EVENT: A shopping day for the holidays that is not going as planned~ Libre

Bientôt Noël ! Une fête devenue super commerciale, et nianiania ! Même s’il y avait un fond de vérité, moi j’aimais bien cette période. Les décos dans les rues, les lumières, les chansons qu’on en a marre d’avoir constamment en tête mais qu’on fredonne quand même à tue-tête, les repas passés en compagnie de mes proches, dresser le sapin et le lèche-vitrine ! De loin une de mes activités favorites à pratiquer toute l’année. Enfin, quand mon compte en banque me le permettait !

Aujourd’hui, je rattrapais mon retard en matière d’achats de Noël, en profitant de ne pas avoir les nièces dans les pattes pendant que je faisais mon second repérage sans elles. Je tenais à leur faire plaisir et surtout que les surprises restent des surprises. J’avais déniché les articles parfaits, qui tenaient en quelques petits paquets rangés bien sagement dans leurs sacs et avant de rentrer, je m’étais installée à un café pour me remettre. J’avais été plus rapide que je l’avais voulu mais je m’accordais une pause avant d’y retourner pour ma tante cette fois-ci.

Je reprenais mon chargement avant de partir après avoir reboutonné mon caban rouge et réajusté mon petit bandeau à nœud noir dans mes cheveux, que j’avais laissé lâchés, avec l’intime conviction que je serais un peu plus à l’abri du froid de l’hiver grâce à eux qu’avec mon écharpe dans laquelle j’avais pris soin de cacher mon petit bout de nez qui ne tarderait pas à rougir sans elle.

Une fois dehors, je me sens bousculée, et j’ai à peine le temps de ramasser un de mes sacs tombés au sol à cause de ce mouvement, que j’entends un homme crier, puis se mettre à pleurer. Je n’ai pas eu le temps de voir ce qui venait de se produire, mais je fonçais alors vers la personne qui se tenait encore à terre. Le pauvre, en plus d’avoir mal, je vois certaines de ses emplettes sur le trottoir et visiblement, il y a aussi eu des dégâts matériels.

Ceci dit, ceux-là ne m’importaient pas grandement. J’étais peinée de voir cet homme gisant encore dans une flaque d’eau, et que personne n’avait eu l’idée de venir ramasser. Et le voir pleurer… Aïe. J’essayais de me retenir de ne pas pleurer avec lui. Comme je suis une personne qui rit et sourit souvent on peine à le croire mais je suis d’une sensibilité accrue, et voir quelqu’un malheureux me met carrément le moral à zéro.

-Monsieur, vous voulez bien me donner votre main ? Enfin, pour vous relever. Je ne vous demande pas en mariage.

Je fais en sorte de poser mes sacs contre la vitrine au moins dans un premier temps pour tenter de l’aider à se relever :

-Où avez-vous mal ?

Je lui tends ma main gantée, en essayant d’offrir un sourire convaincant pour le détourner de mes yeux qui brillants à causes des larmes qui menaçaient de faire leur apparition.

J’ai dû y aller trop fort avec l’humour. Du moins c’était ce que je pensais en observant ses réactions. Il avait l’air mal à l’aise et de rougir. Je n’avais cherché qu’à le faire rire pour dédramatiser la situation, pas à le mettre dans l’embarras. Et il avait ris. Alors pourquoi s’empourprer de la sorte. Quand il me répondit enfin ou il avait mal après avoir accepté mon aide, et s’être relevé, je compris enfin le pourquoi du comment.  De mon côté, je n’avais pas de gêne à parler de ces choses mais je comprenais que cela pouvait être délicat pour quelqu’un d’autre.

-Oh d’accord…

Je ne fis alors pas de commentaire supplémentaire pour ne pas verser dans le trop graveleux, même si cela me démangeait de donner encore dans l’humour.  Je souriais juste à l’homme en signe de compassion, ne sachant que faire quand il essora ses vêtements trempés. Il allait attraper froid s’il ne se séchait pas rapidement.

-Morrigan, enchanté, et c’est pas grand-chose vous sav…

Il venait de se présenter et s’éloignait déjà. Je me demandais si c’était ma personne qui le faisait fuir, puis haussant les épaules, je m’apprêtais à ramasser ses paquets pour l’aider à faire le tri de ce qui pouvait être sauvé quand il fit sa réapparition.

