i wouldn't mind sharing my world with you (Emily&Jared)

Hey boy, I see you over there, I see you staring, what are you thinking? I need to know, why don't you come on over? I'd sure love to know you. I think you should come with me, that's a chance I'd like to take | JARED & EMILY

Emily sortit de sa salle de bains, les cheveux encore humides et une serviette enroulée autour d'elle. Une demi-heure auparavant, la jeune femme avait retrouvé Jared pour un entraînement de boxe. Le moment avait été à la fois instructif et plaisant. Tous les deux étaient complices et se comprenaient facilement. Elle avait presque l'impression de le connaître depuis longtemps déjà, de retrouver quelqu'un censé faire partie de sa vie. Elle était bien, avec lui. Sur la même longueur d'ondes. Ce fut donc naturellement qu'elle l'avait invité à la suivre dans une partie de sa journée de travail. La photographie indépendante avait l'avantage de permettre de choisir plus ou moins ses horaires et la petite blonde avait décidé d'aller faire un tour dans le fameux jardin de Princes Street. Elle s'y était déjà rendue deux ou trois fois pour se détendre, avait fait quelques photographies qu'elle avait partagées sur son blog, mais elle n'avait pas encore eu l'opportunité de réellement s'y arrêter. Aussi avait-elle inscrit dans son emploi du temps de s'y rendre avec un des appareils photos qu'elle utilisait pour le travail. Elle savait exactement ce qu'elle voulait y faire, pour une partie de la journée, tout du moins. Alors qu'elle était en train de sélectionner les vêtements qu'elle allait enfiler, son téléphone sonna. Elle vint saisir l'appareil et sourit en voyant le prénom de sa mère s'afficher à l'écran. Il était encore très tôt à New York, aux alentours de 6h du matin, mais elle ne fut pas étonnée. Ses parents avaient toujours été très matinaux, pour le plaisir de la jeune femme qui pouvait se permettre de sortir aux premières lueurs du jour. Elle avait pu en tirer de magnifiques photos de lever de soleil. Elle décrocha, appuyant sur le haut parleur pour pouvoir garder les mains libres et discuter tandis qu'elle s'habillait. Elle pouvait entendre ses parents préparer le petit déjeuner et elle réalisa qu'ils lui manquaient beaucoup. Tandis qu'elle passait un jeans de couleur claire, taille basse et évasé aux jambes, ainsi qu'un débardeur blanc bordé de dentelles, puis un pull fin et large qui découvrait ses épaules, dont la couleur bleue pastel s'accordait parfaitement avec le jeans, elle fut décontenancée par une remarque de sa mère, qui la taquina lorqu'Emily lui annonça qu'elle avait rendez-vous avec un homme.

« Ah oui? Et il est comment, ce jeune homme? »
« Ben, euh... Il est gentil, drôle et il est sportif, en plus de ça. Je reviens d'un entraînement de boxe avec lui, en fait. Comme il connaît bien la ville, je lui ai proposé de m'accompagner pour faire mes photos, il pourra facilement me guider si j'ai besoin d'aide. »
« Han han... »
« Quoi? »
« Je connais cette étincelle dans la voix, Emily. »
« Quelle étincelle? »
« Pas à moi, ma chérie... Il te plaît, pas vrai? »
« Peut-être... » Elle garda un instant le silence. « Bon, oui, il me plaît. Beaucoup, même. Mais on vient juste de se rencontrer, alors ne tire pas de conclusion hâtive, d'accord? Je dois raccrocher, il faut que je finisse de me préparer. »

Elle s'exécuta en secouant la tête, le sourire aux lèvres. Elle avait toujours été complice avec sa famille d'adoption. Peu importe ce qu'elle faisait, ses parents étaient d'un soutien sans faille... ce qui rendait d'autant plus lourd le secret de sa double-vie. Comme si ça ne suffisait pas, elle se rajoutait désormais un policier sur le dos. Et un policier qu'elle avait très envie d'inclure dans sa vie, pas seulement amicalement parlant... C'était un peu délirant. Comment quelqu'un que l'on connaissait à peine pouvait-il vous faire cet effet-là? Terminant de se coiffer, son téléphone bipa de nouveau, pour lui annoncer l'arrivée d'un message, cette fois-ci. Jared lui signalait qu'il était en bas de chez elle. Elle lui répondit dans la foulée.

Emily a écrit:

Le temps de prendre mon appareil et je descends!

Ce fut avec enthousiasme qu'elle saisit son vieux Canon qui avait fait ses preuves en une dizaine d'années (il restait son préféré parmi sa sélection, elle connaissait chacun des réglages par coeur) qu'elle passa autour de son cou et enfonça son petit portefeuilles dans la poche arrière de son jeans. Emily s'encombrait rarement d'un sac: elle avait besoin d'avoir les mains libres et d'être à l'aise pour se servir de son appareil photos. Un sac était plus pénible qu'autre chose. Moins de deux minutes après avoir envoyé son SMS, elle ouvrait la porte du petit immeuble où elle vivait.

« Hey! Pardon, ma mère a appelé quand j'étais en train de me préparer, du coup elle m'a un peu ralentie. » La jeune femme se positionna face à Jared et l'observa un instant: il semblait avoir fait attention à son allure et elle en fut plus touchée que ce qu'elle l'aurait voulu. Puis elle fit quelques pas en arrière, presque bondissante, heureuse à l'idée de partager un de ces moments de solitude qu'elle aimait tant avec quelqu'un qui avait l'air d'apprécier ça lui aussi. Partager sa solitude... L'idée était un peu contradictoire, mais c'était pourtant bien ça. Car, si Emily avait toujours été joyeuse et sociable, si elle aimait sortir et qu'elle refusait peu souvent un bon moment avec quelqu'un, elle n'avait jamais autorisé personne à franchir les barrières de ce qui constituait réellement son monde. Heureuse de la situation malgré le danger, elle occulta totalement ce dernier, bien décidée à ne pas se laisser miner par ça. Au diable! On n'avait qu'une vie! « Direction: Princes Street Garden! »

I am reaching for the highest goal, that I might receive the prize. Pressing onward, pushing every hindrance aside out of my way. Cause I want to know you more | EMILY & JARED

Autant Jared était posé et sûr de lui dans son boulot, autant il était plutôt nerveux et inquiet pour tout ce qui relevait des rencarts amoureux. Il aimait son boulot parce qu’avec de l’entraînement, de la préparation et de la réflexion, il pouvait tout maîtriser : résoudre une affaire, intervenir, appréhender les suspects. Un rendez-vous amoureux en revanche, ça n’avait rien de maîtrisable : déjà il était peu loquace alors il pouvait facilement y avoir des silences gênants, ensuite plus il était gêné moins il savait quoi faire pour régler le problème et plus il se tendait. Non, le policier n’avait rien d’un séducteur, souvent son physique faisait le gros du boulot, mais ça ne lui attirait souvent que des femmes intéressées par son apparence. Lorsqu’exceptionnellement il rencontrait une femme un peu plus curieuse, il y avait toujours ce moment où il ne se sentait pas à sa place et où la gêne reprenait le dessus. Ça ne s’était encore jamais produit avec Emily et il priait pour que ça n’arrive pas. Il se sentait bien avec elle, sa spontanéité était rafraîchissante et elle savait comment le mettre à l’aise sans avoir l’air de faire des efforts. Il y avait quelque chose de vrai entre eux, il n’avait pas l’impression de jouer un rôle pour lui plaire, elle l’appréciait tel qu’il était. Il pouvait être lui-même sans craindre de ne pas être à la hauteur. Pourtant alors qu’il l’attendait en bas de chez elle, il avait le trac, celui qui tient aux tripes parce qu’on sait que la relation qu’on est en train de développer est précieuse. Il n’avait pas envie de tout gâcher, il le savait qu’il perdrait quelque chose de joli si tel était le cas. Lorsqu’elle apparu pourtant, ce fût un sourire qui s’afficha sur son visage, il était heureux de la retrouver. Elle s’était habillée avec goût, sans pour autant en faire des tonnes. De toutes manières, elle n’en avait pas besoin de beaucoup pour être belle à tomber, le simple fait de porter un pull lui découvrant les épaules avait de quoi en faire se retourner plus d’un. La décontraction avec laquelle elle s’avança vers lui l’aida instantanément à se détendre. Elle avait un effet apaisant sur lui.

Elle s’excusa d’avoir un peu de retard, expliquant qu’elle avait eu sa mère au téléphone quelques minutes plus tôt, puis se plaça devant lui. « Aucun problème, je n’ai pas attendu longtemps. Tes parents sont toujours à New-York ? Il doit être tôt là bas, non ? » Lors de leur rencontre, elle lui avait parlé du fait qu’elle avait vécu une grande partie de sa vie à New-York avant de venir s’installer en Écosse. Il préférait parler de sujets futiles dans un premier temps, à la façon dont elle avait mentionné sa mère, le policier avait compris qu’elle avait une jolie relation avec ses parents et qu’ils devaient lui manquer, eux qui se trouvaient si loin. Il n’avait pas vraiment envie qu’elle se départisse de son joli sourire en lui rappelant ce manque.Elle lui proposa ensuite de se rendre à Princes street. « Bonne idée, c’est un coin agréable pour se balader et tu vas pouvoir prendre de jolies photos », répondit-il tendit qu’ils se mettaient en route vers leur destination.Toujours un peu nerveux, le policier glissa ses mains dans ses poches, pour se donner un peu de contenance sans doute. Repérant l’appareil photo au cou de la jeune femme, le jeune homme ne pu s’empêcher de sourire. « Un appareil vintage hein ? La plupart des photographes utilisent des appareils photo dernier cri avec des centaines de boutons et de réglages et toi du choisis un vieil appareil photo ? Ça ne m’étonne pas trop de toi mais tu y es attachée ou tu aimes vraiment mieux l’effet que ça rend ? » Elle avait beau être d’une beauté à couper le souffle, il se dégageait de la jeune femme une authenticité et une simplicité qui la tenait éloignée loin du cliché de la blonde bien fichue et superficielle.

Hey boy, I see you over there, I see you staring, what are you thinking? I need to know, why don't you come on over? I'd sure love to know you. I think you should come with me, that's a chance I'd like to take | JARED & EMILY

Emily était née avec la bonne humeur dans la peau. La vie n'avait pas été tendre avec elle, mais ça ne lui avait jamais retiré son envie d'avancer et de profiter de chaque instant, de chaque respiration, de chaque chose qu'elle pouvait voir, sentir, toucher... Elle était la vie personnifiée, c'était comme si rien ne pouvait l'ébranler. Elle était de celles qui vous remontent le moral de par sa simple présence. La jeune femme n'avait pas besoin de grand chose pour être heureuse et c'était ce qui faisait la plus grande partie de son charme. Aussi, cette belle matinée où elle revenait d'un entraînement de boxe, chose dont elle avait envie depuis tellement longtemps et qui continuait sur une note toute aussi positive, lui donnait presque envie de danser. Souriante, heureuse, elle descendit les escaliers de son immeuble pour rejoindre Jared et fut ravie de constater qu'il était content de la retrouver. Il la questionna rapidement sur ses parents. « Oui, il est quelque chose comme six heures du matin... Mes parents sont de vrais lèves-tôt depuis toujours. Ma mère aime bien m'appeler pendant qu'ils prennent le petit-déjeuner. Ça nous rappelle le temps où on le prenait ensemble... » Une pointe de nostalgie se fit entendre dans la voix dans la jeune femme lorsqu'elle prononça cette dernière phrase. Elle ne fut pas triste, cependant: ses parents lui manquaient, oui, mais quelque chose au fond d'elle lui disait que prendre ses bagages pour venir s'installer en Ecosse était le bon choix. Et puis, ils pourraient toujours venir la voir! Elle avait de quoi leur payer le voyage.

Elle entraîna Jared dans la direction du célèbre parc d’Édimbourg. Ce dernier approuva son choix: l'endroit était un bon spot pour faire des photos. Emily en avait déjà eu un bel aperçu. C'était sans doute encore plus le cas lorsqu'on était dans la belle saison. Tandis qu'elle se positionnait à ses côtés, le policier fit une réflexion qui fit sourire la jeune femme. Ah, cet appareil photos... Son fidèle compagnon depuis tant d'années! « Un peu des deux! » répondit-elle avec enthousiasme. « C'est le premier reflex que je me suis offert moi-même. J'avais vingt ans. J'en ai vécu, des aventures avec lui! C'est un peu comme un vieil ami avec qui j'ai l'habitude de traîner. » Elle le saisit entre ses mains et l'alluma, puis ouvrit la bibliothèque d'images. Elle en sélectionna une avant de tourner l'appareil vers Jared. C'était une photo d'une nuée d'oiseaux qui décollait des toits qui se trouvaient en face de l'appartement d'Emily. La photo était brute: certains oiseaux était très nets, d'autres beaucoup moins, appuyant ainsi l'impression de mouvement. Quant à la lumière, c'était celle du matin, qui déployait toute une palette de différents tons orangés. « Il fait encore de très jolis clichés. Et, honnêtement... Je le connais par coeur. Du coup, c'est lui que je prends quand j'ai envie de faire des photos plus professionnelles qu'avec mon téléphone, mais que je n'ai pas non plus spécialement envie de réfléchir à quels réglages je dois employer. » Elle lança un regard en coin à Jared. « Il me permet de profiter de ce qu'il y a autour de moi tout en travaillant... ou de qui se trouve avec moi. » Car si elle avait réellement en tête de travailler, elle avait également très envie de profiter de la présence du policier. Son vieux copain électronique était donc parfait pour l'occasion.

I am reaching for the highest goal, that I might receive the prize. Pressing onward, pushing every hindrance aside out of my way. Cause I want to know you more | EMILY & JARED

Quelque part, Jared admirait Emily, d’avoir eu le courage de partir s’installer sur un autre continent, si loin de chez elle. Ca avait du être difficile de la jeune femme de tout quitter pour une nouvelle vie dans un endroit où elle ne connaissait personne. Lui n’avait jamais quitté l’Ecosse, pas même pour voyager. Sa famille biologique n’avait pas vraiment les moyens de se payer des vacances et lorsqu’il avait pu échapper aux griffes de ses parents, il avait du travailler sur sa thérapie et ses parents adoptif l’avaient laissé s’adapter à sa nouvelle vie sans vouloir l’obliger à changer d’environnement de peur qu’il réagisse mal. Ils lui avaient ouvert l’esprit en l’initiant à la culture, en partageant leurs valeurs d’intégrité et de tolérance, mais ils avaient préféré le laisser guérir tranquillement. Le jeune adulte qu’il était devenu n’avait pourtant jamais réussi à s’intégrer parfaitement, il était renfermé, avait peu d’amis, pas vraiment de relation amoureuse sérieuse, personne qui l’aurait aidé à passer le pas du voyage. Il rêvait pourtant de partir voir le monde : visiter Italie, partir en randonner dans les alpes, s’essayer au surf sur la côte ouest des Etats-Unis, voir les immense building New-Yorkais, mais il n’avait jamais réussi à sauter le pas seul. Lorsqu’Emily lui avait dit qu’elle avait quitté New-York pour Édimbourg, le policier avait d’abord cru à une brouille familiale ou à une histoire d’amour qui se serait mal terminée et qui l’aurait poussée à partir loin de chez elle pour tout recommencer à zéro. Il venait pourtant d’apprendre qu’elle s’entendait bien avec ses parents, ils allaient même jusqu’à l’appeler tôt le matin pour eux pour avoir l’impression de l’avoir avec eux pour le petit déjeuner. « Tu dois leur manquer. Tu es fille unique ? » demanda t-il, toujours aussi curieux.

Ils se mirent en route d’un pas lent vers Princes Street, marchant côte à côte, tandis que Jared l’interrogeait sur la raison qui poussait la jeune femme à utiliser dans son travail un vieil appareil photo plutôt que les modèles modernes. Elle se saisit alors de son appareil et le tourna vers lui pour lui montrer un cliché dont elle semblait fière : une envolée d’oiseau, à en juger de la lumière, c’était une heure matinale. Jared hocha la tête, visiblement impressionné de voir la qualité de la photo. Devant la force de conviction de la jeune femme, le jeune homme leva les mains en l’air en signe de réédition. « D’accord, tu m’as convaincu. Il a de bons restes ton appareil », répondit-il en souriant. Il ne pu s’empêcher de baisser les yeux lorsqu’elle précisa qu’une des raisons pour laquelle elle avait choisi cette appareil était que ça lui évitait d’être prise dans les réglages et de pouvoir lui accorder plus d’attention. Elle ne l’avait pas mentionné expressément mais le sous-entendu était évident. Jared était un timide dans la phase de séduction, tant que ça consistait à se charrier gentiment, il donnait le change, et plutôt bien grâce à son sens de la répartie. Dès qu’il y avait un peu plus d’intensité et de séduction, il redevenait un ado timide et réservé, se passant la main sur la nuque. Cette fois-ci il décida de ne pas se laisser trop intimider et de reprendre les rennes de a conversation, il avait son orgueil d’homme tout de même. « C’est une chance de pouvoir sortir passer un moment avec quelqu’un et d’avancer en même temps dans son travail. Si je me mettais à rechercher des criminels pendant nos rendez-vous, tu ferais une drôle de tête, non ? », poursuivit-il en lui lançant un regard complice.

