Prêt à jouer ? [ Olivier ]

Oliver ne refusait jamais d’aller à une fête, sauf s’il avait un examen important le lendemain ou s’il devait aller à l’hôpital tôt le matin. Il aimait s’amuser et faire la fête, mais ça ne signifiait pas qu’il était totalement irresponsable pour autant. Il savait faire la part des choses et il savait quand il pouvait se permettre de se lâcher et quand il devait rester raisonnable. Son futur métier demandait beaucoup de responsabilités et il en était parfaitement conscient. Il était aussi conscient qu’une fois qu’il serait médecin, il devrait fortement se restreindre et peut-être même que sa vie sociale en prendrait un coup. Peut-être. Mais il n’en était pas encore là. Ce soir, il savait qu’il pouvait s’amuser et il n’allait pas se faire prier. Il se rendit donc à une énième fête étudiante. Il ne savait même plus à combien de fêtes du genre il avait déjà participé depuis sa première année. Quoiqu’il en soit, il était donc arrivé sur les lieux et avait tout de suite pris quelque chose à boire. Il était venu seul, mais ça ne le dérangeait pas. Il savait qu’il ferait de nouvelles connaissances ou qu’il croiserait des gens qu’il connaissait déjà. Il était même presque certain d’y voir au moins une personne en particulier. Une jeune femme qu’il avait justement rencontrée lors d’une soirée comme celle-ci. Ils s’étaient tout de suite bien entendus car ils voyaient un peu les choses de la même façon et surtout, ils adoraient faire des conneries ensemble. Oui, ces deux-là s’étaient bien trouvés.

Gobelet en main, il scruta la pièce, regardant les autres étudiants se déhancher au rythme de la musique. Oliver n’était pas très doué, il ne savait concrètement pas danser. Sauf les slows. Mais ça, tout le monde savait faire, non ? Du coup, quand il s’élançait sur la piste de danse, il ressemblait sans doute plus à un pantin désarticulé qu’à un mec tentant de séduire quelqu’un. Pour l’heure, il ne dansait pas, mais s’était amusé à flirter rapidement avec quelques jeunes hommes. Pas plus. Car depuis peu, Oliver était totalement sous le charme de quelqu’un. Quelqu’un qui n’était plus étudiant, d’ailleurs. Oui, il craquait complètement pour un jeune homme qui avait le même sens de l’humour pourri que lui. De toute façon, il n’était pas venu pour draguer, mais pour s’amuser. Il ne tarda d’ailleurs pas à apercevoir son acolyte. Briséis. La jolie rousse venait de le rejoindre et lui fit tout de suite un câlin auquel Oliver répondit. C’était cool, les câlins ! Il adressa un grand sourire à la jeune femme avant de froncer les sourcils à ses paroles. « Pour qui tu me prends ? C’est juste mon premier verre ! Et j’y ai à peine touché ! J’oserais jamais me mettre une cuite sans toi, voyons ! » Il lâcha un petit rire et lui fit une petite pichenette sur le front. « Je vais bien sinon. Je profite de l’une de mes dernières soirées de liberté avant de devoir me concentrer entièrement sur les études et le boulot. Et toi ? » Il fallait bien commencer par quelques formalités, même s’ils n’avaient guère besoin de s’encombrer de ça.

« Alors ? Par quoi on commence ? » Un petit air espiègle s’afficha sur son visage alors qu’il réfléchissait déjà à une connerie à faire. « Oh, je sais ! Celui qui mettra une claque au plus grand nombre de fesses ! » Il se mit à rire bêtement. Sérieusement, Oli ? Dès le début ? Des fesses ? En plus, certains risqueraient de mal le prendre. Mais ça ne faisait pas peur au brun qui était prêt à relever n’importe quel défi. « A moins que tu préfères qu’on se réserve ça pour plus tard… On peut commencer par les traditionnels glaçons aussi… » A peine eut-il dit ça qu’il glissa un glaçon dans le décolleté de la jeune femme après l’avoir sorti de son verre. Très glamour, vraiment. « Sans rancune ? » Comme si son sourire idiot allait dissuader Briséis de se venger.