-On devrait peut-être regarder ce qui est encore récupérable et mettre de côté ce qui est cassé, non ? Et après aller prendre un chocolat chaud ? Il y a un café pas loin. Avec un peu de chance, ils pourraient peut-être vous dépanner de vêtements secs pour que vous n’attrapiez pas la mort. Je vous le paie.

Je me disais que la boisson chaude le réchaufferait et le réconfortait après ce qu'il venait de vivre. Ce n'est pas le genre d’événement qui laisse sans traces. Je lui souris quand il accepte, bien contente qu'il n'aille pas ruminer tout cela tout seul chez lui. Cela lui changerait probablement les idées. Et puis s'il n'habitait pas le quartier d'à côté, ça risquait de faire long avant qu'il puisse se changer.

Nous nous mettions alors en route et je récupérais le paquet que j'avais laissé tomber en chemin pour venir en aide au jeune homme. Heureusement personne ne l'avait ramassé. Le contenu avait l'air intact et je suis ensuite assez soulagée pour reprendre la route avec plus de quiétude. Mon interlocuteur a l'air dans ses pensées, alors je décide de ne pas l'importuner, du moins un temps avant que ma spontanéité ne reprenne le dessus:

-Vous allez voir, c'est un café cosy et les gens sont très gentils là-bas, je suis sûre qu'ils vont vous dépanner...

Je le menais, optimiste et en sifflotant, jusqu'au café que j'avais quitté peu de temps avant, poussait la porte et la maintenait pour qu'Ewan puisse entrer à ma suite sans la prendre en pleine figure. Je me dirigeais droit vers le bar et expliquais ce qui venait de se produire au serveur, en omettant la partie gênante et revenais quelques secondes après vers le beau brun, avec des vêtements dans les mains:

-Et voilà! Bon, c'est l'uniforme de la maison, ils n'ont rien d'autre. Vous n'aurez qu'à le leur rendre quand vous pourrez, je me suis portée garante pour vous. Si jamais vous ne le ramenez pas je paierais. Vous pouvez aller vous changer dans les wcs qui se trouvent juste là, sur la gauche... En attendant, qu'est ce que je vous commande?

J'allais ensuite m'installer à une table le laissant faire sa vie, et commandais pour nous deux. J'avais pris un cappuccino couvert de chantilly et je me régalais rien qu'à l'idée de pouvoir le déguster. Heureusement nos breuvages n'étaient pas encore arrivés quand Ewan refit surface dans la salle et que je le hélais en agitant la main pour qu'il sache où me rejoindre.

-Vous vous sentez mieux maintenant que vous êtes au sec?

La réponse me semblait évidente, mais c'était une façon pour moi de relancer le dialogue.

Je n’ai pas longtemps à attendre avant de voir reparaître Ewan qui me repère facilement. Sa hâte me fait rigoler légèrement. Je comprenais qu’il ait envie de se réchauffer et de cette tasse de réconfort au plus vite pour se remettre de ses émotions. Je joue légèrement avec la nappe finement décorée du bout de ma main, parce que j’ai souvent besoin d’occuper ces deux membres et le fixe dans les yeux sans en éprouver la moindre gêne, comme je fixe tout un chacun sans que cela veuille dire quelque chose de particulier chez moi. J’aimais juste détailler les nuances et couleur des iris des autres et on peut dire que les siennes avaient une pointe mordorée que je trouvais très jolie. Je réponds à sa question avec le même naturel :

-Et bien je suis écrivain, et parfois je chante dans des bars en amatrice pour arrondir les fins de mois et aussi par plaisir.

Nous sommes perturbés par l’arrivée de nos breuvages ce qui me fait oublier de lui retourner la question pour le moment. Aussitôt, mon regard dévie et pétille de façon enfantine quand je me retrouve face à la chantilly. Je peine presque à ne pas me jeter dessus, et c’est avec une lenteur calculée que j’enfonce ma cuillère dedans, avant de reporter mon attention sur le jeune homme tandis qu’elle s’engouffrait finalement entre mes lèvres. Attentive aux réactions et aux propos de mon interlocuteur, j’arquais légèrement un sourcil, puis l’autre. J’étais juste surprise de cette révélation, et tandis que c’était lui qui me fixait après avoir semblé honteux, je retirais lentement la cuillère de ma bouche pour me laisser le temps de parler sans le vexer car ce n'est pas le but :

-Eh ben, c’est pas banal votre révélation. J’adore la nature, une maison en pleine forêt pour moi toute seule, je ferais de ces fêtes !!!