Hey boy, I see you over there, I see you staring, what are you thinking? I need to know, why don't you come on over? I'd sure love to know you. I think you should come with me, that's a chance I'd like to take | JARED & EMILY

Jared se montrait curieux à propos d'Emily. Il souhaitait la connaître et ça n'était pas pour déplaire à la jeune femme. Elle avait l'habitude qu'on s'intéresse à elle, mais c'était plus pour son physique qu'autre chose. Elle n'était jamais parvenue à trouver quelqu'un avec qui elle avait eu envie de partager sa vie, quelqu'un auprès de qui se poser. Elle n'avait jamais eu cette petite étincelle qui disait que ça valait la peine de s'ouvrir à l'autre. Avec Jared, c'était différent. Ils venaient tout juste de se rencontrer, mais son instinct lui disait qu'il méritait qu'elle lui accorde plus d'attention qu'elle en avait accordé aux autres. Aussi, elle lui offrait une des premières clefs de son monde: l'accompagner quelques heures, le temps qu'il lui fallait pour une session de travail. Elle acceptait de partager un de ces moments qui lui étaient si précieux. La photographie, elle l'avait dans la peau. C'était devenu ce qui rythmait son quotidien. C'était ce qui l'avait sauvé lorsqu'elle était plus jeune et qu'elle était envoyée de famille en famille. Sans ça, elle se serait complètement perdue. Mais il y avait autre chose qui perpétuait à sa survie: ses parents adoptifs. Aussi, quand elle en parla, ce fut non sans beaucoup de tendresse dans la voix. Elle avait de la chance de les avoir à ses côtés et elle en était consciente. Le policier lui demanda si elle était fille unique. « Oui! Et honnêtement, vu la tornade que j'étais... il valait mieux pour eux que ce soit le cas! » fit-elle en riant. « J'espère qu'ils auront l'occasion de venir en Ecosse, un jour. Je suis sûre que le coin leur plairait. Et puis je dois bien avouer qu'ils me manquent beaucoup, même si je ne regrette en rien ma décision de venir m'installer dans ce pays. » Tout en continuant de discuter, la petite blonde montra à Jared un de ces derniers clichés, parvenant ainsi à le convaincre que son appareil avait encore de très bons restes. Puis elle signala qu'elle avait emporté ce reflex non seulement parce qu'il était son préféré, mais aussi parce qu'il lui permettait de se concentrer sur autre chose que sur les photos qu'elle faisait. Jared baissa les yeux un instant, visiblement un peu bousculé par cette réflexion. Un sourire doux s'afficha sur le visage d'Emily, qui le trouva touchant. L'espace de quelques secondes, elle eut envie de se planter devant lui et de l'attirer à elle, mais elle garda ce désir bien enfoui, persuadée qu'elle avait raison de prendre son temps. Elle ne voulait pas d'une histoire d'un soir. Elle voulait savoir qui il était et elle voulait lui laisser le temps de le lui dire.

Le jeune homme releva rapidement les yeux, la regardant de nouveau avec cette petite lueur complice qui faisait chavirer Emily. Hélas, la réflexion qu'il fit brisa un instant le coeur de la petite blonde. S'il savait qu'il en avait une devant les yeux, de criminelle... S'il savait que plusieurs fois, elle avait dû intimider des gens comme lui et que, même si elle n'avait jamais eu à tuer personne, elle s'était parfois résolue à tirer, consciente (et soulagée) qu'elle visait les gilets pare-balles, ou bien visant un endroit du corps douloureux mais pas dangereux... S'il savait qu'elle avait participé à tant de ces vols contre lesquels il se battait au quotidien... Eh bien, s'il savait, elle n'aurait plus qu'à changer d'adresse à nouveau. Elle ne se laissa cependant pas décontenancer. Elle ne pouvait pas se le permettre. Non seulement, à titre personnel, parce qu'elle ne voulait pas tout gâcher; mais aussi à titre professionnel: pas question de se faire griller aussi facilement (d'ailleurs, pas question de se faire griller tout court, n'est-ce pas?). Aussi, elle rebondit sur la réflexion, comme elle avait l'habitude de le faire. « Oh, en fait, on pourrait peut-être faire une super équipe! » fit-elle avec plus d'enthousiasme que ce qu'elle n'avait imaginé. Elle s'arrêta un instant, laissant son reflex pendre de nouveau à son cou. Puis elle plaça une main devant elle et fit un mouvement de la gauche vers la droite, comme si elle plantait un décor. « Imagine: toi et moi, en planque. Toi, prêt à poursuivre le criminel si ça doit s'avérer nécessaire et moi, mon appareil photos à la main. J'ai des télé-objectifs puissants qui peuvent aller très loin. J'apporterais des preuves en plus à l'affaire et toi, tu pourrais arrêter le-dit criminel en ayant la certitude qu'il ne puisse pas s'en sortir. » L'idée lui plut étrangement. Ils pourraient sans doute faire effectivement un très bon duo. « Et comme en plus, j'ai l'habitude de grimper un peu partout, je pourrais aussi devenir une véritable sniper de l'image. » Elle rit doucement, s'imaginant cachée quelque part sur un toit de la ville, photographiant ce qui pourrait finalement être un collègue à elle. Oui, l'idée lui plut... Trop... Elle s'imaginait trop de choses avec lui. Cette affaire pouvait être tellement dangereuse, pour elle comme pour lui. Pourtant, ça ne l'arrêtait pas.

La petite blonde reprit sa marche, voyant au loin le parc apparaître. Elle se tourna alors vers Jared. « Dis-moi, est-ce que tu... » Elle ne finit pas sa phrase. En une seconde de temps, Emily poussa ce qui s'avéra être un véritable cri de terreur et se réfugia contre Jared, tout en enfouissant sa tête dans ses mains. La raison de cette peur soudaine? Un pauvre petit félin domestique, qui sortait de la fenêtre de sa maison et qui détala comme un dératé en entendant la jeune femme crier ainsi, aussi terrorisé qu'elle. Car oui, l'acrobate capable de grimper sur un pont au-dessus d'une ligne ferroviaire sans avoir peur une seule seconde de tomber et de perdre la vie, avait la phobie... des chats ! Si elle se contrôlait plus ou moins tant que ces animaux restaient à distance, lorsqu'elle se trouvait trop près d'eux ou pire, qu'ils la prenaient par surprise, comme venait de le faire celui-ci, elle ne parvenait pas à faire taire sa peur. Elle se sentit ridicule, mais elle fut incapable de se raisonner. Elle poussa un gémissement plaintif, se retenant de se mettre à pleurer.

I am reaching for the highest goal, that I might receive the prize. Pressing onward, pushing every hindrance aside out of my way. Cause I want to know you more | EMILY & JARED

S’installer seule en Ecosse avait dû être un sacré saut dans le vide pour Emily, mais Jared était soulagé lorsqu’elle lui affirma qu’elle ne regrettait pas son choix, visiblement elle n’avait pas l’intention de repartir de si tôt, comptant sur ses parents pour qu’ils viennent la voir. Elle n’était pas là seulement pour une parenthèse de quelques années mais pour construire sa vie, et le jeune homme espérait bien en faire partie. Il était encore trop tôt dans leur relation pour se prononcer sur leur avenir ensemble, mais son instinct lui disait qu’ils avaient des choses spéciales à vivre ensemble, et son instinct le trompait rarement. Emily lui plaisait beaucoup, et il voulait pousser plus loin leur relation. Elle lui renvoyait la même envie, à travers ses sous-entendus appuyés mais malgré le fait qu’il se sentait flatté, le policier se sentait toujours intimidé face à la séduction, surtout face à une femme  charmante et charismatique comme Emily. Il espérait que sa réserve naturelle ne la dérangeait pas. Il n’était pas très loquace, mais ça ne voulait pas dire qu’il était insensible aux charmes de la jeune femme, au contraire, elle l’intimidait. Il finit toutefois par relever les yeux vers elle pour lui faire remarquer qu’elle pourrait trouver déplaisant de le voir se lancer à la poursuite d’un criminel pendant leur promenade. Il l’observa d’un air étonné lorsqu’elle s’exclama qu’ils pourraient faire une belle équipe. Elle avait même élaboré tout un scénario où il poursuivait les criminels et elle lui apportait ensuite par ses photos les preuves irréfutables devant un tribunal de leur culpabilité. Jared ne pu s’empêcher de sourire à cette perspective, quoi qu’en planque seul avec elle il n’était pas sûr que courir après des criminels soit son activité favorite. Bon, il serait professionnel mais il ne pourrait s’empêcher d’avoir d’autres idées en tête. « Fais attention je risque de te prendre au mot et te demander d’utiliser tes compétences de photographe et de grimpeuse ». Savoir qu’elle envisageait de passer toutefois plus de temps avec lui le réjouissait. « Mais je suis pas sûre que ça soit ce qui t’éclate le plus, je me trompe ? » Il l’avait vu prendre des photos : elle aimait les paysage, les situations, les gens. Jouer les photographes de flagrant-délit pour la police ne serait sans doute pas épanouissant pour elle, du moins c’est ce qu’il supposait.

Ils reprirent leur marche, Emily allait lui parler de quelque chose lorsque soudain Emily se mit à hurler de terreur avant de venir se blottir contre lui. Surpris mais non désarçonné, Jared passa son bras autour des épaules de la jeune femme en signe de protection le temps d’analyser ce qu’il était en train de se passer et de comprendre les raisons de cette peur soudaine. Ses muscles se tendirent l’espace de quelques seconde, lui permettant d’être perte à riposter à toute attaque éventuelle. Le jeune homme conserva son sang froid, dans son boulot, il avait malheureusement l’habitude d’entendre des gens hurler de peur. Il était aussi capable de se mobiliser très vite, de bander les muscles et de mettre tous ses sens en éveil pour réagir rapidement mais avec calme et maîtrise de soi. Cela ne dura que quelques dixième de secondes, il se détendit lorsqu’il réalisa que la source de la peur d’Emily se trouvait dans la présence d’une boule de poils, un chat qui était justement en train de se carapater, effrayé par le cri de la jeune femme. Emily était toujours contre lui, la tête enfouie dans ses mains. « C’est fini, il est parti. Tout va bien Emily » . Il se fichait bien de la réaction des gens autour, d’ailleurs il n’avait même pas vu s’il y avait des gens autour d’eux, il était focalisé sur la jolie blonde. Il n’était pas mécontent qu’elle se soit réfugiée contre lui, elle l’avait fait instinctivement, sans réfléchir,  démontrant ainsi qu’elle voyait en lui quelqu’un qui pouvait la protéger, qu’elle avait confiance en lui. Certaines réactions spontanées voulaient dire bien plus que des mots. Serrer une aussi jolie jeune femme dans ses bras était également loin d’être désagréable, soyons clairs. De son bras libre, Jared saisit doucement un des poignets de la jeune femme, le tira avec douceur pour ne pas la brusquer et pouvoir libérer son visage. Avec la même tendresse, il releva doucement son visage pour qu’elle le regarde. « Ça va ? Tu ne crains plus rien. Il est parti, je crois qu’il a eu encore plus peur que toi. », plaisanta-t-il pour dédramatiser le moment et détendre un peu l’atmosphère. La jeune femme avait visiblement la phobie des chats, il ne l’avait jamais vu mais il en avait déjà entendu parler. C’était une peur irrationnelle et incontrôlable, mais comme toutes les peurs, elle ne devait pas être minimisée parce qu’elle était réelle et qu’elle pouvait être aussi traumatisante qu’une peur rationnelle et plus conventionnelle. Loin de lui donc l’idée de lui dire « c’est rien, c’est juste un chat », parce que ça serait l’humilier et dénigrer sa peur. Il la tenait toujours contre lui, son bras passé autour de ses épaules, attendant de s’assurer qu’elle allait mieux.

Hey boy, I see you over there, I see you staring, what are you thinking? I need to know, why don't you come on over? I'd sure love to know you. I think you should come with me, that's a chance I'd like to take | JARED & EMILY

La discussion continuait gaiement, tandis qu'ils se rapprochaient du parc. Emily parvint à distraire son esprit lorsque Jared lui parla de son travail de policier, tentant d'oublier qu'elle était elle-même une criminelle derrière laquelle il pouvait tout à fait courir et s'amusa à s'imaginer en planque avec lui. L'idée plut au policier, qui évoqua cependant que ce n'était sans doute pas ce pour quoi elle était faite. « Non, en effet. » répondit-elle. « Ce que j'aime, ce sont les vues plus larges, où je peux capturer la vie dans son ensemble. Mais une planque une fois fois de temps en temps... » Elle laissa sa phrase en suspens, imaginant la suite en silence. Elle n'était pas certaine de parvenir à se contenir, si elle était en planque avec lui. Elle se garda bien de le lui dire, cependant. Une question lui traversa alors l'esprit. Mais elle n'eut pas le temps de la lui poser qu'un petit félin domestique surgit de par une fenêtre. Terrifiée par les chats, Emily paniqua et, en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, elle se retrouva blottie dans les bras de Jared. Loin d'elle la pensée d'en profiter pour se rapprocher de lui: c'était réellement la peur qui l'avait poussée à chercher une protection et son premier réflexe avait été de réclamer celle du policier. Et, tandis que l'animal s'enfuyait en courant, terrorisé lui-même par le cri que la jeune femme avait poussé en le voyant, Emily se terrait un peu plus dans les bras de Jared. Ce dernier, une fois qu'il s'était assuré que la situation n'était pas réellement dangereuse, vint doucement poser une de ses mains autour du poignet de la petite blonde, qui se laissa faire, réceptive aux ondes calmes qu'il dégageait. Sa respiration était saccadée, mais elle rouvrit les yeux lorsqu'elle sentit son visage être relevé vers le haut.

Jared lui assura que tout allait bien, que le félin s'était enfui et qu'il avait eu probablement plus peur qu'elle. Rassurée de ne pas être jugée, comme elle avait l'habitude de l'être lorsqu'elle parlait de sa peur des chats, elle ferma les yeux un instant et avala sa salive, avant de regarder de nouveau le policier. Les yeux bleus de la jeune femme, en temps normal si joyeux et pétillants, étaient tintés d'une crainte impossible à cacher. Quiconque aurait pu croire qu'elle mentait n'aurait pu l'affirmer après avoir croisé son regard. « Tu en es sûr? » Elle soupira. « C'est stupide, je sais, mais depuis cette famille... Si c'était pas lui qui me tombait dessus, c'était son chat. Il me suivait partout et il me détestait, je n'ai jamais su pourquoi. Et depuis... Je suis plus capable, ces animaux me terrorisent. » Se justifier était une habitude qu'elle avait prise, à la longue, aussi le fit-elle naturellement, même si Jared ne lui avait rien demandé. Elle ne s'en aperçut pas vraiment. Ce fut tout aussi inconsciemment qu'elle se rapprocha un plus de lui lorsqu'elle se risqua à tourner la tête pour regarder la rue. « Tu es sûr qu'il n'est plus là, hein? » La jeune femme ne put s'empêcher de s'en vouloir. Il fallait qu'un truc pareil lui arrive pour leur premier rendez-vous... Elle n'était même plus certaine de vouloir continuer son chemin. Inquiète, elle cherchait la protection de Jared plus qu'autre chose, sans se préoccuper de ce qui se passait autour d'elle.