Oliver était sûr de passer une bonne soirée avec Briséis, même s’il n’allait sans doute pas en sortir indemne, comme souvent. Mais c’était aussi ce qui rendait leurs soirées inoubliables et ce qui faisait qu’il adorait la jeune femme. Ils se livraient régulièrement une petite guerre, mais une guerre qui ne faisait de mal à personne et qui les faisait rire, alors tout allait pour le mieux. De plus, ça les aidait à décompresser. Leurs études étaient tout de même exigeantes et prenantes et ne laissant pas vraiment le droit à l’erreur. C’était bien ce qui faisait le plus peur à Oliver. Faire une erreur. Car dans son cas, ça pouvait très bien être fatal à quelqu’un. (et non, les rimes n’étaient pas voulues !) Quoiqu’il en soit, après avoir échangé quelques banalités, ils entrèrent directement dans le vif du sujet et le brun proposa tout de suite une idée farfelue à sa partenaire. Cette dernière semblait toutefois vouloir commencer soft, avec les glaçons. Un classique, mais qui fonctionnait toujours et qui faisait toujours rire le jeune homme. La tête des gens quand ils sentaient quelque chose de froid dans leur dos était juste épique. Bien sûr, il avait commencé par mettre un glaçon dans le décolleté de Briséis, histoire de donner le ton de la soirée. « Va pour les glaçons ! » Il s’était évidemment attendu à des représailles, mais pas… là. Bordel ! Il tressaillit en sentant le froid se répandre sur ses fesses. Heureusement qu’il avait opté pour un pantalon noir. Sinon on risquait de croire qu’il s’était fait dessus. Enfin, il n’était plus à ça près, vu toutes les conneries qu’il avait déjà pu faire. « Tu… » Sauf que Briséis était déjà partie, se cachant dans la foule pour échapper à son courroux et pour commencer à relever le défi lancé.

Pas le temps de s’occuper de son cul mouillé, il était hors de question qu’il perde le défi après ça ! Il se lança donc sur la piste de danse et se faufila à travers la foule tout en glissant discrètement un glaçon après l’autre dans les t-shirts ou pantalons des gens. Tout en essayant de ne pas se faire prendre. Mais il n’y avait pas assez de glaçons à son goût dans ce verre. Il retrouva donc assez vite Briséis et haussa les épaules. « Cinq aussi. Tu crois qu’il compte chaque glaçon pour mettre le même nombre à tout le monde ? » Il lâcha un petit rire avant de jeter un œil vers le barman. « Et si tu le distrayais pendant que je tente de piquer son seau de glaçons ? » Oliver n’était certes pas attiré par les filles, mais il savait reconnaître la beauté de ces dernières et Briséis était assurément une très jolie jeune femme qui plaisait aux hommes. Et aux femmes, sans doute. Elle n’aurait sans doute aucun mal à faire un peu de charme au barman, le temps qu’Oliver se transforme en Arsène Lupin des soirées étudiantes. Il adressa un clin d’œil à la rouquine, puis s’éloigna un peu en sirotant sa boisson comme si de rien n’était, attendant que son amie fasse son œuvre. Puis, il se faufila derrière le bar en mode ninja ou en mode assassin dans Assassin’s Creed, attrapa le seau et repartit avant de se retrouver nez-à-nez avec un autre étudiant qui semblait le juger et pas qu’un peu. Oliver haussa les épaules, lui adressa un sourire idiot et l’étudiant se contenta de secouer la tête avant de vaquer à ses occupations. Le brun fit signe à Briséis qu’elle pouvait arrêter son numéro de charme et alla se planquer dans un petit coin avec son seau en attendant. Il vida son verre d’une traite, puis le remplit avec des glaçons jusqu’à ras. Il y avait de quoi faire avec ça. A moins que… « Hé, Bri ! » Et hop ! Il vida absolument tout le contenu de son verre dans le dos de la jeune femme. « Oups. C’était trop tentant, désolé ! » Désolé ? La bonne blague ! Il cherchait la merde, c’était certain. Et son petit sourire pseudo angélique n’y changerait rien.

