Blind date - Lucrezio & Morrigan

Le centre pour les animaux grandissait, et je devais avouer qu’il me prenait tous les jours un peu plus de temps. J’adorerais ce que je faisais, et je ne me voyais pas changer de vie. J’avais adopté la ville, le pays, je commençais vraiment à me sentir chez moi aussi.

Il faut dire que je prenais beaucoup de temps pour les animaux, c’était devenu ma raison de me lever le matin. Certains diront que c’est triste, de se lever uniquement pour soigner des animaux, de vivre pour les autres, et jamais pour soit. Je n’y avais jamais vraiment pensé avant de rencontrer Lilas, une jeune femme étonnante et pleine de vie.

C’est surement pour ça que je m’étais inscrit aujourd’hui à cette soirée de rendez-vous à l’aveugle. De voir Lilas aussi énergique et rayonnante, j’éprouvais depuis comme un manque. Les animaux c’est une chose, mais je commençais à me dire que j’avais le droit moi aussi de prendre soin de moi.

D’un autre côté, je me sentais quand même un peu honteux de faire ça, je n’avais pas crié sur les toits que je ferais partie de la fête. Qui ferait ça ? Je ne savais pas vraiment à quoi ou qui m’attendre, mais j’avais quand même choisi ma plus belle chemise. Je ne l’avais pas sortie depuis longtemps, peut-être même jamais depuis que je suis ici en écosse.

Elle était pourpre, et tombait bien avec ce pantalon que je gardais pour aller avec. Je n’étais pas forcément doué pour tout ça, mais c’est ma sœur qui l’avait choisi à l’époque, et je lui fais plus confiance qu’à moi pour ça. Même si je me sentais un peu ridicule en me regardant dans le miroir, je décidais de sourire et de faire un effort.

Maintenant on avait plus qu’à se rendre à l’adresse indiquée, et de se laisser aller, ça je savais faire. Je me disais que ça serait l’occasion de rencontrer des vraies personnes, de sortir de mon quotidien, alors c’était avec le sourire que j’arrivais sur place. Me renseignant sur la table, on me dit que ma partenaire venait d’arriver à l’instant, et ça y est j’avais un peu le trac.

J’avais cette rose que j’avais prise avec moi, c’était de trop, non ? Je regardais ma rose, la table devant laquelle une jolie blonde s’avançait, ma rose, la table, la blonde, la table et puis je décidais d’avancer, jusqu’à reconnaitre ce sourire qui ne m’était pas inconnu. Enfin, je reconnaitrais le sourire de loin, mais … ouah, c’est la première fois que je vois Morrigan comma ça.

- Mo .. Morrigan, je, heu … waah ! C’est vraiment toi ?

Elle était totalement belle, pas juste séduisante, elle dégageait un charme naturel que je n’avais descellé jusqu’à là. On dit que l’habit ne fait pas le moine, mais c’est faux, la robe en tout cas pouvait transformer une femme qu’on pouvait croiser régulièrement sans la regarder. J’ose à peine m’approcher de mon amie pour déposer un baiser sur sa joue comme je le ferais pourtant naturellement chez moi.

- Ss..salut ! Changer … ? Tu rigole, c’est moi qui ai la plus belle ce soir, alors je la garde.

Peut-être que ça serait plus facile avec quelqu’un que je connais déjà. Je ne savais même pas ce que j’attendais réellement de ce rendez-vous, mais l’idée de passer un moment avec la jeune femme dans un cadre où on aurait pas à se soucier des animaux ça n’était pas déplaisant. Je lui tends alors la rose que j’avais prise avec moi avant de lui proposer de s’assoir.

- Je sais, une rose, c’est ringard, il y en a plein partout déjà en plus. Mais ça te fera un souvenir.

Tant eu t’elle envie de se souvenir de cette soirée. Je lui laissais la rose et passais derrière elle pour venir tirer sa chaise. Ça faisait certainement trop longtemps que je n’avais pas fait ça, j’étais plutôt douer avec les filles au lycée, mais on dit que les italiennes sont plus facile, alors je n’étais pas certain que mon succès d’antan compte encore ici.