I am reaching for the highest goal, that I might receive the prize. Pressing onward, pushing every hindrance aside out of my way. Cause I want to know you more | EMILY & JARED

« Une planque une fois de temps en temps... » ces trois points de suspension étaient prometteurs. En fait, c’était de savoir qu’elle avait envie de passer plus de temps avec lui qui lui arracha un sourire...ça et la vision furtive qu’il avait d’elle sur lui sur la banquette arrière d’une voiture mais c’était difficilement avouable. « Ça ne me déplairait pas non plus, mais tu sais une planque ça peut être très long, il faut s’occuper... », répondit-il en lui lançant un regard complice, relaçant ce jeu perpétuel entre eux de sous-entendus. Elle allait lui demander quelque chose lorsqu’elle se mit soudainement à hurler en se réfugiant contre lui. Le policier entoura de son bras les épaules de la jeune femme avant de se rendre compte qu’elle avait été effrayée par la présence d’un chat qui détala rapidement. Doucement il tenta de la rassurer en captant son regard. Il ne la jugeait pas, c’était mal le connaître que le policier était de genre à juger ou à se moquer d’une phobie. Jared n’était pas forcément un grand communiquant, mais il savait faire preuve d’empathie et était très attentif aux besoins des autres. Il savait écouter et rassurer, et il avait une présence apaisante auprès des gens inquiets ou paniqués. Le jeune homme savait garder son calme en toute situation, enfin presque toutes, lui même avait ses propres phobies. Les yeux plongés dans les magnifiques iris bleus de la jeune femme, Jared pouvait y déceler les restes de panique et de peur, Emily était encore chamboulée lorsqu’elle lui demanda s’il était certain que le félin était parti. Il hocha la tête mais il n’eut pas le temps de répondre qu’elle reprenait déjà le parole pour se justifier. Son débit était rapide et sa voix encore faible, trahissant son bouleversement intérieur. « C’est pas stupide, c’est irrationnel et incontrôlé. Tout le monde a des peurs irrationnelles, les policiers ne sont pas épargnés, et crois-moi j’en ai mon lot. » Il afficha un sourire rassurant et lui parla d’une voix grave, toute en douceur. « Tu n’as pas à te sentir ridicule. Pas avec moi. »

Il la sentit se blottir davantage contre lui, comme pour sentir encore une fois sa présence rassurante. Répondant à son besoin, Jared resserra doucement son étreinte pour la serrer doucement contre lui, pour lui montrer qu’il était là. Il ne pouvait pas dire que ce moment lui déplaisait, au contraire, mais il ne voulait pas non plus profiter de la situation...ou juste un peu mais si ça pouvait aider la jeune femme, il n’y avait pas de mal à ça, si ? Toujours inquiète, Emily lui demanda une nouvelle fois si le félin était bien parti. « Oui, j’en suis certain », répondit-il en s’écartant doucement pour pouvoir la regarder dans les yeux mais en restant contre elle pour qu’elle se sente protégée. « Tu sais quoi. Je vais rester avec toi et on va s’avancer doucement vers le parc, d’accord ? Tu me diras quand tu te sentiras mieux, en attendant je te promets que je ne te lâcherai pas », proposa t-il. Il attendit quelques instants sa réponse et lorsqu’elle se sentit prête il avança de quelques pas, lui jetant un regard inquiet pour voir si elle n’allait pas se stopper en chemin mais elle semblait déterminée à ne pas restée paralysée malgré sa peur. S’il sentit qu’elle se raccrochait un peu plus à lui, elle continua d’avancer. Jared observait autour de lui mais plus pour rassurer Emily, il était certain que le félin n’était plus là. « Tu m’as dis que ta peur des chats datait d’une période passée dans une famille d’accueil ? Tu veux en parler ? » demanda t-il en essayant tant bien que mal de la distraire de sa peur en l’amenant à relater un souvenir.

Hey boy, I see you over there, I see you staring, what are you thinking? I need to know, why don't you come on over? I'd sure love to know you. I think you should come with me, that's a chance I'd like to take | JARED & EMILY

Être confrontée à ses peurs n'était jamais facile. Ca l'était encore moins lorsque c'était soudain. Emily n'avait pas eu le temps de s'y préparer et elle s'était littéralement jetée dans les bras du policier qui marchait à ses côtés. Ce dernier la rassura avec douceur, avant de lui assurer qu'elle ne craignait plus rien, expliquant que lui aussi avait son lot de peurs inexpliquées. Elle enregistra l'information, même si elle ne lui répondit pas, encore bousculée par la situation. Elle tourna alors la tête pour tenter de regarder derrière elle, se raccrochant un peu plus à Jared afin de se sentir plus en sécurité. Il répondit à sa demande en la serrant un peu plus contre lui et elle ferma les yeux un instant, dans un mélange de crainte, de sentiment de protection et de... et de quoi, au juste? Elle n'avait jamais ressenti quelque chose comme ça, auparavant. Une partie d'elle-même se sentait comme apaisée. C'était comme si cette étreinte, tout son être l'attendait depuis toujours. Aussi, lorsqu'il s'écarta d'elle, elle eut une seconde de panique, avant de réaliser qu'il se décalait simplement pour pouvoir capter à nouveau son regard. Elle plongea ses yeux dans les siens et l'écouta, attentive. Puis elle hocha la tête pour signaler qu'elle acceptait sa proposition d'avancer. Il avait raison: elle n'allait pas restée plantée là, en plein milieu du trottoir. Le mieux pour faire passer sa peur était de reprendre leur promenade. Ça permettrait à son corps de se remettre en route et donc à son esprit de revenir à la normale. Elle le suivit donc tandis qu'il faisait quelques pas en avant. Instinctivement, elle posa sa main sur le bras de Jared. Ainsi, elle restait physiquement raccrochée à lui. C'était plus facile pour rester ancrée.

Tandis qu'ils reprenaient doucement leur marche, Jared revint sur ce qu'elle lui avait dit quelques minutes plus tôt. Emily réalisa alors qu'il était le premier à lui demander si elle souhaitait parler de ce qui s'était passé pour qu'elle en arrive à avoir si peur des chats. « Oh... Hum... » Elle rassembla ses souvenirs tant bien que mal. « J-je... Je devais avoir quatre ou cinq ans, quelque chose comme ça... » Elle fronça les sourcils et se mordit les lèvres. Revenir sur son passé était difficile. Pourtant, elle avait envie de faire confiance au policier. Alors, elle continua. « C'est une des premières familles dont je me souviens. Elle, elle n'était pas méchante. Mais elle craignait beaucoup son mari. Il y avait de quoi... » Elle soupira, non pas parce qu'elle se forçait à parler, mais parce que mettre des mots sur cette période de sa vie était quelque chose qu'elle faisait rarement et que c'était un peu complexe. « Il passait son temps à crier. Sur sa femme, sur son vieux père qui vivait avec nous... Sur moi... Le moindre de mes gestes était prétexte à me faire engueuler, ou même à être... Enfin, tu vois. C'était pas le genre d'homme à éduquer un enfant par la douceur. » Elle regarda un instant au loin, gardant le silence, avant de reprendre. « Bref, ces gens avaient un chat. Et ce chat... Dans mes souvenirs d'enfants, il était gigantesque. Je suppose que c'est la peur, qui le déforme comme ça. Ce chat me détestait. » Inconsciemment, elle vint pour de bon entourer le bras de Jared du sien, tandis qu'elle parlait et qu'elle continuait d'avancer. « Il m'attendait à chaque fois que je voulais rentrer dans une pièce. Il fallait toujours que je fasse attention, parce qu'il m'attaquait dès qu'il m'avait dans son viseur. Je ne lui ai jamais rien fait, pourtant. Mais je suppose qu'être élevé dans une maison violente pousse certains animaux à l'être aussi. Il me terrorisait. Un jour, il m'a attaquée tellement fort que j'ai dû aller aux urgences. J'ai au moins eu la chance que ce soit elle et pas lui, parce que je pense que lui n'aurait pas voulu qu'elle m'y emmène. J'ai tellement pleuré là-bas qu'ils ont voulu me faire un check-up général et se sont rendus compte que j'étais maltraitée. » Elle baissa la tête. « Finalement, c'est le chat qui m'a sortie de la famille... Mais je n'ai plus jamais pu approcher un autre chat après ça. »

Elle s'arrêta de marcher, relâchant par la même occasion son étreinte sur Jared, non sans regret, mais elle craignait d'être trop envahissante. Puis, à l'aide de sa main droite, elle remonta la manche sur son bras opposé. Sur ce dernier pouvait se voir une cicatrice de quelques centimètres de longueur, qui passait sur le creux du coude. « Ça a eu du mal à guérir, vu l'endroit. J'en ai toujours la marque. » Elle recouvra de nouveau son bras. « Enfin! Je suppose qu'on a tous son lot de casseroles, quand on est un gamin orphelin. » fit-elle avec un sourire doux, mais qui en disait long. « Merci. » dit-elle alors à Jared en se rapprochant de lui pour se mettre face à lui. « Tu es le premier à ne pas te moquer de moi par rapport aux chats. Enfin, hormis mes parents. Mais je crois que même à eux, je n'ai jamais vraiment expliqué pourquoi ils me faisaient si peur. » Le visage de la jeune femme retrouvait petit à petit son éclat habituel. Elle sourit à Jared, avant de se remettre dans le sens de la marche et d'avancer à nouveau. Le parc était désormais bien visible. La jeune femme en profita pour prendre quelques clichés à la volée, ralentissant son pas mais sans s'arrêter.

I am reaching for the highest goal, that I might receive the prize. Pressing onward, pushing every hindrance aside out of my way. Cause I want to know you more | EMILY & JARED

Jared fût soulagé lorsqu’Emily accepta de se remettre en route, ça allait lui permettre de passer outre sa peur et il resterait à ses côté tant qu’elle en aurait besoin. Elle était touchante, ansi accrochée à son bras, recherchant sa protection. Il lui demanda d’où venait sa peur des chats, histoire de la distraire un peu de sa peur et de la décrocher un moment de la réalité à la replongeant dans ses souvenirs. Malheureusement le souvenir en question était plus sombre que ce qu’il avait imaginé. Il n’avait pas voulu la replonger dans des souvenirs douloureux. Il resta silencieux tandis qu’elle lui racontait son histoire. Ce qu’elle lui expliquait avait une résonance particulière pour lui, ils avaient en réalité beaucoup de point communs. La plupart des gosses passés par un orphelinat n’avaient pas une eu une enfance facile, leurs parents étaient décédés où on les avaient retirés à leur garde pour mauvais traitements. Les coups, Jared les avaient connus aussi, cette peur au ventre à chaque fois qu’il devait rentrer chez lui, il l’avait connu. Les remontrances, les cris, les coups injustifiés, il les avaient pris de plein fouet. Il en avait été marqué à vie, il s’était renfermé, était devenu méfiant. Emily avait réussit malgré tout ça à garder son enthousiasme, son côté solaire, son amour pour la vie. Il ne savait vraiment pas comment elle avait fait, peut être qu’elle était plus solide que lui. En l’écoutant raconter son récit, il comprit mieux sa peur irrationnelle et incontrôlée des chats, non seulement elle les associaient à une période sombre de sa vie, mais en plus elle avait été terrorisée et blessée par l’un d’entre eux. Il n’y avait rien de ridicule à cela, bien au contraire. Il fallait simplement chercher à savoir au lieu de juger tout de suite sur une réaction. Il l’avait écoutée sans rien dire, sans la quitter des yeux, il percevait la difficulté qu’elle avait à raconter cette partie de son histoire. Il grimaça lorsqu’elle lui montra la cicatrice au creux de son coude. «  Oui je crois qu’on a tous nos bagages comme on dit », répondit-il à la réflexion de la jeune femme au sujet des orphelins. Elle se mit face à lui pour le regarder dans les yeux au moment de le remercier. « Une peur vient rarement de nulle part, il y un facteur déclencheur en général. Il suffit de comprendre ça et d’être à l’écoute, je ne suis pas du genre à juger et de toutes façons tu mérites mieux que ça. »

A grand regret pour Jared, Emily lâcha son bras, mais c’était aussi le signe qu’elle allait mieux. Il aurait dû s’en réjouir, mais égoïstement il aimait qu’elle ait besoin de lui, qu’elle recherche sa protection. Oui il aimait la femme indépendant qu’elle semblait être, mais il n’en demeurait pas moins un homme qui avait aussi besoin de se sentir viril. Sans compter que le fait qu’elle se soit blottie contre lui avait été très loin du lui déplaire. C’était clair depuis un petit moment maintenant, Emily l’attirait, et la proximité physique avec elle ne pouvait que lui plaire. Ils arrivèrent bientôt au parc, Emily profitant du trajet pour faire quelques photos à la volée. En arrivant, Jared reconnu de dos, assise sur un banc, une dame âgée. Jane. Il se tourna vers Emily. « Si ça ne te dérange pas, je vais te présenter quelqu’un. C’est une dame âgée que je connais depuis quelques temps. Elle est très gentille. » Il lui fit signe de le suivre et contourna le banc sur lequel la vieille dame était assise pour se présenter à elle. « Bonjour Jane, comment-allez vous ? » A la vision du policier, le regard de Jane s’illumina. « Jared ! Je suis contente de te voir ! Arrête de me vouvoyer veux-tu, ça me donne l’impression d’être vieille », répondit la vieille dame en se levant. Jane avait un peu plus de quatre-vingt ans, petite, ses cheveux blancs coupés courts, ses yeux bleus ridés pétillaient de l’intelligence et de la bienveillance sur lesquels le temps n’avait eu aucun effet. Elle colla une bise sonore sur la joue du policier qui enlaça affectueusement ses épaules. « Qu’est-ce qui t’amène par ici aujourd’hui, Eliott n’est pas avec toi ? » Jared s’écarta doucement de Jane pour inclure Emily dans leur conversation. « Non, pas aujourd’hui, mais je suis en bonne compagnie. Jane je te présente Emily, Emily voici Jane que je croise régulièrement quand je viens ici courir. Je ne sais pas si vous vous êtes déjà croisées. » Jane tendit doucement la main à Emily pour la lui serrer. « Je crois que je m’en souviendrais, une jolie jeune femme comme vous. Enchantée Emily. Je vois que Jared à bon goût. » « Jane... » la réprimanda gentiment Jared en se massant la nuque, visiblement gêné, un petit sourire trahissant le fait que la remarque ne le laissait pas indifférent. Il n’osa cependant pas la contredire en précisant qu’Emily n’était pas sa copine. Ça avait l’air de lui faire tellement plaisir de le voir en compagnie féminine et il devait bien avouer que l’idée qu’on puisse les voir en couple ne lui déplaisait pas. Il espérait simplement qu’Emily comprendrait « Enfin quoi, je suis juste contente pour mon policier préféré. Vous venez prendre quelques photos en amoureux ? », demanda la vieille dame en se tournant vers la jeune femme.

Hey boy, I see you over there, I see you staring, what are you thinking? I need to know, why don't you come on over? I'd sure love to know you. I think you should come with me, that's a chance I'd like to take | JARED & EMILY

La petite blonde n'était pas du genre à broyer du noir. Son côté solaire, lumineux, faisait certes partie de sa personnalité, mais c'était aussi ce qui lui avait permis de survivre aux différents abus subis durant sa période passée à l'orphelinat. Elle s'était raccrochée à ce que la vie avait de beau, se persuadant farouchement que tout ça en valait forcément la peine, qu'il y avait quelque chose de mieux "après". Le temps lui avait donné raison. La vie avait mit quinze ans à lui accorder un peu de répit, mais elle lui avait finalement offert une famille merveilleuse, des études qu'elle avait aimées et un travail qu'elle adorait et qui lui avait permis de voyager. En plus de ça, elle s'était faite une solide réputation dans le monde du haut vol, ce qui lui permettait de gagner largement suffisamment sa vie, mais également lui offrait ce besoin d'adrénaline duquel elle se nourrissait depuis qu'elle était jeune. Car Emily aimait le danger. Elle avait toujours aimé ça. Certains gamins se réfugiaient dans leur souffrance pour survivre et elle les comprenait. Elle en avait vu passer, des jeunes fracassés. Des enfants violents, qui devenaient des adolescents surveillés de près par les services de police - ou qui finissaient carrément incarcérés, mais également des gosses qui devenaient sombres, fermés sur eux-mêmes et qui portaient leur douleur comme un bouclier avec lequel ils se protégeaient, repoussant les familles ou amis éventuels, prétextant n'avoir besoin de personne, quand ils avaient, en réalité, plus besoin des autres que les enfants lambdas. Personne ne prenait vraiment le temps de s'occuper de ceux que la vie avait cabossés. Il étaient si nombreux que la société se trouvait dépassée. Alors on les oubliait, les cachant derrière le rideau des services sociaux qui étaient débordés. Oui, Emily comprenait sans doute mieux que Jared s'en doutait. C'était probablement en partie pour ça que le caractère silencieux du jeune homme ne la dérangeait pas: si elle ne savait pas ce que lui avait vécu en tant qu'enfant ayant connu les rouages de ce système, elle avait deviné qu'il faisait partie de la seconde catégorie. Il avait dû être de ces gosses qui avaient choisi la protection du silence, se retranchant en arrière plan pour éviter de devenir comme ceux qui les avaient blessés. La jeune femme faisait, au fond, partie de ces gens-là. Elle s'était tue, à sa façon. Emily parlait beaucoup, mais elle parlait peu d'elle. Ça n'était pas l'impression qu'elle donnait, à la voir ainsi avec Jared, mais c'était pourtant vrai. Elle noyait ses propres angoisses sous un flot de paroles, de bonne humeur, évitant ainsi de se laisser sombrer. Et les conflits, elle les avait fuis : en apprenant comme elle l'avait fait à escalader les murs, les arbres, les maisons, telle une ninja des rues, elle partait toujours plus loin, toujours plus haut, se donnant un regard d'ensemble et supérieur sur le reste du monde. Elle grimpait le plus haut possible et elle regardait la vie, là sous ses pieds, se demandant souvent s'il ne valait pas mieux dans le vide et mettre fin à tout ça. Ça aurait été si simple. Mais elle ne l'avait jamais fait. Sa colère contre le monde, elle l'avait envoyée au ciel, se postant parfois sur le toit des immeubles dans lesquels elle avait habités pour crier sa peine et pour pleurer. Personne ne l'avait jamais entendue.

