l’écarter du regard du public pour contenter un seul acheteur malhonnête et se faire de l’argent ? L’art était fait pour être regardé, observé par le plus grand nombre, pas pour trôner jalousement dans un salon. Non, pour lui un voleur n’était pas un amateur d’art parce qu’il ne respectait pas, ou pire, parce qu’il n’avait pas compris l’essence même de l’art : être universel.

Il se glissa donc furtivement derrière la voleuse et la somma  de se mettre à genoux les mains derrière la tête. Surprise, elle sursauta au son de sa voix, elle ne s’attendait visiblement pas à être prise en flagrant délit. Elle se tourna mais ne se démonta pas et le provoqua en lui reprochant de lui avoir fait peur, allant même jusqu’au tutoiement, comme pour lui montrer qu’elle n’avait pas peur de lui. Elle arborait une capuche et un loup qui dissimulait la partie supérieure de son visage. Il s’efforça de repérer un détail qui pourrait l’aider à la retrouver si jamais elle lui échappait mais la pénombre n’aidait pas non plus le policier. Elle pouvait être n’importe qui, il ne la reconnaitrait pas s’il la croisait dans la rue. Elle poursuivi, pointant son arme du doigt, elle ne semblait pas le moins du monde impressionnée, arguant du fait qu’il risquait de détruire un objet d’une valeur inestimable s’il osait tirer. « Vous seriez prête à miser votre vie la dessus ? » bluffa-t-il. Non il ne tirerait pas mais il pouvait se faire passer pour le flic qui agissait avant de réfléchir, après tout elle ne le connaissait pas et elle ne pouvait pas prévoir ses réactions. Il l’observait, la tenant toujours en joue, les yeux noirs du policier étaient emprunts d’une farouche détermination et d’une grande assurance. C’était un Jared beaucoup plus sombre, beaucoup plus intimidant et dominateur que ce qu’il était dans la vie. Dans son boulot, il maîtrisait tout, il était sûr de lui, il ne laissait rien au hasard. Il n’était pas du genre à se laisser déstabiliser par un quelconque adversaire. Autant de la Jared de la vie de tous les jours était un homme peu loquace mais doté d’un grand cœur et d’une timidité touchante, autant il ne valait mieux pas avoir à faire au Jared flic, beaucoup plus intransigeant. Il n’était pas du genre à se laisser marcher sur les  pieds, surtout pas par une criminelle. « Croyez-moi, si je tire, je ne vous raterai pas », menaça-t-il pour l’intimider en continuant le vouvoiement pour bien marquer la distance entre eux, il ne rentrerait pas dans son jeu. « Maintenant ça suffit, mettez les mains derrière la tête. Je ne le répéterai pas une nouvelle fois ».

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La jeune femme avait toujours été joueuse, que ce soit au quotidien ou en tant que voleuse. Elle jouait avec le feu autant qu'elle en était capable. Elle s'était mise plusieurs fois en danger et c'était justement ce qui la libérait tant: elle décidait de sa propre existence. Baladée de familles en familles pendant longtemps, elle en avait gardé un farouche besoin d'indépendance. Une nécessité de décider pour elle. Elle était parfaitement consciente des risques que cette activité nocturne impliquait: elle les recherchait. C'était une manière de dire qu'elle faisait, enfin, ce qu'elle voulait de sa vie. Personne ne pouvait lui donner d'ordres. Et parfois, elle se montrait trop imprudente. Car, aussi sûre d'elle qu'elle pouvait l'être, alors que Jared gardait contenance face à son côté un peu garce, elle réalisa qu'elle était partie sans enfiler de gilet pare-balles. Elle lui faisait étrangement confiance pour ne pas tirer, ou en tous cas, pour ne pas la tuer. Mais, alors qu'elle se retrouvait face à l'homme dont elle tombait amoureuse sans qu'il ne sache qu'il avait en face de lui la joyeuse Emily qui lui plaisait tant, la pensée que tout ça ne valait peut-être pas la peine la traversa un instant. Si je tire, je ne vous raterai pas, lui dit-il d'une voix sombre. C'était une menace. Le jeune homme était très différent de celui qu'elle connaissait... et ça n'était pas pour lui déplaire. Bon Emily c'est bien beau, mais comment tu sors de cette situation? Alors qu'elle gardait le silence, Jared lui intima une nouvelle fois de se rendre. Elle devait bien avouer qu'il était impressionnant. Une idée lui traversa alors l'esprit.

