It takes someone special to be a dad | Ft. Aidan Taggart

It takes someone special to be a dad
Ft. @Aidan Taggart

Sa dernière rencontre avec Aidan avait été un massacre, Candice ne pouvait pas résumer les choses autrement. Ils ne s'étaient pas compris, Aidan toujours si impulsif alors que Candice avait voulu prendre du recul sur la situation, consciente de la petite âme qui était désormais mêlée à leur relation. Peut-être parce qu'elle était celle qui avait vu grandir leur fille. Les choses auraient sans doute été plus simple s'il avait été là...

Mais le destin avait distribué les cartes autrement, et il fallait bien qu'elle s'en contente. Et si, pleine d'incertitudes, elle avait encore du mal à réaliser qu'Aidan était revenu dans leurs vies, ou même à imaginer qu'il reste longtemps à Edimbourg, elle en avait quand même glissé quelques mots à Rosalie. Qui n'avait pas semblé perturbée par l'information, ne cherchant pas à en savoir plus. Elle ne s'était jamais vraiment posé de questions sur son père, certainement parce qu'elle était loin d'être la seule enfant de l'école à ne vivre qu'avec sa mère.

Les jours étaient passés, sans que Aidan ne réapparaisse, et sans que Rose ne lui pose de questions. Candice avait donc juste remisé les choses dans un coin de sa tête, décidant de ne pas chercher l'homme avant que sa fille n'en reparle. Ça aurait pourtant été si simple de passer un coup de fil à Jared, en lui donnant la véritable identité de Thomas et en cherchant à en savoir plus sur lui, niveau professionnel... Mais il était parti du café sans rien dire de plus, et elle n'avait pas cherché à s'imposer plus.

« Maman ! Regarde ! Regarde ce que je sais faire ! »

La voix de sa fille la tira de ses pensées, et Candice se reconcentra sur la petite fille, l'observant faire des pirouettes. Le jardin du château était l'un de leurs endroits favoris pour de jolis balades. Et si l'hiver les privait des magnifiques fleurs qui y poussaient, elles trouvaient quand même à s'amuser et se dépenser avant de rejoindre le petit café où elles avaient leurs habitudes, afin d'y savourer des chocolats chauds pour se réchauffer.

« Bravo ma puce ! Tu seras bientôt une meilleure danseuse que moi » plaisanta-t-elle.

Rosalie secoua la tête et leva les yeux au ciel, l'air de penser que Candice était idiote, à penser pouvoir être détrônée un jour. Une attitude qui fit rire la jeune mère. Si elle avait adoré s'occuper de son petit bébé et d'assister à ses premières fois, elle aimait encore plus avoir une enfant assez grande pour être capable de répartie. Surtout que Rose savait se montrer drôle, même si elle ne s'en rendait pas toujours compte.

« Ok, ok, deuxième meilleure danseuse » se reprit-elle en souriant.

Une formulation qui semblait mieux plaire à la petite fille. Elle repartit de plus belle sur de nouvelles pirouettes, encore un brin maladroites mais plutôt bien réalisées si on tenait compte des cinq petites années de l'enfant. Sauf qu'elles se dirigeaient vers une allée plus encombrée, et que Rose allait devoir faire attention à ses gestes.

« Attention, princesse. Il y a du monde, on continuera les pirouettes tout à l'heure » la retint Candice.

Entièrement concentrée sur sa fille, elle ne manqua rien de sa moue déçue. Pourtant, elle ne fit pas trop de difficultés à arrêter ses pas de danse, revenant sagement prendre la main de sa mère, bousculant involontairement quelques passants sur le trajet.

Codage par Libella sur Graphiorum

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Concentrée sur sa fille et son charabia d'enfant racontant une anecdote de l'école - Candice était presque certaine de l'avoir déjà entendue mais jouait la mère curieuse quand même -, elle n'avait pas remarqué la soudaine agitation autour d'elle. Il avait fallu qu'elle sente un homme la frôler, menaçant de la faire tomber, pour qu'elle relève la tête. Son idée première était de lever la voix, histoire que la personne en question arrête de courir dans un lieu si plein, au risque de blesser un enfant. Elle n'avait jamais été du genre à aimer se donner en spectacle, mais elle était aussi incapable de laisser sa fille se faire bousculer ainsi.

Mais elle se tut en remarquant les uniformes de police autour d'elle, prenant conscience de la course-poursuite. Elle s'écarta de l'homme désormais à terre, plaquant par réflexe Rosalie contre elle. L'action était passée, pourtant, mais il y avait ce elle-ne-savait-quoi qui la poussait à continuer de protéger sa fille, malgré tout. Et elle comprit bien vite pourquoi en reconnaissant la silhouette d'Aidan, et sa voix si familière, après toutes ces années sans se voir.

Candice aurait bien voulu se concentrer sur les yeux des passants, qui devaient se demander pourquoi le policier restait parler avec elle plutôt que de suivre l'homme qu'il venait d'arrêter. Elle aurait préféré entendre leurs murmures étonnés et les rumeurs qu'ils devaient chercher. Mais elle ne voyait, ni n'entendait rien, son regard figé dans celui d'Aidan. Elle en oubliait le monde, comme avant, quand il n'était que deux, dans ce club sordide de Londres.

« Bonjour Aidan » finit-elle par dire, sa bouche lui semblant étrangement pâteuse.

Elle avait imaginé autre chose pour la première rencontre entre Rosalie et son père. Un rendez-vous plus agréable, au restaurant ou dans une aire de jeux. Quelque chose de plus agréable pour la petite fille que les mains de sa mère crispées sur ses épaules et la tension manifeste entre les deux adultes. Mais Aidan avait refusé les rendez-vous, et débarquait dans leur vie de manière hasardeuse - comme il l'avait toujours fait.