Personne, jusqu'à ses parents adoptifs, qui avaient alors dû faire face à une adolescente perdue et bagarreuse, car en gagnant des parents, elle avait perdu une certaine liberté également, n'ayant jamais vraiment connu de limites. Elle avait tenté de faire exploser ces limites. Elle n'y était jamais parvenue, ses parents avaient tenu le choc, avec douceur et fermeté. Elle leur en était profondément reconnaissante. Elle leur devait beaucoup, même s'ils s'appliquaient à dire le contraire. En racontant ainsi ses souvenirs au policier, elle livrait une partie d'elle-même que même eux ne connaissaient pas. Elle n'aurait pas su dire pourquoi. Elle avait envie de lui faire confiance. C'était comme si une partie d'elle-même lui disait il est temps, maintenant. Si seulement c'était si simple. Si seulement elle ne s'engageait pas sur la pente la plus glissante de sa vie. Quand Jared lui dit qu'elle méritait mieux que ça, elle aurait aimé en être convaincue elle-même. Mais hélas, sans qu'il ne le sache, leur relation, où qu'elle les mène, démarrait sur ce qui allait peut-être se révéler un des plus gros mensonges auquel il allait devoir faire face. Aussi, elle ne répondit pas, se contentant de sourire avec douceur, le remerciant d'un regard qui en disait plus long que ce que les mots auraient pu dire.

Alors qu'ils avaient reprit leur promenade et qu'Emily faisait travailler son compagnon électronique, Jared lui demanda de la suivre: il souhaitait lui présenter quelqu'un. L'attention la toucha. À sa façon, il partageait lui aussi un peu de sa vie. Elle le suivit donc, laissant de nouveau son appareil photos reposer contre sa poitrine. Ce fut une dame âgée que le policier lui présenta. À la manière dont celle-ci lui parlait et parlait de lui, Emily n'eut aucun mal à comprendre qu'ils se connaissaient bien. La jeune femme apprécia Jane immédiatement. Ses yeux pétillants de vie et la douceur avec laquelle elle lui serra la main lui firent du bien. Elle dégageait quelque chose de gentil et de maternel. La vieille dame la complimenta, ce qui eut pour effet de gêner Jared plus que de la gêner elle-même. Elle lui jeta un regard un coin lorsque Jane lui dit qu'il avait bon goût. Le policier ne la contredit pas, mais tenta de se donner contenance en souriant et en passant sa main derrière sa nuque. Heureuse qu'il approuve le discours de la vieille dame, Emily lui sourit à son tour.  « C'est gentil, merci... Je crois que je n'ai pas trop mauvais goût non plus. » Aussi surprenant que cela pouvait être, elle rentra immédiatement dans le jeu du jeune homme et elle ne corrigea pas Jane quand celle-ci lui dit qu'elle était heureuse de voir Jared avec quelqu'un et lui demanda s'ils venaient prendre des photos en amoureux. « Plus ou moins, oui! » répondit Emily en regardant Jared. « La photographie est mon métier. J'avais dans l'idée de faire quelques clichés du parc pour une prochaine vente et je me suis dit: autant joindre l'utile à l'agréable. » Elle eut alors un geste qui allait probablement surprendre le jeune homme, même si elle ne doutait pas, à la manière dont il semblait conserver son sang froid en toute circonstances, qu'il éviterait de le montrer. En effet, elle se rapprocha de lui et vint doucement saisir sa main, passant ses doigts entre ceux de Jared avant de refermer son étreinte avec tendresse. « Je ne connais pas encore très bien le coin, alors Jared a accepté d'être mon guide. » Le regard d'Emily se posa de nouveau sur Jane, tant qu'elle se blotissait doucement contre Jared. À dire vrai, cette petite scène lui plaisait bien. C'était étrangement satisfaisant de jouer la petite copine du grand brun. « Qu'a-t-il bien pu faire pour devenir votre policier préféré ? » demanda-t-elle alors avec un sourire complice. Elle était curieuse de savoir comment ils s'étaient rencontrés, espérant ne pas raviver un souvenir trop douloureux. « Il s'est comporté en héros, comme il l'a fait avec moi, lors de notre première rencontre? » Le ton était taquin, mais loin d'être moqueur. En fait, elle avait même dit ça avec une certaine tendresse. Ce souvenir la fit sourire un peu plus, songeant qu'une des premières choses qu'elle avait dit à Jared avait été lâchez-moi ou je vous jure que je vous mords. Leur rencontre avait été un peu spéciale, mais elle avait au moins le mérite d'être marquante.

I am reaching for the highest goal, that I might receive the prize. Pressing onward, pushing every hindrance aside out of my way. Cause I want to know you more | EMILY & JARED

Jane avait du mal à cacher sa joie devoir Jared en compagnie d’une jeune femme. La bienveillance et la douceur avec lesquelles elle accueillit Emily ne trompaient pas. C’était aussi sa façon à lui d’inclure le jolie blonde dans son monde. Il était prêt à lui présenter des personnes qui comptaient, une manière de signifier à la jeune femme qu’il voulait qu’elle reste dans sa vie, qu’elle n’était pas qu’une simple potentielle passade amoureuse. Elle profita de la remarque de Jane pour lui préciser qu’elle aussi pensait avoir bon goût. Jared riva les yeux au sol, partagé entre une certaine gêne mais surtout une grande satisfaction de se voir confirmer qu’il était à son goût. Jane en profita évidemment pour en rajouter une couche. « Non, je vous le confirme, vous avez bon goût. C’est plutôt plaisant d’avoir un beau jeune homme comme lui à ses côtés, non ? » Jared se racla la gorge. « Hé, je suis là je vous rappelle » fit-il remarquer tandis que Jane pouffait de rire. La complicité entre les deux femmes était évidente et le policier ne pouvait que s’en féliciter, mais il pressentait déjà que cette complicité féminine pouvait se retourner contre lui, gentiment il s’entend. Mieux encore que de comprendre la volonté du jeune homme de ne pas contredire Jane sur le couple qu’ils ne formaient pas, Emily entra dans son jeu. Jane écoutait avec attention les propos de la jeune femme, visiblement curieuse de celle qu’elle pensait partager la vie de Jared. Le coeur du policier loupa un battement lorsqu’il sentit la main de la jolie blonde se glisser dans la sienne et qu’elle entrelaça doucement ses doigts dans les siens. Jared lui adressa un tendre sourire, ne laissant rien paraître de son trouble. A son tour il vint doucement resserrer son étreinte, sans pouvoir la quitter des yeux. L’attirance entre eux tellement tellement flagrante et leurs mains entrelacées était quelque chose de tellement naturel que l’espace d’un instant, il en oublia qu’ils n’étaient pas ensemble. Ce geste tendre allait bien au-delà du jeu, donner le change était juste un prétexte. Le policier était sous le charme de la jeune femme depuis leur rencontre et refouler le désir et la tendresse qu’il éprouvait pour elle était de plus en plus difficile. Le fait qu’elle vienne elle-même chercher le contact lui confirma qu’elle en était au même point que lui. Jane surprit le regard que portait le policier sur la jolie blonde, lorsqu’Emily vint se blottir contre lui, il tourna de nouveau la tête vers Jane et il comprit que rien de leur échange de regard n’avait échappé à la vieille dame. Le sourire qu’elle lui adressa signifiait qu’elle était réellement heureuse pour lui. « Une photographe… pas étonnant que vous ayez le sens de l’observation alors. Vous êtes entre de bonnes mains, si vous l’avez comme guide, il connaît la ville comme sa poche. »

Se montrant à son tour curieuse, Emily lui demanda comment Jared était devenu son policier préféré, lui demandant si pour elle aussi il s’était comporté en héro. « Oui c’est exactement ça. J’étais sortie faire mes courses et d’un coup je me suis sentie bousculée, mon sac arraché. Le voleur était arrivé dans mon dos, je ne l’ai pas vu venir. J’ai  hurlé au vol et Jared m’a entendu. Je l’ai vu courir derrière l’homme en lui ordonnant de s’arrêter et disparaître au coin de la rue. Il est revenu deux minutes plus tard avec mon sac et le voleur et il l’a obligé à s’excuser après de moi avant d’appeler ses confrères. Vous auriez vu ça, le voleur était tout penaud et il s’est excusé platement. Sur le moment ça a été dur mais on en rit maintenant Jared et moi. Après ça, comme il n’était pas en service il est resté un peu avec moi pour me rassurer et il m’a même proposé de m’accompagner faire mes courses à l’avenir. Il est donc rapidement devenu mon policier préféré, même si j’ai toujours refusé de l’embêter pour m’accompagner, je ne suis pas du genre à me laisser intimider. Et puis, il a une vie aussi ce jeune homme, je ne voulais pas lui demander de m’accompagner chaque fois que je sors dans la folie de ma vie d’octogénaire. » Jared ouvrit la bouche pour répondre, Jane lui adressa un sourire bienveillant mais un regard ferme pour lui intimer de se taire. Elle savait qu’il allait lui dire que ça ne le dérangeait pas mais elle ne voulait pas entendre parler. Jared obéit et referma la bouche, il avait toujours eu beaucoup de respect pour elle et elle était extrêmement têtue. Il avait essayé plusieurs fois sans succès, quand Jane ne voulait pas quelque chose, il était inutile d’insister. La vieille dame sembla amusée et attendrie de voir le policier être si docile puis reporta alors son attention sur Emily. « Quelques jours plus tard je l’ai vu faire son footing dans le parc et depuis on s’y voit souvent mais il est toujours seul avec son chien. Je dois avouer que je suis heureuse de voir qu’il partage sa vie avec quelqu’un. Vous allez bien ensemble tous les deux ». Jane se tut quelques instants, c’était une grande bavarde, elle aimait découvrir les gens et discuter avec eux. Les personnes âgées sont souvent isolées et ça lui faisait du bien de pouvoir discuter avec de jeunes gens. Jane avait bon pied bon œil et elle avait encore toute sa tête, échanger avec elle était très plaisant et il apprenait beaucoup des expériences de l’octogénaire. Elle reprit en s’adressant à Emily. « Et vous, il vous a aussi sortie d’une situation délicate à votre première rencontre alors ? »

Hey boy, I see you over there, I see you staring, what are you thinking? I need to know, why don't you come on over? I'd sure love to know you. I think you should come with me, that's a chance I'd like to take | JARED & EMILY

Emily ne pouvait qu'approuver qu'être en compagnie de Jared était satisfaisant. Elle hocha la tête pour approuver Jane, avant que le policier ne se manifeste, faisant glousser la vieille dame. Emily eut plus de retenue, ne voulant pas le mettre plus mal à l'aise qu'il ne l'était déjà. La petite blonde expliqua qu'elle était bien venue pour des photos, jouant le jeu en incluant Jared à sa vie sentimentale. Mieux encore, elle alla jusqu'à lui prendre la main, entrelaçant leurs doigts ensemble. Le contact physique la fit presque frissonner. Pour garder contrôle de son corps et de son esprit, elle se mit en mouvement, venant finalement renforcer la proximité désormais présente entre eux. Et puis très vite, ce sentiment laissa place à quelque chose de beaucoup plus naturel. C'était comme s'ils étaient faits pour être ensemble, tout simplement. Elle en oublia presque que ce n'était pas le cas. Afin de continuer la conversation, et parce qu'elle s'intéressait vraiment à Jane et au policier, elle demanda à la vieille dame comment ils s'étaient rencontrés, plaisantant gentiment sur le comportement héroïque du jeune homme. Et elle ne fut pas déçue de la réponse!

En effet, Jane lui raconta comment Jared était intervenu lors d'un vol à la tire. Elle pouvait tout à fait s'imaginer la scène, digne d'une série télévisée. Elle ne fit aucune remarque cependant. Cela aurait été plus vexant qu'autre chose et puis au fond, elle devait bien avouer que ce côté du policier l'avait séduite dès le premier jour. Ce qui, entre nous, était tout à fait inconscient, étant donné les occupations nocturnes de la jeune femme. Pourtant, elle n'avait pu s'empêcher d'aimer le fait qu'il avait cru la sauver d'un danger qui aurait tout à fait pu être réel. Elle écouta donc l'histoire avec attention, posant nonchalamment sa tête tout contre Jared, sans s'en rendre compte. Elle était bien avec lui et, en se présentant comme sa compagne alors qu'elle ne l'était pas, elle se sentait étrangement à sa place. Lorsque Jane eut terminé son discours, Emily se rendit compte de sa position et se redressa doucement, afin que ça ne paraisse pas trop suspect. « Oui, ça ne m'étonne pas beaucoup venant de lui. Il aime aider les gens. C'est d'ailleurs grâce à ça qu'on s'est rencontrés. » Jared allait dire quelque chose, mais il fut arrêté dans son élan par la vieille dame, ce qui eut pour effet de faire un peu plus fondre le coeur d'Emily. C'était touchant, de voir ainsi un grand gaillard tel que lui obéir à une octogénaire. Ca montrait le respect qu'il avait pour elle. Cette dernière revint alors sur le fait qu'ils formaient un joli couple, ce qui eut pour effet d'afficher un sourire tendre sur le visage de la petite blonde, qui ne la contredit pas. Pourquoi l'aurait-elle fait? Elle était d'accord avec elle, finalement. Puis Jane lui demanda de raconter, à son tour, comment ils s'étaient rencontrés. Elle jeta un coup d'oeil à Jared, resserrant l'étreinte de ses doigts l'espace d'une seconde, puis elle se tourna à nouveau vers Jane. « Disons que je suis du genre à... grimper un peu partout, pour faire mes photos. J'aime prendre des vues de haut, que ce soit de la nature ou des villes. Et ce matin-là, j'étais bien décidée justement à être en hauteur. En fait, j'avais repéré depuis un moment le pont qui surplombe la voie ferrée. J'avais fait pas mal de photos de la gare et des trains, c'est une des choses que je préfère, mais je n'avais jamais eu l'occasion de faire ça de manière très originale. Quand j'ai vu ce pont, je me suis dit qu'il fallait absolument que je tente l'expérience. Du coup, j'ai repéré les horaires de passage et je suis allée me poster en haut du pont, là où je n'ai en principe pas le droit de me trouver. J'allais déclencher mes premières photos quand j'ai été littéralement soulevée du sol. Jared a cru que je voulais sauter et m'a fait descendre du pont sans me prévenir. Je me suis débattue comme un chat sauvage et j'ai même menacé de le mordre! » Elle se mit à rire en prononçant cette dernière phrase, avant de regarder Jared avec un sourire en coin. « Et je l'aurais honnêtement fait si tu ne m'avais pas libérée. » fit-elle en s'adressant directement à lui. « Tu m'as fichue une de ces frousses, en plus! » Elle rit à nouveau puis reporta son attention sur Jane. « J'ai gagné de jolies photos d'Eliott que j'ai d'ailleurs prévues de publier la semaine prochaine et un café gratuit en guise d'excuses. Et puis j'ai eu envie de le revoir, et... » Elle se tut un instant, passant la langue sur ses lèvres. « Et, voilà... » continua-t-elle en posant son autre main sur celle de Jared. Oui, elle jouait décidément merveilleusement bien le jeu. Mais jouait-elle vraiment, au fond? Elle se perdit un instant dans ses pensées, observant le policier avec tendresse, se demandant si ça valait vraiment la peine de continuer ces sous-entendus, ou s'il valait mieux se laisser aller au désir qu'elle ressentait pour lui. Elle reprit la parole pour un sujet un peu plus différent. « Il faut d'ailleurs que je t'envoie les photos originales d'Eliott! » dit-elle à Jared.