- Si mademoiselle veut bien se donner la peine de s’assoir !

Avec ma main et un grand sourire je lui montrais que moi j’étais prêt à jouer le jeu jusqu’au bout. Enfin, de profiter de cette soirée, et de ne pas me demander justement si j’aurais dû changer de partenaire.

- Ou si toi tu veux changer, c’est ta dernière chance.

Morrigan ! C’était elle mon rendez-vous de ce soir. C’était amusant de se retrouver là, enfin, surtout un peu déroutant je l’avoue. Elle est adorable, et son aide m’est précieuse avec les animaux, mais je n’avais jamais pris le temps en vrai de la regarder comme elle voulait se montrer ce soir. A la fois belle et vulnérable, ça se voyait que la blonde avait fait un effort ce soir.

Pas qu’elle n’est pas à son avantage d’habitude, mais il faut dire que pour tenir compagnie aux animaux elle n’a pas tout à fait la même tenue. Finalement j’étais content de tomber sur elle, et d’avoir une chance de découvrir une Morrigan différente, une chance d’apprendre à connaitre celle que je considérais déjà comme une amie.

- Oh ! J’ai hésité à venir avec un bouquet de pissenlit, mais je me suis dit qu’une rose serait plus intime.

J’ai toujours vu Morrigan comme le genre de fille pas difficile, enfin dans le sens à se satisfaire des plaisirs naturels. Alors je n’étais pas étonné d’apprendre qu’elle aimait les fleurs, si j’avais su que c’était elle mon rendez-vous j’aurais même pu faire un effort. Mais je me notais de lui trouver des fleurs, une autre fois, des fleurs moins impersonnel qu’une rose toute simple.

- Je ne te promets pas de retenir chaque fleur que tu aimes, mais tu sais quoi, je pourrais en planter quelques-unes dans le parc du refuge, ça pourrait être sympa.

Sans dire que je voulais ériger un coin pour faire plaisir à Morrigan, des fleurs ne feront surtout de mal à personne, et ça serait une façon pour moi d’agrémenter et le jardin, et d’arracher un sourire à la blonde qui partageait avec moi cette expérience un peu étrange.

On en venait aux confidences, et la jeune femme m’expliquait à ma grande surprise qu’elle n’avait pas réellement choisie d’être ici. Quelqu’un l’aurait trainée de force ici ? En tout cas on n’avait pas dû la maquillée et l’habiller contre son gré, et je devais avouer que quand elle faisait attention, Morrigan savait vraiment y faire pour plaire. Je lui souriais, attentif, avant de me pencher près d’elle, faisant mine de guetter son oreille pour lui parler d’un ton plus bas.

- Heureusement que je suis arrivé alors ! Des adultes matures tu en trouveras surement, mais responsable un peu moins ici.

Je lui faisais finalement un petit clin d’œil amusé avant de retrouver une position plus adéquate avec mes épaules qui revenait s’adosser sur la chaise. La jeune femme était venue avec la ferme intention de s’amuser, et si je ne mélange pas tout, je pense comprendre ce qu’elle cherchait comme jeu du soir entre adulte.

Est-ce que j’étais en train de la juger ? Morrigan faisait bien ce qu’elle voulait, et puis j’avais toujours apprécié sa façon d’être elle-même, fraiche et spontanée. Je ne lui jetterais pas la pierre, je crois même que d’une certaine façon je l’enviais. Accusant son compliment sur ma chemise avec un sourire, j’essaie de répondre le plus naturellement possible à sa question suivante.

- Je ne sais pas ce que je suis venu chercher. Toi peut être !?

Pourquoi j’étais venu ici ? C’était une bonne question, et si j’y répondais maladroitement, je crois que dans le fond c’était pas si éloigné de la vérité. J’admirais cette façon que la blonde avait d’être toujours à fond dans tout ce qu’elle fait. Et aujourd’hui je cherchais une passion, un peu de fraicheur, un peu de Morrigan.