Emily leva doucement les mains. Elle allait bluffer et elle espérait qu'il rentre dans son jeu, parce que si ça n'était pas le cas, ça n'était pas tant les dégâts sur elle-même qu'elle allait regretter, mais ceux qui allaient directement impacter le musée. Elle ne vit cependant pas d'autre solution. Il fallait réfléchir vite avant que la situation ne dégénère. Aussi, elle fit un pas sur le côté, se rapprochant d'un magnifique vase d'époque, exposé sur une colonne de bois. Puis elle fit un sourire amusé au policier. « T'as de bons réflexes? » lui lança-t-elle avant de donner un coup de pied dans la colonne. Cette dernière vacilla, faisant dangereusement pencher le vase. Emily profita de la confusion pour bondir en avant et partir en courant, espérant de tout son coeur que Jared rattraperait l'objet. Si ça n'était pas le cas, non seulement, elle allait faire exploser une oeuvre d'art mais en plus, elle risquait peut-être de déclencher une alarme. Ce fut avec soulagement qu'elle n'entendit rien d'autre derrière elle que le son des pas du policier qui la suivait, alors qu'elle parvenait à se faufiler hors de la salle.

La jeune femme jeta rapidement un coup d'oeil autour d'elle: elle avait le choix entre descendre les escaliers ou bien courir jusqu'à une des fenêtres. Elle avait de l'avance sur Jared. Peut-être suffisamment pour se rendre jusqu'à une des parois en réparations, où les vieilles fenêtres seraient faciles à ouvrir. Ce fut donc cette direction qu'elle prit. Accélérant sa course, Emily décida de tenter une sortie par le septième étage.

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La voleuse qui se trouvait en face de lui avait de jolies formes, Jared devait le reconnaître, elle était sexy. Sa voix suave, certes modifiée par un dispositif de transformation de la voix qu’il avait repéré grâce au léger grésillement, avait accentuait son charisme et son côté provocatrice. Pour autant, Jared restait concentré, il n’était sensible à aucun charme dans son boulot, et encore moins à celui d’une criminelle. Avec Emily dans sa vie, il n’avait aucune raison de se laisser distraire par quelqu’un d’autre. Il était en train de tomber amoureux de la jolie blonde, ils ‘en étaient qu’au tout début de leur relation mais pourtant l’alchimie était flagrante entre eux. Alors la voleuse pouvait le tutoyer autant de fois qu’elle le voulait, il maintiendrait la distance, il ne jouerait pas. Il lui intima une dernière fois l’ordre de mettre les main derrière la tête. Dans un premier temps, il crut qu’elle allait obéir : la voleuse leva lentement les mains.Puis elle se déplaça sur le côté. Le policier fronça les sourcils, qu’est-ce qu’elle était en train de faire ? Si elle bougeait, c’est que la jeune femme avait forcément quelque chose derrière la tête. Le sourire qu’elle afficha bientôt acheva de le convaincre qu’elle avait une idée qu’il n’allait pas aimer. « Ne bougez pas ! », ordonna t-il, mais c’était déjà trop tard. La voleuse donna un coup de pied dans une colonne qui supportait un vase d’époque et en profita pour lui filer entre les mains. Le vase sembla en équilibre instable un moment. Jared n’hésita pas, il plongea en avant au moment ou le vase avait perdu l’équilibre et il le rattrapa juste à temps.