I am reaching for the highest goal, that I might receive the prize. Pressing onward, pushing every hindrance aside out of my way. Cause I want to know you more | EMILY & JARED

Le simple fait qu’elle lui prenne la main face à Jane signifiait beaucoup. Si Jared était bien conscient que lui et Emily n’étaient pas ensemble, le fait qu’elle puisse se présenter comme sa compagne et l’afficher clairement signifiait qu’elle n’avait pas honte de lui. C’était tout nouveau, il avait toujours été le brun ténébreux dont on avait une furieuse envie de partager le lit pour une ou plusieurs nuits, mais jamais l’homme qu’on avait envie de présenter comme son compagnon. Il y avait dans le geste d’Emily une telle tendresse, et dans leurs mains enlacées une évidence si nette qu’il en fût bousculé. Fidèle à lui-même, il ne montra rien de son trouble mais Jane remarqua immédiatement la façon qu’il avait de la regarder. Il laissa le soin à Jane de raconter leur rencontre à Emily, guettant discrètement la réaction de la jeune femme. Tandis que Jane racontait leurs péripéties, Emily vint doucement reposer sa tête contre lui, elle n’avait pas l’air de jouer, elle n’avait pas même l’air de se rendre compte de se qu’elle faisait. Jared l’observa un moment, attendrit par l’attention avec laquelle elle écoutait le récit de la vieille dame, un peu intimidé aussi par ce côté « héros » que les deux femmes lui attribuaient. La jolie blonde sembla se rendre compte de la position dans laquelle elle se trouvait, la tête reposée doucement contre lui et au grand dam de son « compagnon », elle se redressa. Il fût touché par les mots d’Emily. Oui, il aimait aider les gens, c’était dans son ADN, il s’était renfermé dans sa douleur pour se protéger mais dans le même temps il avait développé un solide sens du devoir et l’envie d’aider et de protéger les plus faibles que lui. Certains de ses collègues se moquaient gentiment de son côté « Saint-Bernard », il y avait de ça, le policier avait besoin de se sentir utile, et si dans son boulot il ne pouvait pas sauver tout le monde, à chaque fois ça le blessait. Peut-être que si il avait eu quelqu’un pour le protéger à l’époque où il en avait eu besoin, son enfance n’aurait pas été aussi destructrice qu’elle l’avait été et il n’aurait pas eu autant de séquelles. Les choses étaient telles qu’elles étaient, on ne pouvait plus rien y faire. Jane demanda à la jeune femme de lui raconter leur rencontre, le regard bleu de la jeune femme plongea dans le sien et il sentit ses doigts se serrer doucement autour des siens. Il l’encouragea d’un tendre sourire, pour lui aussi ce souvenir signifiait beaucoup.

Il écouta Emily faire le récit à Jane de leur rencontre, amusé par ce souvenir qui resterait gravé en eux un moment s’ils se décidaient à sauter le pas. Il rit discrètement lorsqu’elle lui affirma qu’elle l’aurait vraiment mordu s’il ne l’avait pas libérée ce jour là. Cette femme était incroyable, elle arrivait à le faire rire, sa fraîcheur et sa spontanéité lui faisaient un bien fou. Il prit un air faussement outré lorsqu’elle lui reprocha de lui avoir filé la frousse. « Et à moi tu crois que tu m’as pas filé la frousse ! J’ai cru voir une jeune femme se jeter d’un pont je te rappelle. Alors oui j’ai foncé sans me poser de questions mais j’ai pas vraiment eu le temps d’élaborer un plan d’attaque. Pardon d’avoir voulu sauver une demoiselle que je croyais en détresse », râla t-il mais sur le ton de la plaisanterie. Il la laissa achever son récit, affichant un petit sourire lorsqu’elle expliqua à Jane qu’elle avait eu envie de le revoir après cet rencontre surréaliste et le café qui s’en était suivi. Puis elle posa doucement sont autre main sur celle de Jared. Il posa un instant son regard sur elle, elle lui souriait, il aurait voulu que ce moment dur toujours. Elle et lui se tant la main, elle si près de lui. Il était conscient qu’ils jouaient le rôle du parfait petit couple et si ce n’était pas un rôle ? Si c’était simplement une occasion que leur donnait la vie d’entrapercevoir leur vie de couple ? « Ah mais j’y tiens. Je t’ai donné un splendide modèle et je veux voir ce que ça donne. », répondit-il en souriant. « Je ne suis pas photographe et je ne sais pas utiliser ces machins mais je sais ce que je vois...tous les deux vous avez une belle complicité et c’est comme ça que ça marche sur la durée ». Elle leva son annulaire et leur présenta son alliance . « Soixante ans de mariage...bref, vous faites un joli couple et j’aimerais beaucoup vous prendre en photo Est-ce qu’il y a une…option qui permette de prendre une photo juste en appuyant sur un bouton sur ce machin ? », demanda t-elle à Emily en pointant le doigts vers l’appareil autour du cou de la jeune femme.

Hey boy, I see you over there, I see you staring, what are you thinking? I need to know, why don't you come on over? I'd sure love to know you. I think you should come with me, that's a chance I'd like to take | JARED & EMILY

La jeune femme passait réellement un bon moment. Rencontrer Jane sur le chemin lui avait permis de connaître un peu plus qui était Jared et de passer un peu les portes de son monde. Ce qu'elle en voyait lui plaisait beaucoup, car la vieille dame confirma le caractère altruiste du policier qui l'avait séduite lors de leur première rencontre. Elle raconta d'ailleurs cette dernière, avant de se retourner vers Jared pour se plaindre gentiment du fait qu'il lui avait fait peur. Ce dernier se défendit, amusé, ce qui eut pour effet de faire rire la jolie blonde. « Je suis plus un cabri qu'une demoiselle en détresse... Mais je ne regrette pas le moins du monde de t'avoir fait peur. On n'en serait pas là aujourd'hui, sans ça. » fit-elle avec un sourire complice. Tous les deux s'observèrent un instant, pensant probablement à la même chose: ils ne jouaient pas un rôle. Ils étaient bien, ainsi main dans la main. Elle aurait voulu que le moment dure encore. Plus cette journée avançait et plus Emily prenait conscience qu'elle développait des sentiments pour le policier. Elle ne comprenait pas comment c'était possible en si peu de temps, pourtant...

Jane ne leur laissa pas vraiment le temps de se perdre dans leurs pensées. En effet, la quinquagénaire s'adressa soudain à eux, leur faisant remarquer que son propre mariage durait depuis soixante ans, parce que son mari et elle étaient complices, comme l'étaient Emily et Jared. Et qu'elle voyait cette même complicité chez eux, qui la persuadaient que leur relation tiendrait le coup dans le temps. Ils n'étaient pas ensemble, mais la jeune femme s'imaginait sans mal rester avec lui... « J'espère que ça durera... Je suis bien, avec Jared. » Elle regarda un instant le policier, comme pour affirmer ses dires: je ne mens pas, je suis bien avec toi. Jane s'adressa alors directement à elle, en lui demandant s'il y avait la possibilité de prendre une photo facilement. Emily fut ravie qu'elle le lui demande: étrangement, elle n'avait pas osé le faire. Elle se trouvait presque timide, ainsi mise face à ses sentiments. Pour expliquer à Jane le fonctionnement de son appareil photos, elle dû se résoudre à lâcher la main du policier. Ce geste fut presque douloureux. Elle enleva son compagnon électronique de son cou, enclencha la mise au point automatique sur l'objectif et le sortit de sa veille. Puis elle se mit à côté de Jane, pour pouvoir lui montrer correctement les choses. « C'est plus impressionnant que ça en a l'air! » fit-elle gaiement. « Il suffit de regarder dans le viseur et d'appuyer sur ce bouton. Si vous n'appuyez qu'une seule fois, il ne déclenche qu'une seule photo. Si vous ne retirez pas le doigt, il en prend dix d'un coup. C'est comme ça qu'on réussit ses photos d'action! » Emilie porta l'appareil à son visage, visant Jared pour l'exemple (le bon exemple!) et appuya sur le déclencheur. Ce dernier fit un clac sonore. « Et ce bruit, ça indique que la photo est prise. » Elle tendit l'appareil à Jane pour l'inviter à essayer. Quand cette dernière eut l'appareil bien en mains, Emilie revint près du policier. Une fois de plus, elle se montra entreprenante. Saisissant doucement les mains de Jared, elle vint se caler dos à lui, invitant ainsi le jeune homme à passer ses bras autour d'elle. Ce geste eut pour effet d’instantanément faire exploser le mélange de désir furieux et la tendresse infinie qu'elle ressentait pour lui, achevant de lui faire réaliser que oui, elle voulait définitivement aller plus loin qu'une relation amicale avec lui. Elle bascula un instant la tête en arrière pour le regarder et lui sourire, avant de regarder Jane.

I am reaching for the highest goal, that I might receive the prize. Pressing onward, pushing every hindrance aside out of my way. Cause I want to know you more | EMILY & JARED

Oui, Emily était sans doute plus qu’un cabri qu’une demoiselle en détresse, mais ça, il ne le comprenait que maintenant qu’il avait apprit à la connaître. Loi de la dépressive suicidaire, Emily était radieuse, enthousiaste et pleine de joie de vivre. Elle était aux antipodes de ce qu’il avait imaginé d’elle la première fois qu’il l’avait vue. Lorsqu’elle affirma qu’elle était heureuse d elui avoir fait peur sinon ils n’en seraient pas là où ils en étaient aujourd’hui, Jared plongea les yeux dans les siens. Il eu envie de soulever sa main dans la sienne pour venir poser un tendre baiser sur le dos de sa main, mais il n’osa pas. Sa pudeur et sa timidité le retenaient. Alors il ne dit rien, laissant ses yeux parler pour lui. Si sa timidité inhibaient parfois sa parole, son regard ne mentait pas. Il soutint  celui de la jeune femme, cherchant lui aussi à la sonder. Elle ne semblait pas jouer non plus, la lueur d’amusement qu’il y avait lorsqu’ils se provoquaient gentiment était absente. A la place, il y trouvait une sincérité touchante, un sourire à réchauffer le coeur, elle aussi se sentait bien leurs mains ainsi entrelacées.

Jane en remit une couche, affirmant qu’elle voyait dans leur couple la complicité qu’elle avait avec l’homme qui partageait sa vie depuis plus de soixante ans. Le policier n’avait aucune idée de ce que  l’avenir leur réservait. Ce qu’il savait en revanche c’était qu’il se sentait bien avec Emily, et qu’il avait vraiment envie que ça marche entre eux. Il n’avait aucun mal à se projeter un avenir avec elle, c’était dingue quant on savait que c’était seulement la deuxième fois qu’ils se voyaient. Lui tant les mots de la bouche, Emily leur confia qu’elle était bien avec lui. Jared lui lança un nouveau regard tendre et il afficha un sourire avant de se tourner vers Jane. « Elle me fait sourire, j’ai l’air débile mais je crois que j’ai jamais autant souri que depuis que la connais », relança-t-il. Il avait envie que le message passe, non ils n’étaient pas ensemble et pourtant elle le rendait heureux depuis leur rencontre. Il voulait que la jeune femme le sache, mais il voulait aussi que Jane le sache, parce qu’il avait la conviction profonde qu’Emily ferait partie de sa vie un moment. Chose positive, Jane semblait l’apprécier, c’était important pour lui, la vieille dame savait lire dans le coeur des gens. La main du policier se resserra doucement sur celle d’Emily tandis qu’il plongeait à nouveau ses yeux dans les siens. Jane vint interrompre leur échange de regard en demandant à Emily de lui montrer comment prendre simplement une photo. A contrecoeur, Jared lâcha la main d’Emily et la laissa se placer aux côtés de Jane pour lui expliquer le fonctionnement de l’appareil. Il les observa en silence, deux femmes séparées par plusieurs générations mais qui s’appréciaient réellement, la scène était très attendrissante. Emily fit un test sur lui pour montrer à Jane comment faire. « Hé, je t’ai pas donné mon droit à l’image que je sache ! » plaisant-il. Lorsqu’elle revint auprès de lui, Emily se plaça dos contre lui, les mains sur les siennes. Comprenant le message et sans se faire prier, Jared entoura doucement les hanches de la jeune femme de ses bras, refermant doucement son étreinte et attrapant son propre poignet. Emily vint poser ses mains sur ses avant bras, relevant le visage vers lui. Le désir du jeune homme monta en flèche, partant du bas ventre lui donnant une sensation de chaleur qui se repartit dans tout son corps. Il inspira pour se calmer, il n’y avait rien de sexuel à ce stade et pourtant elle le rendait dingue. Merde, il était plus résistant que ça d’habitude. Il fallait qu’il se calme et vite avant que ça se voit. Ce fût Emily qui l’aida sans le savoir, la tendresse avec laquelle elle reposa la tête contre lui lui permit de mettre de côté le désir qu’il éprouvait pour elle pour se reconcentrer sur la douceur de leur étreinte. Jane leur annonça qu’elle allait prendre la photo et déclencha la photo. Elle leur tendit l’appareil pour qu’ils puisse voir et une nouvelle fois, Jared du laisser Emily lui échapper. Il se plaça derrière elle pour regarder la photo par dessus son épaule et sourit, ils avaient l’air heureux, comme un vrai couple. Ils avaient l’air réellement...amoureux. Jared savait qu’il était en train de développer des sentiments pour elle mais à les voir ainsi sur cette photo, il comprit pourquoi Jane, si perspicace, avait cru qu’ils étaient réellement en couple : ils allaient bien ensemble, ils rayonnaient. Pour Jared, se voir ainsi fût un choc, il n’était même pas conscient qu’il était capable de renvoyer cette image. « Vous êtes très beaux tous les deux », affirma Jane en rendant à Emily son appareil photo. «  Bon c’est pas tout mais je vais devoir rentrer, mon mari m’attend justement, je suis contente de vous avoir rencontré Emily, vous êtes charmante ». Elle posa doucement sa main sur l’épaule de la jolie blonde et vint embrasser sa joue avant de lui murmurer quelques mots à l’oreille de façon à ce que Jared n’entende pas. « Je suis contente de voir que quelqu’un prends soin de lui. Il a l’air heureux avec vous. » « Hé, qu’est-ce que c’est que ces messes basses », plaisanta le policier. Il laissa Jane finir et lorsqu’Emily se redressa il lui l’attrapa la main et l’attira doucement contre lui  avant d’enrouler son bras autour de sa taille, à la fois amusé et curieux. « Viens là, Jared, ne sois pas jaloux, tu es toujours mon policier préféré », répondit Jane sans se démonter. Quittant Emily beaucoup trop tôt à son goût, Jared s’avança vers Jane qui posa ses mains contre les tempes du jeune homme pour venir l’embrasser sur la joue. A son tour, elle glissa quelques mots à son oreille. « Elle est adorable, garde-là. Je suis contente pour toi. » « Prends soin de toi, Jane », répondit Jared en s’écartant. « Tu diras bonjour à Eliott de ma part ! », lança t-elle en s’éloignant doucement. En faisant signe à Jane, Jared glissa doucement ses doigts dans ceux d’Emily, baissant le ton de sa voix.« Ça te dérange si on continue de se tenir la main tant qu’on est encore dans le champ de vision de Jane ? »

Hey boy, I see you over there, I see you staring, what are you thinking? I need to know, why don't you come on over? I'd sure love to know you. I think you should come with me, that's a chance I'd like to take | JARED & EMILY

Si jusqu'à ce matin, Emily et Jared avaient joué sous les sous-entendus, ce n'était plus vraiment le cas maintenant. Ils avaient joint, grâce à une personne qui était encore totalement inconnue pour Emily quelques minutes en arrière, les gestes à la parole. En effet, plus les minutes avançaient et plus leurs gestes étaient tendres et appuyés. N'importe qui aurait pu se méprendre quant à leur relation... y compris eux-mêmes. Et les regards qu'ils échangeaient ne faisaient que le prouver. Quand la petite blonde dit à Jane, mais aussi indirectement au policier, qu'elle se sentait bien à ses côtés, ce dernier approuva la chose, disant qu'il avait l'air idiot à sourire autant, mais qu'il n'avait encore jamais tant souri avec quelqu'un. Emily en fut beaucoup touchée: en effet, l'attitude de Jared paraissait tellement naturelle que c'était une chose qu'elle n'aurait pas pu deviné s'il ne le lui avait pas dit. Il était certes plus timide qu'elle, mais elle n'avait pas imaginé qu'il n'était à ce point pas habitué à sourire avec les gens... Quand il resserra ses doigts autour de ceux de la jeune femme pour appuyer ses dires, Emily oublia un instant qu'ils n'étaient pas seuls. Ce fut Jane qui se rappela à eux en demandant de prendre une photographie. Emily accepta avec plaisir et lui expliqua le fonctionnement de son appareil. Elle prit un cliché de Jared pour donner l'exemple à Jane et ce dernier fit une plaisanterie à propos de son droit à l'image. Emily se mit à rire et lui répondit, accompagné par un clin d'oeil « T'en fais pas, je la garderai pour moi, celle-là! » et elle avait bien l'intention de converser effectivement l'image. Finalement, elle revint se placer près de Jared, amplifiant le contact encore plus qu'auparavant.

