Avec la douleur vient la force + Clay

Dans mon cursus de formation à distance, il fallait que j’entreprenne des travaux personnels. Je n’avais pas la routine de l’université mais au final, le travail que je devais faire par moi même me prenait un temps fou. Je devais m’organiser pour réussir à combiner mes entrainements de danse et ma formation sur l’histoire de l’art. Bien que le cursus était très passionnant, il fallait arriver à bien se concentrer pour ne rien oublier. Aujourd’hui, je m’étais inscrite à une conférence à l’université d’Edimbourg. Le sujet semblait intéressant puisqu’il portait sur les formes de l’art dans la Grèce Antique. Cela ne ferait qu’accroitre mes connaissance dans ce domaine là. Certains pourraient trouver ma formation très rasante - c’est ce que pourrait dire Oliver par exemple - mais moi j’adorais ça. Il y avait tellement de choses à savoir. Finalement, l’histoire de notre monde était combinée à toutes formes d’art sur Terre. Bref, c’était pour cette raison que je me trouvais dans les locaux de l’université. J’étais arrivée avec un maximum d’avance en prenant le soin de m’arrêter au café du coin pour en prendre un à emporter. J’étais assise dans les premiers rangs et j’avais déjà dégainé mon calepin pour prendre des notes. La foule s’immisça peu à peu dans l’amphithéâtre et la conférence pouvait débuter. Je ne loupais pas une miette de ce que disait l’intervenant, il était très passionnant. Je ne vis pas les trois heures passer. A la fin, je pris le temps de remercier le monsieur et de lui faire part de mes différentes remarques et questions. Nous parlions encore un bon quart d’heure tous les deux puis au bout d’un moment, il me congédia prétextant une autre conférence dans un autre établissement. Je sortis de la salle avec des informations plein la tête. Je pris le temps de me balader sur le campus, regarder les étudiants vaquer à leurs occupations comme si rien d’autre ne comptait. Et au bout d’un moment, je découvris Clay. J’aurais pu le saluer de loin, lui sourire et m’approcher tranquillement de lui. Mais non, il était en train de se battre… encore ! Je me demandais pour quelle raison c’était. Je n’aimais pas le voir dans ce genre de situation. Un jour ou l’autre, il pourrait prendre un mauvais coup qui lui serait fatale. Et ça, je ne m’en remettrais jamais. CLAY ! Je m’écriais pour tenter de le faire revenir à la raison et qu’il arrête de se battre. Ce n’est que quelques secondes plus tard, que deux mecs allèrent chercher l’adversaire de Clay en le prenant sous les bras pour l’emmener très loin de mon meilleur ami. Je m’approchais de lui en courant. Clay, putain, qu’est ce qu’il s’est passé ?! J’arrivais à sa hauteur et observais ses différentes blessures. Je passais délicatement ma main sur sa joue tandis que je le regardais d’une manière très inquiète.

@Clayton S. Donovan

Depuis le temps que je connaissais Clayton, je savais comment il réagissait, quel était son caractère et le détail qui pouvait le mettre hors de lui. Au loin, je l’avais vu se battre avec un pauvre type et ils s’en mettaient des belles. Et oui, je disais « pauvre type » pour qualifier l’autre garçon parce que je me rangerai toujours du côté de mon ami qu’importe la raison de la bagarre. Son adversaire avait dû lui dire une phrase qui ne fallait pas et hop, en un rien de temps cela pouvait dégénérer. Je n’aimais pas le voir dans ce genre de situation. J’avais toujours peur qu’il ressorte bien amocher d’une telle altercation. Dès que leur duel fut terminé, j’avais accouru jusqu’à lui. Il avait l’arcade en sang et allait avoir une bel oeil au beurre noir. Il ne m’expliqua pas les raisons de sa dispute mais je compris qu’il s’agissait d’une question d’égo ou quelque chose dans ce genre là. Dis toi qu’il est malheureux au pieu alors. Et ça, c’était déjà une satisfaction. Avoir une relation sexuelle épanouie était ce qu’on pouvait rêver de mieux. Si ce n’était pas le cas, à quoi bon rester avec une personne dont tu n’éprouves plus aucun plaisir ? Pour ma part, je ferais vite le choix. Ma main se trouvait sur sa joue pour lui caresser sa douce peau amochée. Il en profita pour me déposer un baiser sur le front. Ce genre de geste me faisait un bien fou. Il avait cette emprise sur moi… je ne pouvais pas l’expliquer. J’aimais cet homme comme je n’aimais personne d’autre. Le voir avec des blessures me provoquait un sentiment d’inquiétude. Si seulement il pouvait arrêter de se bagarrer comme il venait de le faire. Mais je ne pouvais pas aller contre sa nature. Au lieu de ça, il prit mon visage entre ses mains et tenta de me rassurer. J’esquissais un petit sourire, enlevant ma main de sa joue. Tu sais que j’ai peur qu’il t’arrive quelque chose de bien pire. Un coup fatal et hop il pouvait se retrouver à l’hôpital entre la vie et la mort. Je n’imaginais pas le jour où on m’appellerait pour me dire qu’il se retrouvait à l’hôpital… J’ai l’espoir qu’il n’y aille jamais. Pour le moment, il me demanda pourquoi je me trouvais sur le campus de l’université. Il est vrai que je prenais des cours par correspondance donc je n’avais pas à être ici. Il y avait une conférence super intéressante sur l’art dans la Grèce Antique alors je me suis : pourquoi pas ? Et puis, cela m’a permis de sortir un peu de chez moi et du studio de danse pour voir du monde. J’avais besoin aussi de me socialiser et ne pas voir toujours les mêmes personnes. Tu m’offres un café, après t’avoir nettoyé ça ? Je lui pointais du doigt son arcade en sang. Il n’allait pas rester comme ça le reste de la journée. L’administration lui demanderait sûrement des comptes.