Sans perdre plus de temps, il se releva et le reposa sur sa colonne avant de se retourner pour s’élancer à la poursuite de la voleuse. Ce qu’est avait fait aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour le patrimoine Ecossais, mais le policier devait reconnaître que c’était malin. Elle avait fait la seule chose qu’elle pouvait faire pour se sortir d’une situation délicate. Le policier redoubla d’efforts, avec ce joli coup, la jeune femme avait prit de l’avance sur lui. Il l’aperçut sortir de la salle en direction du septième étage et allongea sa foulée pour la rattraper. Il parvint à l’attrapper par la taille alors qu’elle était en train d’escalader un échafaudage et la fit retomber sur le sol. Sans lui laisser le temps de réagir, il passa dans son dos pour lui faire une clé de bras et l’immobiliser. « Vous n’avez vraiment aucun respect pour le œuvres qui sont ici hein ? » lança t-il en passant son bras sur le buste de la jeune femme pour l’immobiliser contre lui. Il s'en voulu presque de remarquer qu'elle portait un parfum délicieux et envoûtant, quelque chose d’enivrant qui respirait la confiance en soi, elle sentait bon. Le policier s'infligea une claque mentale, ça n'était vraiment pas le moment, d'autant que la jeune femme se débattait comme une lionne, obligeant le policier à resserrer sa prise « Arrêtez de vous débattre, vous allez finir par vous faire mal. Vous avez joué, vous avez perdu » Au moment où il l’avait maîtrisée physiquement, une lumière vive de l’aveugla. Une lampe torche. La patrouille était là, les agents avaient probablement été attirés par le bruit de leur voix. Par réflexe, le policier détourna la tête pour protéger ses yeux de la lampe torche et desserra son étreinte. Regrettable erreur.

She's a killer queen, gunpowder and gelatine, dynamite with a laser beam, guaranteed to blow your mind... Anytime! | JARED & EMILY

Emily n'avait pas l'habitude d'être prise au dépourvu. En dix ans, elle ne s'était jamais faite prendre et elle n'avait jamais eu à mettre la vie de quelqu'un d'autre en danger - d'ailleurs, elle s'y était toujours refusée, se promettant de se rendre si, pour sauver sa peau, elle devait ôter une vie. Aussi, en bondissant pour s'accrocher à un des échafaudages, elle pensait réellement pouvoir filer et revenir un autre jour. Mais Jared était beaucoup plus efficace que ce qu'elle avait prévu. Alors qu'il ne lui restait plus qu'un mouvement à faire pour être hors de portée, elle sentit qu'on l'agrippait à la taille. Elle n'eut pas le temps de se rattraper à quoi que ce soit qu'elle était déjà au sol, un bras derrière le dos. Un peu sonnée et de toutes façons bien plus fine que Jared, contre qui elle avait déjà perdu lors de leur entraînement ensemble, elle n'eut d'autre choix que de se laisser faire. Alors que le policier la ramenait contre lui, elle ferma les yeux un instant, luttant mentalement contre l'effet qu'il lui faisait. Se retrouver ainsi bloquée contre Jared n'était pas pour lui déplaire. Elle eut un rire amusé lorsqu'il fit référence au vase qu'elle avait manqué de faire tomber. « J'avais confiance en toi le rattraper. » répondit-elle d'une voix assurée. C'était vrai... mais il n'en savait rien. Comme si elle se rendait soudain compte de la catastrophe de sa situation, Emily se débattit pour se défaire de l'étreinte de Jared. Elle ne pouvait pas se faire prendre, pas comme ça, pas maintenant! Grognant presque de rage alors qu'il resserrait son étreinte et que la panique la gagnait d'autant plus en voyant que c'était peine perdue, qu'elle était foutue et qu'elle allait tout planter pour quelques foutues minutes d'inattention, elle s'arrêta un instant, essoufflée, parcourant la salle du regard, cherchant désespérément un moyen de se sortir de là. Il n'y en avait pas. Au-delà de la peur naturelle de finir en prison, elle était également terrorisée à l'idée que Jared sache qui il avait réellement dans les bras. Elle ne voulait pas lui faire de mal. C'était la première fois qu'elle se sentait vraiment bien avec quelqu'un, elle ne voulait pas le blesser. Pour se redonner contenance plus que pour autre chose, elle se reprit et se redressa. « C'est pas forcément désagréable, comme expérience, en fait, d'être coincée dans les bras d'un flic aussi sexy... » Elle le pensait profondément, mais ça n'avait aucune importance. Elle espérait surtout pouvoir le déstabiliser un peu, juste une seconde, pour pouvoir le bousculer et s'échapper. Mais sa réplique ne le déstabilisa pas. Rien ne semblait pouvoir le déconcentrer. Rien... sauf la lumière qui leur vint dans les yeux, les aveuglant tous les deux. Les renforts. Le policier avait prévenu ses collègues. Elle sentit alors que Jared desserrait son étreinte. C'était le moment qu'elle attendait.