Quand les bras du policier vinrent se placer autour d'elle et qu'elle posa ses mains contre, elle se sentit à l'abri. C'était comme si plus rien ne pouvait l'atteindre. Emily n'était pas quelqu'un de peureux et elle avait toujours plus ou moins refusé qu'on la protège. Pourtant, l'idée que Jared s'en charge ne la dérangeait pas. Au contraire. Ce fut donc avec cette douceur qui lui était naturelle depuis qu'elle lui avait prit la main qu'elle posa sa tête contre lui, afin que Jane puisse prendre la photo promise. Afin de récupérer son appareil, elle dut, une fois de plus, se séparer de lui. Curieux de voir à quoi le cliché ressemblait, Jared vint l'observer par dessus son épaule. Elle ne vit pas sa réaction, mais elle fut heureuse qu'il accorde de l'importance à cette image. Et la photo était réussie: bien cadrée, elle avait été déclenchée au bon moment et montrait à quel point ils rayonnaient lorsqu'ils étaient ensemble. Emilie ne put s'empêcher d'être étonnée: on pouvait clairement voir qu'elle était tout à fait à l'aise. Bon, elle était à l'aise avec les gens, en règle générale et elle n'avait aucun mal à attirer les hommes comme les femmes, mais là, c'était différent. Elle dégageait quelque chose de paisible. Comme si elle était à sa place. Au fond, elle savait qu'elle l'était... Bon sang, que ça allait être compliqué. Peut-être aurait-il mieux valu s'arrêter maintenant... Cependant, alors qu'elle remit son appareil autour de son cou, Jane lui fit une bise et lui murmura quelques mots qui lui vinrent droit au coeur. Emily avait envie de rendre le policier heureux. Elle espérait pouvoir faire en sorte que ce soit le cas, malgré une situation complexe que Jared ne connaissait pas. Ou du moins, pas encore... Ce dernier la saisit soudainement par la main et la ramena contre lui. Instinctivement, Emily se tourna pour être en face de lui et se blottit contre son torse, profitant de l'étreinte qu'il venait de lui réclamer, avant de devoir se décaler de nouveau lorsque Jane vint pour le saluer. Cette dernière reprit sa marche et Jared reprit la main d'Emily. La jeune femme resserra ses doigts autour de ceux du jeune homme. Si ce geste la dérangeait? Pas le moins du monde. En fait, elle aurait aimé qu'il ne la lâche pas.

Jane finit par disparaître de leur champs de vision. Fallait-il vraiment que ça se termine ici? Qu'ils brisent ce contact qui lui faisait tellement de bien? La petite blonde n'en avait pas envie. Alors, elle se retourna pour regarder Jared, sans libérer sa main de l'étreinte et elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille. Ce fut un geste nerveux plus qu'utile. Pourquoi se sentait-elle nerveuse? Elle ne l'avait jamais été avec aucun homme! Mais avec lui, c'était différent. Elle n'avait pas envie de faire de bêtises. Elle n'avait pas envie de le perdre. « J'ai... J'ai passé un très bon moment. Jane a vraiment l'air gentille. Merci de me l'avoir présentée. Et puis... » Elle eut un petit rire nerveux avant de reprendre. « Ca m'a fait du bien d'être... près de toi. » Oh bon sang, mais qu'est-ce que c'était niais! L'espace d'un instant, la petite blonde eut très envie de briser la glace une bonne fois pour toutes et, pendant une seconde, son regard se posa sur les lèvres de Jared. Finalement, elle baissa la tête en souriant, heureuse mais nerveuse comme une adolescente. Elle n'ajouta rien d'autre, se retrouvant piégée par ses sentiments. Et ça n'était pas désagréable...

I am reaching for the highest goal, that I might receive the prize. Pressing onward, pushing every hindrance aside out of my way. Cause I want to know you more | EMILY & JARED

En disant au revoir à Jane, Jared eu un pincement au coeur, mais pas pour la raison qu’il croyait. Emily et lui avaient dépassé le stade du jeu, ça se sentait à la douceur et à cette lumière dans les regards qu’ils s’échangeaient, à la tendresse de chacun de leurs contacts depuis qu’Emily lui avait pris la main. Pour autant, allaient-ils l’assumer l’un face à l’autre ? Allaient-ils avoir le cran de rester si proches, en dehors de la présence de Jane ? Jared était du genre timide, il n’était pas sûr d’avoir l’assurance nécessaire pour prolonger cette tendresse, même s’il en avait très envie. Voir s’éloigner Jane signait peut être la fin de cette proximité physique vers laquelle ils avaient tous deux saisi chaque occasion de revenir. Prétextant être encore dans le champ de vision de Jane, Jared prit doucement la main d’Emily, entrelaçant ses doigts avec ceux de la jeune femme mais non sans s’assurer qu’elle était d’accord. Pour sa grande satisfaction, la jolie blonde sembla plutôt heureuse de cette initiative. C’était une excuse plus qu’autre chose, parce que même si les deux jeunes gens avaient déliées leurs mains et que Jane l'avait vu, la vieille dame n’en aurait pas conclu qu’ils n’étaient en réalité pas en couple, pas après ce qu’elle avait vu d’eux. Le policier voulait simplement prolonger le moment, garder encore un peu sa main dans la sienne, l'avoir ne serait-ce qu’une minute encore comme petite-amie. Le prétexte était trop beau.

Lorsque Jane eu disparut, Emily vint se placer en face de lui, sans lâcher l’étreinte de leurs mains. Elle semblait vouloir lui dire quelque chose mais cherchait ses mots, sa soudaine timidité était touchante. Pour se donner contenance peut être, elle repoussa une mèche de ses cheveux, elle ne se rendit absolument pas compte de l’effet que ça avait eu sur son interlocuteur. Bon sang elle avait un charme fou, elle était d’une beauté à couper le souffle. Son geste associé à sa soudaine timidité la rendaient irrésistible. A cet instant, il eu juste envie d’attraper ses lèvres pour lui offrir un baiser langoureux, mais ce n’était pas du style du policier de faire taire les femmes de cette façon. Elle le remercia de lui avoir présenté Jane, qu’elle avait elle aussi beaucoup aimé… et puis elle lui confessa qu’être près de lui lui avait fait du bien. Jared se figea, sous l’effet de la surprise de cette aveux, il ne pensait pas qu’elle irait jusqu’à le dire. Intérieurement, il était fou de joie. Emily sembla hésiter un moment, puis gênée, elle baissa la tête. Elle était tout bonnement sublime, ainsi intimidée. « Aller, mon vieux, dis quelque chose, ne la laisse pas comme ça. » « Merci d’avoir joué le jeu, c’était important. » Immédiatement après avoir prononcé cette phrase, Jared s’infligea une claque mentale. Ce n’était pas ce qu’elle avait envie d’entendre et ce n'était pas non plus ce qu'il avait envie de lui dire. Il ne savait simplement pas comment le dire. Alors il s’approcha encore d’elle et de sa main libre il lui releva doucement le menton pour l’inciter à le regarder dans les yeux. « Moi aussi je suis bien là, maintenant, avec toi », répondit-il simplement. Perdu dans les magnifiques yeux bleus de la jeune femme, il laissa sa tendresse s’exprimer et renonça au contrôle qui le caractérisait tant. Le pouce qu’il avait posé sur le menton de la jolie blonde remonta doucement le long de sa mâchoire dans une tendre caresse tandis que son corps se rapprochait du sien. Ils étaient tout proches. Il fixa du regard les lèvres de la jeune femme un instant, remonta vers ses yeux  comme pour lui demander son autorisation et revint à ses lèvres. Son visage se rapprocha alors de celui de la jolie blonde, il allait l’embrasser, il en avait une furieuse envie et elle en avait sans doute autant envie que lui. Il sentit soudain quelque chose se rapprocher d’eux à grande vitesse. Sans prendre le temps de réfléchir, par pur réflexe, il tendit le bras et attrapa le ballon de rugby (on est en Ecosse hein) qui leur fonçait dessus. « Hé, faites attention ! », hurla t-il à l’attention des trois gamins à qui le ballon avait échappé, et qui lui avaient accessoirement grillé son coup. Ils avaient étés à un cheveux de leurs premiers baiser. Il leur renvoya le ballon, contraint de s’éloigner d’Emily, puis il se tourna de nouveau vers la jeune femme, elle était toujours là, toujours aussi belle... mais loin de lui. Il hésita, mais il n’osa pas combler la distance pour reprendre les choses où elles en étaient restées. Sa timidité avait soudainement reprit le pas sur le moment de témérité qu’il avait trouvé au contact du corps de la jeune femme quelques secondes plus tôt. Il resta silencieux, puis, conscient qu'il devait dire quelque chose, il ouvrit la bouche« Tu...tu veux qu’on marche un peu ? », lui demanda t-il visiblement mal à l’aise. Deuxième claque mentale. « Tu veux qu’on marche un peu ? ». Quelqu’un a t-il vu une phrase plus débile à balancer à une femme que vous étiez sur le point d’embrasser à peine dix secondes plus tôt ?

Hey boy, I see you over there, I see you staring, what are you thinking? I need to know, why don't you come on over? I'd sure love to know you. I think you should come with me, that's a chance I'd like to take | JARED & EMILY

Jane disparut de leur champs de vision trop vite au goût d'Emily. Elle n'avait pas envie que le moment s'arrête. Elle était un peu perdue sur ce qu'elle ressentait, mais une chose était certaine: elle était bien et elle avait envie que ça continue. Alors, quand elle se tourna vers Jared, ce fut pour lui dire qu'elle avait beaucoup apprécié ce moment passé ensemble, en espérant qu'il comprenne ce qu'elle souhaitait lui dire. Elle butta un peu sur les mots, craignant d'en dire trop ou bien de ne pas en dire assez. Elle était terrifiée à l'idée de faire une bêtise, de rater quelque chose, d'aller trop vite ou bien de ne pas être assez entreprenante. C'était ça, qu'on ressentait, quand on tombait amoureuse? Eh bien ce n'était pas forcément évident à gérer, mais ça n'était pas désagréable non plus. Alors qu'elle baissait la tête, Jared la remercia d'avoir joué le jeu. Elle ne répondit pas. Jouer un jeu? Elle n'était plus sûre du tout d'avoir joué quoi que ce soit. Chacun de ses mouvements, chacune de ses paroles avaient été sincères. La tendresse échangée, la complicité, l'envie d'être proche de lui... Tout avait été vrai. Mais peut-être que c'était mieux ainsi, qu'il valait mieux se contenter d'en rester là. Pourtant, alors qu'Emily songeait qu'ils allaient tout simplement reprendre leur marche pour se rendre enfin au parc, Jared passa doucement une main sous son menton pour l'inciter à relever la tête et à le regarder. Elle s'exécuta et plongea ses yeux dans ceux du jeune homme. Lui aussi était bien avec elle. Résister à son envie de briser les derniers centimètres qui les séparaient fut encore plus difficile... et ce fut étonnement Jared qui se lança. Tandis que ses doigts se faisaient caressants et que sa respiration s'accélérait, elle donna silencieusement l'autorisation au policier de l'embrasser. Bien sûr, qu'elle en avait envie! Cette foutue envie lui serrait l'estomac depuis un moment. Mais alors que leurs lèvres allaient se rencontrer, Jared s'écarta brusquement, laissant Emily sous la surprise. Réalisant alors qu'ils avaient failli prendre un ballon de rugby de plein fouet, elle ne put s'empêcher de fusiller du regard le trio de gamins responsables d'un véritable gâchis. Elle avait beau adorer les enfants, elle était... dégoûtée. Oui, c'était bien le mot: dégoûtée que leur premier baiser ait été interrompu aussi bêtement.

D'autant que Jared, après qu'il ait eu relancé le ballon, n'osa pas revenir vers elle. Ils se regardèrent un instant, perturbés l'un comme l'autre par la situation. Le policier lui demanda alors si elle voulait... marcher un peu. Euh... ? Hé ben, dis quelque chose! Ne le laisse pas planté là-bas tout seul comme un idiot! « Ouai ! Je suis venue travailler à la base, non? » Mais enfin? "Je suis venue travailler à la base?" Emily! T'es pas sérieuse? Mais si. Elle était sérieuse. Elle reprit son appareil photos entre les mains et le bascula de nouveau en mode manuel, prenant le soin de faire quelques réglages rapides afin de s'adapter à la lumière ambiante. L'entrée du parc n'était plus très loin. « J'adore cette endroit. » reprit la jeune femme, sortant du silence. « C'est toujours plein de vie, plein de couleurs... Et puis il y a toujours quelque chose à y faire, à y voir... C'est tellement joli! Tu trouves pas? C'est un de mes endroits préférés de ce que j'ai vu d'ici jusqu'à présent. » L'enthousiasme qui la caractérisait revint au galop lorsqu'ils franchirent, enfin, les portes de Princes Street Garden. Elle fit quelques premières photos, tant pour se remettre dans l'ambiance que pour les exploiter plus tard. Elle laissa son regard courir autour d'elle, souriante, à la recherche d'un point d'appui pour prendre des photos d'un peu plus haut. Elle avait bien une idée, mais ils n'y étaient pas encore. « Rha, j'ai envie de tout escalader, c'est pas possible! Rien que grimper dans un arbre pour avoir une vue un peu différente, là... Un de ces jours, je vais finir par m'acheter un drone. » Son regard fut attiré par différents petits marchants. Etaient-ils là d'habitude? C'est alors qu'elle réalisa. « Oh mais oui, c'est vrai! Le festival de musique! Oh, il faudra absolument que j'y revienne pour faire un de ces soirs! Ca fera un super article pour le blog! » Elle se retourna alors vers Jared. « On pourrait peut-être y aller ensemble? Mon téléphone s'en sort très bien la nuit, on pourrait profiter d'un concert tous les deux, quitte à se caler un peu plus loin pour être plus tranquilles... » Oui, l'Emily joyeuse, pleine de vie et bondissante était de retour. La gêne précédente avait totalement disparu. Elle regardait Jared en souriant, espérant qu'il accepterait sa proposition de passer du temps avec elle, même s'il lui avait plutôt bien montré qu'il avait envie d'aller plus loin.

I am reaching for the highest goal, that I might receive the prize. Pressing onward, pushing every hindrance aside out of my way. Cause I want to know you more | EMILY & JARED

« Dégonflé ! » , c’est ce que lui disait une voix dans sa tête depuis qu’il n’avait pas osé retourner vers Emily pour reprendre à où ils s’en étaient arrêtés. Sauf que voilà, le moment était passé et Emily était désormais loin de lui. Jared était perdu, il ne savait pas comment s’y prendre pour renouer le contact avec elle. La seule chose qu’il trouva à dire fût de lui demander si elle voulait marcher un peu. Inutile et sans doute frustrant pour elle. La jeune femme sembla un instant déstabilisée, puis reprit la parole, précisant qu’au départ, elle était venue pour travailler. Jared baissa les yeux, il pensait qu’ils avaient dépassé ce stade et que le travail de la jeune femme n’était plus une excuse pour se voir. Il pensaient qu’ils assumaient de se plaire et de sortir ensemble pour sortir ensemble, pas pour s’entraîner ou pour travailler. Peut être qu’Emily avait besoin de se ressaisir, pleut être que ce moment de tendresse n’avait été qu’une parenthèse pour elle. Il cacha sa déception, il n’était pas doué pour parler de ses sentiments mais pour les cacher en revanche, c’était un as. La jeune femme reprit en main son appareil photo et ils se mirent en route pur le parc. Emily avait reprit son enthousiasme et sa joie de vivre habituelle. Elle était bavarde, il l’avait remarqué tout de suite, pour quelqu’un de peu loquace comme lui, c’était un avantage. Elle avait su relancer tout de suite sur un nouveau sujet et ne pas les laisser s’empêtrer dans un moment gênant. Pourtant, le policier était ailleurs, si elle avait su passer tout de suite à autre chose, lui était resté bloqué sur cette tentative avortée de baiser. Il avait eu l’occasion de concrétiser les choses entre elle et lui et il l’avait bousillée. Il s’en voulait terriblement, et lorsque Jared ruminait, il avait du mal à passe à autre chose et et il se renfermait. Il n’était pas d’une grande aide pour la jolie blonde qui pourtant faisait tout pour leur changer les idées. Il franchirent bientôt les grilles du parc. Le policier Il conserva le silence, se contenta d’un sourire de façade lorsqu’elle lui annonça qu’elle adorait le parc. Il fût contraint de sortir de son mutisme lorsqu’elle le prit à partie pour lui demander si lui aussi trouver l’endroit joli. « Oui c’est un bel endroit », répondit-il simplement. Il venait plutôt pour courir en général, le calme au petit matin de ce parc verdoyant lui faisait du bien. Emily reprit en précisant qu’elle avait envie d’escalader tout ce qui se trouvait à sa portée. Ça n’était pas lui qui pourrait en dire autant vu sa peur du vide.  Jared avait le vertige mais étrangement lorsqu’il était dans le feu de l’action dans son boulot, il pouvait sans problème monter en hauteur, l’adrénaline sans doute.