Elle s'agenouilla pour se mettre au niveau de sa fille, qui semblait inconfortable sous le regard perçant d'Aidan. Forcément, elle devait se demander qui il était. Candice n'avait jamais eu de photos à lui montrer, et ce n'avait de toute façon jamais été une demande de la part de l'enfant.

« Rose, tu te souviens quand je t'ai parlé d'Aidan ? » demanda-t-elle gentiment.

Rosalie tourna rapidement la tête vers elle, une lueur soulagée dans le regard. La petite aimait comprendre les choses, ce qui la frustrait énormément quand elle se retrouvait au milieu des conversations d'adultes. Alors que Candice commence à expliquer les choses, et l'aide à se soustraire du regard de l'homme inconnu.

Patiemment, la jeune maman attendit que sa fille n'hoche la tête. Ce que Rose mit quelques instants à faire, cherchant à se souvenir correctement de la conversation qu'évoquait sa mère. Les choses finirent pourtant par lui revenir, puisqu'elle finit par faire glisser son regard du visage de sa mère à celui d'Aidan.

« Je te présente Aidan. Ton père. »

Les mots avaient du mal à passer, bloquant dans sa gorge. Pourtant, elle n'avait pas envie de mentir à sa fille non plus. Elle s'était promis de ne le faire que pour protéger l'enfant, et là, ce ne serait pas la protéger... Enfin, ça protégerait plus Candice que Rosalie - Aidan n'était pas sensé être un mauvais père, même s'il était impulsif et manquant de recul.

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Aidan avait l'air perdu... Sans doute parce que ça devait être un choc de voir sa fille pour la première fois. Candice se souvenait encore de son trouble quand on lui avait glissé ce minuscule bébé entre les bras, alors qu'elle l'avait pourtant porté et imaginé pendant neuf mois. Aidan n'avait pas eu tout ce temps, à peine quelques semaines depuis leurs retrouvailles dans sa boutique.

Mais il n'était pas sa priorité. La seule personne qui lui importait était Rosalie. Sa fille, celle à qui elle avait promit de ne jamais avoir de secrets. Elle lui avait déjà un peu parlé d'Aidan et de son retour, même si elle ne savait pas, après l'incident du café, s'ils se reverraient ou non. Et même si au fond d'elle, elle avait envie de ne rien dire, de prendre la main de Rose et de rentrer chez elles... Elle s'obligea à prononcer ces quelques mots. Simples en apparence, mais psychologiquement tellement durs à dire.

Rosalie resta silencieuse, ses yeux passant du visage de Candice à celui d'Aidan. Elle ne semblait pas apeurée pour autant, se tenant juste un peu droite. Rose était une enfant pleine d'enthousiasme et d'énergie en temps normal, mais elle était toujours très timide quand elle rencontrait quelqu'un de nouveau.

Candice resta concentrée sur le visage de sa fille, essayant de ne pas jeter un œil à Aidan. Elle craquerait certainement si elle le regardait, et il fallait qu'elle reste forte pour Rose. Elle le sentit pourtant s'agenouiller, cherchant lui aussi à être à hauteur de sa... de leur fille. Un geste qui l'émut un peu, même si elle ne le montra pas. Elle les laissa se regarder, ses yeux à elle ne quittant pas les boucles de sa fille, ses joues rougies par le froid.

Elle ne pouvait que comparer cette scène à la première fois qu'elle avait rencontré son beau-père. Son père était parti pendant la grossesse, et pendant dix ans, elle n'avait eu que sa mère, avec qui elle avait eu une relation forte et fusionnelle. Et puis, cet homme était arrivé, et ça avait été difficile pour elle, au début. Même si elle voyait sa mère plus heureuse, elle avait dû apprendre à être indépendante. Et aujourd'hui, son beau-père était important à ses yeux. L'un des rares, avec Jared, à avoir su son véritable travail à Londres, ou qui était le père de Rose. Elle espérait qu'un jour, sa princesse ait ce genre de relation avec Aidan.

« Tu vas devoir apprendre à avoir peur » lâcha-t-elle, souriant doucement, reportant son regard sur Aidan. « Devenir parents, c'est avoir peur tout le temps. Mais ça en vaut le prix, je t'assure. Elle est merveilleuse. »

Candice n'était pas objective, mais elle avait l'impression qu'Aidan était autant sous le charme qu'elle. Rosalie était le parfait mélange d'eux deux, après tout. Il ne pouvait que l'aimer...

Rose avança, et Candice dut refréner l'envie irrépressible de la tirer contre elle. Loin d'Aidan, loin du monde. Mais elle ne pouvait pas protéger Rose de tout. Elle pouvait juste l'accompagner de son mieux. Elle lui envoya donc un sourire encourageant, la laissant s'avancer vers Aidan.

« Pourquoi t'as rendu triste ma maman ? »

La question la prit par surprise. Parce qu'elle avait tenté de cacher sa tristesse à Rosalie, même si elle avait eu du mal après leur dispute au café. Mais surtout, elle dut retenir le rire nerveux qui la prit.

« Désolée. Je crois qu'on est aussi protectrices l'une que l'autre » s'excusa-t-elle auprès d'Aidan.

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Ce qui rassurait Candice, malgré tout, c'était que Aidan semblait plus calme. Il n'y avait plus cette folie du café, cette façon de réagir au quart de tour. Sans doute parce qu'il était encore sonné par la nouvelle, par le fait de voir sa petite fille en face de lui pour la première fois.