Je n’étais jamais rassurée quand je retrouvais Clay avec des bleus ou du sang sur ses poings et sa figure. J’imaginais de suite le pire. Là, j’avais eu la scène sous mes yeux, je détestais ça. Heureusement, il ne semblait pas spécialement atteint même si son arcade saignait et il aurait sûrement un bel oeil au beurre noir demain. Comme il disait si bien, il avait la tête solide. Je secouais la tête de gauche à droite, comme si mon propos suivant était une évidence. Je m’en ferais toujours pour toi, sale gosse ! J’esquissais un sourire. J’étais tout de même soulagée qu’en dehors des blessures visibles, il semblait aller bien. D’ailleurs, il me demanda pourquoi j’étais ici, signe qu’il avait encore les idées claires puisque habituellement, je n’étudiais pas à l’université. Je travaillais plutôt de chez moi après avoir reçu mes cours par correspondance. J’avais choisi cette option pour pouvoir toujours vivre de ma passion qu’était la danse et dès que j’avais un peu de temps, je me plongeais dans mes bouquins. Il ne fallait pas se leurrer, la danse ne durerait qu’un temps. Je l’avais bien vu lorsque je m’étais blessée. Quelques fois, je me rendais tout de même à l’université pour participer à des conférences sur les thèmes qui m’intéressaient, comme aujourd’hui sur l’art dans la Grèce Antique. La remarque suivante de Clay me fit rire puis je haussais les épaules. A croire que les opposés s’attirent. Il est vrai que nous étions différents sur de nombreux points mais je n’avais jamais aimé une personne comme j’avais aimé Clay. Ce sentiment d’aimer quelqu’un tellement fort à en faire mal me manquait. Je savais qu’avec Clay, cela ne pourra pas se transformer en relation, il restera à jamais mon meilleur ami. Il fallait que j’arrive à faire de nouvelles rencontres. En attendant, il fallait que je soigne mon blessé qui venait de se toucher l’arcade. Son doigt était plein de sang et il souhaitait un mouchoir. Oui, tiens ! Je farfouillais dans mon sac et je pris mon paquet de mouchoirs entre les mains. J’ouvris le paquet et lui tendis un mouchoir pour qu’il puisse se nettoyer. Je lui demandais alors de me payer un café sur le campus mais il préféra rentrer chez l’un ou chez l’autre. On peut aller chez moi, Oli doit être au travail à cette heure-là. Clay me prit par les épaules et je marchais juste à ses côtés à la même allure pour rejoindre la sortie de l’université. Je montais avec mon meilleur ami dans sa voiture pour rejoindre mon appartement que je partageais avec mon grand frère. Très vite, nous arrivions à mon logement. Edimbourg restait tout de même une ville à taille humaine où tout était assez proche. J’insérais les clés dans la serrure pour ouvrir la porte de ma demeure. Je posais mon sac à dos à l’entrée et je me retournais vers Clay. Bon, je t’offre ce café ? Je lui souris tandis que je sortais déjà deux tasses du placard et j’allumais la cafetière, prête à faire ces deux boissons chaudes.