Ce n’est que lorsqu’elle mentionna le festival de musique, en particulier son envie d’y aller avec lui, que le jeune homme sortit de sa réserve. La perspective de passer un nouveau moment ensemble et la voir afficher clairement qu’elle voulait qu’ils passent plus de temps ensemble avaient de quoi lui redonner le sourire et passer au-delà de ce qu’il avait manqué de se passer entre eux quelques minutes plus tôt. Il se détestait franchement de ne pas être allé jusqu’au bout mais ce n’était pas à Emily de payer le prix de sa lâcheté. Elle n’avait pas non plus à subir son mutisme, elle n’y était pour rien. « Je serais ravi d’y aller avec toi et oui, si c’est trop bruyant je crois que nous trouver un coin tranquille un peu plus loin ça serait...sympa. » « Sympa ! » Quel andouille ! Il n’avait pas envie d’être juste « sympa » avec elle. S’il était maladroit, il n’était pas mécontent de s’être relancé dans la conversation et d’avoir retrouvé une attitude plus ouverte. « Viens j’ai un ou deux endroits ici que j’aimerais bien te montrer. » Il lui fit signe de le suivre et la conduisit d’abord dans un endroit un peu surélevé du parc où elle pouvait faire de jolie photos du château d’Édimbourg, puis il l’emmena voir les statues et monuments célèbres du parc : Scott Monument, statues de David Livingstone, Adam Black, John Wilson et autres. Elle avait déjà du passer devant la fontaine Ross à maintes reprises mais elle avait peut être envie de refaire quelques photos. Puis il la conduisit vers des endroits du parc plus connus des connaisseurs et moins des touristes. Il l’emmena près d’un bosquet de fleur à côté d’une jolie petite fontaine à côté de laquelle les gens passaient souvent sans la voir, trop petite pour être remarquée mais d'une finesse remarquable. A chaque endroit, il lui faisait une brève description et lui racontait l'histoire du monument. Jared était un passionné d'art et ça se voyait dès qu'il en parlait, il s'animait. Les gens le limitaient souvent au flic mais il ne fallait pas oublier qu'il avait fait des études d'histoire de l'art et qu'il était spécialisé dans ce domaine au sein de la police. Il conduisit ensuite Emily dans un endroit du parc où les gens jouaient souvent avec leurs chiens, le policier y emmenait d’ailleurs souvent Eliott qui pouvait se défouler avec ses congénères. Emily en profita pour faire des photos, à l’affût du moindre instant, du moindre angle de vue. Elle était à la fois concentrée et joyeuse, les gens la remarquaient quant elle passait à côté d’eux, comme irrésistiblement attirés par le charme solaire de la jolie blonde.

Hey boy, I see you over there, I see you staring, what are you thinking? I need to know, why don't you come on over? I'd sure love to know you. I think you should come with me, that's a chance I'd like to take | JARED & EMILY

Emily sentait bien que le policier s'était renfermé. Elle aurait aimé lui dire qu'elle ne lui en voulait pas d'avoir raté l'occasion, mais elle aurait probablement aggravé les choses. Alors, elle laissait ressortir son côté enthousiaste, observant autour d'elle comme elle avait l'habitude de le faire, cherchant à la fois de quoi travailler et de quoi faire comprendre à Jared qu'elle avait toujours très envie de passer du temps avec lui. Elle voulait continuer d'apprendre à le connaître, elle voulait se détacher de ces prétextes qu'ils se donnaient pour être ensemble. Alors, l'idée du festival lui parut bonne. Sans s'encombrer de son reflex, elle pouvait toujours prendre son téléphone pour créer du contenu pour son blog et puis passer du temps personnellement avec lui, ensuite. La réponse du jeune homme la déstabilisa presque. Sympa? C'est tout ce que ça pouvait être? Elle n'eut pas vraiment le temps d'y réfléchir, ni de rebondir en lui posant franchement la question, puisqu'il entreprit de l'emmener faire le tour du parc. Elle accepta volontiers, lui emboîtant le pas.

Et, tandis qu'ils marchaient, Jared lui montrait non seulement des endroits dont elle put faire des clichés qui, elles le savaient, allaient créer une véritable suite de photographies qu'elle pourrait vendre, voire même exposer quelque part, mais en plus, il lui expliquant l'origine de chacun des monuments devant lesquels il la faisait passer. En véritable guide touristique, il semblait connaître chaque partie du parc par coeur. C'était un nouveau point commun qu'il avait avec la jeune femme: un passionné d'art. Emily ne put s'empêcher de penser qu'ils étaient faits pour être ensemble, malgré la difficulté de la situation, que Jared ne connaissait pas encore. Et elle espérait de tout son coeur qu'ils trouveraient une solution. Elle savait que quelque chose de spécial se produisait entre eux. Elle ne voulait pas tout foutre en l'air... Tout le long de la visite, elle était restée silencieuse. Concentrée sur ses photos, mais également concentrée sur ce que lui racontait le policier, elle n'avait aucune envie de l'interrompre, absorbée par le moment. Elle ne faisait pas attention aux gens autour d'elle. Emily avait l'habitude d'attirer le regard des gens, mais ne s'en était jamais préoccupée. C'était quelque chose que lui reprochait souvent gentiment sa mère: bon et alors, toujours pas d'amoureux? Car elle ne lui en avait jamais présenté un seul et pour une bonne raison: elle n'en avait pas eu. Oh, elle avait eu des histoires de quelques jours, quelques semaines tout au plus, mais rien de sérieux. Elle n'en avait ni le temps, ni l'envie. Et si elle avait croisé des gens ayant envie de partager plus de choses avec elle, elle ne s'en était jamais rendue compte. Sauf avec Jared. C'était comme si quelque chose la poussait vers lui et ça semblait réciproque. En tous cas, jusqu'à ce qu'ils soient interrompus par un foutu ballon de rugby! A sa manière, Emily bougonnait intérieurement. En fait, si elle n'en voulait pas le moins du monde au policier de ne pas être parvenu à reprendre pieds, elle était toujours très déçue que le moment ait été interrompu. Alors, elle se noyait un peu sous les photos et elle buvait les paroles de Jared. Quand ce dernier s'arrêta au niveau d'un espace vert, elle fit quelques clichés des gens qui y vivaient: comme elle l'avait expliqué plus tôt, figer des moments de la vie quotidienne était ce qu'elle préférait.

Finalement, elle reposa son appareil contre elle et le remit en veille. Puis elle releva le regard vers Jared. « Tu es passionnant. » C'était sorti tellement naturellement qu'elle s'en étonna elle-même. Elle n'était pas avare de dire aux gens ce qu'elle pensait d'eux, mais dire à quelqu'un qu'il était passionnant n'était pas commun. C'était pourtant ce qu'elle pensait, profondément. Elle se rapprocha doucement de lui, avançant comme si elle prenait ses précautions pour ne pas le faire fuir, sans le quitter des yeux. Son regard s'était fait tendre et elle lui souriait. « Merci pour la visite. J'ai adoré t'écouter parler. Jane avait raison, je n'aurais pas pu trouver un meilleur guide pour faire le tour de Street Garden. » La jeune femme se trouvait tout près de Jared désormais. Elle le regardait toujours. « Venir ici m'a permis de travailler, mais... » Elle vint frôler les doigts de Jared avec les siens, dans une caresse à la fois entreprenante et timide. « J'ai vraiment envie de passer du temps avec toi, tu sais. Pas que pour... ça... » fit-elle en désignant de son autre main le parc d'un geste vague. « J'ai envie de savoir un peu plus qui tu es, ce que tu aimes... Tu me plais. Et pas que physiquement. » C'était probablement peu courant d'entendre de la part d'une femme ce genre de choses. On les voyait souvent plus timides, plus sur la réserve que les hommes. Ce n'était pas le cas d'Emily. Quand elle voulait quelque chose, elle le disait. Jared ne fit pas exception. Brisant la distance qui séparaient leurs mains, elle enlaça à nouveau ses doigts avec ceux du policier. « Il y a quelque chose que je voudrais faire avant de rentrer... » La petite blonde fit demi-tour, entraînant Jared avec elle. Ils n'eurent qu'à marcher quelques mètres avant qu'Emily ne s'arrête. « J'aimerais voir l'endroit d'un peu plus haut. » Elle fit alors un signe de la tête en direction de la grande roue installée dans le parc. Elle avait envie d'y monter depuis des mois, mais n'avait encore jamais franchi le pas. Puis elle se retourna vers Jared. « Tu viens avec moi? »

I am reaching for the highest goal, that I might receive the prize. Pressing onward, pushing every hindrance aside out of my way. Cause I want to know you more | EMILY & JARED

L’enthousiasme et la loquacité d’Emily étaient salvateurs pour le policier qui était plutôt du genre à se renfermer et à rester bloqué sur un échec. La capacité de la jeune femme à rebondir et à ne pas laisser le malaise s’installer était impressionnante, heureusement qu’elle avait pris les choses en main. L’aspect taciturne du policier s’effaça lorsqu’il commença à parler à la jolie blonde de l’histoire et des monuments du parc. Ses yeux se mirent à briller, trahissant sa passion pour l’art. Il avait fait des études d’histoire de l’art avant de se lancer dans la police, il connaissait le patrimoine écossais comme sa poche. Sa passion s’élargissait à la culture au sens général : cinéma, littérature, théâtre, peinture, le jeune homme était d’une curiosité insaisissable et ça en faisait quelqu’un de très cultivé, que les gens ne soupçonnaient pas parce qu’il était « flic ». Emily l’écoutait sans rien dire, signe qu’elle l’écoutait avec attention. C’était très agréable pour lui d’avoir quelqu’un sincèrement à l’écoute, qui semblait réellement intéressée par ce qu’il racontait, contrairement à beaucoup de femmes qu’il avait rencontré et qui faisaient semblant, plus attirés parce que qu’il pouvait leur faire dans un lit que parce qu’il pouvait leur apprendre sur le patrimoine culturel de leur pays. Souvent, elles ne prenaient même pas la peine de le cacher, lui donnant l’impression désagréable d’être un simple objet. Emily écoutait chacune de ses paroles, tout en continuant de prendre des photos. Lui l’observait discrètement lorsqu’elle était trop occupée à prendre un cliché pour remarquer le regard qu’il portait sur elle. Il la voulait à un tel point que ça commençait à le consumer. Il l’emmena dans un coin du parc un peu oins fréquenté pour qu’elle puisse faire des photos plus originales que celles prises par les touristes, elle semblait surtout intéresser aux scènes de la vie quotidienne.

Elle finit par reposer l’appareil autour de son cou avant de dire au policier qu’elle le trouvait passionnant. Jared se figea, une expression de surprise sur le visage. Il plongea les yeux dans ceux de la jolie blonde, comme s’il avait du mal à croire à ce qu’elle venait de dire et qu’il cherchait une confirmation dans ses iris bleu azur. On ne lui avait jamais fait un tel compliment. La façon dont -elle l’avait dit était pourtant tellement spontanée et naturelle que ça laissait peu de place au doute quand à la sincérité des paroles de la jeune femme. Il afficha un petite sourire timide mais ne baissa pas les yeux cette fois, il était sincèrement touché par la remarque d’Emily. « Quand j’ai en face de moi quelqu’un qui m’écoute vraiment, j’ai tendance à m’enflammer sur le sujet. » C’était une façon pour lui de lui retourner le compliment. On est passionnant que lorsqu’on a un auditoire attentif et intéressé. Elle s’approcha alors de lui, doucement, comme si elle avait peur qu’il s’enfuit. Elle n’avait pas totalement tort, si fuir devant elle n’était pas une option, le policier n’en menait pas large, sondant les yeux de la jeune femme pour essayer de deviner ses intentions. Le regard de la jeune femme était doux, rassurant, il s’y perdit un instant tandis qu’elle arrivait tout proche de lui. Lorsqu’elle lui dit qu’elle avait adoré l’écouter parler et qu’elle n’aurait pas pu trouver meilleur guide, il baissa les yeux et se passa une main sur la nuque. « Oh tu sais, c’est pas grand-chose… j’ai fais des études d’histoire de l’art… alors c’est pas compliqué pour moi », mentionna t-il intimidé par cette nouvelle proximité entre eux. Emily tendit doucement la main et frôla ses doigts, Jared sentit la décharge électrique remonter jusqu’à sa nuque, provoquant d’agréables picotements. Il releva les yeux instantanément et ils trouvèrent ceux de la jolie blonde. Ses yeux ne quittaient pas les siens tandis qu’elle lui confiait son envie de mieux le connaître et de passer plus de temps avec lui. Il était totalement hypnotisé par elle, et lorsqu’elle lui affirma sans faillir qu’il lui plaisait bien au-delà de son apparence phtisique, il sentit les battements de son coeur s’accélérer brutalement. Surpris par tant d’aplomb et de sincérité et par l’effet qu’avaient ces révélations sur lui, il entrouvrit les lèvres. Il n’eut pas réellement le temps de s’en remettre qu’elle glissa sa main dans la sienne, entrelaçant leur droit avec cette tendresse qui avait caractérisé tous ses gestes à son égard depuis qu’ils avaient croisé Jane. Au contact de sa main, Jared resserra à son tour son étreinte. « Emily... », commença t-il en cherchant ses mots. « Tu me plais aussi...et pas seulement parce que tu es extrêmement belle... », souffla t-il doucement, l’exercice n’était vraiment pas évident pour lui, mais elle devait savoir que l’intérêt qu’elle portait était réciproque. « Je suis pas très doué pour ça, désolé si je suis maladroit mais...enfin...tu vois...c’est que...tu comptes pour moi… »

Il restèrent un moment ainsi immobiles face à face, avant qu’Emily ne l’entraîne par la main en lui lui confiant son envie de montrer dans la grande roue. Fidèle à lui-même, Jared ne montra rien de la soudaine peur qui venait de s’emparer de lui. Il était terrifié par le vide. Pourtant il ne pouvait pas se résoudre à le dire à Emily qui avait l’air si enthousiaste à cette idée et qui attendait ça depuis 3 mois. Et puis, sa fierté à lui en prendrait un coup s’il lui avouait qu’il avait le vertige. C’était peut être idiot mais il voulait qu’elle le voit comme un homme fort et viril, pas comme un gosse qui avait peur du vide. Il avait déjà suffisamment l’air d’un ado timide lorsqu’elle initiait le moindre contact avec lui, hors de question de lui montrer plus de fragilité, il prendrait sur lui. « Bien sûr que je viens avec toi, allons-y ». Ils se dirigèrent vers la grande roue sans que la jeune femme ne puisse se douter le moins du monde de l’appréhension qui montait à chaque pas pour le jeune homme. Arrivés sur place, ils étaient toujours main dans la main et ça ne se bousculait pas au portillon, ils eurent droit à une nacelle pour eux tout seuls c’était déjà ça, s’il paniquait elle serait la seule à le voir. Il s’installèrent à l’intérieur de la nacelle qui commença rapidement son ascension. Sentant la nervosité l’atteindre sérieusement, il lâcha la main d’Emily, il ne voulait pas qu’elle sente qu’il commençait à transpirer. « Tu as de belles photos à faire à cette hauteur déjà », lui lança t-il pour distraire son attention et la forcer à la porter sur autre chose que lui, alors que sa jambe commençait à trembler de nervosité. Jared fixa le sol, refusant catégoriquement de regarder par la vitre de la nacelle, ses yeux sombres se raccrochaient à ce qu’ils pouvait. Il sentait les vibration de la nacelle qui s’élevait dans les airs et sans avoir à regarder, son imagination pervertie par la peur faisait augmenter son rythme cardiaque. Il enleva sa veste en cuir pour rester en simple T-shirt, il avait chaud soudainement, alors qu’ils avaient atteint le point le plus haut de la nacelle. Son coeur tambourinait dans sa poitrine et il avait du mal à respirer. Pour cacher son état, il se pencha en avant, ferma les yeux et mit sa tête dans ses mains, la jambe toujours tremblante et la respiration saccadée. « Courage Jared, c’est juste un mauvais moment à passer… »