Ce qui convenait parfaitement à Candice, vraiment. Rosalie était toujours timide envers les nouvelles personnes, et elle n'aurait jamais osé parler à un homme si énergique que Aidan pouvait parfois l'être. Ce serait plus simple pour la petite fille de l'appréhender là, et de se faire doucement son idée.

Et apparemment, la petite puce voulait juste protéger sa mère. Candice s'en retrouva toute émue, toujours un peu émerveillée de découvrir cette enfant qu'elle avait porté et aimé être une personne si empathique et si protectrice. Voir ainsi les valeurs qu'elle avait essayé de lui inculquer lui permettait de se rendre compte qu'elle n'était finalement pas si nulle.

Elle essaya pourtant d'excuser le comportement un peu direct de sa fille - si semblable à celui d'Aidan, maintenant qu'elle y réfléchissait - même si elle avait envie d'entendre la réponse de l'homme. Elle voulait savoir comment il allait se tirer de cet obstacle. Il ne la déçut pas, même si elle dut détourner le regard, luttant contre les larmes - juste une poussière dans l’œil, si on lui demandait.

« Pourquoi tu t'es rendu triste toi-même ? » demanda ensuite la petite.

La voix se faisait moins protectrice et plus curieuse. Rose était une enfant qui aimait avoir des réponses, et qui essayait toujours de comprendre le monde qui l'entourait. Qu'il le veuille ou non, Aidan dépassait les barrières de Rosalie, mais s'attirait aussi une nuée de questions qui lui semblerait certainement sans fin.

« Vous voulez qu'on aille prendre un café ? » les coupa-t-elle.

Pas qu'elle soit contre cette charmante petite conversation entre père et fille, mais elle commençait à avoir frais, immobile à les regarder faire connaissance. Et elle savait que Rose allait avoir froid elle aussi, même si la petite n'y pensait pas encore, trop bouleversée par cette rencontre.

« Avec maman, on va au café près du chateau ! Ils font le meilleur chocolat chaud du monde ! » le prévint Rosalie.

Elle attrapa une main de chacun des adultes avant de commencer à marcher vers le café où mère et filles avaient leurs habitudes. Candice ne put que sourire devant tant d'enthousiasme, avant de jeter un œil à Aidan pour voir comment il gérait les choses. Elle n'osait imaginer les émotions qu'il devait ressentir - la joie, la confusion ?

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Oh, les questions légèrement curieuses de Rosalie. Candice avait l'habitude d'y répondre, essayant de faire en sorte de répondre à tout. Elle se souvenait de sa frustration d'enfant, quand sa mère ou les adultes autour d'elle ignoraient ses questions à elle. Elle ne voulait pas faire vivre la même chose à Rose, mais ne savait pas non plus comment Aidan allait prendre la chose.

Il la surprit pourtant, plutôt positivement. Enfin, ses paroles étaient plutôt des excuses envers Candice qu'une réponse à Rosalie, mais la petite pouvait s'en contenter, vu qu'elle n'était pas au courant de tout. Elle eut pourtant un coup au cœur devant les mots de l'homme. Elle l'avait pris au sérieux, vraiment. Mais sa priorité restait sa fille. Envers et contre tout.

Elle réprima son envie de hurler sur Aidan, ou de lui rappeler qu'il savait où elle travaillait et qu'il aurait pu venir la retrouver. Elle préféra inspirer profondément avant de leur proposer d'aller boire une boisson chaude. Ils marcheraient un peu, ce qui laisserait le temps à Candice de se calmer, et en public, elle aurait moins de mal à se contenir.

Rosalie était enthousiaste, toujours ravie de pouvoir avoir un goûter qu'elle aimait. Elle s'empressa donc de prendre les mains des adultes, leur montrant le chemin. Elle commença à raconter à Aidan sa journée, parlant de danse et de la promenade qu'elle venait de faire avec sa mère. L'homme n'écoutait pas, apparemment perdu - et Candice avait remarqué qu'il avait "perdu contact" depuis que Rose avait pris sa main. Elle sourit doucement en voyant combien il était ému devant chaque geste que faisait leur fille envers lui. Elle trouvait tout ça adorable.

« Je prendrai un chocolat chaud moi aussi » indiqua-t-elle à Aidan avant qu'il n'aille commander.

Elle resta ensuite avec Rosalie, laissant la petite détailler les changements dans le café. Ils avaient déjà retiré la décoration de Noël pour l'axer plus sur la neige et la montagne. Des thèmes qui plaisaient à la petite, même si elle regrettait un peu les gros pères Noël.

« Faudra qu'on retourne faire la randonnée sur les lacs maman ! »

Si elle en avait les moyens, ce n'était pas dans les Highlands que Candice aurait amené sa fille, mais en montagne - pourquoi pas en France. Qu'elle puisse voir de la vraie neige en montagne, et pourquoi pas faire une initiation au ski. Ou dévaler des collines en luge. Ce n'était pas quelque chose qu'elle pouvait payer pour l'instant de toute façon...

« Ça s'appelle des lochs » précisa Candice. « On pourra y aller le week-end prochain si tu veux. On se couvrira bien, pour pas avoir froid ! »

Elle aurait bien le temps de chercher une nouvelle randonnée, elle aussi adaptée aux enfants. Rosalie n'était pas capable de marcher des heures et des heures, mais Candice était quand même contente de pouvoir faire découvrir la nature écossaisse à sa fille. Elle pouvait ainsi la sensibiliser à l'écologie, tout en partageant des moments ensemble.

Aidan était revenu lorsque Candice répondait, et elle se tourna vers lui, se demandant s'il allait réagir. Leur proposer de les emmener randonner avec lui ? Ou leur conseiller un coin à voir ? Ou juste regarder leur petite - et elle ne pouvait pas lui en vouloir, alors qu'elle avait elle-même passé des heures à admirer Rosalie depuis sa naissance.