Occultant le fait qu'elle allait devoir agir à l'aveugle, pas à cause du faisceau lumineux, mais parce qu'elle n'avait aucune idée d'où se trouvait la patrouille, elle se mordit les lèvres et envoya un franc coup de coudes dans les côtes du jeune homme qui, sous la surprise et la douleur, eut un mouvement recul. Il suffit d'une seconde à Emily pour inverser la situation. Elle fit demi-tour pour dégager complètement son bras et repousser Jared, puis, sans réfléchir, elle bondit sur la rambarde d'escalier, s'accrochant à un des poteaux qui retenaient les différents étages entre eux. « Je suis désolée... » fit-elle à l'attention de Jared, d'une voix beaucoup plus douce qu'auparavant. Puis elle se laissa glisser jusqu'à l'étage un peu plus bas, retrouvant la tête ferme alors qu'elle tentait de repérer d'où venaient les différents bruits. Elle allait devoir ruser, une fois de plus. Que faire? Elle fit alors la seule chose qui lui passa par la tête: elle se trouvait toujours du côté de la façade où les réparations avaient lieu. Il n'y avait pas d'autre solution que de détourner l'attention. Elle tira sur la manche de sa veste pour protéger sa main, puis elle saisit son arme et donna un coup franc dans la vitre, protégeant son visage à l'aide de son autre bras. La vitre explosa sous le choc et Emily ne demanda pas son reste. Elle se rhabilla correctement, gardant son arme à la main et fila en courant pour descendre les escaliers. Le noir aidant, elle parvint à ne pas se faire repérer. Elle était parvenue à amener les renforts du côté opposé où elle se trouvait désormais et elle avait rapidement rejoint le troisième étage. Elle hésita un instant, pour la première fois depuis des années un peu perdue car elle se savait cernée. Elle pouvait entendre Jared qui descendait déjà les escaliers. Elle aurait peut-être pu sortir par là où elle étai entrée, mais c'était prendre le risque de se retrouver face à un éventuel agent, posté de ce côté pour surveiller. Elle décida alors de faire ce qu'elle savait le mieux faire: des acrobaties. Elle courut vers l'endroit où se trouvait l'entrée: un des policiers y avait été posté. Une femme. Elle aurait plus de chances faces à une femme. Saisissant à nouveau un des poteaux, elle se laissa glisser jusqu'au premier étage, puis sauta de ce dernier, dévoilant enfin clairement l'endroit où elle se trouvait. Surprenant celle qui gardait l'entrée, elle lui envoya son poing dans la figure alors que cette dernière se retournait. Pas assez fort pour lui briser quoique ce soit, mais suffisamment pour lui faire perdre l'équilibre et en profiter pour la frapper dans les jambes, la faisant tomber sur le sol. Ce fut suffisant à la petite blonde énergique et agile qu'était Emily pour enfin se retrouver en dehors du musée. Là, elle repartit en courant sur sa droite afin de se mettre un instant à l'abri, retrouvant le côté de la façade qui était en travaux. Le champs était libre, pour le moment. La respiration haletante, elle s'appuya un instant contre le mur. Ses poumons étaient en feu. Emily était endurante. Mais entre la surprise de voir Jared sur le terrain, puis la panique quand elle avait manqué de se faire prendre pour de bon, ajoutées au fait qu'elle avait dû échapper aux renforts et mettre un agent au sol, elle avait du mal à respirer correctement. Sa dernière échappatoire était de grimper par l'échafaudage. Son arme toujours à la main, elle s'écarta pour analyser ce dernier. Il y avait des échelles par lesquelles les ouvriers montaient, mais ils n'allaient pas jusqu'en haut. Elle devrait parvenir à escalader un des balcons et ça n'allait pas être chose facile. Mais c'était sa dernière option. Elle grimpa donc les premiers barreaux, priant pour que personne n'ait le temps de la rattraper avant qu'elle n'atteigne le toit.

