Nul ami ne vaut un frère ♥

Alistair avait demandé à sa sœur de le rejoindre chez lui car il avait besoin de la voir, de lui parler. Il avait récemment appris une nouvelle qui l’avait chamboulé et il était évident qu’il ne pouvait pas garder ça pour lui. Ils avaient une sœur. Une demi-sœur, plus exactement. Elle était plus âgée qu’Alistair et était née de l’union de leur père et d’une autre femme. Sur le coup, le jeune homme avait été choqué, interloqué. Leur père qui avait passé son temps à leur inculquer certaines valeurs…ce même père avait eu une histoire extraconjugale. Leur mère était-elle au courant ? Il n’en savait rien et au fond, ce n’était pas à lui de s’en mêler. De toute manière, il ne souhaitait pas revoir ses parents. Sa nouvelle vie lui convenait très bien, mais il avait toujours peur qu’un jour, tout s’arrête et qu’il soit ramené au domaine familial de force. Il était pourtant majeur depuis longtemps. Mais il restait l’héritier des Hamilton. Il ne voulait plus de ce rôle, c’était bien trop contraignant et la pression était énorme. Sans parler de ces fiançailles avec une femme qu’il ne connaissait même pas. Leurs parents respectifs avaient voulu organiser le mariage quelques années auparavant, mais Alistair avait toujours trouvé un prétexte pour y échapper. A présent, il était probablement libre de cet engagement… non ? De toute façon, ce n’était pas ce qui le préoccupait le plus, actuellement. Non, c’était cette sœur dont il ignorait l’existence jusqu’à il y a quelques jours.

Afin de recevoir sa sœur, il avait voulu sortir le grand jeu et avait voulu cuisiner quelque chose lui-même. Grossière erreur. Le blond n’était pas doué du tout. En même temps, il avait l’habitude d’être servi. Et depuis son arrivée en ville, il s’était fait livrer de bons repas quasiment tous les jours. Ce soir, il avait failli faire cramer sa cuisine et son appartement. C’était pitoyable. Il avait réussi à sauver les meubles en commandant de bons petits plats auprès d’un restaurant qu’il aimait beaucoup. En attendant, ça sentait toujours le cramé dans l’appartement et ce, malgré les fenêtres ouvertes en grand. Il avait fini par les refermer car il faisait trop froid dehors. Quoiqu’il en soit, il entendit bientôt frapper à la porte. Enéa devait être là. Il s’empressa d’aller lui ouvrir, l’accueillant avec un grand sourire. « Salut, toi ! » Il la prit aussitôt dans ses bras. Elle lui avait manqué et ses câlins aussi. Elle avait beau être sa sœur cadette, il la considérait comme un vrai exemple et il lui demandait souvent conseil. En même temps, elle avait voyagé, elle avait bien plus d’expérience que lui et ce, dans sans doute tous les domaines. Il finit par la lâcher alors que Cupcake, son chaton, courut vers Artek pour se frotter à ses pattes. Ces deux-là s’entendaient à merveille et c’était vraiment trop mignon. Il fit entrer sa sœur et referma la porte derrière elle. « Désolé pour l’odeur… Je…J’ai voulu faire à manger et…tu devines ce qui s’est passé. » Il rougit légèrement d’embarras avant de lâcher un petit rire gêné. « Du coup, j’ai commandé. » Il se dirigea vers le salon/salle à manger où il avait déjà dressé la table. « Tu veux boire quelque chose ? Tu as faim ? On attaque le repas tout de suite ou tu veux attendre un peu ? » Que de questions ! Mais même si c’était sa sœur, il voulait faire ça bien !

Il était réellement heureux de voir sa sœur. Elle l’avait toujours soutenu et l’avait aidé à enfin prendre son indépendance. Elle était aussi la seule à savoir où il était. Même s’il ne doutait pas que ses parents le retrouveraient facilement s’ils essayaient vraiment. C’était assez étrange, d’ailleurs. Comment cela se faisait-il que personne ne soit déjà venu le traîner hors de cet appartement pour qu’il rentre au château ? Il avait moins peur qu’au début, mais il avait toujours une certaine appréhension et parfois, il se sentait observé, voire suivi dans la rue. Mais il se disait qu’il devait juste être parano. Quoiqu’il en soit, il se réjouissait de passer la soirée avec Enéa. Ils avaient certainement pas mal de choses à se dire et un peu de temps à rattraper. Et puis, Alistair adorait le chien de sa sœur. Il ne manquerait pas de lui faire quelques papouilles plus tard. Pour l’heure, il laissait Cupcake s’en charger. Le chaton semblait bien trop content de retrouver son super copain. C’était adorable. Le blond les observa un instant, un grand sourire aux lèvres, avant de reporter son attention sur sa sœur. Cette dernière le taquina concernant les talents culinaires non existants du jeune homme. Il ne put s’empêcher de rougir légèrement, gêné. « Je voulais essayer…Je voulais te faire plaisir et te prouver que je n’étais pas un incapable… » Mais visiblement, c’était loupé. Il secoua légèrement la tête. « Tu voudras bien m’apprendre ? » Il en avait marre d’être un incapable qui ne savait rien faire de ses dix doigts. Au moins, il avait fini par s’habituer à son travail et faisait bien moins de gaffes qu’au début.

Ils prirent donc place à table et Enéa se mit à faire passer un véritable interrogatoire à son frère. « Euh…oui, ça va. Je ne suis pas encore mort donc je suppose que je me débrouille à peu près. Ce n’est pas facile tous les jours, mais ça va ! » Pour quelqu’un habitué à avoir du personnel qui faisait tout pour lui, oui, il se débrouillait plutôt bien. Même s’il n’avait pas résisté en engageant une femme de ménage. En même temps, qui aimait faire le ménage ? « Le travail, ça va. Je m’en sors plutôt bien, comparé au début. Je ne fais presque plus d’erreurs. » Il sourit bêtement, tel un gamin fier de lui. « Je n’aurais jamais cru que travailler dans un Starbucks puisse être aussi difficile ! Et fatigant ! On ne s’en rend vraiment pas compte d’un point de vue extérieur ! » Il observa un instant les animaux qui s’amusaient ensemble avant de reporter son attention sur Enéa. « Et toi alors ? » Il avait fait venir sa cadette pour une raison spécifique, mais ce n’était pas encore le moment d’en parler. Il préférait attendre un peu, discuter et manger tranquillement avant de lâcher la bombe. « Je me suis même fait quelques amis ! » C’était censé être quelque chose de normal et pourtant, Alistair n’avait jamais vraiment eu d’amis. D’ailleurs…Winter était-il vraiment juste un ami ? Il se sentit rougir rien qu’en pensant à lui et décida donc de se lever pour servir le repas qu’il avait commandé. Italien. Des pâtes. C’était toujours bon, ça.