« C'est pas grave si tu ne retournes pas au travail ? » demanda-t-elle à Aidan.

Après tout, il avait tout quitté pour elle... Peut-être allait-il se faire taper sur les doigts ensuite ? Elle avait beau être amie avec Jared depuis des années, elle n'avait jamais vraiment cherché à comprendre comment fonctionnait le commissariat.

« Maman a dit que ton travail, c'était de nous protéger des méchants messieurs » reprit Rosalie.

Une définition très courte et synthétique du travail d'infiltration que menait Aidan quand ils s'étaient rencontrés. Mais ce n'était pas la chose la plus facile à mettre en mots pour une enfant de cinq ans...

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Le fait d'être dans ce café qu'elles connaissaient si bien semblait aider Rosalie à se détendre. Elle commençait à poser des questions, montrant qu'elle avait retenu quelques petites choses de ce que Candice lui avait dit. Elle n'avait pourtant pas semblé si intéressée que ça pendant leur conversation, mais parfois la jeune femme sous-estimait clairement la capacité de sa fille à écouter sans y paraître.

« Tu te caches parmi les méchants ? Mais c'est dangereux... » s'horrifia l'enfant.

Candice esquissa un sourire, se demandant comment Aidan allait réagir devant leur fille. L'infiltration n'était pas si simple que ça à comprendre, même pour des adultes, alors elle n'osait pas imaginer aux yeux de Rosalie ce que ça devait être. Sans doute l'enfant était encore trop jeune pour en comprendre toutes les subtilités et tout ce qui pouvait se nouer entre un inspecteur infiltré et les "méchants" - ou ceux travaillant pour eux.

Aidan questionna ensuite Rose sur la danse, et s'il voulu faire l'amusé, Candice reconnut quand même la lueur protectrice dans le regard de l'homme. Comme si elle laissait sa fille faire le même genre de danse qu'elle...  Elle n'était pas fière d'avoir fini comme strip-teaseuse, même si ça lui avait permis de payer ses factures et de conserver son indépendance. Mais elle aimait la danse, elle avait été passionnée et était contente de pouvoir partager ça avec sa fille.

« C'est de la danse classique, tu sais » dit-elle à Aidan en souriant. « De mignons tutus et des chorégraphies adorables. »

Rien de lascif ou de suggestif, quoi qu'il puisse en penser. C'était juste de quoi amuser l'enfant et lui faire faire un peu de sport, dans une ambiance plutôt mignonne. En bonne mère un peu gâteau, elle adorait voir les spectacles de sa fille, même si les pas manquaient de grâce et étaient encore un peu maladroits.

« Y a toutes mes copines à la danse ! C'est trop cool » répondit Rose. « Mais maman est trop forte ! Elle danse mieux que moi ! »

Candice sourit devant l'enthousiasme de sa fille. Elle était contente de lui avoir donné cette passion, contente aussi de tous ces souvenirs qu'elles avaient toutes les deux. Il suffisait de mettre de la musique et de commencer à danser ensemble pour que tout s'arrange - Rose y était habituée, Candice l'ayant bercer sur tous les rythmes dès sa naissance.

« Maman, montre-lui la vidéo du spectacle de Noël ! » réclama l'enfant.

Des images dont la petite était fière, si fière qu'elle voulait les montrer à un quasi inconnu. Candice se mordilla la lèvre, peu sûre de vouloir partager tout ça avec Aidan. Est-ce qu'il voulait rester dans leurs vies au moins ? Candice n'arrivait pas à savoir où il en était... Il voulait se plier à ses règles, puis partait énervé, et voilà qu'il restait avec elles après les avoir croisées par hasard. Et s'il repartait ?

Elle ne voulait pas laisser Rose nouer des liens avec Aidan si ce dernier finissait par disparaître de nouveau de leurs vies. Mais en même temps, elle voulait qu'Aidan soit là, pour elles. Elle avait envie de voir ce que leur relation pourrait donner, et s'ils pouvaient être une famille. Elle était perdue entre tout ça, incapable de se décider.

« Maman ? Allez, on lui montre ! »

L'impatience de sa fille la fit enfin réagir. Candice mit sa main dans son sac pour en extraire son téléphone, le déverrouillant rapidement pour afficher la vidéo en question. Le spectacle avait eu lieu avant Noël, quelques semaines après leur conversation désastreuse au café.

« Regarde comme elle est adorable » annonça Candice, en souriant.

Rose était déguisée en lutin sautillant, toute souriante alors qu'elle dansait sur une musique de Noël. Un rôle qui lui allait parfaitement, et Aidan ne pourrait pas dire que les danses de la fille ressemblaient à celles de la mère. Tout n'était que mignonnitude dans ce spectacle !

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Aidan amplifiait le fait que son métier était dangereux, et voilà que Rosalie le regardait comme un héros. Elle avait grandi avec Jared en oncle, elle avait déjà une haute opinion du travail des policiers, admirative de leur travail et du fait qu'ils étaient les "gentils". Mais elle connaissait Jared depuis toujours et il serait toujours à ses yeux son gentil tonton. Contrairement à Aidan, dont elle ne devait pas vraiment réaliser qu'il était son père, et qu'elle voyait encore comme un inconnu.

Aidan changea de sujet, posant des questions à Rosalie sur la danse. L'enfant était ravie d'en parler, véritablement passionnée de danse et des ballets que sa mère lui racontait. Comme la plupart des petites filles, Rose aimait tournoyer en tutu et apprendre de mignonnes petites chorégraphies. Et admirer sa maman qui dansait elle aussi.