The shadows are calling us out. We are heroes. Heroes in the darkest times, when there is no light. | EMILY & JARED

Pour Jared, c’était finit, il tenait la voleuse. Il attendait simplement que la patrouille de surveillance arrive pour lui dire ses droits. Pour se justifier de son geste qui aurait pu avoir pour conséquence de détruire un vase d’époque, la jeune femme lui assura qu’elle lui avait fait confiance pour le rattraper. Jared ne répondit rien, refusant d‘entrer dans son jeu, mais il n’en démordait pas : elle avait failli détruire un d’objet du patrimoine écossais et elle n’avait aucune idée de si il avait ou non l’envie ou les capacité d’arrêter la chute de l’objet. Il aurait pu être un flic peu sensibilisé à l’importance de l’art et n’en avoir que faire que ce vase soit détruit, préférant se jeter tout de suite à la poursuite de la voleuse pour ne lui laisser aucune chance de lui échapper. Elle se débattait mais c’était peine perdue, il était plus fort qu’elle physiquement. Il resserra son étreinte autour d’elle, l’avertissant qu’elle risquait de se blessant à force de se débattre ainsi, elle aurait pu se déboîter l’épaule. Toujours aussi provocante, la voleuse lui confia qu’être dans les bras d’un flic sexy n’était pas une expérience désagréable. « Ne vous faites pas d’illusion, c’est juste pour vous immobiliser, je suis déjà pris ». Il devait reconnaître que sa remarque était flatteuse et qu’il n’était jamais désagréable d’être qualifié de « sexy », y compris par une voleuse. Pourtant, lorsqu’il s’agissait du boulot, Jared ne plaisantait pas et il ne comptait pas se laisser déstabilisé. Il n’avait aucune raison de l’être  de toute manière, il avait déjà une femme dans sa vie et quelle femme ! Emily était aussi sexy que la voleuse qu’il tenait contre lui, et elle au moins était honnête. Ce fût une lampe torche qui eu malheureusement raison de sa concentration et qui l’obligea à desserrer son étreinte sur la voleuse.