Hey boy, I see you over there, I see you staring, what are you thinking? I need to know, why don't you come on over? I'd sure love to know you. I think you should come with me, that's a chance I'd like to take | JARED & EMILY

Une fois que la jeune femme eut fait de nombreuses photos, elle décida de prendre de nouveau les devants. La première chose qu'elle lui dit, ce fut à quel point elle avait aimé l'écouter parler. Elle l'avait trouvé passionnant. La surprise se lut sur le visage du policier, mais il accepta le compliment et lui répondit qu'elle avait été un bon auditoire et que c'était pour ça qu'il avait été si à l'aise avec elle. Elle resta silencieuse, mais elle tourna la tête sur le côté avec un sourire, signifiant qu'elle avait apprécié. Puis elle s'approcha de Jared, continuant de lui parler, mentionnant quelque chose de Jane lui avait dit quelques minutes auparavant. Le jeune homme eut ce geste qu'il faisait lorsqu'il était un peu nerveux et Emily ne pouvait s'empêcher de trouver ça craquant. Comment est-ce qu'un homme comme Jared, policier qui plus est, pouvait-il se montrer si doux et si timide? Il avait forcément eu d'autres femmes avant elle. Elle imaginait difficilement qu'il n'ait pu intéresser personne. C'était quelqu'un de très plaisant à l'oeil, elle n'allait pas le nier, mais il avait aussi cette manière d'agir et de parler qui donnait envie d'en savoir plus. Continuant de prendre de l'avant, elle lui avoua qu'il lui plaisait et qu'elle voulait vraiment passer du temps avec lui. Pas seulement parce qu'il était sympathique, pas seulement parce que physiquement, ça collait entre eux, non... Elle voulait se rapprocher de lui en tant qu'êtres humains qui avaient toutes les chances d'écrire une belle histoire d'amour. Jared ne la repoussa pas, bien au contraire: ses doigts se resserrèrent autour de ceux de la jeune femme et elle retrouva ce contact physique rassurant qui lui faisait tant de bien. Une vague de chaleur parcourut son corps. Elle ne fit que s'amplifier lorsque le policier prononça son prénom. La moindre petite parcelle d'Emily le désirait tellement qu'elle avait l'impression de brûler de l'intérieur. Elle n'avait jamais désiré personne comme ça. Pas si vite. Pas à ce point. Et quand Jared lui dit qu'elle lui plaisait aussi et qu'il la trouvait belle, elle entrouvrit la bouche, non pas pour parler, mais parce que sa respiration s'était accélérée et qu'elle avait du mal à contenir l'effet qu'il lui faisait. Je suis maladroit, mais tu comptes pour moi. La surprise s'empara d'Emily. Elle comptait. Ils venaient de se rencontrer, mais elle comptait déjà. En réponse, la petite blonde tendit doucement la main et la posa avec tendresse sur la joue de Jared. « Je trouve ça très mignon, ta maladresse. » lui dit-elle tendrement. C'était vrai. C'était une des choses qui lui plaisait chez lui. Sa timidité le rendait sincère lorsqu'il disait les choses. Finalement, après s'être observés un instant, ils reprirent leur marche et Emily signala qu'elle avait envie de voir le parc d'un peu plus haut.

Jared acccepta et, heureuse à la perspective d'être proche de lui, Emily eut la bonne surprise de voir qu'ils auraient une nacelle pour eux seuls. Lorsque la nacelle commença à monter, Jared lâcha la main de la jeune femme et lui fit remarquer qu'elle pouvait déjà faire de jolis clichés. C'était vrai. Elle sortit donc son appareil de la veille et, après un ou deux réglages rapides, entreprit de le déclencher alors que la nacelle s'était stabilisée, lui permettant de profiter de la vue. Lorsque l'attraction repartit, les vibrations se faisant de nouveau sentir et étant désagréable pour se concentrer, Emily reposa son appareil contre elle. Son attention se reporta donc à nouveau sur le policier et elle fronça légèrement les sourcils lorsqu'elle le vit retirer sa veste. Il ne faisait pas plus chaud qu'une minute auparavant. Elle réalisa alors qu'il ne paraissait pas franchement à l'aise. La jeune femme oublia la vue au dehors et éteignit son appareil: quelque chose n'allait pas. Elle allait lui demander s'il se sentait bien, quand elle vit qu'il tremblait et qu'il se penchait en avant pour cacher son visage. D'accord. Ca n'allait pas du tout. Etait-il monté ici alors qu'il avait peur du vide?

Sans y réfléchir plus longtemps, Emily retira son appareil de son cou et le posa sur la banquette à côté d'elle. Il ne risquait pas grand chose et puis s'il finissait sur le sol, tant pis, elle avait actuellement plus important à penser. Emily vint poser avec douceur une main dans le dos du policier. « Hé...? » Sa main remonta jusqu'à la nuque du jeune homme qui était, en réalité, terrorisé. Emily se laissa alors glisser lentement jusqu'au sol. Elle était légère et faisait tant attention à ses gestes que la nacelle ne bougea pas. L'appareil était de toutes façons créé pour rester stable quand les enfants s'y agitaient trop. Sans briser le contact physique, elle laissa également glisser sa main pour venir la poser contre celle de Jared, se trouvant désormais accroupie devant lui. « Je suis là, d'accord? Je suis avec toi. » Elle ne lui dit pas qu'il n'avait pas à avoir peur. Elle savait trop bien quel effet détestable ça pouvait avoir que d'entendre ça alors qu'on était justement perdu dans sa propre peur. « On est tous les deux, ensemble et je ne te lâcherai pas. » Pour appuyer ses paroles, elle saisit doucement une des mains de Jared pour libérer son visage et porta cette dernière à ses lèvres, déposant un baiser sur le dos de la main du policier. Puis elle appuya son visage tout contre, avec tendresse. « Essaie de rester connecté à moi et de respirer doucement. » L'autre main de la petite blonde vint passer sous le menton de Jared, non pas pour le lui relever, mais pour amplifier la proximité physique. Elle laissa aller son pouce contre son menton dans un mouvement de caresse, inquiète de le voir dans cet état. Si seulement ils pouvaient descendre! Mais hélas, ce type d'endroit était fait pour être lent et avant de pouvoir en sortir, Jared allait devoir le subir pendant encore quelques minutes qui allaient lui paraître une éternité.

I am reaching for the highest goal, that I might receive the prize. Pressing onward, pushing every hindrance aside out of my way. Cause I want to know you more | EMILY & JARED

La maladresse de Jared ne semblait pas gêner Emily plus que ça. Lui se maudissait d’être si peu à l’aise et aussi maladroit, mais Emily elle trouvait ça touchant. Il suffisait qu’elle pose la main sur sa joue pour qu’il comprenne qu’elle ne cherchait pas seulement à le rassurer mais qu’elle appréciait aussi son côté réservé. Il faut dire que jamais aucune femme ne l’avait intimidé autant qu’elle. Il était maladroit et timide parce qu’elle lui plaisait réellement et c’était justement parce qu’il ne voulait pas faire d’erreur, qu’il en faisait. Il le lui avait dit : elle comptait pour lui et la perdre sur une bêtise serait une déchirure. Il n’avait jamais voulu quelqu’un autant qu’elle, alors il se mettait une telle pression qu’il finissait par perdre ses moyens, mais immanquablement, avec toute la patience du monde, Emily sauvait la situation. Il finirait par être plus à l’aise avec le temps, mais la phase de séduction n’était pas évidente pour lui, il n’était pas vraiment douée à ce jeu là. L’aisance avec laquelle Emily communiquait avec les autres l’avait probablement conduite à fréquenter plus d’hommes que lui de femmes, des hommes sans doute plus entreprenants et plus surs d’eux, pourtant elle l’avait choisit, lui et sa maladresse. Paradoxalement il se sentait bien avec elle oui il était maladroit et intimidé mais en sa présence il se posait moins de questions, elle le faisait sourire.

Il ne fit rien paraître de sa peur lorsqu’elle lui suggéra de monter dans la grande roue et ce ne fût qu’une fois à l’intérieur qu’il commença à se sentir tellement mal qu’il n’arrivait plus à le cacher. Il fit bien une tentative de distraction qui fonctionna un moment mais sa respiration anarchique, sa jambe tremblante et les efforts qu’il faisaient pour rester calme trahirent son malaise et eurent rapidement fait d’attirer l’attention de la photographe. Il était pourtant excellent quant il s’agissait de cacher sa peur ou ses sentiments, mais là c’était bien trop viscéral, bien trop puissant pour qu’il puisse la dissimuler plus longtemps. Il sentit soudaine une main apaisante dans son dos, qui glissa doucement vers sa nuque : Emily. Le policier conserva la tête dans les mains, il ne voulait pas qu’elle le voit comme ça, comme un enfant terrifié. Il la sentit plus qu’il ne la vit s’accroupir devant lui, la voix de la jeune femme était apaisante, elle lui disait qu’elle était avec lui, qu’elle ne le lâcherai pas. Face à tant de douceur, Jared baissa les armes et la laissa lui prendre la main pour libérer son visage. Son autre main retomba du même coup. Jamais elle ne lui dit qu’il ne risquait rien, jamais il ne lui dit qu’elle ne devait pas avoir peur. Elle était juste là pour lui, sans jugement. Il n’avait pas eu à lui dire qu’il avait peur du vide, elle l’avait comprit, et elle qui escaladait tout ce qu’elle pouvait trouver pour faire ses photos se trouvait là, à l’aider à lutter contre se peur du vide, ratant sans doute l’occasion de faire de magnifiques photos. Dans un geste tendre, Emily vient doucement poser ses lèvres sur le dos de la main du policier, comme pour le distraire de sa peur, lui conseillant de respirer. S’abandonnant totalement à elle, Jared obéit et se remit à respirer, inspirant de l’air avec le nez, expirant par la bouche pour se calmer. Il ne la regardait pas, la voix de la jeune femme suffisait à l’apaiser, sa jambe cessa de trembler. Il sentit la main d’Emily glisser sous son son menton, son pouce le caressant doucement pour lui rappeler qu’elle était là, tout proche. Elle était à ses côté et lui avait besoin d’elle, de toujours plus de contact pour rester calme et ne pas trembler à nouveau. La main libre du policier vint doucement attraper la nuque de la jolie blonde et il vint poser son front contre le sien, se raccrochant à elle comme à une bouée de sauvetage. La nacelle s'ébranla, et vibra un instant avant de se remettre en route pour entamer sa descente. Jared resserra ses doigts autour de ceux d’Emily pour se donner du courage. « Je suis désolé, j’ai cru que j’arriverai à gérer... », murmura t-il. Si seulement son ego ne l’avait pas poussé à faire semblant que tout allait bien, si seulement son arrogance ne l’avait pas conduit à penser qu’il pourrait vaincre sa peur, Emily aurait peut être pu prendre les photos qu’elle souhaitait et qui lui faisaient envie. Au lieu de ça, elle se retrouvait à devoir gérer la peur irrationnelle du vide d’un policier qui n’avait pas su être raisonnable.

Hey boy, I see you over there, I see you staring, what are you thinking? I need to know, why don't you come on over? I'd sure love to know you. I think you should come with me, that's a chance I'd like to take | JARED & EMILY

En réalisant que le malaise du policier était aussi violent que le sien en présence des félins domestiques, Emily abandonna immédiatement son appareil photos. Tant pis pour la vue et pour son travail. Ce n'était pas les occasions qui allaient manquer. Des photos, il pouvait y en avoir des centaines. Jared, en revanche, était unique et leur relation aussi. Il n'y en aurai pas d'autres comme celle-ci, même s'ils se connaissaient à peine, Emily le savait. Aussi, la jeune femme occulta tout ce qui se trouvait autour d'elle et vint rétablir le contact physique avec le policier. Les crises d'angoisse dues aux phobies, elle savait trop bien ce que c'était. Il était nécessaire de rester ancré dans ces moments-là et, à moins que la demande contraire ne soit établie, s'accrocher à quelqu'un qui était conscient du monde extérieur était une aide précieuse. Ce fut donc cette aide qu'elle accorda au jeune homme, le plus naturellement le monde. Elle fut soulagée lorsqu'il l'accepta immédiatement et il se connecta à elle plus vite qu'elle ne l'aurait crue. C'était une bonne chose. Ca allait rendre la descente plus facile. Alors que Jared faisait un effort pour mieux respirer, elle vint caresser doucement son visage pour l'encourager à continuer. « C'est bien... C'est très bien... Reste avec moi... » Sa voix était douce, ni enfantine, ni juge. Elle était simplement là, avec lui et elle le lui rappelait. Du bout de son pouce, elle caressait la main de Jared, espérant que la grande roue ne prendrait pas trop de temps pour redescendre, afin qu'il puisse sortir d'ici le plus rapidement possible.

Le corps du jeune homme cessa doucement de trembler et il vint passer sa main libre derrière la nuque d'Emily, qui fit un mouvement en avant pour se rapprocher un peu plus tandis qu'il collait son front contre le sien. La nacelle se mit alors à bouger et, pour garder l'équilibre, elle posa un genou au sol, venant se caler un peu plus contre Jared. Lorsqu'elle sentit les doigts du policier se resserrer autour des siens, elle répondit au geste en les serrant un peu plus fort à son tour. Dans un murmure, le jeune homme s'excusa. Leurs fronts toujours appuyés l'un contre l'autre, Emily posa sa main libre contre le bras que Jared avait utilisé pour la rapprocher de lui. « Eh bien, maintenant, on sait qu'on ne vivra jamais au dixième étage et qu'on ne pourra pas avoir de chat à la maison. » dit-elle avec un léger sourire qui put s'entendre dans sa voix - car oui, on pouvait entendre les gens sourire. La petite blonde usait à la fois d'humour et de sincérité pour tenter de détendre Jared. Elle était profondément sincère dans ses dires: elle avait envie de construire quelque chose avec lui et elle n'allait certainement pas s'en aller parce qu'il lui montrait ses fragilités. Au contraire: ça la touchait beaucoup. Il aurait pu mal prendre sa réaction et la repousser. Elle l'aurait comprit. La peur nous faisait faire des choses un peu inattendues parfois. Elle aurait également comprit, bien qu'elle en aurait été un peu déçue, s'il avait préféré qu'elle soit bien présente physiquement mais qu'elle garde malgré tout ses distances. Il n'avait rien fait de tout ça. Elle lui avait tendu une main pour l'aider et il l'avait saisie sans la moindre hésitation. C'était une belle preuve qu'il avait réellement envie de lui faire confiance. N'était-il pas, d'ailleurs, allé jusqu'à affronter sa peur, afin de pouvoir la suivre? Quelle preuve plus belle qu'il voulait se rapprocher d'elle aurait-il pu lui donner? Il n'avait vraiment aucune excuse à lui faire. « Je suis sûre qu'Eliott préférerait de toutes façons un jardin qu'une vue sur les toits. »

La nacelle vibra de nouveau, se préparant à s'arrêter au quart de la roue. Ils ne tarderaient désormais plus à descendre. Quand cette dernière s'ébranla légèrement avant de stopper pour de bon, Emily rapprocha son visage de celui du policier, venant tendrement coller son nez contre celui de Jared. Elle aurait voulu faire un geste pour l'embrasser qu'elle ne s'y serait pas prise autrement. Pourtant, elle n'y pensa même pas. Elle savait simplement que les mouvements d'un appareil suspendu dans le vide pouvaient être terrifiants, si on était pas à l'aise avec l'idée et elle voulait que Jared conserve le peu de stabilité qu'il était parvenu à gagner. « C'est bientôt fini. Dès qu'on arrive à bonne hauteur, je fais signe pour descendre. » Elle serra doucement l'étreinte de ses doigts autour du bras de Jared. « Tu t'en sors très bien. » lui dit-elle dans un murmure, espérant l'encourager à continuer dans cette direction.