Pourtant, Candice voyait dans les yeux d'Aidan qu'il pensait à un tout autre genre de danse, un genre qui requérait de moins en moins de vêtements et des poses très suggestives. Quelque part, elle ne pouvait pas lui en vouloir, il ne l'avait vu que danser dans ce club de strip-tease. Elle ne pouvait que s'en vouloir à elle-même.

« Crois-moi, elle a un style très différent » lui confia-t-elle, sachant qu'il pourrait comprendre le sous-entendu, contrairement à leur fille.

Rose insistait pour montrer des images de son spectacle, et Candice finit par sortit son téléphone, le tendant à Aidan. Il pourrait se rendre compte que ça n'avait rien à voir avec les danses qu'il pouvait imaginer - une chorégraphie toute simple, en lutin de Noël. Rose se redressa, toute fière et ayant hâte de connaître la réaction de l'homme.

Aidan semblait un peu triste devant le spectacle, rendant le téléphone en soupirant. Sans doute parce qu'il se rendait compte de tout ce qu'il ratait avec son enfant. Candice n'osait imaginer ce qu'il pouvait ressentir - elle n'avait jamais réussi à imaginer donner son bébé à l'adoption, incapable de s'imaginer l'abandonner.

« J'ai eu une nouvelle poupée, qui peut aller dans le bain avec moi. Et un déguisement d'Elsa, avec la perruque et tout ! » répondit la petite. « Des livres aussi, mais je sais pas encore lire et c'est maman qui les lit. Et un jeu de société ! Et toi, t'as eu quoi ? »

Candice essayait de ne pas trop la gâter, mais les membres de sa famille voulaient toujours offrir quelque chose à leur petite princesse. Heureusement que Rose était plutôt simple à contenter et était toujours ravie de ce qu'elle découvrait sous le sapin.

La question d'Aidan crispa quand même Candice. Elle ne comprenait pas ce qu'il voulait vraiment. Quelle genre de relation il voulait avec leur fille et pourquoi vouloir à ce point lui offrir des choses alors qu'il avait refusé les rendez-vous pour apprendre à la connaître ? Ça n'avait pas de sens aux yeux de la jeune femme...

« Tu n'as pas besoin de lui acheter quelque chose » murmura-t-elle, un brin désapprobatrice.

Elle préférait le voir nouer une véritable relation avec la petite fille, plutôt que de la couvrir de cadeaux avant de disparaître. Rose n'avait pas besoin de nouvelles affaires, mais d'un père présent et impliqué. Et Candice aurait préféré avoir cette conversation ailleurs que devant sa fille... Mais Aidan ne lui en avait pas laissé le temps au café.

Rosalie regardait les deux adultes, notant la tension de sa mère et venant se blottir contre elle. Candice soupira, avant de la câliner, se détendant automatiquement. Elle embrassa le front de sa fille, caressant ses cheveux.

« Désolée ma puce. Je suis...Un peu bouleversée par tout ça, mais je ne t'en veux pas » lui promit-elle.

Elle continua de câliner Rosalie, plantant son regard perdu dans celui d'Aidan. Elle avait besoin de savoir ce qu'il voulait, pour savoir comment réagir et se comporter vis-à-vis de lui.

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Candice n'arrivait pas à savoir ce qu'elle avait bien pu dire ou faire pour l'énerver de nouveau. Elle refusait le cadeau parce qu'elle voulait autre chose pour eux. Elle voulait qu'Aidan donne de son temps et apprenne à connaître la petite fille, plutôt que de juste la couvrir d'argent. Elle voulait qu'ils aient une relation père-fille, pas juste des cadeaux.

Elle n'avait sans doute pas assez bien développé son argumentaire, puisque Aidan s'énervait face à elle, lui faisant un peu peur. Elle avait envie de se dire qu'à une autre époque, ils savaient mieux communiquer. Mais si elle voulait vraiment être honnête, elle devrait avouer qu'ils se disputaient beaucoup, six ans plus tôt, à cause de leurs caractères forts et de leurs idées opposées. Mais les réconciliations sur l'oreiller lui ont fait oublié beaucoup de disputes...

Le sexe arrangeait les choses, mais il n'en était plus question. Pour le moment. Peut-être même jamais. Revoir Aidan lui faisait prendre conscience de combien elle avait évolué ces dernières années. Elle avait laissé l'enfant rêvant encore de devenir danseuse professionnelle, la Candice pleine de rêves et d'espoirs, mais manquant de motivation. Elle était devenue adulte, grâce à Rosalie. Elle avait soudainement eu des responsabilités, et eut besoin d'un travail avec des horaires décents, pour pouvoir amener sa fille à l'école et la récupérer à temps.

Aidan, par contre, était resté le même. Vivant toujours à cent à l'heure, allant plus vite que la musique. Et elle n'arrivait plus à tenir son rythme. Comme si elle était tombée du train et courrait derrière sans réussir à le rattraper. Il fallait pourtant qu'elle continue et qu'elle endure, pour sa fille. Parce que Rosalie méritait de connaître son père - et qu'Aidan méritait de connaître sa fille.

« Rose, tu restes là et tu ne parles à personne ? Je vais parler à Aidan et je reviens, ok ? » dit-elle rapidement.

Un baiser sur le front de l'enfant, avant de sortir du café. Il était là, s'éloignant rapidement. Sauf qu'elle ne pouvait pas quitter Rosalie des yeux - Edimbourg était sensée être une ville plutôt sûre, mais elle ne voulait prendre aucun risque.

« Aidan ! »

Un premier cri, pour l'arrêter, pour qu'il n'aille pas trop loin. Elle reporta son regard dans le café, tombant sur Rosalie agitant les doigts au bord de sa tasse, se racontant certainement une histoire en l'attendant. Elle avait encore quelques minutes pour convaincre Aidan, avant de devoir aller s'occuper de sa fille.