Il sentit soudain une douleur dans les côtes, il se plia en deux et poussa un gémissement sous l’effet de la surprise. Elle devenait de lui filer un coup de coude et avant qu’ail ait le temps de réagir, elle se retourna et le repoussa pour se libérer définitivement. Le dos du policier se heurta contre les échafaudages derrière lui, le recul permit de décaler ses yeux de la lumière. Il l’entendit s’excuser auprès de lui d’une voix plus douce que son ton habituellement provocateur mais il n’y prêta pas attention. Hors de lui, frustré qu’elle lui ai échappée alors qu’il la tenait, il s’élança à sa poursuite. « Poursuivez là, elle est descendue ! », hurla t-il en passant devant les agents de sécurité. Il la vit se glisser le long d’un poteau pour atteindre l’étage inférieur et sans hésiter il la suivi, tandis que la patrouille prenait les escaliers. Dans le feu de ‘action, le policier n’hésitait jamais à prendre le chemin le plus rapide et le plus risqué. Il était sportif, se laisser glisser le long d’un poteau n’était pas bien compliqué, il fallait juste ne pas trop penser à la hauteur, mais l’adrénaline l’aidait à combattre sa peur du vide et à ne pas trop réfléchir. C’était sans compter l’habilité de la jolie voleuse qu’il venait de perdre de vue. Merde ! Elle était allée trop vite pour lui. Il se pencha en avant par dessus le balcon pour pouvoir apercevoir ce qu’il se passait en dessous mais la voleuse était invisible. Il entendit soudain un bruit de vitre brisée du côté opposé. Il se mit à courir dans la direction du bruit, certainement comme la patrouille mais jetant un nouveau coup d’œil par dessus le balcon, il l’aperçu sauter du premier étage au rez de chaussée. Elle avait fait diversion. C’était malin de sa part. Ni une ni deux, il fut demi-tour pour s’élancer dans les escaliers mais il lui restait quelques étages à parcourir mais il était conscient d’être seul, les renforts et ne se rendraient pas compte tout de suite que la jeune femme n’avait fait qu’une diversion . Lorsqu’il arriva à l’entrée de musée, une des garde était au sol. Bon sang cette fille était vraiment douée ! A la fois maline, acrobate et combative, il devait reconnaître qu’elle était très bonne dans ce qu’elle faisait. Ça faisait longtemps que le policier n’avait pas été confronté à une professionnelle aussi douée et ça ne faisait que renforcer sa détermination à l’attraper. Le challenge, il aimait ça, Jared était un homme d’action et de défi et il devait reconnaître que cette poursuite avait quelque chose d’excitant, même s’il s’en défendait devant la voleuse et restait le flic sérieux. Elle le poussait dans ses retranchement et l’obligeait d’élever son niveau pour être meilleur policier encore.

Il s’élança à l’extérieur et l’aperçu sur la droite en train d’entamer son ascension sur les échafaudages sur le flanc du bâtiment. La condition physique du policier lui permettait de ne pas faiblir et de rester concentré. La frustration de d’avoir lâchée la voleuse alors qu’il la tenait décuplait sa détermination. Il n’hésita donc pas un instant à se lancer sur les échelles des échafaudages malgré sa peur du vide. L’adrénaline l’aidait toujours à ne pas penser à sa peur et à la hauteur à laquelle elle risquait de le conduire. Il agrippa la première échelle pour se lancer dans l’ascension et atteignit sans mal le premier étage, levant les yeux plus haut, il aperçu la voleuse deux étages au dessus de lui. Il avait une chance de la rattraper et il était hors de question qu’il la laisse passer. «  Stop ! Arrêtez-vous ! N’aggravez pas votre cas !  Vous pouvez encore vous rendre et négocier une peine aménagée ! », hurla t-il à l’adresse de la voleuse en s’emparant que la seconde échelle pour entamer l’ascension vers le deuxième étage. Il n’avait pas grand espoir qu’elle lui obéisse mais s’il pouvait s’épargner une ascension au risque d’être reprit par son vertige à tout instant, il devait tenter le coup.

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Emily était épuisée. Sa tentative de vol avait été, en plus d'un échec cuisant, une course poursuite effrénée qui l'avait menée au bout de ses capacités. Jamais elle n'avait eu affaire à un policier aussi déterminé de Jared. Il était allé jusqu'à la suivre lorsqu'elle était descendue par le poteau dans les escaliers! Elle était d'autant plus impressionnée qu'elle savait qu'il souffrait de vertige. Aussi, lorsqu'elle s'élança dans la rue et qu'elle rejoignit l'échafaudage qui allait lui permettre de se sentir de cette situation, elle était persuadée qu'il ne pourrait pas la suivre. Elle se trompait. Car, peu de temps après qu'elle eut atteint le troisième étage, elle entendit clairement sa voix derrière elle, lui criant d'accepter de se rendre. Emily ne put s'empêcher d'éclater de rires, à la fois exaspérée et épatée par la ténacité du policier. « Mais c'est pas vrai! Jamais t'abandonnes? » lui répondit-elle alors qu'elle stoppait son ascension. Une partie d'elle lui rappela à quel point Jared avait eu peur sur la grande roue. S'il la suivait, l'adrénaline redescendue, elle avait peur qu'il ne puisse plus redescendre ou bien qu'il se blesse en perdant l'équilibre si tout à coup le monde autour de lui se mettait à tourner.