La soirée ne faisait que commencer, mais Oliver s’amusait déjà comme un fou. En même temps, il ne pouvait tout simplement pas passer de mauvais moment en compagnie de Briséis. Elle était un peu sa partenaire de crime, même s’il adorait l’embêter également. Ils se complétaient dans leurs conneries et ça faisait du bien de juste pouvoir rire, se lâcher et passer un bon moment en compagnie de quelqu’un qui avait les mêmes délires que lui. Certes, il était plus âgé qu’elle, mais ça ne voulait rien dire. Il était encore un grand gamin dans sa tête et ça ne changerait sans doute pas de si tôt. Bien sûr, il savait être sérieux quand la situation l’exigeait, mais ce soir, le sérieux n’avait pas sa place ici. Il lâcha un petit rire aux propos de son amis. « En fait, il va finir par avoir la phobie du 5. » Il imaginait ce pauvre barman cauchemarder la nuit, voyant des 5 partout. Oliver avait entendu parler de la phobie de 13 ou encore du 666, mais pas du 5. Ce mec allait innover le monde des phobies. Ou pas. De toute façon, ils n’allaient pas s’attarder là-dessus, il y avait plus important ! Comme…voler des glaçons pour faire des conneries. C’était n’importe quoi, mais ils avaient tous deux besoin de ce genre de soirée pour se changer les idées et se détendre. Oui, bon. En fait, il n’y avait pas besoin d’excuses pour faire les cons.

Bien sûr, dès qu’il eut récupéré les glaçons, Oliver fit un mauvais tour à la jeune femme. Il aurait dû se douter qu’elle répliquerait, mais il ne s’était pas attendu à ça. C’était tellement con et tellement bien trouvé en même temps qu’il resta quelques instants en mode gros bug avant d’éclater de rire. « Mes bébéééés ! Oh, Bribri, ma chérie, mon amour ! Tu m’as enfin réuni avec mes bébés ! Je pensais les avoir perdus à jamais ! » Il allait tout de même devoir se venger, mais pas tout de suite. Il allait frapper quand la rousse s’y attendrait le moins. De toute façon, elle venait de lui proposer un nouveau jeu. Oliver esquissa un petit sourire. « Challenge accepté ! Tu vas claquer beaucoup de culs, ce soir ! » Si quelqu’un les entendait, ils les prendrait sans doute pour des fous. Peut-être l’étaient-ils, au fond. Quelle importance ? Ils s’amusaient, ils ne faisaient de mal à personne, c’était des blagues gentilles. Sauf si l’un d’eux se laissait un peu trop aller sur les claques et y allait de plein fouet. Déjà, Briséis se lança – ou plutôt…elle lança un glaçon pile dans le verre d’un mec. « Joli ! » Le gars ne s’était rendu compte de rien, sans doute trop occupé à draguer la fille en face de lui. « C’est parti ! » Il sourit bêtement, puis s’approcha de sa victime comme si de rien n’était, faisant mine de juste passer avant de lui donner une belle claque sur les fesses. Le mec se retourna instantanément, surpris, mais Oliver s’était déjà planqué derrière une personne random. Il pouvait être très rapide quand il le voulait. Oliver, le ninja venu du pays des oliviers.

Fier de lui, il revint aux côtés de Briséis tandis que le mec cherchait toujours le coupable, se mettant même presque à engueuler un pauvre gars pas loin. Oups. « Mission accomplie ! » Il attrapa un glaçon à son tour et chercha une victime potentielle avant de viser et… de louper son coup. Il avait voulu jeter le glaçon dans le verre d’une fille pas trop loin, mais le machin atterrit sur la tête de sa voisine. Oliver se tourna vers son amie en riant comme un con. « Oups ! Faut croire que t’es plus douée que moi à ce jeu ! » Non pas que ça le dérangeait de claquer le cul des beaux mecs de la soirée. Loin de là. Bah quoi ? Il fallait bien en profiter un peu !