Rien que d’y penser, un sourire plutôt coquin étira mes lèvres, puis laissa place à un sourire plus chaleureux :

- M’enfin, j’habite avec ma tante et sa famille en ce moment, et je m’en plains pas. Je les aime énormément. La famille c’est tout pour moi...

Je pris une deuxième cuillerée que je tandis vers sa bouche à lui, habituée à partager avec les autres :

-Vous voulez goûter ?

Puis je me montre alors plus indiscrète, ma curiosité tellement éveillée par sa révélation :

-En fait, je me demande ce que vous faîtes dans la vie pour être allé vous enterrer seul en forêt… Enfin, sauf si vous aimez la nature.  Ou alors vous avez un sombre secret et tuez des gens la nuit venue ?

Je rigole évidemment, je ne fais que plaisanter et plaque une main sur ma bouche pour étouffer mon petit rire. J'espère qu'il ne va pas mal le prendre.

Le jeune homme me congratule même si pourtant je trouve que je ne fais rien de plus extraordinaire qu'un autre ou une autre, mais il est vrai que j'ai de la chance de pouvoir vivre de ce que j'aime. Il va dans mon sens quand je donne mon avis sur sa maison en plein milieu des bois, et si mon optimisme a pu le gagner un peu, j'en suis contente. En tout cas, j'apprécie mieux le voir dans cet état et sourire que malheureux après la déconvenue qu'il avait subi dans la rue. Je n'aime pas voir les gens malheureux, c'est ainsi. Je me dis qu'il ne devait pas beaucoup s'amuser en tout cas dans sa maison et la forêt s'il se lassait de son décorum. Si je pouvais vivre dans un tel endroit, je crois que je serais aux anges. Mais ce n'est pas tellement à l'ordre du jour. Je n'ai pas de finances assez élevées pour cela, et je préfère finalement profiter de mon argent pour me faire plaisir ou faire plaisir aux autres, sans pour autant être un panier percé non plus.

Je suis finalement triste d'apprendre qu'il n'a plus sa famille et s'il savait que j'avais perdu mon père l'année passée, pas sûre qu'il se serait exprimé en ces termes mais il ne pouvait pas savoir et je ne voulais pas l'enfoncer encore plus en le lui disant. Et puis dans le fond, il a raison. J'ai de la chance de pouvoir profiter de cette partie de la famille et d'être bien entourée et j'en suis aujourd'hui très heureuse, même si retrouver ma fille que j'ai abandonné me rendrait probablement plus heureuse encore. Mais c'est encore un autre sujet, et un autre chemin à parcourir, et il n'a pas sa place dans cette discussion. Pour ce qui était de fonder une famille, même si l'homme idéal se pointait, là, maintenant, sous mes yeux, je ne saurais accepter de le laisser entrer dans ma vie. Je n'ai pas encore oublié mon histoire d'amour avec mon ex, et encore moins digéré qu'il soit reparti avec la sienne, d'ex. Je n'étais pas prête pour ça, même si un jour, j'aimerais avoir d'autres enfants. En attendant, je ne sais pas comment réagir mais j'évite d'en rajouter une couche.

J'esquisse un sourire quand il accepte de goûter à ma chantilly. Je suis une personne très gourmande, et je suis contente que ça ne se rejaillisse pas sur ma silhouette. Je le regarde faire et j'attends son verdict. Je trouvais que même pour une douceur qui n'était pas faite maison, elle valait le coup.

-Attendez de goûter à celle de ma tante!, lançais-je spontanément. Est-ce qu'il allait prendre cela pour une invitation? Cela ne serait pas si grave. Mais il a l'air si timide que je ne voudrais pas lui infliger ça. Ma tante est comme qui dirait une croqueuse d'homme, et je sais qu'il lui plairait fortement et qu'elle le draguerait ouvertement si elle le pouvait. Autant ne pas le choquer dés les premières rencontres.

En attendant, j'admire son beau regard, fixant le mien au sien, comme il venait de le faire. Ce fut ceci dit trop court, puisqu'il finit par se plonger dans ses pensées après m'avoir révélé son métier et rigoler à ma bêtise. A sa façon de soupirer, je devinais qu'un truc n'allait pas, mais quoi au juste?