Clayton souhaitait rentrer soit chez l’un soit chez l’autre. Je lui avais proposé mon appartement étant donné qu’Oliver était à l’hôpital. Nous vivions tous les deux en colocation. Il était donc difficile de trouver un endroit où nous aurions notre intimité. Pour lui, c’était encore pire, il vivait avec trois autres personnes, ce qui faisait trois fois plus de chance de croiser quelqu’un. Nous étions donc en route jusqu’à mon appartement qui se trouvait non loin de l’université. Arrivés à ma demeure, je lui proposais un café et Clayton me répondit positivement. D’acc, je nous fais ça. Je posais ma veste sur le porte manteau, je quittais mes chaussures et je laissais le sac dans l’entrée. Je m’exécutais ensuite dans la cuisine pour nous faire un café chacun. Pendant ce temps, mon meilleur ami était assis sur le canapé et me posa une question à propos d’Enéa. Rien que d’entendre son prénom, cela me donnait des boutons. Je ne supportais pas cette fille. Elle était bien trop nian-nian. Lorsqu’elle était en couple avec Clayton, elle voulait se l’accaparer rien que pour elle alors qu’il ne fallait pas qu’elle oublie que j’étais là AVANT elle. Clayton était et resterait mon meilleur ami quoiqu’il arrivait. Bon, ok, j’étais peut être un peu jalouse aussi. Je sentais mon Clayton se défiler sous mes doigts lorsqu’elle était avec cette nana. Il fallait que je l’accepte lorsqu’il était en couple avec une fille. Mais c’était plus fort que moi. Et dans ces cas là, je préférais m’effacer plutôt que de m’interposer. J’appuyais sur la machine à café pour l’éteindre et je rapportais nos deux boissons chaudes en les posant sur la table basse. Je me vautrais à mon tour dans le canapé, juste à côté de lui. Pourquoi faire ? Dis je d’un ton dédaigneux. Je soufflais un bon coup et me repris. Si t’as envie de t’expliquer, vas y. Tu as peut être besoin de mettre un point final à cette histoire en te confrontant à elle ? Si ça ce n’était pas un bon conseil d’une meilleure amie… Je prenais sur moi mais c’était avant tout pour venir en aide à Clayton. Je voyais bien que cette histoire le travaillait. Il fallait qu’il arrive à rebondir suite à cette rupture assez brutale et peut être qu’il fallait qu’il la voit une dernière fois pour en discuter ?

Après avoir posé les cafés sur la table basse, je m’étais vautrée dans le canapé. Tout naturellement, Clay passa un bras autour de mes épaules et je me rapprochais de lui, me sentant direct en sécurité. Il me parla de son ex petite amie, Enéa. Je ne la portais pas spécialement dans mon coeur. Elle s’était accaparée Clay lorsqu’ils étaient ensemble et elle n’avait pas supporté mon amitié si spéciale avec lui. Cependant, je restais la meilleure amie du bel homme à mes côtés et je devais jouer mon rôle pour lui avant tout. Il semblait perdu, confus, ne sachant pas quoi faire. Il m’avoua qu’il avait peur. Peur de quoi ? Dis je en haussant un sourcil après avoir tourné tête afin de croiser son regard. Ses beaux yeux, perdus dans la vide, pensaient à son ex petite amie. Je voulais l’aider du mieux que je pouvais même s’il s’agissait d’une personne que je ne portais pas dans mon coeur. Clay avait peur de céder à nouveau en la revoyant. Je haussais les épaules. Je n’étais pas à sa place, je ne savais pas ce qu’il ressentait réellement à son égard, ce qu’il souhaitait faire exactement… Tu l’aimes encore ? Lui demandai-je tout simplement. Si l’amour était toujours présent entre eux, il ne fallait pas qu’il hésite une seule seconde. Cependant, je connaissais un minimum Enéa et je savais que ce qu’elle voulait, c’était un parfait petit ami. Clay ne l’était pas. Je ne dénigrais pas mon meilleur ami, loin de là, mais il avait aussi besoin de sa liberté. Il ne pouvait pas correspondre à l’image qu’Enéa souhaitait avoir. Nous n’étions pas dans un film à l’eau de rose qu’on pouvait retrouver sur Netflix. C’est pourquoi, je mis en garde le jeune homme à mes côtés. Par contre, mec, ne t’oublie pas dans cette histoire. Ne change pas ta façon d’être pour une nana. Il ne pouvait pas être ce mec propre sur lui, ne pensant qu’à sa dulcinée, en jouant le romantisme à tout épreuve. Ce n’était pas Clay. Et en bonne meilleure amie, je serais là pour le secouer. Je ne voulais pas qu’il change et encore moins pour une fille. Il était ce qu’il était avec ses qualités et ses défauts. Je me relevais du canapé pour prendre ma tasse de café entre les mains. Je bus une gorgée du liquide encore chaud. Cela me faisait le plus grand bien.

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