Emily regarda autour d'elle. Comment allait-elle faire pour l'empêcher de la suivre pour de bon? Son regard se posa alors sur un objet précis. Ok, Jared allait détester l'idée, mais ce serait probablement suffisant pour faire en sorte d'être tranquille pour de bon. Un son métallique se fit entendre au troisième étage, puis un bruit de quelque chose qu'on traînait sur le sol. La jeune femme avait cessé son ascension et s'était postée devant le haut de l'échelle, d'où elle pouvait parfaitement voir le policier arriver. Quand ce dernier apparut dans son champs de vision, elle pointa son arme dans sa direction, la tenant des deux mains. « J'ai jamais eu un adversaire aussi coriace. T'es plutôt intéressant. J'espère que ta copine sait qu'elle a de la chance. » Evidemment, qu'elle le savait, puisqu'il l'avait en face de lui, sa copine, déguisée sous un personnage qu'il ne pouvait pas reconnaître. Cette course contre lui n'avait fait qu'augmenter l'intérêt d'Emily pour Jared. « J'ai pas franchement envie de t'abîmer, mais tu me laisses pas trop le choix. » Elle arma son pistolet, faisant mine de repointer sa cible correctement, mais au lieu de ça, elle fit un mouvement du pied sur le côté... et fit basculer un grand pot de peinture bleue, qui alla se déverser sur le policier.

Elle ne prit pas le temps de faire attention à sa réaction. Elle rangea rapidement son arme, puis, bondissant pour saisir le dernier balcon qui la séparait du toit, elle se servit de ce dernier pour enfin atteindre ce qu'elle savait être le point de délivrance. Elle se pencha alors en avant pour observer un Jared furieux de ne pas pouvoir aller plus loin. Emily posa deux doigts sur sa tempe et fit un salut militaire dans la direction du policier. « Merci pour la balade ! » lança-t-elle gaiement, avant de courir pour disparaître définitivement de la vue du policier. En quelques bonds, elle avait rejoint le toit d'un autre bâtiment et elle ne s'autorisa à respirer que lorsqu'elle descendit de ce dernier. Elle n'avait plus de chance d'être rattrapée, désormais. S'enfonçant dans les ruelles d'un pas rapide, elle songea que cette fois-ci, ce n'était pas passé loin...