- Ne rougis pas ! Je voulais dire que c’est toi qui m’a inspiré. Je ne sais pas vraiment ce que je fais là. J’imagine que j’étais curieux. Tu es déçue ? Parce que moi à défaut d’être mature, je sais être responsable !

En mettant à plat ce qu’on avait sur le cœur, ou plutôt à l’esprit lors de ce premier contact, chacun prenait ses responsabilités pour dire que ça n’était pas vraiment une situation où l’on se sentait à l’aise. Pourtant j’étais content, et elle le semblait aussi, de partager ce malaise entre deux personne qui finalement se connaisse déjà un peu.

- Des faux espoirs ? Tu m’étonnes, habillée comme ça, c’était pour mieux montrer au mystérieux inconnu ce qu’il n’aurait pas eu le droit d’avoir ?

C’était une façon de lui signifier que si vraiment elle ne comptait pas donner suite à son rendez-vous, la tenue était un peu hypocrite. Morrigan c’était donné du mal, ou du moins elle avait fait des efforts pour être à son avantage, et je trouvais ça triste de me dire que ces efforts ne seraient pas récompensés.

- C’est pas toi qui parlait de t’amuser, avec un adulte mature et responsable !?

Je reprenais ses mots, en souriant pour montrer que d’une part je ne perdais pas une miette de notre conversation, et d’autre part je la trouvais incohérente avec elle-même. Je vois bien que la blonde est troublée d’être ici, et qu’Elle ne sait même pas vraiment elle-même ce qu’elle veut ou non, ce qu’elle est prête à chercher, à donner.

- Et mes espoirs à moi ? Enfin, voir une Morrigan si belle dans une robe du soir, c’était au-delà de mes espérances. Rien que pour la vue je ne suis pas déçu !

Sincère, je lui souriais, avant de faire un signe au serveur pour le convier à notre table. Je commandais deux coupes de champagne, enfin, c’était plutôt un vin crémant, mais le serveur m’assurait que c’était de circonstance. De toute façon c’est ce qu’ils servaient à toutes les tables, ils devaient en avoir une bonne réserve.

Je retournais m’assoir en face de mon amie, je la voyais nerveuse, à jouer avec sa serviette le temps que nos verres arrivent. Elle n’était pas comme ça d’habitude, en générale Morrigan est plutôt pétillante et pleine de vie. Je me permets alors de tendre ma main à l’autre bout de la table pour la poser sur la sienne et sur la serviette, d’une façon franche, sans hésiter.

- Calme-toi, d’accord ? Il n’y a que toi et moi ici, les autres ne sont pas là ! Si c’est ta robe qui te rend mal à l’aise, je te proposerais bien de l’enlever, mais ça ne serait pas très responsable.

En plaisantant une nouvelle fois sur ce mot, je gardais ma main tout en douceur sur la sienne. Je voulais essayer d’apaiser mon amie, au moins retrouver la Morrigan que j’ai pu connaitre, même si je n’avais jamais été aussi affectueux avec la blonde avant ce soir. Je continuais à sourire, un peu moins mal à l’aise, son mal aise à elle m’obliger moi à être plus sur et confiant pour nous deux.

- Un truc irresponsable que j’aurais fait dans ma vie ? Si je te le dis je serais obligé de te tuer après ! Sérieux … je sais pas, c’est difficile de répondre à ça. Tu sais, je suis pas très entreprenant, et mes conquête depuis que je suis en ville ça se compte sur une mains …

Les verres arrivaient et je relâchais la main que j’avais sur celle de ma voisine en reprenant une position assise plus droite et étriquée. Je remerciais le serveur, sans trop savoir comment tout ça marchait. J’imaginais qu’on règlerait la note à la fin. Je tendais mon verre contre celui de ma partenaire pour la soirée sans la quitter des yeux.

- Si on en est à parler de ça, je peux t’assurer que ta vie sexuelle doit être plus épanouie que la mienne. Mais, tu le garde pour toi hein ? On dit partout que les Italien sont des tombeurs et des machos, je ne voudrais pas pourrir notre réputation à moi tout seul.