« Je... Je suis désolée. Je sais pas quel est le problème, mais je sais que c'est de ma faute » continua-t-elle.

C'était difficile pour elle de s'excuser ainsi, surtout dans le vide. Mais il fallait qu'elle le fasse, pour Aidan et Rosalie. C'était à elle de faire le lien entre eux, de communiquer ses limites à Aidan et de l'aider au mieux à connaître leur fille. Tant pis s'il la détestait, s'il continuait de la fuir. Elle ne pouvait pas le laisser s'éloigner.

« Il faut qu'on parle. Juste tous les deux. Ou nous deux avec beaucoup de tequila » proposa-t-elle. « Il faut qu'on se parle, vraiment. Qu'on se pose toutes les questions qu'on a l'un pour l'autre. Je veux que tu fasses partie de nos vies. »

Il lui faudrait sans doute beaucoup d'alcool pour oser se confier à Aidan sans avoir peur qu'il ne reparte et ne l'abandonne encore une fois. Mais elle avait des questions restées sans réponses depuis près de six ans. Et elle en avait besoin pour lui pardonner son départ, et le fait qu'elle était restée seule et brisée. Lui avait sans doute des questions sur leur fille et sur toutes les limites qu'elle s'imposait. Ca allait dans les deux sens après tout...

Mais elle lui laissait le choix. S'il partait maintenant, elle le laisserait et ferait en sorte de ne plus croiser sa route. S'il décidait d'accepter la conversation, elle ferait de son mieux pour éliminer les malentendus entre eux. Il n'avait plus qu'à choisir.

Candice jeta un nouveau coup d’œil vers le café. Rosalie la regardait, semblant commencer à s'impatienter. Elle lui fit signe de prendre le téléphone, ajoutant un sourire rassurant. Rose ne sembla y croire qu'à moitié, mais elle prit tout de même le portable dans ses mains, cherchant un jeu pour s'occuper en attendant sa mère.

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Cinq années avaient passées mais Aidan provoquait toujours en elle ce mélange de frustration, de désir et de tendresse... Il la perturbait, depuis la première fois qu'elle l'avait vu. Mais à l'époque, elle était seule et pouvait jouer la gamine inconséquente. Maintenant, elle avait Rosalie, et elle était devenue une véritable adulte.

Mais il avait accepté le rendez-vous, accepté de parler avec elle. Candice y avait pensé toute la journée, peu concentrée sur son travail. Heureusement, elle n'avait pas eu trop de clients, parce qu'elle aurait certainement fini par s'ouvrir la main avec son sécateur.

Elle avait fait garder Rosalie par la mère d'une de ses copines de classe, pour pouvoir être libre toute la soirée, voire la nuit. Quelle que soit la façon dont finissait leur entrevue - au lit ou dans la colère -, elle n'aurait pas à penser à sa fille, et c'était un véritable soulagement.

Il fut enfin l'heure de fermer la boutique, ce que Candice vit avec une boule au ventre, alors qu'elle rangeait précipitamment ses fleurs et rangeait un peu le magasin. Elle laissa le coup de balai de côté, se disant qu'elle pourrait toujours le faire le lendemain matin. Un saut dans son appartement pour une douche rapide et mettre des vêtements la mettant un peu plus en valeur - elle avait dit à Aidan qu'elle voulait qu'il fasse partie de sa vie, alors elle trouvait normal de se faire un peu belle pour lui.

Elle partit rapidement ensuite, craignant d'être en retard. Elle eut pourtant la surprise d'arriver avec quelques minutes d'avance à l'endroit où Aidan lui avait donné rendez-vous. Un lieu qui n'était pas un bar ou un restaurant, à sa grande surprise. Il l'avait invitée chez lui ?

Candice parcourut les derniers mètres jusqu'à la porte d'entrée, sonnant pour avertir de son arrivée - pile à l'heure, puisqu'elle avait passé les dernières minutes à vérifier qu'elle était bien au bon endroit.

« Bonsoir Aidan » le salua-t-elle quand il ouvrit la porte.

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Candice lâcha un sourire nerveux face à Aidan, avant de pénétrer dans sa maison. La pièce principale était chaleureuse, même si la décoration était plutôt sommaire. Ce qui ressemblait pas mal à Aidan, toujours si brut et sans barrière. Elle le laissa la débarrasser de son manteau pendant qu'elle en profitait pour regarder autour d'elle.

Elle alla ensuite s'asseoir sur le canapé, et n'eut même pas le temps de s'interroger sur les poils roux qu'elle y aperçut, puisqu'un chat vint se présenter à elle. L'animal n'était pas sauvage, se blottissant sur ses cuisses pour avoir droit à des grattouilles. Elle le caressa avec plaisir, pensant à combien Rosalie aurait été ravie de papouiller le chat - sa fille aimait énormément les animaux.

« Un verre de rhum » répondit-elle à la question d'Aidan.

Elle n'était pas sûre de survivre à leur conversation sans alcool dans le sang. Candice se doutait de combien ça allait être difficile de se parler. Ils avaient tous les deux évolués ces cinq dernières années, et ils n'avaient pas les mêmes priorités. Quoi que communiquer n'avait jamais été leur fort... Leurs disputes se finissaient toujours en réconciliation sur l'oreiller, puis ils n'en parlaient plus.

Si finir dans le lit d'Aidan n'était pas un souci - et elle sentit ses joues rougir en y pensant -, elle savait aussi qu'ils avaient besoin de parler d'abord. Pour Rosalie. Parce qu'ils ne pourraient rien régler pour leur fille tant qu'ils penseraient d'abord à eux.