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Dans le feu de l’action, Jared ne se rendait pas vraiment compte qui grimpait en hauteur.Tout ce qui comptait c’était d’arrêter cette voleuse. Il l’entendit éclater de rire lorsqu’il lui intima une nouvelle fois l’ordre de s’arrêter. C’était vexant à force, mais ça lui donnait plus envie encore de s’accrocher, abandonner n’était pas dans ses habitudes. Il ne répondit pas, elle rirait beaucoup moins quant il lui aurait passé les menottes. Il devait juste prendre son mal à patience. Elle se permit de lui faire remarquer qu’elle n’avait jamais connu un flic aussi tenace et que sa copine avait de la chance. « Je le lui dirait, elle sera ravie de savoir que ça vient d’une criminelle », répondit-il avec cynisme. Il allait grimper sur l’échelle pour atteindre le troisième étage lorsqu’il aperçu larme de la jeune femme pointée dans sa direction. La jeune femme précisa ne pas avoir envie de « l’abîmer » mais qu’elle n’avait pas le choix. Le coeur du policier fit un sursaut dans sa poitrine et la peur le saisi à la gorge, c’était fini, elle allait lui tirer dessus. Merde, il allait crever comme un con parce qu’il s’était lancé à la poursuite d’une voleuse. Pourtant, avant qu’il n’ai;e temps de comprendre ce qui lui arrivait il sentit un liquide épais lui culer sur la tête et sur les vêtement, lui obstruant complètement la vue. De la peinture ! Merde ![ Il tenta d’écarter de son visage la peinture qui lui coulait sur les yeux et leva la tête pour tenter d’apercevoir la voleuse. Il pu tout juste la voir lui faire un signe militaire pour le narguer, en le remerciant pour la balade, avant de disparaître dans la nuit. Il la savait désormais hors d’atteinte, elle le savait aussi et elle en profitait pour lui faire la nique. Une vague de colère monta en lui, si forte qu’il ne pu la contenir. « Et merde ! » hurla t-il en donnant un coup de pied dans le pot de peinture tombé à ses pieds, dans un geste d’humeur. Le pot de peinture vide retomba sur le sol trois étages plus bas. Le policier était frustré, il était passé si près de l’attraper, si seulement la patrouille ne l’avait pas aveuglé avec une lampe torche ! Au lieu de cela, il se retrouvait au troisième étage, sur un échafaudage, trempé de peinture bleue. Attendez ? Au troisième étage ?! Sa tête se mit à tourner, vite avant de perdre ses moyens il redescendit les trois échelles, se servant de sa colère pour ne pas trop réfléchir. Le soulagement s’empara de lui quand il retoucha le sol, pour autant, la colère n’était toujours pas retombée et elle n’était pas prête de le faire. Il profita du fait qu’il était seul pour constater son état général : son visage et ses cheveux étaient couverts de peinture bleue séchée, sa veste de costume et sa chemises aussi : elles étaient foutues et bonnes à jeter. « C’est trop tard, elle a filé », lança t-il froidement à l’adresse de la patrouille qui venait de le rejoindre. Oui, il l‘avait mauvaise et il leur en voulait de l’avoir aveuglé avec leurs lampes, ça sans la voleuse serait déjà menottée et en route pour le poste de police. Il s’ensuit tout de même de l’agent de sécurité que la voleuse avait frappée au visage lors de sa  sortie, elle était encore sonnée mais elle allait bien. C’était déjà ça.

Les renforts de police arrivèrent bientôt, toutes sirènes hurlantes, les agents de sécurité les avaient alertés lorsqu’ils avaient vu la voleuse.  « Le lieutenant Jared Maxwell mit en échec par un pot de peinture, si on me l’avait dit je l’aurait pas cru. » Andrew faisait partie des agents appelés en renfort, évidemment, et il n’avait pas pu s’empêcher de se moquer de son collègue. Seulement voilà, ça n’était vraiment pas, mais alors vraiment pas le moment. « La ferme, Andrew », répondit sèchement le lieutenant de police.  « Oh ça va le schtroumpf, t’énerve pas, j’y suis pour rien si tu l’as laissée filer. » Mis à rude épreuve par la fatigue, la frustration et la colère, Jared empoigna Andrew par le col et le plaqua violemment contre un mur, obligeant son capitaine à intervenir.  « Calmez-vous lieutenant Maxwell, vous avez fait ce que vous avez pu, vous étiez le seul policier dans les murs. Turner est une tête à claque mais se venger sur lui ne changera rien à ce qu’il s’est passé. » Réalisant que son capitaine avait parfaitement raison et qu’il s’était emporté sur un coup de sang. Jared relâcha Andrew, qui s’éloigna, obéissant au geste de son capitaine.  Vous avez eu une grosse semaine, c’est de ma faute, je vous ai surchargé, c’est souvent le cas avec les bons éléments malheureusement. Vous êtes épuisé et sur les nerfs, rentrez chez vous, prenez une douche et reposez vous. Votre rapport pourra attendre. Faites une rapide déposition en partant, ça suffira pour l’instant. » Jared acquiesça, reconnaissant envers son chef qu’il ne l’oblige pas à rentrer au commissariat dans cet état, nul doute qu’Andrew n’aurait pas été le seul à se moquer. Il fit une rapide déposition en partant, histoire de laisser une trace des éléments qui venaient de se produire alors que c’était encore frais. Puis il enfila ses mains dans ses poches et prit la direction de chez lui, se remémorant le fil de cette qu’il n’avait pas fini de ressasser.

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