Il y a quelques années j’étais plus doués dans l’art de la séduction, ou alors peut être que c’était plus facile. Je devais avouer que je restais littéralement pertubé par la présence de mon amie devant moi. J’essayais maladroitement de la complimenter sur sa tenue, mais aux vues de ses réponses je me rendais compte que je devais très mal m’y prendre.

Est-ce qu’on en était venu au point que ça devenait compromettant de dire à une femme quelle est belle ? J’attendais que ma partenaire termine son monologue, j’avais prévu répondre, mais son soupire de lassitude m’en dissuadait un peu. Si je pouvais me cacher sous la table à ce moment-là, je crois que je pourrais le faire, même si je restais droit, souriant timidement en essayant de m’excuser.

- Excuse-moi … j’ai pas fait ça depuis … trop longtemps visiblement. Ce que j’essayais de dire un peu maladroitement, c’est que tu es charmante ce soir, et que je suis ravi d’être là avec toi.

J’espérais laisser cette conversation derrière nous, j’enfouissais dans un coin de ne plus parler de sa tenue, même si je la trouvais sublime ce soir. Morrigan avouait à son tour ne plus avoir forcément l’habitude de ce genre de rendez-vous, alors peut être qu’on devrait essayer de se rhabituer ensemble. En faisant mariner cette idée un peu dans la tête, je trouvais même ça pas trop bête, et je décidais de la faire partager avec la blonde.

- On a qu’à dire que ce soir c’est un diner de répétition ! Comme ça demain, quand tu auras un rendez vous avec un vrai gentlemen, tu seras mieux préparée.

En tout cas je voyais mon amie se décoincer un peu, et ça m’aidait à en faire de même. Quand elle me tirait la langue, je riais en m’excusant par la même occasion auprès de tous les autres italiens dont j’étais en train de ruiner la réputation. C’est à ce moment que mademoiselle minaudait, en expliquant qu’elle aimait les machos, et je répondais du tac au tac.

- Oh ? ça j’aurais du mal à le croire.

Peut être que je me trompais, mais je ne voyais pas du tout Morrigan avec un homme qui la traite mal. On n’avait peut-être pas la même définition du macho tout les deux. C’est à ce moment là que nos verres arrivaient, sur une digression intéressante concernant la vie sexuelle de mon interlocutrice.

On avait certainement plus de point en commun que je l’aurais imaginé elle et moi. C’est alors que je m’apprêtais à trinquer quand elle me tendait sa coupe. Décidément mademoiselle restait surprenante, je reculais un instant en arquant un sourcil. Je la regardais, d’un air de dire tacitement « t’es sérieuse ? » et puis je buvais dans son verre en lui proposant le mien.

- Morrigan McCullough est une vraie romantique ? Dans ce cas je veux bien être ton Roméo ce soir.

Je me laissais tenter par sa coupe, même si en vrai c’était moins pratique que ce que l’on imagine en regardant ça dans les films. Ou la table était trop large, je devais me pencher suffisamment, mais je me laissais aller au jeu, en finissant par donner une pichenette à la belle sur le nez, tout doucement de mon index droit.

- J’ai bien envie de relever ton défi, plus tard peut être, parce que je veux une partenaire en forme si tu veux que je te fasse danser.

Avec un clin d’œil charmeur, je considérais la question. Pour ce qui était de danser, je pense que j’arriverais à gérer, mieux que le reste à priori. Je la laissais y penser pendant qu’elle s’abreuvais dans ma coupe, et c’est à cet instant que les notes d’un slow très connu se faisaient entendre. Autant dire qu’entre la musique, le champagne et la déco sur les tables, tout était prévu dans les moindres détails.

Je tendais alors la main à Morrigan, en la toisant dans les yeux d’un regard pénétrant. Je me levais, et avec deux doigts, ma main toujours immobile en attendant qu’elle la rejoigne, je faisais un geste pour l’inciter à me rejoindre. J’attendais, quelques secondes avant de me cambrer vers elle pour attraper son poignet.

- C’est toi qui voulait danser, allez vient !