« Je dirai qu'on devrait commencer par parler » choisit-elle.

L'angoisse lui tordait le ventre de toute façon, ce qui l'aurait empêché de profiter du repas cuisiné par Aidan. Autant entrer dans le vif du sujet, afin que le reste de la soirée soit plus agréable pour eux. Sauf si elle finissait par partir, frustrée ou énervée.

« Je ne sais pas vraiment pas où commencer » soupira-t-elle, serrant son verre de rhum entre ses doigts. « Qu'est-ce que tu ressens par rapport au fait d'être père ? »

Tant de questions qu'on posait généralement avant d'évoquer le fait d'avoir un enfant...  Candice avait envie de savoir quel père il voulait être, et même s'il avait voulu être père un jour. Sauf que leur fille était déjà là, apprenant à lire et fière quand elle arrivait à s'habiller entièrement toute seule. Elle avait l'impression de tout faire à l'envers, et ce n'était pas très confortable.

« Comment toi, tu vois les choses ? »

Aidan n'avait pas semblé aimer la façon dont elle avait abordé les choses pendant leurs précédentes discussions, même s'il n'avait pas réussi à lui dire quel était le problème. Candice ne pouvait qu'espérer pouvoir le comprendre en lui posant d'ailleurs, savoir quel était le problème afin de pouvoir lui expliquer pourquoi elle agissait de telle ou telle façon...

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It takes someone special to be a dad
Ft. @Aidan Taggart

Candice prit quelques gorgées de rhum, cherchant le courage de lancer les hostilités. Ils devaient percer l'abcès avant tout, pour avancer et passer à autre chose, elle en avait parfaitement conscience. Elle n'était pas pour autant certaine d'y survivre... La morsure de l'alcool lui fit donc du bien, la réchauffant alors qu'elle attendait la réponse d'Aidan.

Elle se retint de pleurer devant ses mots. Bien sûr qu'il devait être triste d'avoir perdu toutes ses années... Elle se souvenait de sa souffrance en se rendant compte qu'il était parti, juste après qu'elle ait appris sa grossesse. Elle n'avait même pas eu le temps d'aborder l'idée avec lui, qu'il était déjà loin. Puis elle avait appris qu'il était un inspecteur en infiltration, alors que les coups pleuvaient sur elle. En quittant Londres, elle s'était dit qu'il saurait la retrouver s'il le voulait vraiment - après tout, les commissariats de Londres et d'Edimbourg avaient son adresse, dans le cadre de l'enquête...

Aidan craqua ensuite, balançant précipitamment tous ses problèmes. Candice ne put que se mordre les lèvres, incertaine de ce qu'elle pourrait dire. Oh, bien sûr qu'elle avait ses torts, elle ne pouvait pas dire le contraire. Mais en même temps, elle avait été blessée et avait dû apprendre à tout gérer toute seule, sans personne pour la soutenir. Elle était passée d'une danseuse impulsive à une future mère en pleine reconversion dans une ville inconnue, et ça avait été difficile.

« Je sais pas si c'est juste de temps dont j'ai besoin... » murmura-t-elle. « Bien sûr que j'ai peur de te réintégrer dans ma vie. Tu es parti, et tu m'as presque détruite, Aidan. J'ai survécu pour ce petit bébé que j'aimais déjà tant mais... Sans toi... Tu n'imagines pas combien ç'a été dur. »

Candice s'était retrouvée seule, abandonnée, trahie. Aidan avait vécu ces six dernières années avec l'idée en tête qu'elle l'avait aimée. Elle, elle avait passé tout ce temps à se demander à quel point il avait été sincère, et se demandait encore si elle n'avait pas juste été un passe-temps durant son enquête.

« Je ne savais plus quoi penser. Un soir, on se blottissait dans le même lit en échangeant des déclarations d'amour, et le lendemain tu partais sans te retourner. Tu n'imagines pas toutes les questions que je me suis posée, et combien j'ai pu remettre en cause ce que tu pouvais ressentir pour moi » continua-t-elle, la tristesse rendant sa voix plus rauque. « Je ne veux plus avoir à revivre ça, Aidan. Et surtout, je ne veux pas l'infliger à ma fille. Je ne veux pas que tu disparaisses un jour, et qu'elle passe les années suivantes à se demander ce qu'elle a fait de mal... »

Elle était traumatisée, elle ne pouvait pas dire le contraire. Elle n'était plus cette gamine innocente et se moquant de l'avenir qu'il avait connu. Il l'avait fait changer, et pas forcément en mieux... Et voilà qu'aujourd'hui, il revenait la bouche en cœur, mettant en question l'équilibre précaire qu'elle s'était construit.

« Peut-être que tu n'as pas changé... Mais moi si. Tu m'as changée. Rosalie m'a changée. Je ne suis plus la même » conclut-elle dans un murmure.

Elle renifla, essayant de chasser les larmes qui menaçaient de couler sur ses joues. Elle ne voulait pas craquer et l'apitoyer. Ils étaient sensés parler sérieusement après tout... Elle devait se contenir et calfeutrer tout ce qu'elle ressentait, et qui la perdait peu à peu.

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Dieu que c'était difficile de parler à Aidan. Candice avait à peine conscience de tout ce qu'elle ressentait, d'à quel point la peine qu'il lui avait faite en partant était profonde en elle. Elle le découvrait en même temps qu'elle le disait à voix haute pour Aidan. Parce que durant des années, elle avait tout gardé au fond d'elle, s'empêchant de craquer, alors qu'elle reconstruisait sa vie comme elle le pouvait.