Oliver s’amusait comme un gosse. Comme à chaque fois qu’il sortait avec Briséis. C’était fou le nombre de conneries qu’ils pouvaient faire quand ils étaient ensemble. De grands gamins. Mais il fallait bien souffler, lâcher la pression accumulée lors de leurs études et de leurs interminables séances de révision. En plus, à cela s’ajoutaient les gardes à l’hôpital et tout le reste. Être interne était fatigant ! Epuisant, même. Mais ce n’était que le début et Oliver savait pertinemment qu’une fois qu’il serait médecin, ce serait encore pire. C’était pourtant son rêve, sa vocation. Alors, il faisait tout pour réussir. Néanmoins, ça ne signifiait pas qu’il restait cloîtré chez lui avec ses bouquins du matin au soir. Il fallait aussi pouvoir respirer et se changer les idées. Comme ce soir. Et en plus, son amie l’avait enfin réuni avec sa famille perdue…les olives ! Il entra dans son jeu, jouant parfaitement le rôle du père qui venait de retrouver ses chers enfants. Il prit d’ailleurs un air tout à fait offusqué lorsque Briséis l’accusa d’être un père indigne. Il croisa les bras et fronça les sourcils. « Même pas vrai ! Ça arrive à tout le monde d’égarer ses enfants, surtout quand ils sont aussi minuscules ! » N’importe quoi. D’ailleurs, si quelqu’un entendait leur conversation, il allait les prendre pour des fous, des cinglés échappés de l’asile. Comment ça, ce grand brun aux airs débiles qui s’amusait à balancer des glaçons sur les gens était un futur neurochirurgien ? Il ne fallait pas se fier aux apparences, c’était certain.

Quoiqu’il en soit, ils s’amusaient bien, même si Oliver perdit lamentablement le défi des glaçons. Bien sûr, ils n’allaient pas s’arrêter là. Ils venaient à peine de commencer ! Ce n’était qu’un échauffement jusque-là ! Et puis…la rousse lança un nouveau défi au jeune homme. Il aurait dû s’y attendre. C’était un classique. « Tu me prends pour qui ? Cap, évidemment ! » Il sourit bêtement et bomba le torse de façon exagérée. « On m’appelle Don Juan ! » Bien sûr, il était très crédible. Même s’il n’avait pas à se plaindre à ce niveau-là. Il n’avait généralement pas de mal à trouver quelqu’un avec qui passer la nuit. Mais là, ce n’était qu’un jeu, un défi. Il n’avait pas l’intention de ramener la personne qu’il draguerait chez lui. Quoique. Si c’était un mec mignon, pourquoi pas ? Autant faire d’une pierre deux coups. Il espérait vraiment que ce soit un mec, du coup. Mais manque de pot… la première personne qui arriva fut une femme. Il pouvait voir l’amusement sur le visage de Briséis. Nul doute avait-elle espéré ça. « Même pas drôle. » Il râlait pour la forme, mais en réalité, c’était évidemment bien plus drôle et intéressant comme ça. Car Oliver n’était pas attiré par les femmes, il ne l’avait jamais été. De ce fait, il n’avait jamais vraiment essayé d’en draguer une non plus. Pour quoi faire ? « Tu vas voir. Je vais te ramener son numéro en un rien de temps ! » Il sourit, confiant. « Observe donc l’artiste ! » Pour le coup, il avait vraiment intérêt à réussir, sinon il aurait encore l’air con. Non pas que ça le changeait beaucoup de d’habitude. Au moins, la jeune femme en question était plutôt jolie. Il n’était certes pas attiré par la gente féminine, mais il savait reconnaître la beauté de certaines femmes.

Il se dirigea donc vers elle, son plus beau sourire aux lèvres et commença à lui parler. Il lui sortit son numéro de charme habituel et la jeune femme sembla conquise. Quelques instants à peine plus tard, il revint aux côtés de Briséis en lui montrant démonstrativement son portable dans lequel la jeune femme avait enregistré son numéro. « Et voilà ! Trop facile, franchement ! » Il espérait quand même que la pauvre n’allait pas réellement attendre son appel. « Bien ! Ton tour ! Je te mets au défi d’aller mordre l’oreille de ce mec, là. Sans rien dire. Tu lui mords l’oreille et tu t’en vas. » Il désigna un mec plutôt mignon et musclé – il était généreux, au moins ! Il riait déjà intérieurement en imaginant la scène. Si Briséis le faisait. Mais il ne doutait pas qu’elle le ferait. Elle était compétitive, après tout.