-C'est cool comme métier, c'est un truc dans lequel j'aurais pu essayer de me lancer. J'aime toutes les formes d'art... D'ailleurs, je recherche un binôme pour un cours de body painting, ça vous intéresserait?

Je  récupère ma cuillère, finis ma crème chantilly non sans prendre le temps d'en relécher l'intérieur que je conservais dans ma bouche en la mettant à l'envers, le dos présenté à mon interlocuteur, comme quand on est gamin. Mes yeux pétillent de contentement et même si pour certains ce geste était aguicheur, je l'avais effectué sans malice, avec tout le naturel qui me caractérisait.

-Et dis-moi... Pourquoi tu as soupiré en évoquant ton métier? Tu t'y ennuies? Tu n'en est pas fière? Ou bien ce sont les contraintes qu'il engendre qui te donne la sensation de passer à côté de ta vie?

J'étais passer du vous au tu, car ça me gonflais largement de vouvoyer une personne avec laquelle je partageais un café et avec laquelle j'étais en train de faire connaissance. Je tapote doucement sur sa main, me veux rassurante. Je lui propose avec douceur:

-Si t'as besoin de parler, je te jugerais pas... Mais tu n'y es pas obligé non plus. Sache juste que je suis là...

Je lui donnais alors mon numéro de téléphone que je notais sur la petite serviette en papier à côté de ma tasse:

-Tiens, tu pourras même m’appeler quand t'auras un coup de déprime ou juste quand t'auras besoin d'entendre comme ça...

Pour autant, je ne comptais pas partir tout de suite, même si j'avais encore quelque courses à faire avant de rentrer:

-Au fait, tu allais où comme ça avant qu'on te malmène? Désolée de remuer le couteau dans la plaie...

Je ne sais pas si je n'ai pas bien parlé, si j'en ai trop demandé, ou si c'est moi qui ne suit plus très bien. Ce que je comprends c'est qu'il aimerait goûter à la chantilly de ma tante. Pourquoi pas, un jour peut-être l'inviterais-je là-bas. Je ne le connaissais pas assez, comme avec Wyatt pour le faire venir chez moi, et exposer mes nièces à un inconnu.

-Pourquoi pas, peut-être un de ces jours, pour la chantilly de tante Maggie.  Pour ce qui est de conseils sur le métier d'acteur, je voudrais bien. A l'occasion, quand on se reverra une prochaine fois, pourquoi pas. Même si je ne vais pas chercher à te revoir juste pour ça.  

Je n'étais pas sûre qu'il ait accepté pour le body-painting en fait, alors je n'insistais pas dessus. Je ne voulais pas le mettre mal à l'aise et me disais que si ça l'intéressait il remettrait probablement le sujet sur le tapis avant qu'on ne parte d'ici.

Je le fixe d'un air compatissant, quand il mentionne que ce qui l'agace dans le métier c'est le comportement des fans. Je le comprends, car même si on sait que ça va avec le job, à la longue, ça devient pesant. Surtout que certains se comportent vraiment n'importe comment et n'ont aucune limite et aucun respect de la vie privée d'autrui. Ce n'est pas parce qu'il est un homme public que les gens peuvent tout se permettre:

- Je ne suis pas plus gentille qu'une autre. Je trouve ça naturel de tendre la main aux gens. Je vis peut-être trop dans un monde de bisounours. En tout cas sache que tu n'as aucune obligation de m'appeler, fais le juste si ça te fait plaisir, envie ou si tu en as besoin. Je sais que parfois c'est bien de savoir qu'on a quelqu'un sur qui on peut compter, qu'une porte sera toujours ouverte quand les autres sont fermées. Parfois on a beau être entouré, on peut se sentir quand même particulièrement seuls.

Je tapote mon doigt sur mon menton, faisant comme si je réfléchissais puis mon visage s'illumine d'un sourire facétieux, pour faire comprendre que je faisais semblant de réfléchir, alors que je connaissais déjà la réponse:

-Je dois encore faire quelques boutiques pour terminer ma tournée d'achats de Noël. Mais je me dis qu'en ressortant, je peux t'accompagner au poste de police si tu veux porter plainte contre X, à moins que tu préfères oublier toute cette histoire et te reposer au chaud à la maison dans tes propres vêtements?  

Je bois une gorgée de ma tasse puis remarque alors:

-Au fait, tu as dit "chez nous". Tu habites avec d'autres personnes?