Heureusement que le chat s'était installé sur ses genoux, la forçant à le papouiller. Au moins, elle faisait quelque chose de ses mains, plutôt que de juste les laisser trembler autour de son verre de rhum. Elle avait au moins l'impression de faire quelque chose d'autre.

A chacun de ses mots, elle sentait l'atmosphère s'alourdir encore. Et elle en voulait à Aidan. Il s'enfermait dans le silence, semblant mettre de lui-même plus de distance entre eux. Alors qu'elle voulait juste qu'il la rassure, qu'il ne lui promette que tout allait s'arranger et qu'à eux deux, ils allaient pouvoir trouver des solutions.

« Je... Je ne veux pas que tu partes, Aidan » protesta-t-elle, avec difficultés parce qu'elle avait la gorge nouée.

Candice releva les yeux, le voyant si loin, les yeux se perdant dans le feu illuminant et réchauffant la pièce. Elle grimaça, incapable de savoir ce qu'elle devait faire. Ils étaient sensés se parler, pour essayer de comprendre où en était l'autre et savoir quoi faire. Mais elle avait l'impression que ses mots n'avaient pour effet que de le repousser, encore et encore. Ce n'étaient pourtant pas ses intentions...

« Je veux juste que tu saches ce que je ressens. Je sais que ça doit pas être facile à entendre... Mais je t'assure que c'est pas facile non plus de vivre avec. Et si on doit bâtir quelque chose, pour Rosalie, autant que tu saches où j'en suis. »

Elle avait l'impression que chaque mot lui arrachait la bouche. Elle voulait pourtant juste qu'il la comprenne, qu'il soit conscient de ce qu'il lui avait fait en partant. Ce n'était pas facile pour elle de lui ouvrir son cœur tout en lui disant avoir peur qu'il reparte, mais elle l'avait fait, pour tenter de les rapprocher. Et ça avait pourtant l'effet inverse...

« Je suis tellement désolée » reprit-elle, les larmes coulant sur ses joues. « Mais... J'ai juste besoin que tu me rassures. Que tu me promettes que tu ne repartiras pas sans nous prévenir. »

Candice avait envie tout autant envie de rentrer chez elle que de venir se blottir contre Aidan. Mais elle était incapable de bouger, clouer sur ce canapé inconnu, un chat ronronnant couché sur ses cuisses. Elle ne savait pas s'il était incapable de reconnaître l'atmosphère tendue ou s'il était juste là pour la rassurer, mais elle lui en était reconnaissante, alors que ses doigts se perdaient dans les poils roux et doux de l'animal.

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Candice tentait de retenir ses larmes, mais elle sentait quand même les gouttes qui lui coulaient sur les joues. Elle se sentait lamentable, à craquer devant Aidan, plutôt que de chercher à trouver un terrain d'entente en parlant et en communiquant. Ça aurait été plus adulte que de juste craquer comme ça.

Pourtant, ce furent ses larmes qui poussèrent Aidan à se rapprocher d'elle. Il finit à genoux devant elle, et elle pouvait voir son visage flou à cause de ses pleurs. Elle sentait ses mains sur ses joues, alors qu'elle essayait de se calmer en respirant doucement.

Il vint pourtant vers elle, embrassant tendrement son front et essuyant ses joues. Candice sentit son cœur battre plus vite alors qu'il la prenait dans ses bras. Enfin, elle sentait Aidan contre elle, se perdant de nouveau dans son odeur si familière. Des souvenirs enfouis lui revinrent, de leur vie ensemble, et de leurs câlins, partout, tout le temps. Elle avait pourtant tout fait pour les oublier, mais il avait fallu d'un rien pour que tout lui revienne...

Elle avait l'impression que soudain, ça bourdonnait dans ses oreilles. Elle n'avait conscience que des bras d'Aidan autour d'elle, entendant à peine sa voix. Elle ne loupa pas le "je t'aime", son cœur se mettant à battre plus vite alors qu'une douce chaleur se répandait en elle. Elle réussit à se calmer, venant doucement passer ses mains autour de la taille d'Aidan, le serrant doucement contre elle.

« J'ai tellement peur » lui souffla-t-elle. « C'est débile je sais... Mais j'arrive plus à me contrôler quand tu es là. Tu réveilles le pire et le meilleur chez moi, tu l'as toujours fait. Et là, je fais que te fuir parce que j'ai peur de souffrir, j'ai peur que Rose ne souffre. Et je sais que c'est nul, mais j'arrive pas à m'en empêcher... »

Le baiser la surprit, lui faisant comme un électrochoc. Elle ne s'y attendait pas. Leur relation avait été tellement compliquée depuis qu'Aidan était entré dans sa boutique quelques semaines plus tôt. Trop de tensions et de non-dits, trop de souffrance aussi, mais ce baiser lui faisait tout oublier. Elle se laissa aller contre lui, les joues rouges, refusant de lâcher ses lèvres.

Elle remonta ses mains dans le dos d'Aidan, l'une venant se perdre dans sa nuque - il avait coupé les cheveux, et les boucles qu'elle avait si souvent caressées lui manquaient. Elle utilisa son autre main pour caresser son dos, traçant des motifs abstraits dans son dos, avant de se reprendre, le poussant doucement. Elle avait le souffle court, mais ses larmes avaient séché.

« On... On devrait d'abord parler » balbutia-t-elle.

Mais elle ne pouvait pas se retenir, et elle revint l'embrasser, fermant les yeux sous l'intensité du désir qu'elle ressentait. Elle se pressait contre lui, toutes responsabilités oubliées, cherchant juste à être physiquement le plus proche de lui, malgré toutes les couches de vêtements qui les séparaient encore l'un de l'autre.

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